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Critiques de Pétrus Borel (32)
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Champavert : Contes immoraux

Joseph-Pierre Borel d'Hauterive, dit Le Lycanthrope (1809-1859), est un auteur considéré comme mineur aujourd'hui alors qu'il a occupé une place importante à son époque. En effet, son style provoqua une vraie révolution. En perpétuelle rébellion contre les écoles, les tendances ou les courants, il mit un point d'honneur à se marginaliser des premiers romantiques.



On retrouve dans ce recueil cette volonté. N'attendez rien de grivois dans ces textes. La perversion se cache dans la violence, dans la noirceur, dans la représentation de la mort planant à chaque page. Il n'y a que sept contes. Mais la puissance qui en découle est remarquable. Le narrateur ne se gêne pas pour intervenir quand bon lui semble. Et pour cause... le dernier conte, intitulé Champavert le lycanthrope, nous indique qu'il s'agit bel et bien de l'auteur. Quand noirceur rime avec horreur, quand l'écriture révèle le moi profond de l'écrivain, on ne peut que frissonner.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Champavert, le lycanthrope

Champavert (double de l'auteur) et Flava ont tué leur fils et se sont promis de se suicider ensemble, ce qu'il font.
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Champavert : Contes immoraux

Petrus Borel, surnommé Le Lycanthrope, n’occupe qu’une place secondaire dans les histoires de la littérature du XIXe siècle. Pourtant il a été admiré par Gautier, de Nerval, Baudelaire, Flaubert, Verlaine et les surréalistes, ce qui lui permet de continuer à être cité, voire parfois lu et étudié, même si souvent avec l’étiquette de « romantique mineur ».



Champavert ou Contes immoraux est un recueil de 7 récits, publiés en 1833. La notice censée présenter l’oeuvre brouille les cartes : le livre aurait été écrit par le Champavert du titre, dont on nous fait une présentation. La forte sympathie pour l’auteur de papier, ainsi que certains éléments de cette préface laissent penser que Borel se créer une sorte de double de papier, qui n’est pas sans évoquer la démarche de la création des hétéronymes de Pessoa. Par ailleurs Champavert est aussi le personnage d’un des récits du recueil, introduisant une confusion encore plus grande entre l’auteur (ou les auteurs) et les personnages. Une forme de distanciation aussi : qu’est ce que le lecteur doit croire en fin de compte dans les récits, dans leur narration, dans les personnages ? Que doit-il plutôt déchiffrer, décrypter ? Est-ce juste une pose de la part de Borel, ou une interrogation sur les identités, sur la frontière entre la fiction et la vie de l’auteur ? D’autant plus que les romantiques mêlaient fortement la vie de l’auteur et l’oeuvre. Chaque lecteur peut y répondre à sa manière.



Une autre provocation est le choix du titre Contes immoraux. La morale était une question sérieuse et centrale au XIXe : parler de Contes immoraux est forcément provocateur et éveille une attente de la part du lecteur d’une lecture scandaleuse, croustillante. Et Borel tient en partie les promesses du titre : dès la première nouvelle, nous assistons à quelque chose de proche d’un viol, à un infanticide, à une exécution. Mais ce que l’auteur met en cause, ce seront bien plus les règles morales en vigueur, les coupables respectables car puissants, que personnes ne songe à condamner. L’institution judiciaire se révèle au service d’un ordre social et non pas à celui de la justice. L’immoralité est donc inhérente au fonctionnement social, il s’agit de justifier par un discours qui « stigmatise le vice », une certaine vision du monde, qui profite à certains, et leur permet la satisfaction de leurs pulsions les plus condamnables et rejette dans l’ombre, dans la réprobation morale à priori, de ceux qui ne détiennent pas le pouvoir.



C’est plutôt bien écrit, pas mal construit, plaisant à lire, même si un peu démonstratif et prévisible. Mais à découvrir assurément.
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Les Dames Baroques

« Les dames baroques », anthologie dirigée par Estelle Valls de Gomis, regroupe les textes de pas moins de vingt auteurs, certains jouissant déjà d'une certaine réputation dans le monde des littératures de l'imaginaire tels que Charlotte Bousquet ou Justine Niogret, d'autres encore peu connus, et certains plus anciens puisque datant du XIXe, voir du XVIIIe siècle. Vingt nouvelles, trois cent pages, le tout consacré au personnage de la femme fatale, figure ô combien complexe et énigmatique qui hante depuis toujours un bon nombre de récits. Les angles d'approche adoptés sont, évidemment, extrêmement variés. Certains textes prennent ainsi l'allure d'un conte où une princesse de diamants désespère de se trouver un époux (« Lapidaire »), tandis que d'autres se plaisent à mettre à l'épreuve leurs prétendants (« La Belle aux Cheveux d'Or ») ou se livrent à un morbide loisir (« La princesse aux lys rouges »). D'autres prennent place à notre époque et narrent les déboires de femmes en proie à une mystérieuse magie : bague ayant gardé l'âme de sa dernière propriétaire (« La Dame de Gwenninis »), rêve s’immisçant dans le réel (« Le Bol d'Argent »)... D'autres encore relatent les malheurs d'hommes victimes de la beauté d'une femme (« Jusqu'au bout de la vérité ») ou bien d'un amour trop dévorant (« Rosea Furiarum »).



Tour à tour innocente ou manipulatrice, maléfique ou bienfaisante, bien réelle ou au contraire fruit des fantasmes les plus fous, les femmes présentent dans cette anthologie possèdent toutes des facettes différentes que l'on se plaît à découvrir au fil des pages. Certaines nouvelles sont évidemment plus marquantes que d'autres et parmi elles quatre ont particulièrement retenu mon attention. Étrangement il s'agit de quatre textes dans lesquels sont narrés, de manière très différente, le calvaire d'une femme : sorcière injustement accusée et condamnée par l'église à brûler chez Armand Cabasson (« Le baiser de la sorcière »), favorite d'une noire déesse dont on s'approprie une fois par an le corps chez Justine Niogret (« Le jour de la Belladone »), jeune pied de bot martyrisée et apprentie d'un alchimiste en quête de la vie éternelle chez Elie Darco (« Les crocs de la Basilicate »), et enfin fille moderne perdue dont on ignore si elle est victime de folie ou de l'influence néfaste d'une défunte sorcière. D'autres nouvelles valent également le coup d’œil, même si on pourrait souvent regretter la trop grande brièveté de certaines qui s'achèvent à peine commencées et entraînent ainsi une certaine frustration.



Au final, une anthologie au thème atypique proposant un large panel de textes dans lequel chacun devrait trouver son compte. C'est là une bien belle initiative qu'a eu Estelle Valls de Gomis qui nous offre avec « Les dames baroques » un ouvrage dense et original que j'ai pris plaisir à découvrir.
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La dimension fantastique, tome 2

Deuxième opus de la « Dimension fantastique », le mot qui me vient à l’esprit pour qualifier ce recueil, est “moins“ : “moins long“, “moins de nouvelles“, “moins bon“,…



Sommaire :

→ L’élixir de longue vie (1830) ~ Honoré de Balzac

→ Gottfrield Wolfgagn (1843) ~ Pétrus Borel

→ Sredni Vashtar (Sredni Vashtar 1910) ~ Saki

→ La chambre perdue (1858) ~ Fitz-James O’Brien

→ Les filles de la nuit (1954) ~ Jean-Louis Bouquet

→ Hier, c’était lundi (Yesterday was monday 1941) ~ Theodore Sturgeon



Mon père pourra être content, j’ai lu un texte d’Honoré de Balzac. Maintenant, à son tour de lire un des récits que j’affectionne. Pas sûr qu’il accepte le deal. J’ai eu beaucoup de mal à m’accrocher au style de l’auteur. Ses pages sont bien noircies par l’encre et les paragraphes sont rares. Certaines nouvelles sont complexes et difficiles à comprendre comme celle de Saki – qui, au passage, aura vu son œuvre adapté au cinéma (un épisode de « Great ghost Tales » et quatre courts-métrages). En revanche, j’ai plutôt apprécié « Les filles de la nuit », même si j’ai trouvé quelques longueurs.

Dans l’ensemble, ce recueil est bien médiocre, heureusement que la nouvelle de Theodore Sturgeon est de grande qualité. L’auteur s’amuse à nous torturer le cerveau grâce à des jeux de paradoxes, le tout sous fond de théâtre, car au fond, si la vie n’était qu’un jeu d’acteurs ? À noter que ce texte s’est vu adapté dans une série télé (La cinquième dimension) sous le nom de « Les coulisses du temps » en 1986, un an seulement après la disparition de cet auteur.



Après un premier tome abordable et agréable à lire, ici nous avons des textes plus complexes et élitistes. S’il n’y avait pas eu Theodore Sturgeon, je l’aurai probablement ignoré. Quoi qu’il en soit, ce livre peu épais, s’est vu réduire par rapport au premier opus, car il n’y a pas de préface, ni d’exercices littéraires. Une simple biographie des auteurs a été intégré en fin du volume.
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Gottfried Wolfgang, conte de Pétrus Borel

Ce conte est une reprise du récit de Washington Irving ''L'aventure de l'étudiant allemand'', qui en a charmé plus d'un puisqu'il fut repris ou imité plusieurs fois. Excellente histoire sombre et atmosphérique que cette rencontre macabre du jeune allemand mélancolique dans le Paris de la révolution. La version de Pétrus Borel est très similaire à l'original, sans innovations significatives mis à part le petit ajout introductif qui n'apporte pas grand chose en soi. Même, j'ai trouvé la fin atténuée par rapport à celle, plus punchée, de M. Irving . La prochaine fois, je tenterai la version de Dumas : ''La femme au collier de velours''.
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Champavert : Contes immoraux

Peu de choses à ajouter sur ce qui a déjà été dit...

Si ce n'est ceci : ces nouvelles provoquent le sentiment un peu étrange du soufflé. Je m'explique : l'auteur se veut effrayant, horrible mais à un moment ou un autre, l'édifice s'effondre et l'on retombe... pas tout à fait dans le ridicule, le style est suffisamment habile pour l'éviter, mais dans ce que l'on croise aussi dans la littérature du sud des Etats-Unis, ce que j'appellerais, comme Sherwood Anderson, le grotesque.
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Champavert : Contes immoraux

A ma lecture, j'ai plusieurs fois pensées aux pièces du recueil le Théâtre de Clara Gazul de Mérimée. Certes, ce n'est pas le même genre d'écriture, « contes immoraux » d'un côté, pièces de théâtre de l'autre. Mais l'écriture de Champavert – ou plutôt de Petrus Borel, qui est un personnage de fiction tout comme Clara Gazul, empreinte les codes de la dramaturgie : quelques phrases d'introduction qui situent rapidement l'action dans un cadre et une époque, tels les didascalies commençant une pièce qui décrivent le décor, de nombreux dialogues rythmés qui s'enchaînent, des chapitres qui sont comme différentes scènes ou différents actes, avec un changement de lieu ou de personnages. De même, les différents contes peuvent se passer dans des lieux éloignés de la réalité contemporaine des lecteurs pour apporter une touche de dépaysement et d'exotisme : le Paris révolutionnaire, une plantation en Jamaïque, l'Espagne médiévale...

Et surtout, surtout, les situations évoquent le théâtre romantique, le drame, et plus précisément le mélodrame : chaque histoire repose sur un adultère, une trahison, finit par un meurtre, un viol, un suicide... Les sentiments sont intenses, violents, et les personnages caractérisés par un simple trait, de façon très manichéenne – la jalousie du vieux barbon, l'orgueil, l'amour pur... ; ils sont des types – le mari trompé, la jeune fille innocente, le père en colère... Les femmes sont fourbes, mais les hommes sont violents.

Cette œuvre ne se lit donc pas pour sa subtilité, mais, au contraire, pour ses excès.
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Les Dames Baroques

J'ai profité de l'évènement Un mois, une maison, un achat organisé par Vision Livre pour lire Les Dames baroques, l'une des anthologies des éditions du Riez, maison mise à l'honneur en septembre.

Il y a à peine quelques années, je n'étais vraiment pas attirée par les recueils de nouvelles, n'appréciant pas ce format trop court et dans lequel je n'arrivais pas à me plonger. Aujourd'hui, je me suis rendue compte qu'écrire un texte bref mais complet est un exercice difficile et qu'il permet de découvrir rapidement de nouvelles plumes et donc de nouveaux talents.



Autour du thème de la femme, Les Dames baroques propose 20 nouvelles de 20 auteurs différents. Et il y en a pour tous les goûts. Je mentirais en disant que je les ai toutes adorées mais aucune ne m'a véritablement déçue. J'ai noté quelques faiblesses (notamment de style) sur une ou deux d'entre elles, mais dans l'ensemble, j'ai été conquise et suis ravie d'avoir découvert quelques nouveaux auteurs que je ne manquerai pas de suivre, dès que l'occasion se présentera.



Femmes fortes ou persécutées, humaines, déesses, sorcières ou créatures mythologiques, princesses ou esclaves, femmes d'hier ou d'aujourd'hui... autant de personnalités qui prennent vie sous la plume de nos 20 auteurs. Je ne reviendrai pas sur chacun des textes car ce serait trop long - et j'avoue que je serais bien incapable de vous résumer certaines histoires - mais sur les 8 qui ont retenu mon attention, 4 sortant encore plus du lot.



Avec Lapidaire, Karim Berrouka nous offre un joli conte oriental où l'héroïne, une princesse faite de pierres précieuses, cherche l'Amour avec un grand A, celui qui se moque des apparences et de l'or. Un schéma classique mais une belle sensibilité qui fait la différence.

Classique, c'est aussi le cas du Baiser de la sorcière de Armand Cabasson qui met en scène une sorcière condamnée au bûcher. La chute n'est pas très surprenante mais l'ensemble reste efficace. J'ai aimé la narration et l'alternance des paragraphes, tantôt rédigés à la première personne, tantôt offrant un flash-back.

Plus modernes, avec une touche de suspense et de thriller à la Thilliez (notamment pour la deuxième nouvelle), Jusqu'au bout de la vérité de Cyril Carau et Isabella de Sophie Goasguen offrent des chutes particulièrement surprenantes. Du rythme et de la tension au creux de ces pages, j'ai été happée par ces histoires !

On retourne au Moyen Age et au fin' amor avec Serments, Eternels serments d'amour de Léonor Lara où les codes du genre sont respectés. Un chevalier épris d'une Belle Dame sans merci qui lui fait tourner la tête. Absence de l'être aimé, attente de son retour, soupirs et combats chevaleresques. J'ai adoré retrouver l'amour courtois et la rencontre avec une femme éthérée grâce à cette nouvelle.

On reste dans le passé avec le conte proposé par Madame d'Aulnoy. Animaux qui parlent et héros qui doit surmonter quelques épreuves sont au programme de ce conte qui m'a très agréablement rappelé les histoires de mon enfance. Un charme désuet imprègne La Belle aux cheveux d'or et je suis heureuse de l'avoir enfin découvert !

Beaucoup plus sombre, Les Crocs de la Basilicate de Elie Darco est, me semble-t-il, la plus longue nouvelle de l'anthologie et une de mes préférées. L'héroïne est ici une servante maltraitée (du fait d'un handicap physique) qui est au service d'un alchimiste un peu fou. Entre deux expériences sur des vampires et des goules, la pauvre jeune femme doit nourrir les monstres et nettoyer les tâches de sang quand le pire est arrivé. Une ambiance de cachot et d'ésotérisme se cache entre ces pages...

Enfin, j'ai envie de mettre en avant la nouvelle de Sophie Dabat, baptisée L'Essor. On y fait la rencontre de deux peuples ennemis qui s'affrontent sans cesse... jusqu'à la chute qui apporte une grosse révélation. J'ai vraiment beaucoup aimé l'émotion qui se dégage de ce conflit où la haine de l'autre fait des dégâts irréparables. J'y ai également trouvé une certaine animalité, comme un retour aux sources des plus anciennes légendes et de la mythologie. Mais par dessus tout, ce qui m'a fait m'arrêter sur ce texte en particulier, c'est l'univers créé par l'auteure. En quelques pages seulement, Sophie Dabat nous happe complètement et nous plonge dans son histoire... et ça fonctionne super bien. C'est maîtrisé et très riche malgré la brièveté de la nouvelle. Et c'est la seule nouvelle qui m'a donné l'impression qu'on pouvait aller plus loin et écrire d'autres choses (un roman !) dans cet univers. Bravo.



J'aurais pu vous parler brièvement d'autres textes mais je préfère m'arrêter là car même s'ils m'ont plu et fait passer d'assez bons moments dans l'ensemble, ils ne m'ont pas assez marquée. Quant à la nouvelle de Sire Cédric - très certainement le nom le plus connu de la liste aujourd'hui, en tout cas du côté des auteurs contemporains - baptisée Succube, si je l'ai trouvé pertinente quant à son thème (le succube, d'où son titre), je n'ai pas été particulièrement fan du sujet. Comme vous pouvez vous en douter, on suit les aventures sexuelles d'un succube (une femme) et de sa proie... sur plusieurs pages. Pas mal écrit, mais ce n'est pas le genre "d'intrigue" qui me passionne.



Vous pouvez le constater, les nouvelles de cette anthologie sont très variées, aussi bien dans le fond que dans la forme ; nul doute que vous y trouviez votre bonheur. Je félicite Estelle Valls de Gomis - l'anthologiste - qui a réussi à rassembler 20 textes de bonne qualité. Difficile de tout aimer dans un recueil, mais pour le coup, il y a peu d'histoires (peut-être deux) qui n'ont pas fait mouche... on peut donc parler de réussite !
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La dimension fantastique, tome 2

"La dimension fantastique" perd de son punch dès le second volume. La faute peut-être au format du recueil, guère épais à l'inverse d'un bouquin de Tolstoï. Après un premier tome de 13 nouvelles, celui-ci n'en contient que 6, qui plus est pas renversantes. Il aurait peut-être fallu gérer un peu mieux la répartition en fonction de la longueur des nouvelles (10 d'un côté 9 de l'autre plutôt qu'un tel déséquilibre).
Lien : https://unkapart.fr/critique..
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Madame Putiphar

Un roman d'un romantisme noir, écrit par un auteur des plus intéressants. C'est l'histoire d'une jeune noble et de son amoureux d'origine modeste qui quittent l'Irlande pour la France dans l'espoir d'un avenir meilleur, mais qui voient leurs malheurs s'intensifier à l'extrême. Très tragique donc, mais non dénué d'humour et d'ironie par moment, ainsi que d'un côté historique par la présence de personnages et d'évènements réels, le tout servi par une plume exquise, soignée et audacieuse. On y retrouve une rude critique contre les privilèges et leurs dérives.



J'ai appris l'existence de ce livre sur la page ''fantastique'' de Wikipédia où l'on parle du genre gothique comme d'un précurseur. Contrairement à certains romans gothiques, ''Madame Putiphar'' ne contient absolument aucun élément de fantastique tel que nous l'entendons de nos jours et je comprends mal la référence de ce livre donnée dans ces circonstances. Mais une chose est sure, j'ai grandement apprécié cette lecture !
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La dimension fantastique, tome 2

Ce second opus de La dimension fantastique convainc moins que le premier... la faute, sans doute, au nombre plus réduit de nouvelles : forcément, quand il y en a peu, l'équilibre entre les bonnes et les plus bof est vite rompu.



… L'avantage, c'est que ça permet de parler en détail de chacune sans se retrouver avec un roman-fleuve en lieu et place de critique.



« L'élixir de longue vie », qui ouvre le recueil, commence plutôt pas mal : bienvenue en Italie, dans un palais, en pleine orgie, pendant que le père du héros se meurt. Ambiance ! Cette nouvelle est sans doute la plus horrifique de toutes, pas à cause de gore ni de violence ni de fantômes tapis dans les coins, mais bien parce que l'être humain est capable du pire par égoïsme. Le problème, c'est que tout ça est un peu longuet, sans parler de la fin en Espagne, qui part en délire complet.



L'intrigue de « Gottfried Wolfgang » a beau être classique et prévisible, la nouvelle n'en reste pas moins sympathique et sans temps mort, avec un cadre original (la révolution) mis au service de l'histoire mais non son sujet. Le texte est court et va à l'essentiel, ce qui, après la nouvelle précédente, fait d'autant plus de bien.



« Sredni Vashtar », ah ! Sredni Vashtar ! Si l'un des textes devait vous convaincre de craquer pour cette anthologie, c'est bien celui-là. Lui non plus n'est pas très long, mais c'est un petit bijou d'ambiance ; une plongée au cœur de l'enfance, où sont préservés intacts l'injustice des adultes, l'imagination galopante et une certaine cruauté innocente, aussi. Sans oublier la plume enchanteresse de Saki. Bref, Sredni Vashtar est encore et toujours un coup de cœur.



« La chambre perdue » est une autre bonne pioche, même si là encore, on en devine sans mal les tenants et aboutissants. C'est plutôt la façon dont l'auteur plonge son héros dans l'horreur qui est intéressante, via une métamorphose rudement bien orchestrée. Les interactions entre les protagonistes, en revanche, manquent singulièrement de naturel, mais dans l'ensemble, le texte est plutôt plaisant.



« Les filles de la nuit » : « tout ça pour ça ». Certes, en tant que collectionneur de poupées, il est toujours sympathique de tomber sur des personnages partageant la même passion. Encore que les poupées du Modeleur sont particulièrement effrayantes et plongent sans difficulté la nouvelle entière dans une atmosphère de malaise. Mais là encore, c'est long, très looooong pour une conclusion que l'on devine dès le début. Ajoutez à ça un personnage principal à peine plus sympathique que l'antagoniste, et l'on n'a qu'une envie : en voir le bout, mais pas pour de bonnes raisons.



« Hier, c'était Lundi » est un petit bijou d'absurde. En conséquence, son déroulement est souvent déroutant et le lecteur n'a guère plus de repères qu'Harry Wright. Par contre, niveau originalité, la nouvelle est tout simplement imbattable ! Aussi, même si l'on ne comprend pas toutes les explications tarabiscotées sur le pourquoi du comment, se laisse-t-on séduire sans mal. La plume de Theodore Sturgeon est légère et malicieuse ; le texte se savoure comme un petit bonbon qui pique : il n'est pas agréable sous tous ses aspects, mais son goût s'avère inimitable.



En résumé, ce second volume de La dimension fantastique n'est pas dénué d'intérêt, même si tous les textes sont loin de se valoir. Contrairement au précédent, il arrive donc qu'on s'y ennuie... cependant, avec deux histoires valant franchement le coup d'être découverte et deux autres sympathiques, qu'importent les moins bonnes ? Comme souvent avec les anthologies, finalement.
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Madame Putiphar

Un récit romantique et tragique, écrit selon l'orthographe fantaisiste et pourtant évocatrice de l'auteur qui écrit "abyme" et nous décline l'imparfait en "ois", c'est assez étrange et pourtant, quel plaisir à la lecture; le final est très cruel pour les personnages, auxquels on s'attache assez vite.
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Champavert : Contes immoraux

A la lecture du titre on peut s’attendre à quelques histoires croustillantes. En réalité il n’en n’est rien. L’immoralité, ici, s’appliquant plus à un comportement social et criminel. Des histoires très baroques, assez noires. Des passions contrariées par la cupidité ou la jalousie. L’auteur n’aime pas l’humanité et nous la montre sous son jour le plus sombre. Au-delà du contenu des histoires, l’intérêt, se trouve dans l’écriture un peu particulière, écriture un peu ancienne, truffée de termes très anciens. Et puis c’est un produit de cette grande époque romantique du 19e siècle.

Rappelons que l’auteur, 1809-1859, dit le Lycanthrope, a fait une brève carrière comme écrivain/poète. Il est le contemporain de Gérard de Nerval et faisait partie, comme lui, du Petit Cénacle. Il est donc connu (peu connu en réalité) pour ces Contes immoraux, pour Rhapsodies et Madame Putiphar. Le livre s’ouvre par une longue préface intitulée L’écriture homicide et se termine par une série d’articles de la presse de l’époque, articles écrits lors de la sortie du présent ouvrage. La presse, en général, n’a pas été tendre pour l’auteur. C’est très particulier mais c’est à lire.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Champavert : Contes immoraux

Il s'agit d'un recueil de nouvelles diantrement intéressant par son inventivité. Tout commence par une mystification, l'ouvrage étant présenté comme celui d'un suicidé, un certain Champavert. Je le prends en grande partie comme une moquerie contre le romantisme ; le tragique y tourne bien souvent à la farce, bien qu'il ne soit pas dépourvu d'une certaine puissance, notamment par sa sauvagerie. Cette histoire de faux-suicide, qui peut paraître de mauvais goût, s'inscrit à mon sens dans une démarche teintée d'une profonde ironie. L'écrivain, qui avait la réputation d'être misanthrope, se faisait appeler le "lycanthrope", c'est-à -dire le loup-garou. Il semble également très inspiré par la littérature et les arts de la décadence espagnole, avec ses penchants très macabres, comme en témoignent les nombreuses citations dans la langue de Cervantès. Amateurs de tournures rares et de fantaisies orthographiques, vous serez servis. Par ailleurs, l'écrivain est un proche de Nerval, qui a rédigé pour ce recueil un poème signé Gérard, aux accents très Baudelairiens. Enfin, dans l'une des nouvelles on retrouve le procédé littéraire consistant à proposer une loi absurde, envisagée avec sérieux, procédé que l'on retrouve chez Villiers de l'Isle Adam, dans "Chez les Passants" ou plus récemment, dans le Passe-Muraille de Marcel Aymé. Ne serions-nous pas là devant un précurseur de l'absurde ?
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Les Dames Baroques

Un recueil de nouvelles excessivement bien soigné et écrit, parce qu’à l’image de ces dames, les nouvelles sont élégantes, pleine de poésie, intemporelles, vicieuses, attractives et passionnées. Il est difficile de ne pas pleinement s’y plonger une fois la lecture commencée, ces dames, ces femmes baignant et œuvrant dans ces récits imaginaires savent jouer de leurs charmes et de leurs atouts pour appâter son lecteur et le condamner à errer au cœur de ces pages.



Des plumes, il y en a, puisque pas moins de vingts auteurs, pour les uns jeunes et prometteurs et, pour d’autres expérimentés et qui ne sont plus à présenter (Sire Cédric, Charlotte Bousquet, Sophie Dabat, Karim Berrouka entre autre), ont participé à cet ouvrage qui fait honneur aux femmes, enfin aux Dames, ces femmes charismatiques, imposantes dans leur style. Voguant au travers d’univers magique et fantastique et le plus souvent gothique : sombre, froid, funeste, elles se présentent sous diverses images, à la fois vengeresse, enchanteresse, amoureuse, innocente, diabolique mais aussi fantôme, sorcière, succube, humaine, princesse. Un joli panel de Dames décrites avec des styles littéraires variés qui pourtant se retrouve dans la poésie et la fluidité des écrits des auteurs. Des personnages divins présentés sous le nez d’un lectorat bien vite affamé et gourmand et qui en demandera encore et encore. Comment résister à l’appel d’un tel ouvrage de qualité ? On sent le travail, la passion et l’aura de chacun des auteurs. Il y a des nouvelles plus réussies que d’autres mais cela dépendra de la sensibilité de chacun, car tous trouveront leur compte. Sur une base essentiellement fantastique et fantasy, on frôle parfois le conte, l’horreur, le thriller, le contemporain et l’érotisme. S’il y a des fils conducteurs qui parfois se répètent, on pense notamment au bijou ensorcelé d’où découle vengeance, esprit et possession, d’autres sont plus originaux, le texte de Sophie Dabat « l’Essor » est superbe, celui de Lucie Chenu « Le bol d’argent » déroutant, celui d’Armand Cabasson « Le baiser de la sorcière » poétique, celui de Karim Berrouka « Lapidaire » présente une jolie morale ou encore celui de Cyril Carau « Jusqu’au bout de la vérité » est un hymne à l’amour.



En bref, un ouvrage à recommander tant les nouvelles sont d’une délicate élégance et font honneur au style littéraire fantastique et fantasy. Les hommes seront conquis par ces Dames vertueuses ou non, des fantasmes divers et variés au fil des pages, les femmes se reconnaîtront peut-être dans ces Dames à la fois perverses et amoureuses, passionnées et innocentes, tout lecteur se verra alpagué au cœur des bras ténébreux de ces Dames véritables enchanteresses. Vous l’avez compris, un recueil de nouvelles plus que réussi et qui ne demande qu’à être lu.
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
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Les Dames Baroques

J'attendais beaucoup de cette anthologie. Trop, peut-être. Entre la couverture, belle à tomber, la thématique et l'anthologiste, dont j'avais déjà lu et aimé des oeuvres (romans, nouvelles ou direction d'autres anthologies), je m'attendais à une excellente lecture.

Mais, si ma lecture ne me fut en effet pas désagréable, elle ne m'a pas laissé de trace marquante. Quelque part, j'ai l'impression d'avoir manqué ma rencontre avec Les dames baroques. Car l'anthologie n'est pas médiocre, loin de là, mais je n'ai pas été aussi transportée que je l'attendais. Est-ce la faute à mes attentes, justement ? Je ne sais pas. Toujours est-il que je regrette que ce rendez-vous ait été manqué. Mais voici mon avis, texte par texte :



"Précieuse Icône" de Carole Grangier : on commence fort, pourtant, avec cette histoire précieuse, ensorcelante et mystérieuse ; puis l'on passe à Armand Cabasson et "Le baiser de la sorcière". Je suis une grande fan des nouvelles du monsieur et j'étais ravie d'en découvrir une inédite. Une histoire qui m'a moins émue que celles du même auteur mais qui reste poignante, rappelant le sort de toutes ces femmes durant l'Inquisition, tout en y mêlant le ressentiment d'une fille condamnée car née avec une particularité physique.



"Derrière les ombres" de Charlotte Bousquet : au temps des Précieuses, un jeune homme poursuite des monstres et une jeune femme dissimule sa véritable essence... un fort joli (et poignant) texte sur les apparences et les miroirs de l'âme. Je n'en attendais pas moins de la part de Charlotte Bousquet. Karim Berrouka, avec "Lapidaire", nous offre une histoire digne des Mille et une nuits. Un enchantement.



J'avais déjà lu "Le Jour de la Belladonne" de Justine Niogret dans son recueil "Et toujours le bruit de l'orage" et c'était l'un de mes préférés du recueil. J'ai été ravie de le retrouver ici !



"Reflet dans une opale" de Daniel Alhadeff : voilà un texte qui m'a laissée perplexe. Non seulement il ne m'a pas tiré la moindre émotion, mais de plus je n'a rien compris à son dénouement. Même problème, pour ce qui est de la compréhension, avec "Jusqu'au bout de la vérité" de Cyril Carau. L'histoire est pourtant très belle et très émouvante, mais les phrases finales m'ont mises mal à l'aise. Je n'ai pas saisi le propos de l'auteur.



"La Dame de Gwenninis" de Tepthida Hay est une histoire prévisible, sur le thème du bijou maudit. Et, durant ma lecture de "L'Essor" de Sophie Dabat, je n'ai pas pu me défaire d'une étrange sensation de déjà-lu. Est-ce une ré-publication ? je ne le sais. En tout cas, j'ai pressenti le déroulement des événements mais vu l'histoire, cela restait plaisant à lire. "Rosae Furiarum" de Morgane Guingouain procure des frissons.



Nous arrivons à "Succube" de Sire Cédric, texte que j'ai littéralement détesté. Autant je ne suis pas pudibonde (j'ai déjà lu des récits érotiques), autant le sexe crade et morbide, très peu pour moi. Surtout lorsque cela n'a aucun intérêt pour l'intrigue, au final assez creuse, pour ne pas dire inexistante.



Heureusement, Élie Darco nous offre une histoire vampirique intéressante avec "Les Crocs de la Basilicate". Puis, Léonor Lara nous conte, dans "Serments, Éternels serments d'amour...", une histoire qui n'aurait pas déparé dans le corpus arthurien. Lucie Chenu nous propose un récit onirique avec un petit message sur la différence dedans, dans "Le Bol d'Argent". Enfin, Sophie Goasguen nous propose "Isabella", un récit étrange, un peu prévisible, guère marquant.



Du côté des classiques, "La Princesse aux lys rouges" de Jean Lorrain que je connaissais déjà. Toujours un régal à lire ! Joris-Karl Huysmans est aussi présent avec "La Reine Margot" que je n'ai pas trop saisi, puis "Gottfried Wolfgang" de Pétrus Borel que j'ai déjà lu ailleurs sous une version légèrement différente et par un autre auteur, et que j'avais apprécié.

Suit un conte de Marie-Catherine d' Aulnoy, 'La Belle aux cheveux d'or', agréable à lire, et l'on termine avec "Le cachet d'onyx" de Barbey D'Aurevilly, texte cynique qui fait référence à Othello de Shakespeare et en rappelle la cruauté, ainsi que celle qui teinte certains rapports humains.



L'autre chose qui m'a gênée dans cette anthologie, c'est la récurrence de la thématique des pierres précieuses et autres bijoux maudits. L'anthologiste ayant déjà commis une excellente anthologie sur le sujet, ces récits-là en ont pâti, comme s'ils avaient été écartés de l'une pour atterrir dans l'autre.



Un avis mitigé, donc, pour ma part, mais je n'en recommande pas moins la lecture à qui serait intéressé par ces plumes et ce thème, car si elle ne m'a pas semblé excellente, l'anthologie Les dames baroques n'est pas non plus médiocre et offre de bons moments de lecture, même si celle-ci ne marque pas.
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La dimension fantastique, tome 2

6 nouvelles d'histoires fantastiques écrits par les plus grands : Honoré de Balzac, Pétrus Borel, Saki, Fitz James O'Brien, Jean-Louis Bouquet et Théodore Sturgeon
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Rhapsodies

a t on vraiment vécu l expérience petrus borel si l on n a pas lu ses textes en écoutant de l hyperpop finalement… je ne sais pas dans quelle atmosphère borel composait mais mon rêve absolu c est qu un artiste hyperpop lise un jour les textes de borel et mette en musique ses rhapsodies rip petrus borel you wouldve loved hyperpop c est tout simplement le frénétisme moderne..
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Madame Putiphar

Baudelaire note que “sans Pétrus Borel, il y aurait une lacune dans le Romantisme”, il a raison.. Madame Putiphar est un roman tellement exceptionnel, on y trouve tout ce qu’on était venu y chercher.. dommage que Pétrus Borel soit si méconnu de nos jours…
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