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Critiques de Philip Kerr (1372)
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Bernie Gunther, tome 12 : Bleu de Prusse

En 2017 à Quai du Polar de Lyon, j'ai rencontré Philip Kerr.

L'air maussade de l'écrivain ne m'a pas incitée à demander une dédicace et je suis partie avec "Bleu de Prusse" sous le bras et une mauvaise impression. J'ai su par la suite que cet air abattu venait sans doute de ses jours qui étaient comptés. Depuis il s'en est allé.

Philip Kerr, le cheveu corbeau, yeux scrutateurs et lèvres pincées ressemble à son œuvre:

des pages de l'Histoire sombre qui ne prêtent pas à sourire mais teintées tout de même d'humour noir.

Sur la Riviera, en Octobre 1956, le détective Gunther est chargé par la Stasi de tuer son ancienne maîtresse Anne French. Bernie refuse la mission et s'enfuit en Allemagne poursuivi par des agents de Mielke chef de la Stasi. Pendant cette chasse à l'homme, Gunther se remémore l'année 1939 où devenu inspecteur de la Kripo et du SD, il est appelé auprès d'Heydrich le général SS pour se rendre à l'Obersalzberg où un meurtre s'est produit.

L'ingénieur Karl Flex a été tué sur la terrasse du "Berghof" résidence bavaroise d'Hitler ( non pas son nid d'aigle comme écrit sur le bandeau rouge du livre). Le chef nazi va arriver dans une semaine pour fêter son anniversaire.

Dès lors que Gunther commence son enquête il sait que le chef de cabinet du Führer Martin Bormann est une crapule ambitieuse et vénale où "ses jodhpurs et sa grosse veste en tweed lui donnaient un air de fermier prospère" et hop la boum! Et exproprier des personnes engendrent beaucoup d' ennemis.

Aidé de Korsh, le détective va plonger dans les travers de l'humanité: sexe et MST, corruptions à tous les étages pour enrichissements personnels. Et au milieu de ces véreux en uniformes nazis, Gunther doit se méfier. Peu importe si un innocent laisse son cou sous la guillotine la vérité n'est pas la priorité des SS. Heureusement l'inspecteur trouvera la pression nécessaire auprès du frère de Bormann pour que le véritable coupable soit découvert.

Je ne spolies pas le roman car dès le début le lecteur connait les raisons de l'assassinat. Philip Kerr s'est surtout attaché au déroulement de l'enquête pour mieux cerner l'atmosphère délétère des lieux et décrire des portraits saisissant de monstres humains.

Bleu de Prusse est un piège où les loups affamés ne cherchent que pitance, profit et pouvoir.

Un roman noir et sarcastique éclairant une époque où les fauves aux bottes noires vont faire trembler l' humanité.

Terrifiant.







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Bernie Gunther, tome 9 : Les ombres de Katyn



« Sans doute croyais-je encore à des notions telles que l’honneur, la probité et le devoir. La vie allait m’apprendre la plus dure de toutes les leçons, à savoir que, dans un univers corrompu, la seule chose à laquelle on peut à peu près se fier, c’est la corruption et la mort et encore plus de corruption, et que l’honneur et le devoir n’ont guère de place dans un monde contenant un Hitler ou un Staline. »



C’est pour des phrases de ce genre que j’aime Philip Kerr parce qu’elles révèlent la dimension psychologique profonde de son personnage Bernie Gunther.



Bernie, ancien flic de la KRIPO, la police criminelle berlinoise au taux d’élucidation d’affaires envié de toute l’Europe à l’époque de la République de Weimar, est, comme toutes les institutions allemandes, prises dans le tsunami nazi à partir de 1933. Rien n’y personne n’y échappe.



Bernie essaye de survivre dans cette société où il faut se méfier de son voisin, de son cousin, de son employeur ou de son employé.



Le paradoxe est que le talent d’investigateur de Bernie fait qu’il est sollicité par les pontes du régime nazi, Goebbels et Heydrich notamment.



Le roman Les ombres de Katyn se déroule en 1943, près de Smolensk en URSS, après que l’armée allemande a subi la défaite de Stalingrad et s’est repliée sur une ligne de défense en attendant la grande offensive de l’Armée Rouge qui doit se dérouler au printemps.



La découverte d’un cadavre dans la forêt de Katyn, à l’ouest de Smolensk, dont Bernie révèlera qu’il est celui d’un officier polonais, donne l’occasion à Goebbels de chercher à démontrer que ce massacre d’officiers est l’œuvre des Soviétiques. Une tentative d’exonérer le Reich de ses autres crimes de guerre, au yeux des alliés…



Bien entendu, Bernie est chargé d’assurer la conduite de l’enquête.



« Si, tout comme moi, vous souhaitez que la vérité sur ce crime affreux soit imputée aux barbares bolcheviques qui l’ont commis, acceptez cette tâche. » Lui demande Goebbels. Il n’a pas le choix.



Le contexte de 1943 – alors que la plupart des officiers de l’état major allemand envisage la défaite du Reich, sont à l’origine de complots contre Hitler et envisagent même de négocier avec les alliés – ne va pas faciliter la tâche de Bernie.



Même s’il à l’oreille de Goebbels, les agissements des différents acteurs présent à Smolensk (à 1250 km de Berlin), sont autant de paramètres qu’il devra prendre en compte.



Luttes d’influence, trafics en tous genre, règlements de comptes, pots de vins, sont le propre de l’Abwher, de la Gestapo, des services de renseignements ou de la Feldgendarmerie.



Chacun pense à l’offensive russe et au meilleur moyen de s’en tirer sans y laisser sa peau.



Autour de faits réels qui sont rapportés dans la Note de l’auteur en fin d’ouvrage avec une bibliographie des ouvrages essentiels sur le massacre de Katyn, Philip Kerr livre un récit passionnant qui est plus qu’un simple polar même si l’énigme prend le lecteur du début à la fin.



Comme toujours chez Kerr, les événements historiques sont à la base de l’énigme policière proprement dit. Ils ne font pas l’objet de développements neutres et hors sol, mais sont rapportés par les différents personnages et surtout par Bernie lui-même qui a un sens aigu de la formule pour donner au lecteur une idée précise des démons contre lesquelles il se bat :



« Même les chiens à Smolensk ressemblaient à Tolstoï »



« Dans tous les cas, Dieu allait devoir choisir son camp et le choisir vite ; les communistes mécréants ou les Allemands blasphémateurs. Qui voudrait être Dieu face à un choix pareil ? »



« La peur. C’était un problème que j’avais fréquemment avec les nazis. Enfin avec les Allemands encore en vie. »
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Bernie Gunther, tome 11 : Les pièges de l'exil

Un policier qui se passe au milieu des années 50 sur la côte d'Azur. On y côtoie des personnages réels comme Somerset Maugham par exemple.

La bibliothécaire grande fan de l’auteur m'avait prévenu : ce n'est pas le meilleur de Philippe Kerr. L'est vrai que j'ai trouvé ça un brin embrouillé. De nombreux retours vers le passé ou des références aux livres précédents de la série nuisent au rythme du récit.

Bernie Gunther, ex nazi malgré lui, a trouvé refuge comme concierge du Grand Hôtel de St Jean Cap-Ferrat. Grand amateur de bridge il rencontra Somerset Maugham qui lui demandera de l'aide dans une affaire de chantage.

D'anciens nazis, des personnages qui jouent double-jeu, des qui sont bien glauques, une femme fatale, l'auteur à parsemé son récit de bons nombres d'ingrédients du polar mais chez moi la mayo n'a pas pris. La bibliothécaire m'a parlé d'un autre bouquin qui est un chef d'œuvre, vais aller lui demander lequel.

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Bernie Gunther, tome 5 : Une douce flamme

L'Argentine de Peron a servi de terre d'exil à des criminels nazis en fuite lors de la débâcle allemande à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. De milliers de gradés allemands ont pu quitter le pays impunément et se reconstruire une vie sous une fausse identité sans jamais avoir eu à répondre des atrocités commises au nom de Hitler.



Bernie Gunther débarque en Argentine en 1950 tel un prophète de malheur. Il espère pouvoir se soigner et reconstruire sa vie. Il se verra rapidement enrôlé de force dans une affaire impliquant les pires criminels de guerre que l'Allemagne a pu engendrer.

Dans un contexte où les démons du nazisme refont surface, Bernie Gunther fidèle à ses convictions, cherche une maigre consolation en tentant de résoudre une affaire en rapport avec une autre restée irrésolue, survenue à Berlin 18 ans auparavant.



Dans un récit vicieux, à la fois glaçant et passionnant, sans abreuvoir le lecteur avec ses vastes connaissances historiques, Philip Kerr compose une épopée où notre héros côtoie des personnages historiques et où Histoire et fiction se mêlent dans un tango funeste.

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Bernie Gunther, tome 6 : Hôtel Adlon

Depuis que j’ai lu « Metropolis », qui est certes la dernière aventure de Bernie Gunther écrite par le regretté Philipp Kerr, mais la 1ere du point de vue chronologique, je m’étais juré de continuer à lire cette série. Evidemment, mon côté de lectrice super dispersé a une fois de plus pris le dessus…

Bon, finalement, je viens de terminer la lecture de « Hotel Adlon » qu’il y a quelques jours.

En le prenant entre mes petites mains pour débuter ma lecture, j’avoue que j’étais certes ravie de me replonger dans l’univers de Bernie, mais de plus, pour avoir admiré la façade de l’actuel Hotel Adlon à Berlin, tout prêt de la porte de Banderbourg, j’étais assez curieuse de rentrer par le biais de l’auteur dans cet établissement mythique. Certes, les puristes et passionnés d’histoire me rappelleront que l’hôtel d’origine – et qui sert en partie de décor à ce livre- a été incendié en 1945 par des soldats russes, mais bon, je l’avais quand même bien scruté lors de mon périple berlinois. Pour les fans d’actualités people, même si cette info date un peu, j’ai découvert il y a quelques minutes sur le net que c’est d’un balcon de cet Hotel Adlon que Mickael Jackson avait failli faire tomber son bébé…

Bon, revenons dans le Berlin de 1934. Bernie n’est plus policier et pas encore détective privé. Il travaille, comme vous vous en doutez à l’Hotel Adlon et y officie en tant que responsable de la sécurité. Ses antécédents professionnels vont amener les responsables de l’hôtel à lui confier certaines responsabilités. Entre la mort inexpliquée d’un client, le vol d’un coffret d’un homme d’affaires américain qui semble trop poli pour être honnête et une journaliste, américaine elle aussi, qui le sollicite pour l’aider à enquêter sur la mort d’un boxeur, Bernie va avoir fort à faire…

Il faudra vingt années pour que cette histoire se conclue, à La Havane, o% se déroulera le dernier tiers de cette histoire.

J’ai beaucoup aimé l’humour de Bernie, qui est le narrateur pas encore trop aigri et désabusé de cet « Hotel Adlon »



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Challenge Mauvais Genres 2022

Challenge A travers l’histoire 2022

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La trilogie berlinoise, tome 1 : L'été de cri..

Berlin 1936.

L'heure est aux disparitions. Si on veut continuer à vivre, mieux vaut faire profil bas et adhérer aux consignes imposées par le National-socialisme. Ne pas poser de question et accepter brimades et contradictions.

Cependant quand on est un riche industriel et qu'on voit poindre une guerre qui serait potentiellement source de lourds profits, on a bien du mal à se plier aux règles. C'est pourquoi quand la fille du roi de l'acier est assassinée, son père décide d'engager un enquêteur privé, le célèbre Bernie Gunther, pour comprendre le pourquoi du comment.

Un enquêteur privé au caractère bien forgé, à l'humour cynique, peu enclin à se laisser brimer par une quelconque autorité et se méfiant de tous.



Bien sûr ce type de personnage m'a fait immanquablement penser à Philip Marlowe (de Raymond Chandler) dont j'ai lu une de ses enquêtes il y a quelques mois. On pourrait lui mettre le même costume, il lui irait comme un gant. Même costume et même profil aussi d'ailleurs.

Mais ce qui change ici, c'est le contexte dans lequel s'est inscrite l'enquête : l'Allemagne nazie. On y découvre les conditions de vie des Berlinois, les restrictions imposées aux Juifs, mais aussi aux habitants et en particulier aux femmes et aux homosexuels. On y découvre aussi la délation et la résignation,

« Si vous n'êtes pas avec eux, vous êtes contre eux. »



Côté scénario, n'ayant pas lu le roman de Philip Kerr, je ne saurai dire s'il est fidèle ou non au roman graphique. Ce que je peux dire cependant, c'est que j'ai dû m'accrocher pour bien cerner les nombreux personnages qui entrent en scène. Mais je rassure les futurs lecteurs, cette petite gymnastique de l'esprit porte ses fruits.

Pour le dessin, j'ai beaucoup aimé la simplicité des décors et personnages, très réalistes et classiques. Et bien apprécié aussi la visite de Berlin à travers les dessins proposés par François Warzala.



Je suis ravie de cette lecture qui me tentait depuis bien longtemps. Il me reste à la poursuivre avec les deux tomes suivants...

Et pour l'instant, je remercie Babelio et les éditions Arènes BD de m’avoir mis le pied à l'étrier.
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Bernie Gunther, tome 6 : Hôtel Adlon

Démis de ses fonctions à la Kripo - la police criminelle -, pour cause de désaccord avec le nouveau régime, Bernier Gunther est désormais responsable de la sécurité de l'hôtel de plus luxueux de Berlin, l'hôtel Adlon. En cette année 1934, à deux ans des jeux olympiques de Berlin, l'enjeu politique est de taille pour le régime Nazi qui compte bien se servir de l'événement pour redorer son blason au niveau international. Bernie est bientôt sollicité suite au vol dans la chambre de Max Reles, d'un coffret chinois...l'homme, un américain arrogant, semble avoir le bras long et des connexions avec les dirigeants Allemands et met sous pression le chef de la sécurité. Bernie doit également répondre à une demande d'Hedda Adlon la propriétaire, d'aider une journaliste amercaine Noreen Charalambides qui souhaite rediger des articles dénonçant l'antisémitisme et déclencher un boycott des jeux. A cette mission s'ajoute celle de l'enquête sur la mort d'un entrepreneur, retrouvé dans sa chambre, suite à ce qui s'apparente à une rupture d'anévrisme, et la découverte du corps d'un boxeur, mort par noyade dans les canaux de Berlin, les poumons remplis d'eau de mer...

Vingt ans ont passé et l'on retrouve Bernie qui, sous l'identité de Carlos Hausmer, s'est recyclé en homme d'affaires à Cuba et qui va revoir Noreen par hasard, qui désormais à une fille qui lui donne du fil à retordre, fréquentant un homme qui serait lié à la mafia américaine et italienne.



Une enquête en deux temps pour l'ex-policier de la Kripo, qui a dû s'adapter au climat politique nauséabond de l'Allemagne en cette année 1934. Il doit mener de front plusieurs affaires, pour lesquelles il doit protéger ses arrières, mais affiche toujours un humour cynique et salvateur. Les intrigues sont assez complexes et ce sont les personnages qui donnent l'épaisseur au roman entre un entrepreneur américain véreux, une femme fatale, les collègues de l'hôtel, les anciens flics avec lesquels Bernie a toujours garder des liens, une enquête dans le milieu de la boxe qui a des répercussions sur le chantier de construction du stade olympique de Berlin.

Une immersion dans une période sombre de l'Allemagne, entre humour et drame.



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Bernie Gunther, tome 14 : Metropolis

Publié après la mort de Philip Kerr, ce roman constitue la dernière brique apportée par l’auteur britannique aux aventures du commissaire Bernard Günther. Un personnage littéraire qui s’est imposé dans une trilogie, avant que l’auteur ne consente à lui apporter toute une vie, de la montée du nazisme durant la république de Weimar jusqu’aux exils d’après guerre. Bernard était devenu à jamais Bernie pour les lecteurs fascinés par ce policier excessif, ironique, à contre-courant, qui parvient malgré tout – et malgré ses opinions politiques – à survivre à la seconde guerre mondiale. Sans gloire. Et avec conscience des crimes que le régime nazi avait pu commettre… Et pour cause : il y était.



Metropolis ne pouvait être que l’apothéose d’une réussite littéraire pour tous ceux qui attendaient cet ultime tome. Ce n’est pas tout à fait le cas.



Une grande part de cette (demie) déception provient de Bernie lui-même. En cette toute fin des années vingt, dans un Berlin où la pègre et la liberté sexuelle s’en donnent à cœur joie, Bernard Günther n’est qu’un sergent de police que Bernard Weiss, le chef de la Kripo, la police judiciaire, exfiltre du service des mœurs pour intégrer le fourgon des investigations criminelles. Bernard Günther s’y montre l’élève appliqué du plus célèbre enquêteur du service, Ernst Gennat, dit le Bouddha. Sa vie personnelle navigue entre les cauchemars suscités par ses souvenirs de la grande guerre et ses maigres relations avec ses voisins et voisines de pension. Ce Günther là boit beaucoup, obéit à ses supérieurs (si, si, on parle bien du même), et semble même timide avec les dames (bon, il va changer au fil des pages…).



D’une certaine façon Kerr est logique avec son personnage. On ne devient pas d'un coup quelqu’un d’aussi sûr de soi, philosophe face à la violence des hommes, et caustique. Le Bernard Günther que l’on retrouve plus tard – c’est à dire dans les romans précédents -, a du vécu, de l’expérience. Metropolis est quelque part le récit de ces années d’expérience. C’est aussi le début d’un fonctionnement individuel – fonctionnement qui deviendra individualiste par la suite.



Comme d’habitude Kerr est parfaitement documenté – d’ailleurs pour une fois, il se permet dans une annexe finale de resituer certains personnages et certains lieux dans leur réalité historique. Le roman sent donc la saucisse vendue au coin de la rue par le vendeur ambulant, les effluves des clubs mal famés du Berlin de l’époque, et le schnaps que boivent les mutilés de guerre faisant la manche autour des gares.



Ce Metropolis ne respire pas le bonheur, même si le peuple allemand vit, sans le savoir, ses dernières années en République. La liberté ne va pas tarder à disparaître – et certaines des illusions de Bernie aussi.



Arrivé au terme de l’intrigue, après un dernier tiers d’ouvrage assez rythmé, le lecteur qui a côtoyé durant des années le Kommissar Günther reste un peu médusé : et oui, c’est fini. On en oublierait presque que c’est un écrivain qui nous a quitté, et pas son héros, tellement Kerr avait su rendre attachant son personnage.
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Bernie Gunther, tome 14 : Metropolis

C’est en tournant la dernière page de ce livre que je mesure une fois de plus que je suis une lectrice super dispersée… Car comment expliquer autrement que ce livre, qui devrait être pour ma part le dernier de l’auteur malheureusement récemment décédé que je lis, n’est en réalité que le quatrième ?

J’avais lu il y a une dizaine d’années la « Trilogie berlinoise » que j’avais adorée. J’avais enchainé très vite avec la suite, » La mort, entre autres » et puis…. Et puis, tout à coup, des années se sont passées…et là je réalise vraiment comme je suis dispersée dans mes lectures… Bon, la, dans la foulée, j’ai déjà commandé plusieurs tomes de la série Bernie Gunther, que j’ai bien l’intention de lire entièrement cette fois ci car après tout, il n’est jamais trop tard pour redresser la barre….

Bon, assez parlé de moi, car après tout, il faut bien mettre en avant cette lecture que j’ai beaucoup aimée.

Il s’agit, même si c’est le dernier livre de l’auteur, du premier du point de vue chronologique mettant en scène le policier allemand Bernie Gunther.

Nous sommes en 1928, à Berlin et notre héros vient juste d’intégrer les rangs de la Kripo en qualité de jeune inspecteur. C’est une véritable plongée dans le Berlin de cette période juste avant l’avènement des nazis au pouvoir que nous restitue Philip Kerr. Un Berlin dont les habitants sont encore en train de se remettre des séquelles de la dernière guerre, et où l’ on assiste à une lente mais certaine montée de l’antisémitisme et aussi du nazisme.

Bernie (oui, je l’appelle Bernie, car après tout, je le connais depuis longtemps), quant à lui va enquêter sur des meurtres de prostituées et il va mesurer combien ce genre de crimes laisse la population berlinoise complètement indifférente…

Bref, je ne rentrerais pas plus dans les détails de cette histoire que j’ai lue avec beaucoup de plaisir. Pour ma part, je dirais juste qu’il s’agit d’une excellent cru et qu’il m’a redonné envie de relire toute la série mettant en scène ce personnage si attachant qu’est Bernie Gunther…

Encore merci à Babelio pour son opération de Masse Critique ainsi qu’aux Editions Seuil pour l’envoi de ce livre, dont, je le dis juste en passant, j’adore la photo de couverture….



Challenge A travers l’histoire 2020

Challenge Mauvais genres 2020

Challenge ABC 2020/2021

Challenge Séries 2020

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Bernie Gunther, tome 1 : L'Été de Cristal

C'est ma première écoute d'un Audio-livre, je n'ai pas été déçue par l'acteur Julien Chatelet qui a parfaitement adopté le ton approprié à cette lecture, mais j'avoue préférer les bons vieux livres papier, ayant plus de mal à me concentrer sur cette écoute.

Il s'agit du premier tome de la Trilogie berlinoise dont le héros est le détective privé Bernie Gunther. Celui-ci est chargé d'une mission par un homme d'affaires allemand, alors que le nazisme monte en puissance dans le Berlin de 1936.

Esprit libre, Bernie va peu à peu et fort douloureusement réaliser ce qui arrive à son pays. Il ne fait pas bon alors se moquer des brutes qui ont tout pouvoir et il l'apprendra à ses dépends, lui qui sait (parfois lourdement) manier l'ironie.

La description des camps de concentration donne froid dans le dos, le sort réservé aux résistants allemands est déjà peu enviable, alors... Le mérite de ce livre est aussi de montrer la vie et le façonnement de la pensée populaire sous le joug nazi, combien il était difficile de résister, même légèrement.

Bernie étant un "homme à femmes", l'auteur ne nous épargne pas les scènes de sexe, les réflexions misogynes (hélas), et, comme son métier est celui d'un détective, la violence est décrite sans concession non plus. J'ai moins apprécié ces côtés obscurs de ce roman policier historique.
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Bernie Gunther, tome 3 : Un requiem allemand

Bernie 3 le retour



Autant vous le dire tout de suite, je n'ai pas accroché.

Autant j'avais été enthousiasmée par le premier tome, autant celui-ci me laisse de marbre.

Nous sommes en 1948, l'Allemagne a perdu la guerre et les Allemands font ce qu'ils peuvent pour survivre. Marché noir, manque de produits essentiels, manque de médiaments, prolifération des maladies vénériennes et autres, et vivre sous le joug de l'envahisseur américain et russe. (J'aurais tendance à dire, chacun son tour comme à confesse !).

Notre Bernie se débat dans tout ça, il a froid dans son appart qui a survécu aux bombardements, et il reprend du service comme détective privé.

Il va être envoyé à Vienne pour une affaire tordue, politique, d'anciens criminels de guerre nazis morts et ressuscités sous d'autres dents :D.

On ne va quand même pas en dire plus, non mais.



Mon cerveau, ce bel organe, s'est pris de vacances à la lecture de ce bouquin. A aucun moment, il ne fut concentré sur cette histoire. J'ai pensé à tout, au boulot, aux vacances, aux enfants, à ce que j'allais manger le soir, à me racheter de la crème solaire, à la calvitie du type d'en face dans le train sauf à ma lecture. Et c'est galère, tu lis 10 pages, et tu te rends compte que tu n'as rien compris, donc il faut recommencer, et là c'est rebelotte, tu vois un papillon qui passe et tu te dis que la nature est beeeeeelle, et tu relis 10 pages sans t'en rendre compte.



Bref, je pense que je ne suis pas le meilleur avis sur ce bouquin, j'ai vraiment décroché le wagon malgré que je sois arrivée à destination.
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Bernie Gunther, tome 12 : Bleu de Prusse

Je crois que Philip Kerr ne parviendra jamais à me décevoir. Une autre aventure de Bernie Gunther, un autre moment de lecture incroyable. Bleu de Prusse commence exactement là où le dernier tome s’est terminé : l’ex-inspecteur, après être sorti indemne d’un double-jeu d’espionnage dans le sud de la France, s’y trouve ramené par le chef de la Stasi. On le menace, on lui ordonne d’éliminer une agente superflue. Seulement, au lieu d’accomplir cette mission, il fait faux bond et tente de rentrer en Allemagne. C’est l’occasion pour lui de remonter dans ses souvenirs, presque vingt ans plus tôt, en 1939, alors qu’il travaillait encore à la police de Berlin et qu’il s’est fait confier une mission : trouver l’assassin d’un haut gradé nazi en plein milieu du Berghof, la résidence secondaire de Hitler dans les Alpes bavaroises. Il faut trouver le coupable avant sept jours, date à laquelle le Führer doit y retourner.



Ce tome me rappelle beaucoup les premières aventures de la série, Trilogie berlinoise, où Gunther jouait moins l’espion et davantage l’inspecteur. Il semble plus dans son élément, un crime est commis, une enquête est menée, on cherche un mobile, des preuves, des coupables, etc. Toutefois, il s’agit pas d’une enquête ordinaire puisque plusieurs des suspects sont des hauts gradés nazis, des gens qu’on ne peut tout simplement malmener dans un interrogatoire musclé. Par exemple, Martin Bormann, son frère Albert, J. H. Rattenhuber, Wilhelm Zander... Ils ne collaborent pas tous également, certains profitent de leur position pour s’enrichir et ne tiennent pas à ce que leurs affaires soient éventées. En fait, ils sont prêts à tout pour que ça n’arrive pas.



Bleu de Prusse offre une aventure enlevante, à deux niveaux (la tentative de fuite en 1956 et l’enquête en 1939). Toutefois, ce que j’apprécie encore plus, ce l’expérience complète que Philip Kerr fournit à ses lecteurs. La description des villes, les noms de rues, les restaurants, ce qu’on y mange, jusqu’au vin (un Corton-charlemagne), tout! J’avais l’impression d’entrer dans ce restaurant de Nice ou ce village de Lorraine ou bien de me promener dans Obersalzbourg ou au Berghof. Il y a ces citations de Goethe que tout bon Allemand doit savoir. Aussi, des références glissées ici et là, sur lesquelles on peut passer rapidement sans les remarquer comme la laideur des tableaux de George Grosz et Otto Dix, une marque de parfum ou encore des films ou des stars de cinéma du moment. Même des cambrioleurs célèbres (les frères Krauss)!



Il est assez évident que j'ai adoré ce roman, je le recommande à tous, particulièrement aux amateurs de policiers historiques.
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Bernie Gunther, tome 14 : Metropolis

Berlin.



Bernie Gunther est invité à la table des « grands », par Bernhard Weiss, chef de la police criminelle de Berlin. Se trouve là également Ernst Gennat, un des meilleurs inspecteurs. Pourquoi une telle invitation ? Une promotion ! Il a fait du bon boulot, et contrairement à l’inspecteur qu’il est chargé de remplacer, cela ne lui pose pas de problème d’obéir à un supérieur hiérarchique juif. Weiss est un policier remarquable qui, en plus, a su s’illustrer comme officier durant la Grande Guerre… Mais il est juif… En pleine montée du nazisme…



Critique :



Pour son dernier livre, Philip Kerr décédé en 2018, nous narre les débuts des aventures de son détective fétiche Bernie Gunther. C’est l’occasion de plonger dans ce que pouvait être le Berlin de 1928, une ville souvent comparée à la Babylone, aux mœurs corrompus, où l’on vient s’encanailler de partout : prostituées à foison, travestis en veux-tu-en-voilà, homosexuels, pédophiles, cocaïne en vente libre, surpopulation, conflits politiques, chômage, faim, misère, et montée du nazisme.

Philip Kerr, tout en avançant dans le récit, deux prostituées trouvées mortes scalpées, puis une troisième, anciens combattants envoyés ad patres, resitue le contexte de toute cette misère sociale : les conséquences désastreuses de la Grande Guerre. S’il y a autant de femmes qui se prostituent, ce n’est nullement par plaisir ou appât du gain, mais simplement parce qu’il faut survivre sans autres ressources que celles que l’on peut tirer de son corps au péril de sa vie. La haine des juifs est déjà bien installée, puisqu’il faut bien trouver des coupables pour justifier la défaite de 1918, et cette détestation ne fait que croître. Bernie a été appelé aux côtés des deux grands de la police criminelle, Weiss et Gennat, parce qu’il sait se montrer efficace, modeste et politiquement neutre, même s’il n’a aucune sympathie pour les nazis, loin de là. De plus, il n’éprouve aucun ressentiment à l’égard des juifs.



Ce que j’ai toujours admiré chez Philip Kerr, c’est la manière dont il nous fait découvrir des lieux, des époques, des personnes bien réels en les insérant très intelligemment dans le récit policier où le personnage fictif de Bernie Gunthet mène la danse (enfin, pas toujours car il lui arrive tout le temps des petites bricoles qui pourraient nous laisser croire que ce garçon est foncièrement masochiste).

C’est ainsi que, comme le précise Philip Kerr à la fin du livre, les personnages de Bernard Weiss, Ernst Gennat, le ministre Albert Grzesinski, sa maîtresse Daisy Torrens, l’assassin Bruno Gerth, le peintre George Grosz, la scénariste Thea von Harbou, épouse de Fritz Lang, et bien d’autres, ont bel et bien existé et ont été placés dans un contexte parfaitement crédible. De même, des lieux aussi improbables que le Sing Sing Club et sa chaise électrique, la morgue de Berlin ouverte au public qui venait contempler les cadavres et le Cabaret des Sans-Noms étaient des lieux tels que décrits par l’auteur.

Philip Kerr manquera énormément à la littérature policière par son apport considérable au niveau historique. Adieu Bernie Gunther. Adieu Philip Kerr.



Un immense merci aux Editions du Seuil et à Babelio Masse critique pour l’envoi de ce magnifique roman.

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Bernie Gunther, tome 4 : La mort, entre aut..

Pour moi c'est un coup de cœur mais, c'est exact, que c'est difficile, notamment au début, de rentrer dans le livre tant on se demande si c'est du lard ou du cochon. Je me suis même surpris à penser qu'il s'agissait d'un livre de nouvelles du fait de la construction décousue à première lecture (pour ne pas dire à première vue). Et puis au fur et à mesure de l'avancée du récit je suis entré dans l'intrigue et les pages du début se sont immiscées, sans bruit, fondues dans ce récit.

Je pense, même; que la sauce, le liant prend très bien.

Raconter ce roman sans dévoiler l'intrigue est difficile et il faut le lire jusqu'au bout pour que tout ce qui est sous-entendu se révèle.

Le héros, B. Günther se fait promener tout au long de l'histoire et je pense que le lecteur aussi. Je ne cache pas que ce fut mon cas.

En fin d'ouvrage, Philip Kerr, justifie ses personnages et sa documentation et, mis à part Bernie Günther qui est un personnage de fiction, tous les autres protagonistes, ou presque, ont existé.

L'écriture est humoristique de temps en temps, caustique quelques fois, sans nuance parfois et rugueuse souvent.

On retrouve en Günther un personnage dépassé par les événements ayant du mal (?) à comprendre cette époque où les protagonistes varient mais sans vraiment changer voire même augmenter cette violence du fait des intervenants, OSS puis CIA, américains d'occupation, russes itou, vengeurs masqués juifs israéliens, groupe Odessa et la camaraderie nazie, bref il y a de quoi perdre son latin. Ce sont les prêtres qui organisent les départs vers l'Amérique du sud et à la question de Günther : pourquoi ?

La réponse est :

- C'est vrai, nous les prêtres nous avons beaucoup souffert du nazisme mais comme le Saint-Père nous demande notre soutien, aussi, par respect, nous le faisons. (citation de mémoire).

J'ai beaucoup aimé ce livre. C'est un vrai bon moment de lecture.

J'envoie une bonne pensée à Philip Kerr là où qu'il soit, lui qui m'a procuré de bons moments de lecture.
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Bernie Gunther, tome 10 : La Dame de Zagreb

Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire ici même, je suis un inconditionnel de Philip Kerr.

La série des Bernie Gunther repose sur une idée que peu d'auteurs de polars ont exploré. Quel rôle a joué la police sous le régime nazi ? En dehors de son rôle de police politique. de police des consciences.

Dit d'une façon différente, le régime nazi est-il parvenu à éradiquer la délinquance, lui qui a érigé en règle de conduite ce que l'on peut considérer comme une délinquance institutionnelle.

Terrain glissant s'il en est. le personnage ambiguë de Bernie Gunther y est lui parfaitement à son aise.

Il a compris que les thuriféraires du régime n'en sont pas forcément les pratiquants les plus respectueux de ses règles et de ses dogmes.

« Insinuations. Rumeurs. Ragots. Chantage. C'est une seconde nature chez des individus comme Müller et Kaltennbrunner. » (…) Il est dans leur intérêt de collecter les commérages sur tout un chacun afin de s'en servir ensuite pour consolider leur position auprès de Hitler. »

Ainsi, Goebbels (craint-il de voir dévoiler sa relation avec une actrice, Delia Dresner, dont les origines sont douteuses, cela signifie, vraisemblablement juives, et s'en remet à Bernie Gunther, car il sait qu'il ne craint rien de lui, pour élucider la situation dans laquelle elle se trouve empêtrée du fait des agissements de son père, un colonel croate.

Le voyage de Bernie en Croatie est très loin d'une promenade de santé et comme le prévient Schellenberg, responsable pour le Reich de la situation en Yougoslavie : « (…) si vous allez en Croatie, tâchez de vous tenir à l'écart des oustachis. Une bande de fumiers. Cruels. »

La Dame de Zagreb éclaire un nouveau pan de l'histoire de la seconde guerre mondiale, celui des relations entre le régime nazi et les pays des Balkans.

« Il y a beaucoup de musulmans en Yougosalvie. Himmler a fait Hadj Amin général de la SS pour lui permettre de constituer une division de la Waffen-SS islamo-bosniaque. Et Goebbels l'a autorisé à faire plusieurs émissions de radio à destination des pays arabes afin d'appeler les musulmans à tuer les Juifs. »

Des relations qui sont les fondements de la guerre des Balkans que nous avons connue dans les années 1990.



Autre qualité des romans de Philip Kerr, l'humour, le cynisme et la résignation, désespérés et parfois désespérants, de Bernie Gunther :



« Etre flic en 1942, c'était un peu comme installer des souricières dans une cage remplie de tigres. »

« Tant que le noir orgue de Barbarie de la mort la jouerait, il me faudrait apparemment danser au rythme de la lugubre et angoissante rengaine tournant inexorablement sur le cylindre, pareil à un singe en livrée, un rictus terrifiant sur le visage et une tasse en fer-blanc à la main. »

« - Je dois témoigner dans un procès.

Oh !

Un SS accusé de lâcheté.

ça ne devrait pas être long. »

«  La veste de son costume gris faisait davantage penser à un rideau devant une scène de crime qu'à quoi que ce soit confectionné par un tailleur. Il était corpulent et manifestement sous pression, mais pas autant que la chaise en acajou derrière la table qui craqua de façon inquiétante lorsqu'il s'assit. »

« J'étais déjà allé dans le bureau de Jo, (Goebbels) mais j'avais oublié à quel point il était grand. Henry Morton Stanley aurait réfléchi à deux fois avant de monter une expédition pour essayer de trouver les toilettes.  (…) il aurait été facile de rater complètement le tout petit ministre, qui occupait un minuscule coin d'un canapé de dimension planétaire. »



Osons un parallèle audacieux. Dans la façon dont Philip Kerr fait vivre son héros dans l'Allemagne nazie, on trouve des traits de caractères de Erich dans Les Camarades de Erich Maria Remarque, et d'Abel Rosenberg le personnage principal du film de Ingmar Bergman L'oeuf du serpent.



A lire.
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La trilogie berlinoise, tome 1 : L'été de cri..

Berlin 1936.



Cela s’agite beaucoup dans la ville de Berlin… Les jeux olympiques approchent. Les SA vont même jusqu’à enlever les panneaux qui stigmatisent les juifs ! C’est-y pas beau, ça ? Mais… Tout le monde ou presque devient nazi… Pas Bernie Gunther qui a quitté ses fonctions de policier à la Criminelle, persuadé que s’il ne s’en allait pas de lui-même, les nazis le mettraient à la porte à grands coups de bottes au cul (oui, mais des bottes bien cirées, tout de même).

Le voilà donc détective privé. Après une soirée de mariage bien arrosée, en sortant de la salle des fêtes, il est invité à rencontrer un avocat qui le conduit chez un monsieur fort riche, Herr Doktor Hermann Six. La fille de ce dernier et son beau-fils sont morts brûlés dans leur maison. Ce n’est pas seulement l’assassin que doit retrouver notre brave inspecteur… Il y a aussi des bijoux de très grande valeur qui ont disparu…



Critique :



J’avais adoré la trilogie berlinoise de Philip Kerr… Alors, la retrouver en BD… Est-ce une bonne ou une mauvaise surprise ? Levons tout de suite le voile pudique sur cette angoissante question ! Le choix des auteurs pour un dessin ligne claire nous replonge des décennies en arrière quand ce style était omniprésent dans la bande dessinée franco-belge… Et c’est une magnifique réussite car cela contribue à nous ramener en 1936. Les couleurs dans les tons bruns ou beiges majoritaires participent pleinement à cette ambiance rétro. Les rares couleurs plus vive étant strictement réservées aux robes des jolies femmes.

Quant au scénario, il met parfaitement en place la manière d’enquêter d’un Bernie Gunther, personnage sarcastique qui ne se fait plus guère d’illusions sur le genre humain, légèrement alcoolique, dragueur impénitent, antinazi à une époque où il ne faisait vraiment pas bon l’être. Un homme qui n’a aucune antipathie envers les juifs, sentiment très en vogue à l’époque du petit Adolf… Mais rien pour non plus ! Il se fait que les juifs disparaissent à son époque et que l’essentiel de sa clientèle lui demandant de retrouver ses disparus, ils constituent l’essentiel de son gagne-pain. Hélas, le plus souvent, il n’a que des mauvaises nouvelles à annoncer… Aujourd’hui, nous savons bien pourquoi.

Lorsqu’il démarre son enquête pour Herr Doktor Six, Bernie se rend vite compte que le gendre idéal était un nazillon plus que convaincu, un fanatique, que les disputes étaient KOLOSSALES entre Herr Six et son gendre, que la femme de celui-ci était devenue alcoolique et ne semblait jamais aussi heureuse que lorsque son mari était absent. Ajoutons que le gendre « idéal » avait dans sa poche des boucles d’oreille qui n’appartenaient pas à sa femme.

Qu’ajouter de plus sinon que les fans de l’œuvre de Philip Kerr ne devraient guère être déçus par cette adaptation que je trouve géniale… Mais vous avez encore le droit de ne pas partager cette opinion… Pour l’instant… Profitez-en… Il se pourrait que cela ne dure plus très longtemps…

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Bernie Gunther, tome 14 : Metropolis

Berlin, 1928. Dernier roman de l’auteur décédé en 2018, mais antépisode de la série Bernie Gunther.



Berlin, ville de débauche, où des mutilés de la Première Guerre mondiale quêtent au coin des rues et des femmes honnêtes se prostituent car c’est le seul moyen qu’elles ont pour boucler les fins de mois.



Bernie Gunther enquête sur le meurtre de jeunes femmes. Comme il s’agit sans doute de prostituées, on ne va pas y mettre trop d’efforts, car bien des gens seraient contents qu’on débarrasse les rues de cette vermine… La suite, c’est d’autres meurtres, des méthodes d’enquêtes innovantes et les dilemmes d’un policier qui cherche la justice.



J’aime beaucoup les polars de Philip Kerr, qui permettent de comprendre l’Histoire en nous faisant percevoir l’atmosphère d’une époque. Ici, le décor d’une Allemagne exsangue, dont la situation économique ne s’améliorera pas avec la crise économique et qui glissera tranquillement vers le nazisme.



Un polar intelligent, à la hauteur de la réputation de l’écrivain.

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Bernie Gunther, tome 13 : L'offrande grecque

Athènes, nid d’espions et repaire de nazis : il y a un peu de OSS 117 dans L’offrande grecque de Philippe Kerr, traduit par Jean Esch. Mais le parallèle s’arrête là, car il y a un monde entre Hubert Bonisseur de la Bath et Bernie Gunther.



À l’heure où les grands pays européens s’apprêtent à solder les comptes de la dernière guerre en créant la CEE, Bernie a également abandonné son encombrant passé pour se refaire une nouvelle vie à Munich en travaillant de nuit dans une morgue. Une rencontre et une opportunité surgie du passé : voilà Bernie embauché comme enquêteur au sein de l’assureur Munich Re, chargé de traquer les arnaques.



Envoyé en Grèce pour savoir s’il convient d’indemniser un mystérieux bateau qui a coulé, Bernie va découvrir que les anciens pontes nazis sont à nouveau actifs et entendent bien profiter des trésors juifs spoliés quinze ans auparavant. Alliés ou faux amis, repentis ou fascistes toujours actifs, amoureuses sincères ou espionnes du Mossad, bien difficile de faire le tri dans ce jeu de rôles grec qui ramène sans cesse Bernie vers son passé.



C’est original, rythmé et toujours très drôle, avec un nombre délicieux d’aphorismes à en faire exploser la rubrique citations de Babelio. La deuxième moitié est peut-être un peu longuette et légèrement plus nébuleuse, mais pas au point de gâcher le plaisir de lecture de cet excellent polar.
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Bernie Gunther, tome 10 : La Dame de Zagreb

“ La Dame de Zagreb” est le dixième roman de la série des Bernie Gunther. Écrite par Philip Kerr, cette série commencée en 1993 devait être au départ une trilogie. Ce volume sorti sous le titre « The Lady from Zagreb » en 2015 et traduit de l’anglais par Philippe Bonnet en 2016, est un épisode qui se déroule en 1943.



Bien qu’ouvertement antinazi, Bernhard Gunther, ancien inspecteur de la Kripo de Berlin, est un membre des SS avec le grade de capitaine. Très apprécié dans les hautes sphères du pouvoir, il est chargé par Joseph Goebbels de rechercher le père d’une jeune actrice d’origine croate.

De Berlin à Zagreb, de la Croatie à la Suisse, Gunther traverse l’Europe mise à feu et à sang par les armées régulières et pas les milices de tous bords.



Ce qui rend cette série intéressante c’est son côté historique. Bien écrit et bien documenté, Philip Kerr mêle la fiction et les personnages historiques. Cet épisode dépeint l’Europe nazi de 1943, Berlin sous le joug des SS et bombardé par les Alliés. Il nous plonge dans la barbarie de la guerre dans les Balkans. Il illustre l’attitude de la Suisse entre neutralité et coopération avec l’Allemagne.

Bien qu’un peu lent le roman est agréable à lire. Le personnage principal, romantique et courageux et bien que membre des SS, est sympathique. « La dame de Zagreb » est un excellent thriller historique.

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La trilogie berlinoise, tome 1 : L'été de cri..

Berlin 1936

Il s'en passe des choses cette année là dans la capitales allemande, notamment les jeux olympiques (savez celui où Jesse Owens, le sprinter noir américain a gagné 3 médailles d'or, ce qui a horripilé le führer!) mais aussi la montée en puissance du nazisme, celle de la violence des SA sans parler de la SS, mais aussi celle du racisme anti-juifs.

Bernie Gunther ancien flic devenu détective privée se voit confier par un riche industriel, Doktor Six, la mission de retrouver qui a assassiné sa fille et son gendre mais aussi et, surtout, des bijoux disparus.

Enquête qui s'avère difficile compte tenu de tous ceux qui lui mettent des bâtons dans les roues, Gestapo, mafia, flics véreux et la SS bien sûr.



Je fréquente un peu le Bernie Gunther que, j'avoue, je ne me représentais pas ainsi. Dessiné s'entend. Le personnage, dans mon inconscient aurait plutôt les traits de Philip Marlowe, mais ce qui ne veut pas dire que je n'apprécie pas, loin de là. Ce Bernie est bien campé, la ligne claire lui va bien et est plutôt réaliste. L'homme, comme dans les bouquins, est très décontracté, playboy, fumeur invétéré, beaucoup de défauts mais des qualités de persévérance dérangeantes à souhaits. Le dessinateur François Warzala a réussi, non seulement, le personnage principal mais aussi un nombre assez impressionnant d'autres personnages hommes et femmes liés à cette histoire. A noter la classe avec laquelle le dessinateur nous promène dans le Berlin de cette époque. Quoique fourni, l'espace est suffisamment aérée pour que le lecteur s'y retrouve au travers de ces vignettes et ces bulles. Bravo également à Boisserie pour les textes.

Une réussite.


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Bernie Gunther, un privé chez les nazis...

"Je ne suis pas un nazi. Je suis un Allemand. Ce n'est pas la même chose. Un Allemand est un homme qui arrive à surmonter ses pires préjugés. Un nazi, quelqu'un qui les change en lois" On m'a viré de la Kripo en 1934, et comme il faut bien vivre, je me suis retrouvé déguisé en privé dans l'établissement le plus select de Berlin :

Hôtel Savoy
Hôtel Berlin
Hôtel Regent
Hôtel Adlon
Hôtel Otto

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