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Critiques de Paul Éluard (208)
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Les Mains libres

Un très joli recueil de poèmes qui se mêlent à la perfection aux dessins de Man Ray et nous fait partir le temps d'un instant dans un autre monde.
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Au rendez-vous allemand - Poésie et vérité

Composé durant la Seconde Guerre Mondiale et surtout durant la période de l’Occupation (dans la clandestinité et sous divers pseudonymes : Jean du Haut ou Maurice Hervent), ce recueil d’une vingtaine de poésies de Paul Éluard est tout à la fois une mise en abyme de la barbarie, un acte de résistance et un cri d’espoir.

Mise en abyme de la barbarie, car il ne s’agit pas unilatéralement d’une dénonciation de l’horreur nazie, ou des méfaits de l’Occupation, ou de la présence hostile d’une armée ennemie en territoire conquis, mais bien de l’exposition sans cesse réitérée de l’inhumanité opposée aux visages de l’humanité. En quoi et comment les ténèbres s’attaquent, nuisent, tentent d’anéantir, de corrompre, d’humilier la vie, la beauté, la fraternité, les valeurs humanistes que prônent Éluard.

En quelques vers, Éluard resitue les méfaits de l’Occupation allemande, avec les problèmes pour s’alimenter. Le gouvernement de Vichy avait accepté de fournir entre 400 et 500 millions de francs par jour pour payer les réparations dues aux nazis. En liquidité, en nature, biens, travail. Dans le poème Les belles balances de l’ennemi, la logique inique cachée derrière le système de réparations est démontée : le manque de vivres entraîne la malnutrition, voire l’inanition. Pour la barbarie, « faire justice », c’est littéralement tuer.

« Des privations ont fait justice des enfants

Ô mon frère on a fait justice de ton frère

Du plomb a fait justice du plus beau visage » (Les belles balances de l’ennemi)

Les enfants, la fraternité, la beauté sont détruits par la barbarie, alors que le système est présenté comme juste. D’où l’emploi du terme « justice », faire justice. La barbarie, c’est aussi la mise en place du mensonge généralisé. Ainsi dans le poème Un petit nombre d’intellectuels français s’est mis au service de l’ennemi, on peut lire :

« Ils nous ont vanté nos bourreaux

(…)

Belles paroles d’alliance

Ils vous ont voilées de vermine

Leur bouche donne sur la mort »

Ce n’est pas seulement le système collaborationniste qui est dénoncé, mais bien le mode de pensée, de fonctionnement, la logique intrinsèque de la propagande collaborationniste qui débouche sur la mort. La barbarie fait des mots des balles qui empoisonnent et qui tuent.

C’est pourquoi les barbares assassinent les poètes, les porteurs de vérité :

« Garcia Lorca a été mis à mort (…)

Saint-Pol-Roux a été mis à mort (…)

Decour a été mis à mort » (Critique de la poésie)

Dans cet esprit nihiliste, on pourrait croire que l’ennemi seul, l’autre, ici le Français, est visé par les misères, l’asservissement, la destruction. Erreur, Paul Éluard sait (et le dit, nous le dit, à travers les âges) que la barbarie est totale et que les nazis, avant de souiller, asservir et tuer les autres Européens ont d’abord sévi chez eux, en Allemagne :

« Partout la mort la misère

Et l’Allemagne asservie

Et l’Allemagne accroupie

Dans le sang et la sanie

Dans les plaies qu’elle a creusées » (Chant nazi)

Aussi, dans ce même élan d’absolue vérité, Éluard pointe-t-il du doigt les vainqueurs français (et par extension tous ceux à la libération, en France, mais aussi dans les autres pays libérés) qui se sont livrés à l’épuration.

« La victime raisonnable

À la robe déchirée

Au regard d’enfant perdue

Découronnée défigurée

Celle qui ressemble aux morts

Qui sont morts pour être aimés (…)

Souillée et qui n’a pas compris

Qu’elle est souillée

Une bête prise au piège

Des amateurs de beauté » (Comprenne qui voudra)

En exergue, Éluard écrit dans ce même poème : « En ce temps là, pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait des filles. On allait même jusqu’à les tondre. »

La tonte des femmes, leur humiliation publique révoltent le poète d’autant plus que les victimes d’hier deviennent les bourreaux d’aujourd’hui. Car la barbarie ne se soucie pas d’appartenance ethnique, nationale, idéologique. Paul Éluard sait que ce sont ceux qui se sont abaissés le plus servilement sous le joug nazi qui sont les plus virulents contre des malheureuses, des proies faciles à vaincre. La lâcheté, la médiocrité, l’iniquité triomphent… même durant la Libération qui aurait due être un grand moment de bonheur et de joie. Les vrais coupables, les grands collaborateurs s’en sortent avec des peines sommes toutes légères ou sont graciés. Cri du cœur du poète, mais aussi leçon de l’histoire.



Suite de la critique sur mon blog...
Lien : https://momentscritiques.wor..
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Les Mains libres

Dommage qu'une étude sois nécessaire pour apprécier ce recueil à sa juste valeur.
Lien : http://ivanachronique.blogsp..
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Les Mains libres

Image et poésie. Dessin et mots. Pour le jeu de ces deux magnifiques formes d'expression, pour approcher le mouvement surréaliste, pour partir en voyage...

Un moment de plaisir à feuilleter, comme lorsqu' on se rend dans une exposition, un musée, une forêt ...
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Poèmes d'amour et de liberté

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Donner à voir

Les poésies d'Eluard restent toujours dans un coin de mon coeur.....
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Poèmes d'amour et de liberté

Très belle mise en musique des poèmes d'Eluard.

Il me faut cependant avouer que j'ai eu deux chances dans ma vie d'aimer ce livre/CD :

je suis né à Choisy-le-Roi

J'ai rencontré le chanteur à l'Université Paris XII alors qu'il venait présenter sa création :-)
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Liberté

Comme un musicien actionnerait le soufflet de son accordéon, le lecteur ébloui parcourt les strophes avant de revenir sur ses pas, retournant la frise épurée du leporello pour découvrir, à son verso, l’origine du texte et l’engagement politique de son auteur.
Lien : http://www.ricochet-jeunes.o..
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" Déjà il rêvait d'une thébaïde raffinée, à un désert confortable, à une arche immobile et tiède où il se réfugierait loin de l'incessant déluge de la sotise humaine ".

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