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Sylvie Servan-Schreiber (Traducteur)
EAN : 9782070309054
480 pages
Gallimard (15/06/2006)
4.17/5   794 notes
Résumé :
En 1903, Mary Mackenzie embarque pour la Chine où elle doit épouser Richard Collingsworth, l'attaché militaire britannique auquel elle a été promise. Fascinée par la vie de Pékin au lendemain de la Révolte des Boxers, Mary affiche une curiosité d'esprit rapidement désapprouvée par la communauté des Européens. Une liaison avec un officier japonais dont elle attend un enfant la mettra définitivement au ban de la société. Rejetée par son mari, Mary fuira au Japon dans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (173) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne connais rien à la Chine, je ne connais rien au Japon mais j'aime le gingembre et je suis curieuse. D'autant plus que cela fait déjà plusieurs années qu'on me recommandait chaudement la lecture de ce roman et qu'à présent, je me mettrais bien des baffes pour ne pas avoir obéi plus tôt.

Le récit (sous forme de journal et de lettres) débute en 1903 pour s'achever quarante plus tard. Il retrace l'histoire et la vie de Mary, une jeune bourgeoise écossaise partie épouser un officier anglais en poste à Pékin.

Mary a vingt ans, toutes ses dents, un solide bon sens, un caractère bien trempé qui malgré une éducation traditionnelle va la mener en dehors des clous de la société. Très isolée dans la compagnie étriquée et suant l'ennui des diplomates, souffrant du manque de communication avec son époux, curieuse par nature, moderne par bien des aspects de sa personnalité, Mary va rompre, presque s'en le vouloir, avec ses racines, sa vie, ses espoirs et sa famille. Commence alors un incroyable parcours de débrouillardise et de cheminement au Japon où elle s'est réfugiée, pays où elle tentera de se construire pendant quarante ans.

Passions, guerres, désillusions, épreuves, déchirements, joies... c'est tout cela à la fois que le lecteur découvre avec délice avec "Une odeur de gingembre", un roman né sous la plume d'un homme mais qui retrace avec beaucoup de subtilité et de sensibilité ce destin de femme hors du commun, courageuse et digne. Si ses cent premières pages m'ont un peu fait craindre un rythme trop lent pour moi - impatiente lectrice -, j'ai été rapidement rassurée et n'ai plus lâché mon livre jusqu'à l'émouvant épilogue.

Quel voyage !


Club de lecture Babelio novembre 2015
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En 1903, la jeune Ecossaise Mary Mackenzie part en Chine épouser un attaché militaire anglais basé à Pékin. Vite à l'étroit dans un mariage peu heureux et dans la vie corsetée d'une très conservatrice et conventionnelle colonie européenne, Mary ne tarde pas à cumuler les désillusions. Lorsqu'elle tombe enceinte de son amant japonais, elle est bannie par son mari et par toute sa communauté, mais parvient, dans des conditions dramatiques, sans ressources, à se réfugier au Japon. Dans ce pays peu ouvert aux étrangers, elle devra braver l'ostracisme général pour trouver sa place dans une société et une culture en tout point aux antipodes de l'Occident.


Vus depuis la colonie européenne en Chine, puis de l'intérieur du Japon au travers de Mary, ce sont quarante ans d'histoire nippone que nous retrace cette fresque passionnante et colorée, depuis la fin de l'Ere Meiji et le basculement du pays de la féodalité au système industriel occidental, jusqu'à sa politique expansionniste qui finit par mettre toute l'Asie à feu et à sang bien avant le point d'orgue de la seconde guerre mondiale. L'expérience de Mary est l'occasion de découvrir la relation du Japon au reste du monde pendant toute cette période, en pénétrant l'organisation de toute la société nippone et en se confrontant aussi bien à son état d'esprit d'alors qu'à ses particularités culturelles. Toute l'originalité du propos vient du parallélisme proposé par l'auteur entre les prétentions colonialistes européennes et expansionnistes japonaises, entre les conventionnalismes tout aussi rigoristes d'un côté comme de l'autre, notamment en ce qui concerne la condition féminine et la structure familiale.


En choisissant l'angle de vue d'une occidentale rejetée par sa communauté et obligée de s'adapter pour survivre à une culture et à un mode de vie différents, en usant qui plus est du contraste entre le formalisme contraint des lettres de Mary à ses proches et la sincérité de son journal intime, le roman met en lumière les préjugés et les incompréhensions, qui, tels de véritables oeillères, viennent présider au choc entre deux civilisations aussi hautaines l'une que l'autre dans leur vision du reste du monde.


Quoi qu'il en soit, le plus grand point commun entre l'Europe et le Japon d'alors, reste finalement le sort réservé aux femmes : leur subordination aux hommes, leur contingentement à la stricte sphère familiale, et surtout la violence développée à l'encontre de celles qui osent sortir des règles établies.


Grande fresque historique, découverte d'une culture japonaise souvent désarçonnante pour les Occidentaux, magnifique portrait d'une figure féminine hors du commun restituée avec justesse et sensibilité, L'odeur du gingembre est une lecture addictive et fascinante qui ne se quitte qu'à regret. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Mary semble bien naïve quand nous faisons sa connaissance au début du roman sur un bateau qui l'emmène, jeune écossaise de 18 ans, jusqu'en Chine pour aller rejoindre son futur époux.
Et lorsque nous refermons le livre, quelques 450 pages plus tard, c'est une femme de presque 60 ans que nous quitterons.

Entre les deux, nous aurons accompagné cette jeune fille, cette femme, cette mère, cette épouse, cette amante, cette femme qui aurait pu se briser des dizaines de fois, mais qui continue à tenir bon malgré une vie chaotique.
J'ai beaucoup aimé cette héroïne hors norme, une jeune fille qui a vécu très protégée et qui se retrouve projeté dans un univers à mille lieux de sa petite vie, elle va devoir affronter un pays (la Chine et plus tard le Japon) où rien ne semble facile, où les femmes et en particulier les étrangères n'ont pas vraiment leur place et pourtant, Mary va tenter de s'adapter, d'apprendre à connaître les gens, la culture, la langue.

Cette femme volontaire fera des choix durant toute sa vie et ces derniers lui feront dégringoler l'échelle sociale de façon inéluctable, mais rien ne semble pouvoir la détruire, on a l'impression qu'à chaque claque qu'elle se prend, elle se relève et marche droit devant, sans bien savoir où tout ceci va la mener, mais elle y va, toujours droite dans ses bottes.
Ces sont ses mots que nous lisons, que ce soit son journal intime ou les lettres qu'elle envoie à sa mère ou à une amie, et cela nous permet d'approcher cette femme de façon encore plus intime.
Déjà lu il y a une dizaine d'années, je sais que je le relirai avec le même plaisir dans un futur indéterminé.
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J'ai toujours eu une affection particu;lière pour les romans épistolaires ou les "carnets intimes". Et ce roman ne fait pas exception.

Mary une jeune femme naïve part en chine pour épouser un officier anglais en poste là bas. La vie ne sera pas facile et sa naiveté va vite s'eclipser au profit d'un caractère bien trempé et d'une envie de s'en sortir seule.

C'est un livre a la fois touchant et plein de poésie. L'auteur, qui est un homme, a su parfaitement retranscrire les sensations et les sentiments de Mary. C'est aussi un bel hymne au Japon et à la Chine.
j'ai apprécié l'écriture de l'auteur qui est fluide et qui nous emporte sur le paquebot et à la rencontre des serviteurs.

Je ne vais pas épiloguer pour moi ce livre est une perle
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Je ne ferai pas un long commentaire car au vu du nombre de ceux- ci il peut apparaître superflu.

Dès que l'on commence cet ouvrage à la fois épistolaire, ——-lettres que l'héroïne Mary écrit à sa mère ou à sa meilleure amie et journal intime ——on est subjugué par ce récit historique, social , intime et universel qui se déroule de 1903 à 1942...
Le courage , l'intelligence, la détermination de cette femme d'abord fascinée par Pékin au lendemain de la révolte des Boxers , venue épouser Richard Collingsworth , attaché militaire britannique.

Rejetée par son mari et la communauté suite à sa liaison avec un officier japonais , elle rejoindra le Japon où elle s'adaptera et relèvera maints défis ——-malgré la haine , les violents rejets, la froideur des japonais pour l'étrangère, l'incroyable docilité des femmes de ce pays , leur statut compassé , la soumission humiliante à leurs maris( pour une européenne )——- l'hypocrisie , les faux semblants, les non- dits , les courbettes , le manque de modernité mais aussi au fil du temps l'évolution et les techniques modernes, la guerre ——-l'attitude intraitable de la vie des gens teintée de sauvagerie afin de préserver leur respectabilité, le silence des autorités——

Portrait original , profond , moderne , sensible et maîtrisé de Mary courageuse et indomptable, modernité et choc des cultures, adaptation passionnante , incroyable , de cette femme à une culture qui lui est totalement étrangère dans des conditions dramatiques .
Un roman coup de coeur hors norme que l'on ne peut que conseiller .( 475 pages ) .
Extrait :
«  J'ai parfois le sentiment que les Japonais sont d'une dureté totale envers tout ce qui ne concerne pas leurs «  îles » , ni leur fameux «  Nationalisme ».
Je me demande si ce roman historique magnifique n'est pas un temps soit peu « autobiographique . »
L'auteur est né en 1913 .


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Citations et extraits (123) Voir plus Ajouter une citation
J'ai jeté un coup d’œil aux restes de mon vieux pin devenu quasiment du charbon de bois, avant de monter sur le petit terre-plein d'où saillait le chicot de l'arbre à gingembre comme un piquet passé à la créosote. Je n'en croyais pas mes yeux, quand j'ai vu ce qui luttait contre les mauvaises herbes pour gagner sa part de soleil : une pousse verte toute nouvelle, émergeant d'un amas de racines noircies, et qui portait déjà neuf de ces feuilles aromatiques si facilement reconnaissables. J'en ai pincé une pour être bien sûre, qui m'a laissé sur les doigts cette odeur de gingembre.
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Une chose à laquelle je ne suis pas encore habituée, c'est l'odeur de Pékin. Elle vous suit partout, comme si elle était contenue à l'intérieur des murs de la ville. Ce n'est pas du tout une de ces odeurs épicées qu'on pense être la caractéristique de l'Orient, mais cela fait plutôt penser à du beurre rance qu'on aurait un peu fait chauffer dans une poêle. L'odeur semble surgir de partout, mais elle s'échappe d'une manière particulièrement tenace des couvertures de fourrure que l'on vous met sur les genoux dans les pousse-pousse.
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« On pourrait écrire un livre sur l’art des courbettes, qui est soumis à des règles encore plus strictes que la composition florale.
Il y a des courbettes pour ceux qui vous sont socialement égaux, selon les circonstances de la rencontre, il y en a pour les supérieurs, les domestiques, pour les commerçants et même pour Les conducteurs de tramways.
Il y a les courbettes des hommes aux femmes , toujours légères, et celle des femmes aux hommes, toujours très profondes , plus une collection impressionnante de courbettes aux femmes entre elles, qui sont un langage en elles- mêmes . »
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Je serai toujours une étrangère au Japon, bien sûr, et cela m’aurait inquiétée autrefois, mais ce n’est plus le cas. Lorsque j’étais la maîtresse de Kentaro, j’ai tenté de plier mon caractère obstiné pour le rendre conforme au mode de vie japonais, et je me prenais presque pour un sujet adoptif du Fils du Ciel, au risque de mortifier dans cette tentative tout ce qui faisait ma nature. Pure folie que tout cela ! Les Nippophiles — ces Occidentaux convertis au mode de vie japonais — ne font qu’amuser les autochtones, qui se cachent la bouche d’une main polie pour rire tout à leur aise. J’en ris aussi, à présent, mais sans mettre la main devant ma bouche.
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Marie m'a expliqué ensuite que l'éducation des Japonais veut qu'ils ne prennent jamais leur repas avec les femmes de la maisonnée, et qu'il leur est impossible de s'habituer à s'asseoir autour d'une table avec des femmes. Marie dit qu'il lui est très souvent arrivé, au cours de dîners officiels qu'elle donnait chez elle, d'avoir l'impression que le comte Kurihama était sur le point de lui ordonner de retourner à sa place, à la cuisine, pour laisser les hommes entre eux à la besogne sérieuse de boire et de manger.
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