Citations de Patrick de Carolis (78)
- Dis plutôt que tu as l'air d'une femme, tout simplement, intervient sa mère. Tu ne peux plus garder ta coiffure d'adolescente.
En se regardans dans un mirroir, elle remarque en effet une féminité dont elle n'avait pas conscience lors de la soirée du gouverneur.
- Lors du dîner, n'oublie pas de te tenir très droite. Nous n'avons pas pour coutume de nous allonger sur le divan. C'est unconvenat pour une jeune fille. p63
Pauline rougit de s'entendre attribuer toutes ces qualités, mais sa mère ne manque pas l'ocsasion d'enchaîner sur la litanie des devoirs : fidélité absolue et obéissance totale à l'époux ; ne jamais se départir de la pudicitia, expression de la vertu, ni de la castitas, cette chasteté qui est l'honneur de toute femme noble. p61
Il est difficile de détourner une âme de l’étoile qu'elle a cru voir dans le ciel
Recherchez donc, ma dame, la beauté de l'âme plutôt que celle, fugace, du corps.
- Pourquoi as-tu peint la passion poussée jusqu'à la monstruosité ?
- Losqu'on explore une terre, se borner à la parcourir ne suffit pas, il faut aller au-delà. On doit être à la fois le renard et la taupe mais aussi l'oiseau qui la survole, sinon comment comprendre les excès d'un Caius Caligula, et tous les crimes des tyrans qui dépassent l'entendement ?
Si ce n'est pas un complot, cette lecture en a tout l'air.
I
Extrait 4
Quel est son avenir ?
Quel est son rivage ?
Quels bras ouverts l'attendent
sur le ponton introuvable de la résurrection ?
Lui, l'homme desséché au cœur assoiffé d'amour
ne refuse pas les larmes qui s'invitent.
p.19
I
Extrait 3
Le silence s'est accru.
Personne ne devine où il va.
Lui-même ne sait où il traîne.
Il a perdu son alphabet.
Il coud et découd
les unes après les autres
les lettres de son histoire.
Ligne après ligne
il tente de retrouver l'accès à sa mémoire
le mot de passe, la martingale gagnante.
Il marche au pas machinal d'une musique intérieure
sans songer à sortir de la répétition de ce geste immuable.
Le ciel s'est alourdi de nuages.
Il aimerait tant écarter la pluie
comme on tire les rideaux
dans un geste décidé
pour laisser pénétrer la lumière.
Les flaques d'eau sont des lacs sans fond.
Les pieds n'épousent plus le sol.
Seule une respiration imperceptible et fragile
permet la flottaison.
Ce corps de plume vogue sans voile ni gouvernail.
p.18
I
Extrait 2
Dans la chambre le lit reste à demi vide.
Sa main caresse le drap.
Regain des jours heureux.
Il cherche la trace de son corps
l'empreinte de sa nuque sur l'oreiller.
Personne.
Solitude de l'éclopé.
Sommeil agité.
Avis de tempête force 9.
Nuit à n'en plus finir.
Ressac de la mémoire.
Résurgence des souvenirs.
Écorché son cœur d'épines.
Torturé son cœur de sang.
Trahi son cœur de pierre.
Au petit matin le vent a rendu l'âme.
Dérive affective.
Silence du naufragé.
Puis espérance de l'aube.
Mais l'horizon n'est qu'une ligne brisée.
Le jour a la couleur de la pluie.
Se lever tout de même.
L'effort est pénible.
C'est lent, c'est lourd
le poids de la tristesse.
p.11-12
I
Extrait 1
Arrivée tardive.
Il fait froid, glacial même.
Bar de l'hôtel.
Incandescence du soir.
Réminiscence des heures chaudes.
Il pense à elle.
Il pense à ce bonheur brisé
pilé comme de la glace.
Un verre puis deux.
Mojito, cigare
Mojito encore
Bourbon Sour ensuite.
Un dernier puis un autre.
Convalescence de l'amour.
Surtout ne pas passer pour un client oublié
au fond d'un bar.
Oublié comme un objet désuet.
Savoir se retirer à temps.
p.11
On procède à ma toilette. A l'aide d'un broc, on m'inonde d'une eau glacée qui contribue à me séparer définitivement de l'aimable torpeur dans laquelle je baignais de si bon matin. Lucia, toujours vaillante, me frotte avec ferveur, une grosse éponge à la main. Je lui rappelle un peu sèchement que je ne suis pas une casserole mal dégraissée! Le message est entendu, elle achève son travail en m'essuyant délicatement le torse et le dos. Comme une enfant, je me laisse faire. Ai-je vraiment le choix ? L'image que me renvoie la glace me désole. Une beauté fanée par les ans n'est pas un spectacle réjouissant. Je me console en regardant mes mains dont la peau est si fine, presque translucide. Mon visage est le seul vestige de ma féminité.
Dame, la plus douce fleur
qui jamais reçut de dieu tant de beauté,
A mains jointes et à genoux
Je vous supplie d'écouter ma prière d'amour.
On ne vend pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
Vive la dame qui ne fait pas languir son ami, qui ne craint ni jaloux, ni blâme.
Et va chercher son cavalier dans les bois.
Ne vous privez pas, messires et dames!
Boire à la Capucine, c'est boire pauvrement.
Boire à la Célestine, c'est boire largement.
Mais boire en cordelier, c'est vider le cellier.
Nombreuses ont été mes fautes, j'en appelle à votre clémence, belle dame, m'accordrez-vous une grâce, m'enivrer à votre suave fontaine, très douce amie.
L'amour m'a saisi et me fera mourir. Je ne sais plus rien des saveurs de la vie, car pour la belle et douce dame de Savoie, aux yeux de saphir et aux lèvres vermeilles, j'ai livré mon cœur.