Citations de Patrick Fischmann (20)
L’homme capable de rêver doit lancer sa vision intérieure et lui donner vie.
"Le jour se leva. Qui-a-une-plume ferma les yeux et murmura des paroles de reconnaissance. Il passa la main sur la cicatrice de sa joue, goûta au silence de la terre et se dit qu'il avait devant lui une bonne vie. En descendant, il récolta le premier chant d'un oiseau et accueillit l'univers dans le tambour de son coeur."
[Le choix de l'aigle, récit lakota]
A chaque naufrage, la Lune interroge la mer :
- Pourquoi es-tu si cruelle ?
- Je ne suis pas cruelle, je suis.
dans "La mer" - France
Aux conteurs d'histoires
Chant, tradition apache
Aux conteurs d'histoires
Voués à l'esprit de vie,
Chanteurs protégeant l'écho
De nos légendes sauvages
Leur coeur-tambour soit honoré !
Préparés dans la nuit,
Mouchetés par la lumière,
Ils parlent aux cavernes
Abreuvent le sacré
Leur vie soit honorée !
Réveillant les montagnes,
Une forêt d'animaux en bouche,
La langue, comme une chute d'eau
Pour imprégner tout lieu
Leur langue soit honorée !
Priant avec l'âme de notre Mère,
Honorant la Terre sacrée,
Les esprits répondent :
Mon frère, voici notre chant !
Et que ce chant soit honoré !
Indien autour du feu de camp,
Fils des étoiles, dans ton cercle,
Entends le conteur d'histoires
Et prie le Grand Esprit !
Shlomo, le sage des sages comprenait la langue des animaux et des oiseaux. De cette connaissance intime il avait tiré la véritable humilité. C'est en les écoutant dialoguer, en conversant amicalement avec l'hirondelle, la lionne et l'aigle qu'il avait saisi la nature profonde de la créature et ressenti au plus profond de lui-même combien l'orgueil est une folie.
"Quand fut imaginée le premier métier à tisser, en aluna, dans la première maison faite d'esprit pur, ce qui pouvait advenir avait envie de marcher. Peut-être le tissu aurait-il deux faces et alors l'étoffe aurait des jours et des nuits, des femmes et des hommes, de la vie, de la mort... et ce qui n'était pas encore né ou conçu, et qu'il n'était pas certain qu'il advienne, pourrait commencer à cheminer vers l'infini. (...) C'était juste avant que la déesse faite de terre n'apparaisse et que le jour ne se lève pour la première fois. Quand la mère apparut, elle prit un fuseau, l'enfonça dans la terre encore molle, au centre du pic blanc de la Sierra Nevada. Kalvasankau ! Elle tira une longueur de fil, l'enroula sur le fusain et dit :
— C'est ici, la terre de mes enfants. Ils iront pieds nus et auront plusieurs maisons pour penser et pour tisser leur existence.
Voilà pourquoi les hommes tissent et les femmes filent, voilà pourquoi nous marchons."
[Cela dépend du petit frère, conte des Indiens kogis et quechuas]
Yoko habitait, lorsqu'il voyageait, dans une roulotte tirée par un vieux cheval de trait italien, gentil et poète. Le Gitan aimait l'écouter penser, il regardait le monde avec ses bons yeux, au-delà des apparences.
Il y avait une clairière dans la forêt et, dans une cabane, un pépé et une mémé. Lui passait son temps à couper du bois, à observer les arbres et les oiseaux, à dessiner dans son grimoire des hiboux et des écureuil légers. Elle cueillait des baies, préparait tisanes et confitures.
"Il avança lentement vers l'oiseau. Il était doux, aimant, elle se laissa soulever, abandonnant sa branche pour la main fine du nomade. Tandis qu'ils allaient ensemble vers le campement du jeune homme, le wali Allah les suivait de loin. Le derviche errant souriait : un oiseau posé sur le doigt d'un nomade assis sur un chameau marchant sur les vagues sèches des ergs, n'était-ce pas l'image même de la voie qui mène à l'éternité ?"
[Conte berbère]
"La part de l'errance, l'obole sacrée faite au voyage, c'est la connaissance qui élève vers l'humain, la lumière sur le sens de notre voyage dans le mouvement de l'univers. L'art de la parole est cette part du nomade dont a parlé ton père, le lait tiède que nous versons sur le vide, une nourriture de l'âme."
[La part du nomade, légende touarègue]
Là où notre espèce semble détestable, ne détournons pas les yeux. Sur les côtes, dans le corps de nos cousins aquatiques des milliers de plastiques, increvable destructeurs du vivants, s’enfoncent. Dans ce camaïeu de bleu, du turquoise au grand bleu des profondeurs, jusqu’où polluent-ils ? Jusqu’où laisserons-nous faire l’immonde contre la splendeur du monde ?
Et tandis que les deux marchaient, Janus souriait à cette rencontre stimulée par la langue des oiseaux : Fédor, fait d'or, fée d'or, d'Orphée, le parfum des muses.
P 182 – coyote : j’ai encore appris quelque chose (…) : il ne faut jamais emprunter deux fois le même sentier, car l’habitue nous endort, elle est sœur de la mort. (…) seule l’imagination est créatrice. J’éviterai à l’avenir la répétition. (…) Coyote est non seulement le conteur primordial, mais aussi le premier clown céleste qui soulage notre existence avec la médecine sacrée du rie. Il n’hésite donc pas à sacrifier sa réputation pour le bien de l’humanité. Il affirme d’ailleurs que la sagesse vient quand on renonce à la chercher.
P 170 – Coyote a compris une chose essentielle qu’il a érigé en principe de vie : il faut faire du bien au corps pour que l’âme ait envie d’y demeurer.
P 98 – Prière lakota tirée de « l’esprit de la terre »
Grand-père Grand Esprit,
Partout dans le monde des visages
Des vivants sont semblables ;
Avec tendresse ils sont sortis du sol.
Veille sur tes enfants afin qu’ils puissent
Marcher dans le vent
et suivre la bonne route
Qui mène au Jour de Quiétude
Grand-père Grand Esprit,
Emplis-nous de lumière.
Donne-nous la force pour comprendre,
Et les yeux pour voir.
Apprends-nous
à marcher sur la douce Terre
Comme des parents de tout ce qui vit.
Corbeau fit appel à sa magie, la plus noire, la plus maligne, et se transforma en homme, petit, vilain, trapu, il raconta le torse bombé son exploit en omettant l’essentiel : sa trahison, la destruction de celle qui l’avait sauvé.
L’homme-cerf récoltait tous les chants. Ceux des arbres et des animaux, des fleurs et des améthystes, des sources. Ceux des humains qui s’apaisent et rêvent. Il en composa un bouquet, mélange harmonieux tissé de milliards de sons.