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Citations de Olivier Rolin (348)


Un homme se fixe la tâche de dessiner le monde. Tout au long des années, il peuple l'espace d'images de provinces, de royaumes, de montagnes, de golfes, de vaisseaux, de maisons, d'instruments, d'astres, de chevaux et de personnes. Peu avant de mourir, il découvre que ce patient labyrinthe de lignes tracé l'image de son visage. BORGES, El Hacedor [en exergue]
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Chaque livre est pour moi, entre autres choses, l'occasion de dizaines de kilomètres parcourus de long en large, comme un fauve dans sa cage.
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Voyager, c'est se déshabituer. C'est aussi aller à la recherche d'une partie perdue de nous-même, tellement perdue qu'on ne saurait dire en quoi elle consiste, ni même si elle a jamais existé.
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Tout fuit, glisse, rien ne heurte, et soi-même on se dit qu'on est bien ici, loin de chez soi, libre provisoirement de toute attache, que c'est pour ça qu'on voyage (même si c'est une illusion) : pour devenir aussi oiseau qu'on peut l'être.
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Hier, à Saint-Pétersbourg, un grand vent tiède faisait friser l'eau des canaux, très bleue sous le soleil, et voler les robes légère des filles, et claquer les drapeaux qui pavoisaient la perspective Nevski -- c'était le 8 mai, la veille du Jour de la Victoire en Russie, et on se serait cru dans un 14 juillet d'autrefois peint par Claude Monet.
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Cet entrefilet dans Le Monde faisait passer la mort du lieutenant de l'état de malheur domestique à celui de "res gesta", d'événement inscrit dans le Grand Registre, presque d'exploit : tant l'écrit (non l'image) a partie liée avec l'Histoire.
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Voyager, c'est se déshabituer. C'est aussi aller à la recherche d'une partie perdue de nous-mêmes, tellement perdue qu'on ne saurait dire en quoi elle consiste, ni même si elle a jamais existé.
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Chacun des moments beaux qui nous est donné est une fin en soi, une perfection dont il faut se laisser envahir comme de celle d'un tableau bouleversant découvert soudain, parmi d'autres, ternes, dans la salle d'un musée. Il est vain de le relier à d'autres, encore plus vain ensuite de chercher à en faire une histoire. La langue nous y invite, qui veut des phrases et des phrases qui s'accrochent aux phrases. Mais la phrase ne surgit que lorsque déjà l'intensité est passée, sous l'empire complet de quoi i faut être. Et l'intensité ne connaît que des instants, des coups de foudre. Ce que nous appelons le monde n'existe que comme une fable.
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Créer un service unifié d’hydrologie et de météorologie sur tout le territoire de l’URSS n’est pas une mince affaire, ledit territoire, comme le proclame la propagande soviétique – et pour une fois elle dit vrai -, couvrant « un sixième des terres émergées ». (…) Edifier un système capable de prendre quotidiennement le pouls de ce colosse et de dresser des prévisions est une tâche écrasante, d’autant qu’il faut vaincre les résistances de bureaucraties enchevêtrées et jalouses de leur territoire, et l’on sait que l’inertie bureaucratique est un des héritages de l’époque tsariste que le régime soviétique a su faire merveilleusement fructifier.
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Son domaine, c’était les nuages. Les longues plumes de glace des cirrus, les tours bourgeonnantes des cumulonimbus, les nippes déchiquetées des stratus, les stratocumulus qui rident le ciel comme les vaguelettes de la marée le sable des plages, les altostratus qui font des voilettes au soleil, toutes les grandes formes à la dérive ourlées de lumière, les géants cotonneux d’où tombent pluie, neige et foudre. Ce n’était pas une tête en l’air, pourtant – du moins, je ne crois pas. Rien, dans ce que je sais de lui, ne le désigne comme un fantaisiste. Il représentait l’URSS à la Commission internationale sur les nuages, il participait à des congrès pansoviétiques sur la formation des brouillards, il avait créé en 1930 le Bureau du temps, mais ces appellations poétiques ne le faisaient pas rêver, il prenait tout ça sérieusement, comme un scientifique qui fait son métier de scientifique au service, bien sûr, de la construction du socialisme, ce n’était pas un professeur Nimbus. Les nuées n’étaient pas prétexte à songerie, rien de vaporeux chez lui, je le soupçonne même d’une certaine raideur. Devenu en 1929 le premier directeur du Service hydro-météorologique de l’URSS, il avait entrepris d’établir un cadastre des eaux, un cadastre des vents et un autre du soleil. Il ne voyait sans doute rien de pittoresque là-dedans, aucune invitation à l’imaginaire dans ces projets de cartographier l’insaisissable, c’était le concret qui l’intéressait, des réalités mesurables, les rencontres des grandes masses d’air, l’étiage des fleuves, l’embâcle et la débâcle, la marche des pluies, l’influence de ces phénomènes sur l’agriculture et la vie des citoyens soviétiques. Le socialisme s’édifiait dans le ciel aussi.
Il était né en 1881 à Krapivno, un village d’Ukraine…
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Peu importe, les écrivains ne sont pas seulement ce qu'ils ont écrit, mais ce que nous croyons qu'ils ont écrit.
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Le cliché anthropométrique de "Vangengheim Al-eï F", face et profil, porte le numéro 34776. Le visage est lourd, le regard inexpressif, ou alors exprimant une stupeur morne.
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[…] L’histoire du météorologue, celle de tous les innocents exécutés au fond d’une fosse, sont une part de notre histoire dans la mesure où ce qui est massacré avec eux c’est une espérance que nous (nos parents, ceux qui nous ont précédés) avons partagée, une utopie dont nous avons cru, un moment au moins, qu’elle “était en passe de devenir réalité”.
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Kilomètre 8080... la Chine, Kitaï, est là à droite, invisible, toute proche. Paradoxe des immensités sibériennes presque désertes bordées au sud par la foumilière chinoise.
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AMAZAR kilomètres 7004... dévider la litanie des kilomètres est une drogue douce, comme égrener les komboloï grecs ou les mastabahas arabes...

" Et je percevais dans le grincement perpétuels des roues
les accents fous et les sanglots
D'une éternelle liturgie. " (B Cendrars)
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La carte des zones horaires est une peau de tigre. Le temps ressemble au vent, qui n'avance pas comme un front mais comme une meute de loups qui se lance ici et là, revient en arrière, furète, s'attarde et repart...
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Ce matin nous avons encore gagné ou perdu une heure, je n'ai jamais su comment il fallait dire, enfin il est une heure de plus qu'hier soir, six heures de plus qu'à Moscou. Cendrars aussi s'emmêlait un peu les pinceaux dans ces prestidigitations du temps :
" Tous les matins on met les montres à l'heure
Le train avance et le soleil retarde "
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D'Oulan-Oudé je garde en mémoire, l'incroyable voix basse vibrante d'un chanteur de Khoomii, ce "chant de gorge" mongol qui fait que la voix émet plusieurs tons à la fois. .. et j'étais demeuré longtemps à écouter, planté là sous la bruine, fasciné par ces sonorités violents et mélancoliques.
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(SIBERIE) On est dans le colossal, pas dans la délicatesse. Je lis d'ailleurs que le "climat est rude et excessif", que dans la région de Verkhoïansk la différence entre les plus hautes et les plus basses températures dépasse cent degrés (!) ...
Moi je ne déteste pas que la terre ne fasse pas dans la dentelle. L'emphase est un péché littéraire, pas un défaut géographique .
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Cela faisait bien des années que j'avais désappris l'hiver. L'accablant rayonnement du ciel blanc, l'étuve des nuages sous lesquels fumait la mer, parfois de grandes roues de sable crissant venues du désert de Nubie, et dont le tournoiement au dessus de la ville laissait les chairs aussi racornies que celles des momies: c'étaient là tous mes météores. Par la vitre du train qui remontait la vallée du Rhône, j'observais les tristes apprêts du froid comme un autre eût assisté à une pièce de théâtre. Entre des replis de terre noire, des flaques brillaient comme des monnaies dans les dernières lueurs du jour. Des chemins détrempés, marqués par le piétinement des bêtes, fuyaient vers des lointains hachurés de mauve et de brun. Le ciel au-dessus de ça déchiquetait des vagues grises où volaient des corbeaux. Ailleurs, on voyait des maisons aux murs tachés d'humidité, des néons tremblaient derrière des vitres embuées, des parkings moutonnaient sous des néons orange. Une pluie mêlée de neige faisait briller les trottoirs comme des tailles d'anthracite, éclatait en gerbes de perles autour des lampadaires.
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