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Critiques de Paolo Rumiz (156)
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Appia

Un récit magique où toutes les digressions introspectives ou communicatives qu'autorisent la marche et les étapes, sont permises dans une langue ouverte, légère, admirative, sérieuse, outrée, coléreuse parfois, mais passionnée et passionnante.
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Appia

L’écrivain et journaliste, né en 1947 à Trieste, où il vit toujours, ne cesse de parcourir l’Europe, tentant de cerner ce que le mot frontière veut dire.
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Appia

Paolo Rumiz, né en 1947 à Trieste, est un journaliste et écrivain voyageur italien. Envoyé spécial au journal Il Piccolo de Trieste, puis à la rédaction de La Repubblica, il couvre en 1986 les événements de la zone balkanique. Pendant la dissolution de la Yougoslavie, il suit en première ligne le conflit de la Croatie puis celui de Bosnie-Herzégovine. En novembre 2001 il est à Islamabad puis à Kaboul, pour couvrir l'attaque des Etats-Unis en Afghanistan. En tant qu'écrivain voyageur, Paolo Rumiz a parcouru de nombreux pays, notamment le long des frontières de la communauté européenne.

Appia (2019) qui vient d’être réédité en poche est un récit du voyage effectué en 2015 pour parcourir dans son intégralité la fameuse via Appia, une voie romaine de près de 600 km de longueur, partant de Rome, longeant la côte tyrrhénienne, traversant les terres de la Campanie et de la Basilicate pour terminer dans les Pouilles. Construite en 312 av. J.-C. à l'initiative d'Appius Claudius Caecus, elle joignait à l'origine Rome à Capoue, puis fut prolongée jusqu'à Brindisi, comme le résume Wikipédia.

Pourquoi cette randonnée de vingt-neuf jours ? Parce que Paolo Ramuz n’est pas qu’un écrivain baladeur, c’est un homme animé d’une forte conscience politique et sociale et cette route concentre tout ce qui l’agace et l’énerve dans cette Italie d’aujourd’hui et même ce monde moderne. Il s’indigne du sort réservé à cette voie qui fût un magnifique ouvrage reliant Rome au sud du pays, une formidable trace du talent des hommes pour l’imaginer en prévision des conséquences économiques qui en découleraient et de l’incroyable somme d’efforts pour la construire. Or, aujourd’hui, plus personne ne s’en souvient, la route elle-même a quasiment disparu par la faillite des institutions et des politiques, la spéculation immobilière, le béton qui recouvre tout… Alors ce voyage sera « une reconquête des espaces perdus, un manifeste destiné à revendiquer une Italie accessible » car « en tant qu’Italien, je souffre mille morts en voyant à quel point on répudie le passé dans mon pays ».

Rumiz partira avec trois autres compagnons ayant chacun une spécialité (pro de la randonnée, grand connaisseur des cartes etc.) et au fil des étapes, d’autres les rejoindront temporairement. Avec cet écrivain, l’excursion est toujours très cultivée (Horace…), l’Histoire fournit mille détails pointus, la géographie n’en manque pas non plus, de Rome à Brindisi les paysages évoluent et tout du long, si tous ceux qu’ils croisent s’étonnent de les voir à pied et se méfient souvent, de belles rencontres scandent le parcours émaillé de nourritures simples mais goutues (« Le problème des Pouilles, c’est qu’elles vous rassasient déjà avec les noms de leurs bons petits plats, tant ils sont évocateurs ». Loin des grandes villes l’Italie est un autre pays, le barbier du village est une pièce centrale tout comme le bistro. Plus au sud, la Camorra n’a plus le rôle social qu’elle entretenait jadis.

Excellent bouquin, un récit cultivé et un cri d’indignation pour Paolo Rumiz, un bien beau voyage pour le lecteur.

Les cents dernières pages du livre abandonnent la littérature et reprennent l’ensemble du trajet sous la forme de fiches signalétiques de chacune des vingt-neuf étapes (communes traversées, longueur, altitude etc.) pour faciliter le travail de ceux qui voudraient se lancer dans la même aventure.

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Appia

Je suis perdue et du coup déçue! Il y a trop de noms de villes qui se télescopent. Chronologiquement ces vas-et vient me perturbe. Du coup j'abandonne ma lecture. C'est plutôt rare. J'aime trop Rome pour être déçue davantage. Alors, pourquoi ne pas en faire un ouvrage illustré qui guiderait le lecteur à travers la via Appia?
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Appia

Je voulais randonner, ( je ne peux pas en ce moment) mais peut-être plus simplement. Beaucoup d'explications m'ont semblé envahissantes et je n'arrive à cheminer sur cette voie Appia.
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Appia

Paolo Rumiz est journaliste, écrivain, mais surtout voyageur devant l'Eternel. Il a déjà bourlingué partout dans le monde, et décide cette fois, avec trois complices, de retrouver la célèbre « via Appia », la première route d'Europe, construite par les Romains il y a 2300 ans, qui part de Rome et descend vers le sud-est pour rejoindre Brindisi, dans les Pouilles.

A 67 ans, sac au dos, il va parcourir à pied ses six cents et quelques kilomètres, en tentant souvent de deviner là où elle se trouvait, car il n'en reste pas grand-chose.

Ce livre est le récit de cette incroyable expédition. J'avais craint une certaine monotonie, une lecture quelque peu ennuyeuse : pas du tout ! Au contraire, je me suis pris au jeu au fil des pages. Car la lecture d'« Appia » est paradoxalement très variée.

Paolo Rumiz est amoureux des vieilles pierres, à l'excès même (pas question de déplacer le moindre pavé retrouvé !) et ce ne sont pas les vestiges de l'époque romaine qui manquent le long du chemin. C'est l'occasion pour lui de râler ferme sur l'incompétence des autorités, leur ignorance de ces trésors, de râler aussi sur les magouilles de la maffia, sur l'indifférence de l'Italien lambda, de râler aussi sur le monde moderne symbolisé par ces diaboliques éoliennes. A chaque étape, Rumiz rencontre Horace, ou Virgile, et c'est parti pour de longues discussions philosophiques, politiques, avec ceux qui font un bout de chemin avec eux, archéologues, amis, ou simples habitants, car le bouche-à-oreille a fonctionné et ils sont nombreux à vouloir saluer ces marcheurs d'un autre temps !

Discussions savantes donc, intellectuelles ? Parfois, mais chaque journée se termine par un repas gargantuesque, et Rumiz est aussi amoureux de la cuisine italienne, qu'il nous décrit toujours avec moult détails. Ces repas sont l'occasion de ressentir cette chaleur humaine qui fait tant défaut aujourd'hui.

J'aurais sans doute pris plus de plaisir encore si j'avais connu cette région, ne fut-ce qu'un peu, mais je n'y ai jamais mis les pieds. Ou si mes souvenirs des poètes latins n'étaient pas aussi lointains…

L'auteur a entrepris cette énorme randonnée pour que d'autres l'imitent. Les cent dernières pages constituent les fiches techniques, précises et commentées, des 29 étapes parcourues. Il n'oublie pas les remerciements, mais de façon très peu classique puisqu'ils s'adressent…à ses pieds !

Un livre qui fait rêver… on en a tant besoin !

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Appia

La via Appia, 612 kilomètres, voie légendaire reliant Rome à Brindisi. C'est toute l'Histoire de l'Italie qui nous est contée dans ce texte riche et coloré. Des hommes (scientifiques, littéraires, amateurs de belles pierres ...) ont marché pour nous et nous ont restitué ce que l'Italie avait de meilleur quand elle restait centrée sur l'Art et la beauté, quand elle véhiculait des valeurs nobles, quand elle était tournée vers le monde.

Paolo Rumiz, journaliste de La Repubblica, sait écrire et décrire pour notre plus grand plaisir.
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Appia

Tel le Petit Poucet les écrivains "marcheurs" laissent sur leurs chemins non pas des petits cailloux mais de réelles pépites : on peut légitimement penser récemment à Sylvain Tesson et son  "Sur les chemins noirs ", Jean Christophe Rufin et son "Immortelle Randonnée", entre autres.....



Et voici Paolo Rumiz et son livre sobrement intitulé "Appia"

Pour citer Robert McFarlane : " Il existe entre l'écriture et la marche une alliance presque aussi ancienne que la littérature : pas de randonnée sans histoire, pas de chemin qui ne raconte quelque chose. "

Et cela ne date pas d'hier la preuve, en 35 av. J.-C.:

Nous avons quitté Rome, la grande ville, Héliodore et moi ; Héliodore, le plus habile et le plus savant, sans contredit, des rhéteurs de la Grèce. Aricie, à notre première étape, offrait une hospitalité médiocre ; on va, de là, au marché d'Appius, qui est une espèce de halle où foisonne la pire espèce de bateliers, dans les plus horribles tavernes. Nous avons mis deux jours à faire un chemin qu'un voyageur ordinaire eût fait volontiers d'une seule traite. Pour des nonchalants tels que nous, la voie Appienne est la meilleure. Une eau saumâtre eut bientôt découragé la faim que j'avais ; donc je laissai crier mon estomac et mes compagnons dîner à leur bon plaisir, mais sans moi."

(Satires d'Horace - Livre I Satire V)



Tout comme Horace ou comme l'archéologue Antonio Cederna à qui ce livre est dédié, Paolo Rumiz a recherché ce qui reste de la voie Appienne, l'a parcouru et en a parlé, et en a critiqué l'état actuel, en en affronté les vicissitudes, pour nous livrer ce récit d'une riche beauté et les richesses si belles qu'il a rencontrées.



"Un monument unique à sauver religieusement intact, pour son histoire et ses légendes, pour ses ruines et ses arbres, pour la campagne et pour le paysage, pour la vue, la solitude, le silence, pour sa lumière, ses levers et couchers de soleil ".

Les paroles d'Antonio Cederna font revivre la passion qui a conduit Paolo Rumiz, Riccardo Carnovalini, Alessandro Scillitani et Irene Zambon à vivre, pas à pas, l'ancienne voie Appienne, oubliée au cours de siècles, en état de délabrement et d'abandon.



De l'aventure qui a duré 29 jours et 611 kilomètres de marche à l'été 2015, 2327 ans après le début de la construction du Regina Viarum, en est sorti ce livre, dans lequel l'auteur gravé des paroles « narrabondes », mélange de narration et de vagabondage,

Dans les replis de l'histoire, à la recherche de l'itinéraire authentique du regina viarum - la voie Appienne - Paolo Rumiz et ses compagnons de voyage font une descente dans l'Italie la plus profonde. Parmi les entrailles d'un pays qui avec ses mille clochers recèle d'infinies beautés et autant de méfaits : comme il le dit dans cet incipit dédié à Antonio Cederna :



" Grande ombre, écoute-nous, protège

ce chemin qui commence à présent

et bénis nos souliers que voici.

Tu as voué ta vie entière à la déesse

mère et reine de toutes les routes

et par l’indignation de tes écrits

tu as défendu son prestige et ses monuments

contre l’arrogance des promoteurs immobiliers,

du clergé, des clans de brigands,

alors accepte maintenant d’être notre

phare, pilote et dieu tutélaire.

Comme nous, tu étais fils des brumes

du Septentrion et toi aussi, comme nous,

tu as souvent cherché les terres du soleil :

maintenant suis-nous à la recherche

de cette voie directrice millénaire.

En ton nom, Antonio, fils des Cederna,

nous parlerons de méfaits et de merveilles

et en ton nom toujours nous tremperons

en égales mesures notre plume vagabonde

dans le noir encrier de la rage

et dans celui du divin enchantement,

refusant les stériles anathèmes.

Protégés par ton regard bienveillant

nous franchirons monts et plaines

pour faire l’inventaire des histoires

et des gens trouvés en chemin

sur cette route antique entre trois mers."



Le groupe a suivi la ligne parfaite de la voie Appienne, défiant les clôtures et les rocades, traversant des parcs archéologiques semi-désertiques et des richesses souvent méprisées. Vingt-neuf jours d'aventures et de rencontres (certaines excellentes !), de dialogues intenses, d'échanges. Dans un balancement d'humeurs dicté par la rue avec ses trésors et ses horreurs, avec son humanité colorée, tantôt généreuse, tantôt bornée et arrogante.



L'Appia c'est aussi des villes. De Rome à Brindisi l'auteur croise de multiples pays où un pays multiple au passé glorieux et à la modernité controversée. Chacun d'eux a son caractère, ses couleurs, une empreinte que le narrateur restitue avec une pointe de mélancolie. Tous sont unis par la marginalité par rapport à Rome, la capitale qui engloutit toutes les ressources (financements, intérêts, recherche). Terracina, Maddaloni, Venosa, Gravina, Oria et bien d'autres. La moitié de l'Italie défile sous les yeux du lecteur, entre statues de Padre Pio et éoliennes, et semble voyager parmi les hommes et les peuples. Pour des étapes qui sont aussi des esquisses du quotidien, un repas partagé et bien mérité, de la réflexion. Entre ces parcs archéologiques à ciel ouvert et ces décharges qui sentent bon la mafia.



C'est un livre de voyage et de découverte.

C'est un livre à travers lequel l'auteur essaie de nous faire prendre conscience à tous que l'Italie n'est pas seulement le Colisée, mais une myriade de coffres précieux dispersés sur tout le territoire.

C'est un livre se se décompose en 3 parties comme les 3 éléments, 3 origines, 3 sources de l'histoire, 3 composantes d'un paysage.

La pierre De Rome à Capua Vetere

Le vent De Capua Vetere à Venosa

Le blé De Venosa à Brindisi

C'est un livre de dénonciation des ravages commis sur le vernis de ces trésors par ceux qui au contraire auraient dû les garder et les protéger. Découvrir l'Appia pouce par pouce, c'est s'immerger dans la profonde réalité de l'Italie

Ce voyage est une gigantesque métaphore de la situation italienne d'aujourd'hui : il appartiendra à chacun de nous de recevoir le message social que Rumiz a introduit dans les pages de ce livre.



Un parcours qui repose exclusivement sur un acte rebelle, celui de marcher :

"Les yeux fermés, j'entends la danse de onze syllabes de notre départ. Il révèle que le nôtre est un travail patient, pour les chirurgiens et les scribes. Le contraire de "errance", l'errance sans but des romantiques anglo-saxons. Ils avaient la tête dans les nuages, nous sommes collés au sol".



La recherche de la route est une véritable obsession.

Tout est rendu plus difficile par l'imbrication du monde contemporain qui avec des routes asphaltées, des autoroutes, des voies ferrées, des quartiers en expansion, des industries mais aussi avec des clôtures et des appropriations abusives, autant de "vols" qui ont fait disparaître l'ancienne Voie Appienne sur de très longs tronçons.

Et tout cela rend l'acte de marcher difficile, obligeant Rumiz et ses compagnons à faire de forts détours pour contourner les obstacles insurmontables de la modernité.



La dernière partie est la plus intimiste dans laquelle l'auteur remercie....ses pieds.....

" Et de cela, je vous remercie, mes chers pieds. Vous m’avez enseigné que je ne dois pas me contenter de sentiers tarabiscotés, construits pour dribbler les obstacles, les dévastations et les hontes, mais les affronter tous en face pour dénoncer les appropriations illégitimes et les méfaits. La force des chemins, c’est qu’on les fait tout seuls, sans avoir besoin d’autorisations venues d’en haut. Une fois tracés, ils réveillent les lieux qu’ils traversent. Ils les modifient en les améliorant. Ils peuvent même inverser le rapport déplorable qu’ont les Italiens avec leur géographie.

Dans les années 1970, Compostelle n’était rien du tout. Maintenant, il y vient des deux cent mille personnes par an. L’Appia peut faire beaucoup mieux. "



Espérons que l'avenir lui donnera raison......



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Appia

Un peu déçue par la description que donne l'auteur des italiens ! Livre commencé au retour de Rome, je n'y ai pas trouvé ce que j'y cherchais.... je suis donc passée à côté... même du point de vue historique.
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Appia

Appia est pour Paolo Rumiz l'occasion de réfléchir au rapport des Italiens à leur passé. Dès les premières lignes, on sent le regret et la déploration. En effet, Paolo Rumiz ne comprend pas comment les Italiens ont pu laisser disparaître ainsi leur passé, car la Via Appia n'a pas du tout été conservée, et la difficulté de ce voyage, qu'il entreprend avec plusieurs compagnons, réside dans cet abandon de la voie mythique à toutes les exploitations contemporaines : le basolato, ce dallage en basalte, est pillé par les particuliers, les pierres des temples, comme à Terracina, perdues dans le paysage qui n'honore pas l'âme antique des choses ("L'Antiquité est une gêne." ; "En Italie, ceux qui étudient l'Antiquité sont mis au ban de la société.") On comprend bien, en lisant Paolo Rumiz, qu'aucune politique de préservation du passé n'est menée dans ce pays. Il dit à ce propos que tout est misé sur le Colisée ("Le Colisée, c'est Hollywood."), mais que le reste peut bien retourner à l'abandon.



(...)
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Appia

L’écrivain voyageur traverse le sud italien le long de l’antique voie romaine et laisse libre cours, dans « Appia » à ses émerveillements – comme à ses indignations.
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Appia

Je reviens tout juste d’un périple à pied avec Paolo Rumiz et ses compagnons, sur les traces de la Via Appia, mère de toutes les routes, « posant un pas tous les 64 cm, la foulée même des légions ». De Rome à Brindisi, sur la côte Tyrrhénienne, le fil de la route se perd parfois, comme le pouls d’un moribond, et prend tout à la fois forme de « borne, ruine, champ de blé, route provinciale, fontaine, méthanoduc, sillon de charrette sur la pierre vive, tilleul solitaire, mur de pierre sèche, grève, sentier de montagne, arrêt d’autobus, passage à niveau, peau de serpent ». Plus qu’un guide de voyage, le récit emprunte à la grande Histoire, au présent aussi avec une critique sentie à l’égard du peuple italien et de ses pouvoirs publics qui laissent aller le patrimoine au profit d’un capitalisme anarchique sur lequel l’ombre de la Camorra plane inexorablement. Paolo Rumiz se désole donc de l’incurie régnant autour des recherches archéologiques et de leur mise en valeur, du manque total de perspective patrimoniale et de la désolation économique du Mezzogiorno. « Des terres où la Rome antique survit dans chaque jardin, chaque cave et chaque sous-sol, mais où quiconque étudie les pierres – comme l’État et les lois – est plus redouté que la peste, parce qu’il incarne une entrave au marché des adjudications. »

Un vrai beau récit de voyage, entre pèlerinage et randonnée pédestre, rempli de faits historiques et de rencontres étonnantes, serti dans un paysage d’une indescriptible beauté mais que des franges de laideur viennent parfois ternir. Une envolée virtuelle, soit, mais qui m’a comblée d’images fort dépaysantes en ces temps de confinement.

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Appia

Un peu plus que le week end à Rome, c’est la traversée de lItalie. Et la découverte , pour moi, de régions peu évoquées par le cinéma ou la littérature, avec leurs habitants, leurs cuisine (on en a souvent l’eau à la bouche) et leur paysage. Quelque fois un peu passéiste,
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Appia

Appia(2016)

Paolo Rumiz

récit, 515p

traduit de l'italien par Béatrice Vierne, 2019

Arthaud









Paolo Rumiz se revendique écrivain-voyageur. Il est reconnu comme le plus grand écrivain-voyageur italien d'aujourd'hui.. Il est né à Trieste, en 1947 ; Trieste ne redevient italienne qu'en 1954. Il a donc fait l'Appia à presque 68ans, le veinard, avant que l'arthrite ne lui enlève ses pieds, avec lesquels il écrit.





J'étais dans une très belle librairie à Saint-Flour, dont le nom fait rêver, La cité du vent, et qui renferme, entre autres trésors, des cartes très rigolotes. Sur une pile, un nom sur un livre m'a accrochée : celui de Paolo Rumiz, dont je ne savais rien. Le livre : le phare, voyage immobile. Je me réjouissais de le trouver dans la médiathèque que j'aime, un autre lieu de rêve ; elle ne pouvait m'offrir que ce livre-ci, Appia. Je n'allais pas refuser le cadeau. Le livre se compose de trois parties, le récit proprement dit, les remerciements adressés à ses pieds, et les cartes qui livrent l'itinéraire des 612 kilomètres parcourus en 29 étapes, de cette ligne mythique. Si ce n'est pas là une invitation au voyage, à une randonnée sac au dos et sans GPS -les cartes sont là, calligraphie du parcours-en droite ligne ou presque, qui fait traverser l'histoire et les temps, de l'Antiquité à aujourd'hui avec la mafia et les gouvernements viciés,en passant par le fascisme , à la marche , un révélateur de l'humanité, qui rend Rumiz capable de penser et d'écrire, et qui permet de voir de près et de faire des rencontres, en l'occurrence féminines, à croire que l'archéologie militante existe surtout grâce à elles.

La Via Appia est une route rectiligne, descendant vers le Sud, tracée pour les légionnaires dont la fonction n'est pas d e flâner en touristes, qui va de Rome à Capoue du vivant d'Appius Claudius, qui lui a donné son prénom, pas le nom de sa gens, puis étendue jusqu'à Brindisi grâce aux épigones du même Appius. Jusqu'à Capoue, la présence de Rome, la Dominante, l'Vrbs, se fait sentir ; après c'est le Moyen-Age qui marque le territoire.Cette voie existe toujours, les basoli , ces pierres volcaniques de 50 cm/50qui la pavent sont intacts contrairement à l'asphalte qui les recouvre, mais elle n'est pas entretenue, et elle ne compte pour rien quand il s'agit de la vendre à des industriels qui y placent des parkings ou des supermarchés, ou à des particuliers qui y établissent leurs demeures en se servant des ruines des constructions antiques. Or, non seulement c'est la première de toutes les routes antiques, mais encore de toutes celles d'Europe.Garibaldi, qui œuvre pour la réunification nationale, veut qu'on la préserve. Sinon, le grand homme de la route du Sud, extension du tronçon, c'est Frédéric II de Souabe, XII°, le soleil des Pouilles, qui a rouvert les chemins de transhumance et qui parcourait son pays en nomade, de château en château, qu'il s'était fait construire, sa baraque à lui, son lieu de refuge ;la racine du mot renvoie à Barak, qui veut dire sainteté, et à Barka, la lignée d'Hannibal, et à Barcelone, Mais l'Italie a peur de l'histoire. C'est pour cela qu'elle manque d'orgueil pour le passé auquel elle appartient et qu'elle ne tient aucun compte de ses merveilles, comme si le Colisée lui suffisait. La France, elle, soigne les pavés de Paris-Roubaix.

Cette randonnée semble être une première. Qui a fait l'Appia à pied, qui l'a appiédée, comme le dit joliment un vieil Italien du Sud, depuis 1745 ? Aussi les randonneurs sont-ils accompagnés de gens, avertis par le bouche à oreille, qui viennent ou les encourager ou les sustenter ou leurs montrer les trésors du coin. Certes, des grilles, des chiens rendus à l'état sauvage, les hauts-fourneaux de l'Ilva à Tarente, au milieu de l'un desquels la Via est emprisonnée, les glissières de sécurité qui l'entravent, les éoliennes, les sordides appas du fric, la presque omniprésence de la corruption, encolèrent Rumiz que la beauté, toujours triomphante, des lieux apaise, beauté qu'il veut faire connaître à tous, histoire aussi de leur faire ouvrir des yeux plus larges, Italiens qui n'ont plus tellement l'habitude de la marche, comme étrangers, et qu'il engage à préserver l'antique.

Rumiz est sensible aux parlers, aux accents, qui disent la diversité de l'Italie et qui, au fur et à mesure qu'on descend vers Brindisi, annoncent la Grèce. La prononciation différente rappelle la présence de Lombards, d'Allemands, d'Arabes, de Byzantins, d'Espagnols, Il rectifie les on-dits de l'histoire : les Samnites connaissaient une civilisation ancienne, grande et raffinée. l aime à revenir à l'origine des mots : ainsi rappelle-t-il la racine commune des mots hostis et hospes, la terre des Osques qui aurait donné naissance au mot obscène en raison de ses attellanes aux termes orduriers, dont Tibère a demandé au Sénat de les abolir. La racine de Rumiz, -rum, pue l'Orient, dit-il, elle sent le gitan. Il se souvient de son grand-père qui, à l'âge de 8 ans, s'est exilé seul en Argentine. Alors bien sûr il est à côté de ceux qui marchent et qui éveillent des soupçons, des migrants, des vaincus.

Il est sensible aux ambiances également. Il sent que Gênes, Nice, sont méridionales en comparaison de Trieste. Il voudrait appeler, comme les Romains, l'Adriatique, mer du Nord, et la Tyrrhénienne, mer du Sud. Il trouve que le Mezzogiorno est le territoire de l'Est plus que du Sud, l'Est étant le paradis, et mettre le cap vers l'Est, c'est aller vers le renouveau.

Il est sensible, tout court. Le compagnon et peut-être l'inspirateur de la route, c'est Horace, le pochetron ? En tout cas, le poète savait vivre. Les compagnons de l'Appia aussi, qui savourent des vins du terroir, et mangent à l'italienne, car ce qu'il y a de meilleur chez les Italiens se réfugie dans la nourriture, et particulièrement pour Paolo, dans la pizza aux courgettes frites et au pecorino. La marche éveille tous les sens, on respire, on voit, on touche, on goûte et on entend, hélas, le bruit incessant des voitures à certains endroits, mais aussi le chant des oiseaux et des grillons.Les pieds sentent s'ils sont sur la Via Appia. Le soleil est terrible pour les marcheurs qui rêvent de bière. La marche fortifie l'amitié avec le partage des souffrances et le pique-nique, avec saucissons et fromages divers.

Sûr que la Via Appia a des atouts. Rien à voir avec Compostelle, qui est un chemin religieux, un pélerinage, et qui ne se parcourt que dans un sens, et en plus en troupeau. La Via Appia se descend quand on est légionnaire et se remonte quand on est un vaincu. Dans les années 70,, Compostelle n'était rien du tout. L'Appia peut faire mieux. Ceux qui la parcourent, comme Rumiz, sont des anarchistes.

Quand on lit le livre, qui recherche la trace d'une très ancienne route, et qui critique avec de sérieux arguments l'Italie d'aujourd'hui, et une fois qu'il est fermé, on a envie, très envie, de marcher sur l'Appia et de relire Horace. On a aussi envie de manger tous les fromages. Appel entendu, Paolo, on se fera l'Appia.
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Appia

Vitupération et chant d’amour . Hymne aux arts culinaires et oratoires. Exaltation de la marche et du pied comme instruments de la connaissance du monde . Tout cela est dans le récit de cette randonnée au long des 612 km de la Première des routes , L’Appia Antica , par un groupe de passionnés , archéologues , historiens et artistes , bien décidés à la faire revivre dans l’oublieuse mémoire des italiens . Rien là d’un repliement passéiste ,car cette route civilisatrice et coloniale à la fois est un révélateur des grandeurs et des misères de l’Italie d’aujourd’hui . Et le texte est porté par une poésie sensuelle , un humour qui viennent donner chair à l’érudition de l’auteur. A lire pour comprendre et aimer l’Italie passée et présente.
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Appia

Paolo Rumiz, journaliste voyageur qui a chroniqué nombre de ses périples dans La Repubblica, décide à quasi 70 ans de suivre la via Appia, prestigieuse voie romaine de plus de 500 kilomètres qui reliait Rome aux Pouilles, plus particulièrement jusqu’à Brindisi. Cette via n’a quasi jamais été suivie par des voyageurs depuis qu’elle n’est plus utilisée, elle est donc un véritable défi pour ceux qui vont la parcourir, et c’est ce défi qui va être raconté de deux manières différentes dans Appia.



Tout d’abord, tel un classique récit de voyage, Paolo Rumiz nous décrit le cheminement effectué par ses acolytes et lui, de Rome à Brindisi, au plus proche de la via, ce qui n’est pas toujours simple car les vestiges de celle-ci sont parfois inexistants – c’est à grands renforts de recherches préalables que le cheminement pourra se faire sans grandes embûches -, sont recouverts par le bitume des nouvelles routes, font partie de propriétés désormais privées… En effet, l’Italie n’a pas été tendre avec cette voie, ne se préoccupant que bien peu de son intérêt archéologique au fil des siècles, ce qui n’est allé qu’en empirant ces cinquante dernières années selon le journaliste. Le cheminement devient alors enquête, autant historique que sociologique, non seulement sur la voie, et la difficulté de la conserver, mais aussi sur l’Italie des années 2000, sur la différence entre la vie romaine, dont viennent nos voyageurs, et la vie des Pouilles, sur l’évolution d’un pays en proie à des questionnements nombreux sur son identité première, celle de la Rome Antique. Cheminement raconté via une plume particulièrement travaillée et passionnante à lire, qui mélange parfaitement moments poétiques, pour raconter certains instants ou lieux du voyage qui le méritent, et moments plus factuels, pour décrire les rencontres au fil du voyage qui ont donné lieu à diverses conversations plus ou moins pertinentes pour Paolo Rumiz. J’avoue que j’aurais aimé connaître l’italien pour pouvoir lire ce récit de voyage sans filtre, même si je pense que la traduction est ici d’une très grande qualité. Cheminement qui s’accompagne également d’une introduction de présentation de la via, tout à fait bienvenue, ainsi que d’un hommage final rendu aux pieds du journaliste qui sont, en toute logique, sa première source d’inspiration, comme il l’indique à plusieurs reprises.



Même voyage, autre façon de le raconter : dans une deuxième partie, le journaliste ne décrit que le chemin suivi, tel un guide, à celui qui voudrait se lancer dans la poursuite de la via Appia. Pas de fioritures ici, de descriptions de lieux, de rencontres, de repas…, uniquement le trajet à prendre. Intéressant en somme pour un futur randonneur, mais finalement aussi intéressant pour le lecteur, qui peut ainsi se rendre compte à quel point un récit de voyage se construit personnellement, au fil du périple, et sera différent pour chacun, ce qui fait tout son sel et son sens.



Appia est donc un récit de voyage comme je les apprécie, qui devient vite plus qu’un simple récit de voyage, qui plus est remarquablement écrit, pour nous mener non seulement à la recherche de la Rome antique, mais aussi dans une Italie plus actuelle, partagée entre son désir de respecter son passé et son besoin de se réinventer, notamment parce que sclérosée au Sud par la mainmise de la Camorra, qui a étendu son activité au fil des années.
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Aux frontières de l'Europe

Quand le voyage devient un art d'appréhender, dans le même mouvement, l'espace et le temps. Et la littérature, un bain d'humanité.
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Aux frontières de l'Europe

Un couple d'italiens à la recherche d'expériences de vie, vécues ou racontées, parcourent lentement la frontière Russe. L'auteur nous raconte leurs points de vue empathiques et curieux qui fuient l'agitation jugée stérile des mégalopoles européennes.
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Aux frontières de l'Europe

En 2008, l’écrivain-voyageur triestin Paolo Rumiz part avec sa compagne Monika, photographe, sur les traces des frontières d’une Europe où le traité de Schengen a supprimé bon nombre d’entre elles. Il parcourt ainsi, en utilisant autant que possible les transports publics (trains, cars…), des régions (Carélie, Podolie…) dont les noms ont disparu des cartes, à la rencontre de minorités ethniques et religieuses oubliées.



C’est à une véritable exploration que nous convie Paolo Rumiz dans Aux frontières de l’Europe. Ce récit se base en effet sur les notes prises durant le voyage réalisé par l’auteur dans des régions oubliées des touristes, en employant les moyens de transport de la population locale. Il nous fait rencontrer, au fil de son « parcours en zigzag », aussi bien des pêcheurs de crabes géants que des étudiants en médecine ukrainiens. Son ouvrage s’affirme ainsi, page après page, comme un beau récit authentique, un plaidoyer pour la défense des braves gens et du plaisir des rencontres, même s’il n'est pas dénué de longueurs.

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Aux frontières de l'Europe

Paolo Rumiz nous convie à un voyage à l'itinéraire original, en vertical depuis la toundra arctique du nord de la Finlande jusqu'à Odessa au bord de la mer Noire, sur une ligne virtuelle que Rumiz considère comme la frontière de l'Europe occidentale face au monde russe. Ce qui est assez remarquable, c'est que ce voyage de 6000 kilomètres a été réalisé en seulement 33 jours en utilisant autant que faire se peut les moyens de transport en commun (bus et train). Remarquable car Paolo Rumiz et son accompagnatrice Monika rencontrent durant leur voyage des tas de personnes qui ont généralement beaucoup de choses à raconter. Le livre rend compte de ces rencontres souvent très émouvantes quand il s'agit de personnes humbles et courageuses pour lesquelles la vie n'est pas facile.





Ce sont ces rencontres qui font la richesse du voyage de Paolo Rumiz. Au-delà de l'état d'esprit du voyageur, qui fait surgir l'imprévu, trois conditions permettent que ces rencontres adviennent : la possibilité de communiquer en russe grâce à Monika, qui est polonaise, et sert de traductrice, le fait de voyager léger et le fait de ne pas voyager dans la bulle que serait sa propre voiture. En somme, l'inverse du célèbre voyage de Nicolas Bouvier relaté dans l'excellent ‘Usage du monde' mais celui-ci, parti deux ans, avait du temps devant lui.





Le récit de Rumiz met en lumière la complexité de la façade orientale de l'Europe avec son caractère multiethnique, même s'il a tendance à s'effacer avec le temps et les déplacements de population, et ses multiples bouleversements historiques nés des guerres et des affrontements entre empires. Il exhume de l'histoire de vieilles régions comme la Courlande, la Polésie, la Ruthénie ou la Bucovine, souvent réparties sur plusieurs pays actuels ou des communautés maltraitées comme les vieux-croyants orthodoxes réfugies au fond de l'Estonie ou les Samis du grand nord. Rumiz nous emmène dans des contrées, pas si éloignées de chez nous, mais bien peu connues comme la Biélorussie, dernier pays communiste d'Europe, ou le Grand Nord russe. Son récit est un hommage à l'hospitalité, à la générosité et à la chaleur des peuples slaves, et aussi à l'apport de la culture juive à ces régions, présence juive aujourd'hui fort réduite.





Revers de la médaille, le livre de Rumiz est trop souvent nostalgique et prompt à critiquer une mondialisation bien peu définie ou les règlements de l'Union Européenne. J'accepte bien volontiers que l'on critique la société occidentale, qui n'est certainement pas exempte de reproches, notamment dans ses aspects mercantiles. Mais j'ai été dérangé par ce que j'ai cru sentir de nostalgie de l'Empire austro-hongrois ou de l'époque des vraies frontières, celles des fils barbelés de l'Europe communiste.



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