Wynd à un secret qui met sa vie en danger...Retrouvez le voyage périlleux de ce jeune garçon dans un univers de fantasy dans le premier tome de
WYND : https://www.urban-comics.com/wynd-tome-1/
J'ai jeté un coup d’œil aux restes de mon vieux pin devenu quasiment du charbon de bois, avant de monter sur le petit terre-plein d'où saillait le chicot de l'arbre à gingembre comme un piquet passé à la créosote. Je n'en croyais pas mes yeux, quand j'ai vu ce qui luttait contre les mauvaises herbes pour gagner sa part de soleil : une pousse verte toute nouvelle, émergeant d'un amas de racines noircies, et qui portait déjà neuf de ces feuilles aromatiques si facilement reconnaissables. J'en ai pincé une pour être bien sûre, qui m'a laissé sur les doigts cette odeur de gingembre.
Une chose à laquelle je ne suis pas encore habituée, c'est l'odeur de Pékin. Elle vous suit partout, comme si elle était contenue à l'intérieur des murs de la ville. Ce n'est pas du tout une de ces odeurs épicées qu'on pense être la caractéristique de l'Orient, mais cela fait plutôt penser à du beurre rance qu'on aurait un peu fait chauffer dans une poêle. L'odeur semble surgir de partout, mais elle s'échappe d'une manière particulièrement tenace des couvertures de fourrure que l'on vous met sur les genoux dans les pousse-pousse.
Marie m'a expliqué ensuite que l'éducation des Japonais veut qu'ils ne prennent jamais leur repas avec les femmes de la maisonnée, et qu'il leur est impossible de s'habituer à s'asseoir autour d'une table avec des femmes. Marie dit qu'il lui est très souvent arrivé, au cours de dîners officiels qu'elle donnait chez elle, d'avoir l'impression que le comte Kurihama était sur le point de lui ordonner de retourner à sa place, à la cuisine, pour laisser les hommes entre eux à la besogne sérieuse de boire et de manger.
Si les Japonais ont l'intention d'encourager les visiteurs étrangers à venir dans ce pays, il va falloir que leur cuisine fasse des progrès ! Les voyageurs occidentaux ne vont sûrement pas défaillir d'enthousiasme devant les bouchées de riz froid enveloppées dans des algues, aussi exquises en soit la présentation dans des bols en laque, et la garniture d'autres produits marins censés comestibles. Un très agréable coup d’œil à un repas peut causer de grandes déceptions !
« On pourrait écrire un livre sur l’art des courbettes, qui est soumis à des règles encore plus strictes que la composition florale.
Il y a des courbettes pour ceux qui vous sont socialement égaux, selon les circonstances de la rencontre, il y en a pour les supérieurs, les domestiques, pour les commerçants et même pour Les conducteurs de tramways.
Il y a les courbettes des hommes aux femmes , toujours légères, et celle des femmes aux hommes, toujours très profondes , plus une collection impressionnante de courbettes aux femmes entre elles, qui sont un langage en elles- mêmes . »
Les familles anglaises sont régies d'une manière si stricte, avec l'aîné qui hérite de tout tandis que les cadets n'ont qu'à entrer dans l'Église ou dans l'Armée ! Tout est arrangé avant même la naissance et personne ne pense à varier un peu en laissant toutes les possessions au second fils ou au troisième, comme un père pourrait le faire en Ecosse si l'aîné ne lui plaisait pas.
Le monde est un curieux mélange de gens de toutes sortes, dont beaucoup ont l'air de ce qu'ils ne sont pas.
Je serai toujours une étrangère au Japon, bien sûr, et cela m’aurait inquiétée autrefois, mais ce n’est plus le cas. Lorsque j’étais la maîtresse de Kentaro, j’ai tenté de plier mon caractère obstiné pour le rendre conforme au mode de vie japonais, et je me prenais presque pour un sujet adoptif du Fils du Ciel, au risque de mortifier dans cette tentative tout ce qui faisait ma nature. Pure folie que tout cela ! Les Nippophiles — ces Occidentaux convertis au mode de vie japonais — ne font qu’amuser les autochtones, qui se cachent la bouche d’une main polie pour rire tout à leur aise. J’en ris aussi, à présent, mais sans mettre la main devant ma bouche.
Rire ensemble peut être une preuve d'amour plus forte que n'importe quelle autre.
[...] je lui ai dit que je n'aimais pas beaucoup l'océan Indien. Avait-il toujours cette couleur grise ? Il a répondu que nous croisions la queue d'une mousson et que d'habitude la mer était d'un bleu magnifique.