Philip Kerr est mort à soixante deux ans le 23/03/2018 et c'était un de mes romanciers préférés... Un romancier connu il y a des années avec la trilogie berlinoise et son personnage marquant, Bernie Gunther.
D'accord, j'ai lu et aimé des livres de Kerr sortant de la série de Gunther : les Scott Mason, sur le milieu du foot, ou des romans comme Chambres froides ou le chiffre de l'alchimiste. Autant d'excellents moments de lecture. Mais Kerr, c'est d'abord et avant tout Bernie.
Un bon gars confronté à la montée du nazisme, naviguant malgré lui entre les dirigeants de l'époque, n'évitant que de peu avec son insolence de partir en camps, mais réussissant malgré tout à continuer son parcours : officier de police, détective privé, soldat dans la SS en tant qu'ancien de la Kripo, et sauvant qui il pouvait sauver... Bernie a tout vu de la guerre et du régime fasciste.
Il va aussi survivre à l’après guerre, comme ici à Vienne en 1949. Toujours fleur bleue, toujours prêt à aider une femme, toujours naïf... Toujours à naviguer entre les occupants, poursuivi par son passé, et se débrouillant comme il peut pour mener sa mission.
Kerr connaissait le Troisième Reich comme un historien, et savait en rendre vivant l'absurdité de pensée et d’organisation comme seul un romancier doué sait le faire.
Merci M. Kerr, grâce à vous j'ai passé des heures à vivre des pans du vingtième siècle guidé par un personnage superbe. Ce roman La mort entre autres en est un exemple.
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Philip Kerr a habilement mêlé les enquêtes de son détective privé Bernie Gunther avec les personnages et les faits historiques de la période couvrant la montée du nazisme avant 1940 jusqu'à l'occupation russe et américaine de l'après-guerre. Il a doté son détective d'un caractère perspicace, insolent, courageux et aussi d'un humour cinglant, un fameux personnage ! Une lecture intéressante et palpitante, un bref aperçu ci-après :
L'Été de cristal
Berlin, fin des années 1930, Gunther Bernie, ex-commissaire, a quitté la police pour s'établir comme détective privé. Gunther ne se laisse impressionner par personne, c'est un enquêteur très compétent. L'histoire débute par le mariage de son ex-secrétaire, il quitte les festivités dans un état d'ébriété avancée et qu'elle n'est sa surprise lorsque, devant son domicile, l'attendent deux hommes qui l'invitent à monter en voiture auprès de leur patron, un magnat de l'aciérie. Celui-ci, monsieur Six, lui confie une enquête qui va l'entraîner dans des aventures complexes et dangereuses.
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La Pâle Figure
Août 1938, deux ans après la disparition inexpliquée de son amie, Gunther a pris un associé, Bruno Stahlecker. Gunther enquête sur une nouvelle affaire, un chantage visant un homosexuel ; Bruno, dans sa voiture, devant le domicile du suspect, est assassiné. À la suite de ce meurtre, Gunther se voit contraint d'accepter l'offre de réitérer la police criminelle pour enquêter sur des meurtres en série dont les victimes sont de jeunes filles allemandes, blondes au yeux bleus.
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Un requiem allemand
Je retrouve Gunther à Berlin, nous sommes en 1947, Berlin est sous l'occupation russe et américaine. Entretemps, Gunther a épousé Kirsten, institutrice mais qui travaille comme serveuse dans un bar réservé aux soldats américains. Un colonel russe, Poroshin, engage Gunther pour une mission secrète et particulièrement délicate, Gunther doit se rendre à Vienne où un de ses anciens collègues, Émil Becker est emprisonné pour le meurtre d'un américain. Poroshin qui a une dette envers Becker veut que Gunther prouve son innocence avant qu'il ne soit exécuté par pendaison. Une fois débarqué à Vienne, Gunther vivra de multiples et dangereuses aventures ...
Challenge Pavés 2015-2016 - 1.016 pages
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Réintégré (chantage) dans la police par le général Heydrich en personne, Bernie Gunther est à la poursuite d'un tueur en série.
Ce second roman de «la trilogie Berlinoise» commence comme un roman policier lambda, sauf que nous sommes en 1938 à Berlin, les nazis règnent en maîtres, et notre «nouveau Komissar» va devoir louvoyer entre rivalités politiques, espionnage et contexte politique explosif.
Ce contexte est formidable pour s'identifier aux personnages et se poser cette question qui me taraude depuis toujours, «qu'aurions-nous fait à leur place». Philip Kerr nous mets le nez dans nos propres contradictions et atermoiements. Ce roman me ramène au contexte actuel. N'en déplaise à certains, nous sommes en démocratie, mais celle-ci est malade, la légitimité du président de la République est de plus en plus remise en cause. Toute autorité est contestée, notre république se meurt.
L'individualisme forcené nous mène dans le mur car beaucoup d'entre nous résonnent de manière individuelle sans se soucier de l'intérêt collectif. Que ce soit d'un côté de l'échiquier politique ou de l'autre. Le pire c'est la négation de la pensée de l'autre «j'ai raison et l'autre est forcément l'ennemi à dézinguer».
Il est temps d'inventer, de créer une VIème république sociale et économiquement viable, bien sûr je n'ai pas la solution «ça se saurait» mais ça urge car les ennemis de la république (ils sont nombreux, à l'extrême droite et gauche) attendent leur heure,
et si cela arrive beaucoup d'entre nous regretterons le temps de la «dictature», vous savez les temps pourris où on pouvait contester dire n'importe quoi et faire grève (pour les autres!!!) le temps bénie de la démocratie quoi.
Voilà le livre est formidable pour cela aussi.
Ceci est mon humble avis.
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Plusieurs milliers d’officiers polonais auraient été tués près de Smolensk, sur le territoire soviétique. Goebbels s’empare de cette information et y envoie sur le champ son représentant du Bureau des crimes de guerre, Bernie Gunther, pour vérifier les faits, et pouvoir ensuite révéler au monde entier l’attitude déplorable des Russes. « Se refaire une virginité » est des plus importants.
Nous sommes en mars 1943 et les Allemands viennent de subir une terrible défaite à Stalingrad. Il faut redonner du panache à l’armée allemande et porter un coup aux Alliés.
Un roman historique policier qui montre la place de l’aristocratie prussienne et certains de ses ressortissants qui essaieront tout au long du règne de Hitler de le déstabiliser sans jamais y parvenir.
Un roman qui dénonce aussi toutes les horreurs commises en tant de guerre. Et pas seulement celle des Soviétiques, car l’auteur aborde également les exactions commises contre les Juifs par les Allemands, et aussi celles commises lors de la Guerre d’Espagne.
Alors me direz-vous quel rôle peut jouer un bureau des crimes de guerre dans une telle actualité ? N’est-ce pas une hypocrisie de plus ? Il faut croire que le héros, Bernie Gunther, possède toutes les qualités nécessaires pour faire oublier au lecteur que l’homme est un loup pour l’homme.
« J’aime bien faire les choses dans les règles si possible... La manière correcte. La manière dont on les faisait avant 1933. Parfois, je me dis que je suis le seul type réellement intègre que je connaisse. »
Un excellent roman historique bien documenté, comme le soulignent les notes de l’auteur dans les dernières pages, où l’humour caustique de Bernie permet de faire des pauses bienvenues.
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Un polar avec un fond historique.
Celui de l'exécution de quatre mille officiers polonais exécutés par le NKVD russe, dans la forêt de Katyn près de Smolensk. Bernie Gunther du bureau des crimes de guerre, est chargé par Goebbels, ministre de la propagande, de faire la lumière sur ces meurtres, histoire de discréditer les soviétiques. Son but : prouver que ces officiers ont été exécutés froidement d’une balle dans la nuque.
Alors qu'il mène l'enquête deux télégraphistes allemands sont égorgés, apparemment avec une baïonnette allemande.
De l'embrouille en veux-tu en voilà, des enquêtes qui se coupent et se recoupent, un enquêteur très cynique qui ne se fait beaucoup d'amis parmi son camp, une doc canon que notre héros … enfin bon, fait de ce polar fleuve une œuvre très intéressante à lire. Surtout pour le côté historique que la plume de Philip Kerr rend admirablement. Un polar long très long pourtant je n'ai jamais baillé d'ennui.
C’est vraiment une belle découverte car j’avais lu les pièges de l’exil que j’avais très moyennement apprécié.
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C'est grâce au billet de SZRAMOWO, que j'ai plongé le nez dans ce bouquin. écrit en 1992 et qui place l'histoire dans un futur proche 2013.
L'Angleterre trouvant que les différents crimes coutent cher à la nation, décide de mettre en place le programme Lombroso. Celui-ci arrive a déceler génétiquement les personnes susceptibles de commettre des crimes. Le listing des personnes potentiellement dangereuses est tenu au secret, mais un hackeur (ce nom n'existe pas encore a l'époque) va se procurer les noms et jouer au justicier préventif.
Jake, une flic diplômée en psychologie va devoir se démener, et même combattre sa hiérarchie pour mettre un terme a toute cette série de meurtres.
J'avoue avoir eu une lecture assez difficile a certains moments tout simplement parce que celle-ci a été un peu trop scientifique a mon goût. Je reconnais aisément, que l'auteur a bien documenté son roman (trop peut être). Mais a côté de cela l'intrigue est prenante et permet la réflexion.
Quels sont les outils pouvant réduire la délinquance ? Sont-ils fiables ? Quand a l'incarcération en prison qui dans ce roman est remplacée par une mise en coma artificiel, toujours dans le but de réduire les dépenses de l'état, est-ce une bonne solution ? Et face aux différents crimes commis est ce que tous les criminels méritent la même peine ?...
Le titre de ce roman est judicieusement choisi : l'enquête policière et le côté philosophique du roman sont effectivement les deux moteurs essentiels de ce livre.
J'ai aussi beaucoup aimé toutes les références aux auteurs classiques, ou philosophiques que l'on retrouve tout au longe de la lecture.
Je tenais donc a remercier SZRAMAWO pour la découverte de cet auteur, qui si je ne m'abuse a également écrit une trilogie qui a eu un certain succès. Et que je découvrirais un de ces jours.
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Berlin, 1934. Attaché à la République de Weimar et résolument anti-nazi, Bernie Gunther a quitté la police berlinoise avant d'en être chassé. Désormais, il est le détective attitré du prestigieux Hôtel Adlon, traquant le client indélicat, évitant les bagarres au bar. L'ambiance en ville est délétère, entre peur des SS et euphorie olympique. Car Berlin construit son stade en toute hâte et l'Allemagne d'Hitler pourra compter sur la présence des Etats-Unis aux Jeux maintenant qu'un comité d'experts américains a certifié que le pays n'appliquait aucunement une politique discriminatoire envers les juifs. Partisane du boycott et persuadée qu'un article bien documenté pourrait changer la donne, la journaliste, juive et communiste, Noreen Charalambides, cliente de l'Adlon et amie personnelle de la propriétaire, entraîne Bernie dans une dangereuse enquête où le cadavre d'un boxeur juif repêché dans un canal et le meurtre d'un entrepreneur allemand dans une chambre de l'hôtel pourraient être plus liés qu'on ne le pense. Conscient qu'il risque sa peau mais incapable de résister aux beaux yeux de Noreen, Bernie affronte Max Reles, un homme d'affaires américain, proche des nazis et plutôt belliqueux. Mais son histoire d'amour tourne court et Noreen repart, contrainte, aux Etats-Unis.
Quand il la revoit, vingt ans ont passé, de l'eau a coulé sous les ponts. Elle est une auteure reconnue, en villégiature dans la villa d'Hemingway pour fuir le maccarthysme et lui un nazi installé à La Havane. Encore une fois, elle sollicite son aide. Il s'agit de surveiller et de protéger sa fille Dinah, fiancée à un homme dangereux, à la tête d'un empire hôtelier et propriétaire d'un casino havanais. Et cet homme n'est autre que Max Reles.
En Allemagne ou à Cuba, Bernie Gunther trimballe son humour corrosif, son flegme et son incroyable chance qui lui permet de survivre à tout, au nazisme comme à la dictature de Batista, à l'animosité d'un mafieux de Chicago comme aux interrogatoires de la police politique. Tête brûlée mais l'instinct de survie chevillée au corps, cet homme aux mille vies nargue les puissants mais fond devant le regard de biche d'une femme fatale. Doté de l'art consommé de se fourrer dans les pires embrouilles, il a aussi la faculté de s'en dépêtrer, car il se moque des lois aléatoires et des régimes politiques, sa seule idéologie, c'est de sauver sa peau, et au passage celle de ceux qu'il estime le mériter.
Aussi à l'aise pour dépeindre Berlin sous le nazisme que La Havane des gangsters américains, Philip Kerr réussit encore une fois à mêler fiction et triste réalité dans un polar passionnant, instructif et divertissant. On ne peut résister à Bernie Gunther, son humour, son courage, et son ambiguité. Un sacré personnage !
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Un peu triste de faire la critique du livre d’un auteur récemment disparu, mais sans doute faut-il plutôt se réjouir d’avoir fait avec lui un bon bout de chemin. Et nul besoin de prendre le ton d'un éloge funèbre pour dire du bien de ce roman
Dans ce volet des aventures de l’ami Bernie, le récit est en deux temps : en 1956 où l’ex-policier vit en France et est poursuivi par des agents de la Stasi, mais aussi dans les souvenirs de Gunther, dans l’Allemagne nazie d’avant la Guerre, où il enquête sur un assassinat dans le nid d’aigle d’Adolf Hitler.
Comme toujours dans les polars historiques de Philip Kerr, on apprend des choses sur les personnages et les événements de l’époque. Dans ce cas-ci, au-delà des manies (et mégalomanie) du führer, ce sont les malversations et la corruption de son entourage qui sera mis en lumière.
Un bon polar, surtout si on a suivi les péripéties de la vie mouvementée du détective dans les onze opus précédents de la série. (Et ce n’est pas encore le dernier puisqu’un polar est paru en anglais en avril et qu’on en annonce un autre pour 2019!)
À suivre!
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Polar historique, une façon de découvrir sans douleur une Histoire qui l’est pourtant infiniment.
On y rappelle que pendant la période entourant la Seconde Guerre mondiale, les atrocités n’ont pas été commises que par les Allemands. Le régime stalinien a fait une abondante moisson de victimes et même la Guerre d’Espagne avait ses pratiques de torture sous couvert d’eugénisme.
Si le contexte historique est réel, il s’agit quand même d’une œuvre d’imagination, avec des libertés prises par l’auteur quand le héros va rencontrer Goebbels ou côtoie les conjurés qui tenteront d’assassiner Hitler.
Le ton demeure le même que pour les autres volets de la série mettant en vedette Bernie Gunther, un mélange d’humour sarcastique teinté de réflexions idéalistes. L’enquête policière, avec ses mélanges d’implications politiques, ne m’a toutefois pas toujours convaincue.
Un polar qu’on lira davantage pour l’Histoire, plutôt que pour l’histoire…
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Comme je l'ai écrit dans une critique précédente, je ne crois pas que Philip Kerr puisse jamais me décevoir, ses romans (en particulier la série Bernie Gunther) m'ont tous laissé une forte impression. Toutefois, le dernier en liste, L'offrande grecque, s'il est un bon roman, n'a pas réussi à se classer au niveau des précédents, selon mon humble avis. C'est que cet opus commence lentement, très lentement. Gunther travaille dans une morgue, une ancienne connaissance le force à participer à une tentative d'extorsion, il se fait offrir un poste d'enquêteur pour une compagnie d'assurance où il règle quelques indemnisations frauduleuses à Munich… Plusieurs petites affaires qui n'ont rien en commun (en apparence) et qui ne semblent mener nulle part. Bien sûr, on se doute que tous ces éléments finiront par s'imbriquer les uns dans les autres mais, en attendant… Ainsi, après une centaine de pages, l'intrigue principale prend son envol, tout comme Gunther qui prend la direction de la Grèce où il doit enquêter sur l'incendie qui aurait fait sombrer un navire allemand et sur son propriétaire, qui réclame l'indemnisation à sa compagnie d'assurance. Il va sans dire qu'il y a anguille sous roche et que cette mission en cache une autre, plus importante. D'ailleurs, rapidement, il y a mort d'homme.
À partir du moment où Bernie Gunther arrive à Athènes, mon intérêt s'est émoussé. D'abord, il y a la découverte de la capitale, ses rues étroites, la circulation, les églises partout, les cousins nombreux qui viennent en aide les uns aux autres, la corruption (mais à certaines conditions, par exemple, jamais le dimanche!), les contradictions ou ce qui pourrait paraitre étrange dans mes contrées nordiques, par exemple, un prêtre fumant cigarette sur cigarette et roulant dangereusement à moto. Ah… la Grèce… Ensuite, les personnages sont toujours une grande force de Kerr. D'abord, il y a Gunther (que l'on retrouve sous un nouveau nom d'emprunt, Christof Ganz), foncièrement et impitoyablement honnête, toujours à la recherche de la vérité, qui n'a pas la langue dans sa poche, même si cela lui attire inévitablement des ennuis. Ensuite, la brochette de personnages secondaires est toute aussi impressionnante : Achilles Garlopis, qui assure la liaison en Grèce, lâche et trop bavard ; Siegfried Witzel, un spécialiste de la plongée, homme irascible ; le lieutenant grec Leventis, mesquin ; une espionne du Mossad intimidante qui recherche des anciens nazis ; la jolie Elli, l'acolyte de rêve…
L'offrance grecque est autant un roman policier qu'un bouquin d'espionnage historique, il était impossible de ne pas faire référence à tout cela : la deuxième guerre mondiale, l'occupation allemande de la Grèce, les exactions des nazis là-bas (déportation et vol des juifs de Thessaloniques, demandes de réparation de la Grèce, etc.) dont on a moins entendu parler, des fouilles archéologiques, dont certains artefacts sont acheminés en secret à l'étranger, la reconstruction du pays, etc. L'auteur Philip Kerr trouve le moyen d'amener chacun de ces sujets (et d'autres) de manière naturelle et graduelle, facilitant la compréhension. Jamais je ne me suis senti noyé dans une mer d'information malgré la quantité de données. Il faut dire que le tout est balancé par une bonne dose d'action. Malgré son âge (la soixantaine?), Gunther est encore en forme, il sait donner ert recevoir des coups de poings et maitriser des individus dangereux. Puisque l'auteur est aussi cynique que son protagoniste, il n'oublie pas d'écorcher quelques personnages historiques au passage, à commencer par le premier chancelier d'Allemagne de l'Ouest, Konrad Adenauer, ou bien son homologue grec Konstantin Karamanlis.
J'ai trouvé ce roman un peu plus complexe que les précédents. J'avais l'impression que l'intrigue s'en allait dans trop de directions différentes et j'ai mis du temps à coller les morceaux. du moins, tous les morceaux. Même si mon opinion de L'offrande grecque n'est pas aussi élevée que celle des autres tomes, j'ai tout de même apprécié l'expérience. Il faut en profiter puisqu'il ne reste qu'un dernier bouquin à la série…
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Bernie Gunther n'a jamais adhéré aux thèses du nazisme mais il est allemand, il a fait partie de la police berlinoise et de la Wermacht. Compromis, il n'a eu d'autre choix que d'embarquer pour l'Argentine afin de sauver sa peau.
C'est donc en 1950 que le docteur Carlos Hausner arrive à Buenos-Aires. Son patronyme et son titre sont aussi faux que son passeport, tout comme le sont ceux de ses deux compagnons de voyage, Adolf Eichmann et Herbert Kuhlmann. Bernie, alias Carlos, compte bien profiter du soleil et du farniente dans ce pays qui accueille les nazis à bras ouverts, leur offrant une situation, une identité, une nouvelle vie. Mais son passé le rattrape. Flic il a été, flic il sera aussi en Argentine. Alors qu'il est reçu par Peron et Evita, il est repéré par le colonel Montalban qui l'enrôle contre son gré dans les services secrets pour une mission toute particulière. Une jeune fille a été tuée et éviscérée, une autre a disparu. le colonel soupçonne un allemand, le même peut-être qui sévissait à Berlin en 1932...Une enquête que Bernie avait menée à l'époque, sans résultat. C'est l'occasion pour lui de peut-être mettre la main sur son tueur. Mais les choses ne s'arrêtent pas là. Sa réputation de talentueux détective est aussi arrivée jusqu'aux oreilles de la très belle et très juive Anna qui cherche en vain son oncle et sa tante, mystérieusement disparus depuis des années. La piste est froide mais Bernie ne peut résister à une demoiselle en détresse.
Encore un opus passionnant des aventures de Bernie Gunther. Autre pays, autre continent mais on n'est pas trop dépaysé. La corruption, la haine des juifs, et même les nazis sont bien présents dans le pays de Peron. Bernie a l'art de se mêler de ce qui ne le regarde pas et de se retrouver dans des situations ô combien périlleuses. Se frotter au dictateur argentin ou à ses compatriotes qui discrètement continuent leurs activités n'est pas sans danger. En Argentine, on élimine les opposants et les gêneurs en les jetant dans le fleuve depuis un avion. Malgré cela, Bernie de fait un devoir d'aller jusqu'au bout de son enquête. Il croisera le docteur Mengele, de sinistre mémoire, ou encore Hans Kammler, le concepteur des camps de la mort, comme dans une version miniature et ensoleillée du troisième Reich.
Son enquête le ramènera dans le Berlin de 1932, avant Hitler, mais déjà dans le tumulte des bruits de bottes. A-t-il affaire au même tueur, celui qui lui avait échappé à l'époque ?
L'Argentine lui apportera des réponses mais aussi la certitude que le vice est partout le même, que l'argent régit le monde et que les méchants s'en sortent toujours à la fin.
Mêlant fiction et faits historiques, Philip Kerr nous donne là une version non édulcorée du régime de Peron, de l'après-guerre et des compromissions des grandes puissances avec les nazis. Tout cela est ignoble et révoltant. Heureusement qu'on peut toujours compter sur le cynisme et l'humour de Bernie pour faire passer la pilule. A lire et à méditer.
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Depuis le temps que l’on m’en parle, enfin j’ai franchi le pas. Premier roman : L'été de cristal, où un privé, ancien flic est payé par un industriel allemand pour trouver le meurtrier de sa fille et du gendre. On apprend vite, qu’en réalité ce sont surtout les bijoux volés dans le coffre qu’il veut récupérer. L’enquête se passe en 1936, en période nazie et Jeux Olympiques comme le montre la photo de couverture. Et là, je suis un peu déçue parce que l’auteur n’en parle pas beaucoup. J’avais espéré plus de détails, en autre, sur le grand champion Jesse Owen, 4 médailles d’or olympiques pour ce noir américain. J’applique le conseil de la collègue qui me l’a prêté de faire des coupures entre chaque enquête. Je reprends sur La pâle figure et terminerait un peu plus tard sur Un requiem allemand. Il ne faut pas lire cette trilogie pour le côté policier mais pour Bernie, enquêteur privé attachant, et surtout pour l’humour de l’auteur (en particulier des dialogues) et l’originalité d’avoir pour décor la période nazie.
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Encore une fois Philip Kerr nous offre une fresque historique qui nous laisse rassasiés. Il mêle les petites à la grande histoire en navigant toujours dans les eaux troubles de l’Allemagne nazie.
Devenu une marionnette aux mains de Goebbels, Bernie Gunther découvrira la neutralité/complicité de la Suisse en tant que fournisseur d’équipement militaire et des baraquements destinés aux camps de concentration. Il se retrouve imbriqué dans une affaire dévoilant les horreurs commises en Yougoslavie qui feraient pâlir même les SS les plus coriaces. Encore une fois il risque sa vie, mais toutefois il plonge tête la première.
Cynique, parfois drôle et piquant, avec ce qu’il faut de méchanceté clairvoyante, c’est toujours un amas d’informations nouvelles qui déferlent sur cette période noire de l’histoire allemande.
C’est toujours un Bernie Gunther désenchanté mais plein d’espoir, cabossé mais toujours d’attaque, grisonnant mais toujours impertinent.
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Bernie Gunther, détective privé cynique, désabusé, sans illusions mais non sans humour, nous entraîne à un rythme effréné, pendant plus de mille pages qu'on ne voit pas passer, dans un Berlin de terreur et de cauchemar de 1936 à 1947 - la période la plus sombre et la plus tragique de son histoire.
Des prémices de la chasse aux Juifs, aux homosexuels et aux opposants de tout poil jusqu'à la destruction d'une ville désormais exsangue, livrée en partage à la vindicte et à l'appétit des vainqueurs, le tout pimenté d'un zeste d'intrigue policière et d'une pincée de dérision, Philip Kerr nous embarque tambour battant dans une odyssée à couper le souffle et accomplit là un véritable tout de force.
Une vraie réussite !
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Ça, c'est du polar ! Trépidant, bien écrit, déroutant, liant intrinsèquement l'enquête et l'action à des faits historiques réels et bien précis, cette trilogie des enquêtes de Bernie Günther qui nous emmène en pays nazi puis dans la Vienne envahie par les anglais les russes et les américains après la guerre, ne laisse pas au lecteur de temps pour souffler. Philip Kerr inspecte les rouages du nazisme et des rapports entre les "alliés" avec intelligence minutie et perspicacité nous apprenant que ce sont les petits détails qui font la grande Histoire et les bons romans. Mieux qu'un roman policier, plus fort qu'un roman historique, la trilogie berlinoise nous entraine dans une époque trouble dont on ressort à la fois halluciné et sidéré, au sens mythologique du terme (Quand Méduse essayait d'hypnotiser Persée), les plus criminels n'étant pas forcément les personnages fictifs.... L'analyse psychologique est poussée, les situations tordues, bref tout y est.
Fascinant donc et subjuguant d'un bout à l'autre.
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Je viens de lire le 2ème tome de la trilogie berlinoise : la pâle figure de Philip Kerr
On est ici plongé dans le Berlin de 1938 durant le 3ème Reich sous le régime nazi. Bernie Gunther, le personnage principal de cette série est devenu détective privé après avoir quitté la police. Mais, il va être réintégré dans la police criminelle par Heydrich, le commandant de la Kripo (police criminelle allemande), pour mener une enquête suite à des meurtres en série commis sur de jeunes adolescentes allemandes.
L'auteur réussi à nous emmener dans une fiction mais pleinement ancrée dans l'histoire particulièrement trouble de l'Allemagne. L'auteur nous relate les grands évènements survenus à cette époque : l'incendie du Reichstag, le crise des Sudettes, la nuit de cristal, .... J'ai trouvé cette immersion particulièrement réussie et très instructive. On ressent bien le climat de haine qui régnait à l'égard des juifs, ils étaient accusés de tout et surtout de n'importe quoi sans vergognes. L'auteur dénonce également les dérives et la corruption qui rongeaient le pouvoir nazi.
La plume de Philip Kerr est agréable, il nous dépeint très bien cette époque, nous avons droit à des métaphores particulièrement réussies. Il n'y a pas vraiment de temps mort, l'enquête est prenante, l'atmosphère est noire. J'ai trouvé ce récit plutôt réussi.
Cependant, j'ai toujours un peu de mal avec le personnage principal que je trouve froid et individualiste. Je n'ai pas aimé, non plus, son côté macho même si je suis bien conscient que c'est révélateur de l'état d'esprit qui avait cours à cette époque.
En conclusion, j'ai tout de même passé un bon moment en lisant cet ouvrage. Je vais continuer sans hésitation avec le tome 3. Ce livre est un bon policier ancré dans une réalité historique bien restituée à mon sens.
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Quel plaisir que de replonger dans l’univers de Bernie Gunther! Espionnage, guerre froide, souvenirs des nazis et de la Deuxième guerre mondiale. C’était palpitant. Dans Les pièges de l’exil, on retrouve un Gunther un peu vieilli, qui tente de mener une existence loin des tracas dans le sud de la France. Il passe son temps entre ses responsabilités de concierge d’un grand hôtel et les tables des de bridge.
Les mystères s’accumulent, un meurtre, la rencontre d’une vieille connaissance de l’époque nazie… Et voilà Gunther invité à la résidence du célèbre écrivain Somerset Maugham. Ce dernier, victime de chantage (des photos compromettantes), demande à l’ancien détective de jouer les intermédiaires. Seulement, voilà, ce qui s’annonçait comme un simple échange se transforme en une histoire d’espionnage de haut niveau.
Les pièges de l’exil était intéressant que je ne le début ne le laissait supposer. Si mes souvenirs sont exacts, je crois que c’est la première fois que les Anglais jouent un rôle important dans une intrigue. On voit le MI5 et le MI6, empêtrés dans un jeu de contre-espionnage. J’ai été surpris d’apprendre que Somerset Maugham avait réellement été recruté par le service des renseignements. Je suis toujours épaté par la rigueur avec laquelle l’auteur Philip Kerr fouille à fond ses sujets et réussi à les reconstituer avec réalisme. La quantité de détails est hallucinante. En plus de l’intrigue d’espionnage, il donne un petit aperçu du monde des homosexuels dans l’entre-deux-guerres (et un peu par la suite) et de celui du Bloc de l’Est et des transfuges. Le tout dans le décor idyllique de la Côte d’Azur, avec les villas, les garden-parties, les casinos, l’argent qui coule à flot…
Bref, Les pièges de l’exil est un roman qui commence tranquillement mais qui se révèle une histoire d’espionnage et de contre-espionnage tordue où tout s’entremêle. Éventuellement, on sent l’ombre de Mielke et de sa Stasi (police politique est-allemande) planer sur tout ce beau monde. Aussi, cette intrigue, campée en 1956, est aussi l’occasion pour Gunther de remonter dans ses souvenirs, à la fin de la guerre : un amour passé, terminé tragiquement, le naufrage du Gustloff (ce navire allemand contenant 9000 civils fuyant la Prusse et coulé par les Russes).
Un véritable joyau d’écriture! J’ai tellement hâte de lire les tomes suivants!
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Kerr avait mis la barre haut: pour nous narrer les premiers pas de son héros, évidemment situés en république de Weimar, il a emprunté son titre au chef d’œuvre de Fritz Lang. Le Metropolis de Fritz Lang, tourné en 1923, situe dans le futur un monde où ultra-riches et damnés de la terre s’opposent avant de se réconcilier, l’ordre national-socialiste ayant éliminé la lutte des classes.
Le film était déjà une allégorie transparente de l’Allemagne de l’entre-deux-guerres et le roman de Kerr veut lui aussi retranscrire l’atmosphère de l’éphémère république et de surcroît il multiplie les clins d’œil au film: procès de la pègre dans les bas-fonds, amour de la jeune socialiste abandonné au profit d’une aventure avec Thea von Adlon (fervent soutien d’Hitler), personnage idéaliste cédant au crime et à la corruption... Surtout, Kerr parvient à bousculer un tableau somme toute classique de la république de Weimar en faisant de la question juive un problème central. Un Juif ne peut être un personnage comme les autres, il ne peut être ce qu’il est sans que sa religion ne fasse de chacune de ses actions un problème politique. S’il embauche un autre Juif, c’est bien sûr par communautarisme, s’il ne l’embauche pas, c’est par calcul et duplicité. Dans cette Allemagne pré-nazie, on ne peut être Juif et innocent, on ne peut même pas être coupable et juif sans que des arrière-pensées n’interfèrent et nient la banalité de la situation.
Le problème, c’est que le roman de Kerr préfère le texte au sous-texte. Entre deux actions languissantes, mais qu´est-ce que ça cause. Ça cause, ça ratiocine et ça philosophe, ça glose à tout va, ça recadre, ça explique et ça contextualise.
« Vous savez quoi, patron? poursuivit Trettin. En écoutant la lecture de cette lettre, je repensais à ce que vous avez dit à propos de ces deux médecins. Vous les avez qualifiés d'eugénistes. Et pas seulement. Ils sont partisans d’exterminer tous les individus qui ne sont pas utiles à la société.
-Hélas, dit Weiss, ces théories pseudo-scientifiques sont largement répandues de nos jours. Surtout en Allemagne. Et défendues par certaines personnes hautement respectables. Jusqu’à sa mort, il y a quelques années, Karl Binding était un des plus fervents partisans de l´euthanasie, comme il disait. Et le psychiatre Alfred Hoche prônait l'élimination des handicapés et des malades mentaux. »
Voila, c’est donc peu de dire que l´intrigue musarde du côté du cours d’histoire. Je n´ai rien contre mais, là, c'est quand même un peu lourdingue. D'ailleurs le coupable laisse trainer l'arme du crime et les scalps de ses victimes dans son coffre (Pourquoi se gêner?). L'enquête tient un peu trop du prétexte. Kerr fait dans la référence historique, il ne va pas en plus s'embêter à bâtir une intrigue policière un minimum excitante.
Bilan: je me suis poliment ennuyée et ça m´a donné envie de revoir le Cabaret de Bob Fosse: Willkommen! Bienvenue! Welcome!... Moralité: Bernie-le-jeune m’a assoupie mais Liza sur sa chaise m'affole toujours autant.
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La triologie berlinoise de Philipp Kerr m'a fait prendre conscience que je ne connaissais rien à l'organisation du pouvoir durant l'Allemagne nazie. Philipp Kerr explique avec ces 3 polars comment ces répugnants chefs nazis se haïssaient tout en se soutenant. Les polars se lisent agréablement à la manière de Nestor Burma de Leo Mallet
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