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Critiques de Philip Kerr (1372)
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La trilogie berlinoise

Ce n'est pas pour les intrigues policières, somme toute assez banales, qu'il faut lire La trilogie berlinoise, mais plutôt pour la description des Années 30 et 40 en Allemagne, et accessoirement pour le sens de la formule de l'auteur...



Nazisme, propagande, endoctrinement, antisémitisme, racisme, discriminations, cruauté, bêtise, ultra-violence, manipulations constituent le quotidien de Bernie Gunther en 1936 et 1938, mais il s'efforce malgré tout de faire correctement son métier de détective privé, et surtout de garder son esprit critique et sa liberté. De même, juste après la guerre, il est appelé pour une enquête dans une ville de Vienne pas encore dénazifiée, mais déjà objet de conflit entre les Américains et les Russes et lieu de tous les trafics.



Difficile pour Bernie de rester normal dans ce contexte ? Il y arrive pourtant plutôt bien, ses pensées sombres n'empêchant pas ses bouffées libidineuses ou ses traits d'humour... C'est même amusant de constater qu'il y a presque autant de femmes dans son lit que de morts dans ses enquêtes ! Cela rend les romans plaisants à lire, et même parfois drôles, alors même que l'horreur de la période est toujours présente en filigrane. Déroutant, mais plutôt reussi.



A moi le marteau-piqueur ! 15/xx dans le Challenge Pavés de Gwen.
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Bernie Gunther, tome 14 : Metropolis

Il y a très longtemps que je voulais découvrir l’univers de Bernie Gunther, dont la « Trilogie berlinoise » me nargue effrontément sur une étagère de ma bibliothèque (quelle idée aussi d’avoir opté pour le modèle poche qui fait mille pages et pèse plus de cinq cents grammes, quand on n’a plus beaucoup de force dans les mains…



Quand on me l’a gentiment proposé au cours d’une masse critique spéciale de Babelio, je n’ai pas hésité plus d’une demi-seconde, car il s’agissait de sa première enquête donc cela me permettait de faire la connaissance de Bernie.



L’action se situe en 1928, à Berlin, sous la République de Weimar, alors que frémissent déjà la moustache d’Hitler, ses Sections d’Assaut tristement célèbres, les violences perpétrées contre tout ce qui les dérangent…



Trois prostituées sont retrouvées assassinées et scalpées par un mystérieux tueur que l’on surnommé Winnetou, l’une d’entre elle étant la fille d’un mafieux.



Le tueur nargue la police et joue avec elle, en laissant des indices trompeurs pour les envoyer sur de fausses pistes. Brusquement, il change de victimes et s’en prend aux hommes qui ont été blessés pendant la guerre et se retrouvent à mendier, dans leurs petits charriots roulants, aux sorties du métro. Il écrit un texte à un journal justifiant ses crimes par la nécessité de nettoyer Berlin de tous les inutiles… il se fait appeler « Gnadenschuss », coup de grâce.



J’ai beaucoup aimé découvrir le Berlin de 1928, aux côtés de Bernie, la société allemande de la métropole de l’époque, les références à l’Histoire, la faim, la chute de la monnaie, la montée du Nazisme, le racisme ambiant, mais aussi la culture car on croise Fritz Lang et sa compagne de l’époque Thea von Harbou, le milieu du théâtre…



J’ai lu beaucoup de livres sur la période du Nazisme, la seconde guerre mondiale, mais je connais moins bien la République de Weimar et la manière dont Philip Kerr mêle ses héros avec des personnages ayant existé, aussi bien dans la police qu’au gouvernement, aux acteurs, entre autres m’a beaucoup plu.



Bernie Gunther est un héros intéressant et sympathique, dont j’ai aimé découvrir l’univers, la manière de vivre, les cauchemars liés aux souffrances passées dans les tranchées, qu’il tente d’oublier dans l’alcool, les méthodes d’investigation ainsi que ses relations avec les autres, qu’il s’agisse de ses collègues ou des femmes et que j’ai hâte de retrouver…



Un grand merci à Babelio et aux éditions Seuil qui m’ont permis de découvrir ce roman ainsi que son auteur.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Bernie Gunther, tome 13 : L'offrande grecque

Philippe Kerr profite toujours de ses incursions dans l’Histoire pour nettoyer certains mythes. C’est un écrivain qui a pour habitude de beaucoup se documenter avant d’écrire chaque livre.



Son humour british grinçant et pince sans rire est délicieux et l’ensemble sonne joliment juste. Son amour de l’ironie cosmique et ses descriptions très visuelles sont un régal.



Ce polar historique étonnant plonge le lecteur dans un pan peu connu de la Seconde guerre : l’occupation allemande en Grèce.

Le pays est dévasté par le conflit et l'occupation, et son économie et ses infrastructures sont en ruine. Le pays compte plus de 400 000 victimes et ses communautés juives sont presque entièrement exterminées dans la Shoah.



Bernie Gunther s’en va en Grèce. Il est toujours aussi tourmenté, son esprit plus tortueux que jamais, est toujours incapable de s’adapter au monde moderne. Cynique, obsédé par la vérité et passionné, il nous offrira de beaux moments où son génie fait la différence.



L’avant-dernier Philip Kerr atteste du même art du récit et de la mise en scène que les précédents. Un travail d’orfèvre dans la documentation et une manière bien particulière de faire partager aux lecteurs le moindre des instants vécus par Bernie Gunther, dont on ne se lasse jamais.



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Bernie Gunther, tome 6 : Hôtel Adlon

Quatrième rencontre avec P. Kerr et son hypnotisant détective Bernie Gunther aux mille facettes. Je suis totalement fascinée. Comment ne pas l'être lorsqu'on a son double - un homme, tellement pétri de contractions, d'amour, de haine, de dualités sous les yeux - qui se débat dans une société en pleine effervescence, dans une capitale, dans un pays qui a connu ce qui se faisait de mieux et qui existait en matière de culture et d'ouverture d'esprit et qui va joyeusement vers le chaos.

S'ajoutent à cela des échanges vifs, pleins d'esprit, jamais vulgaires et pourtant sensuels, rappelant les dialogues à la Audiard tant aimés.

Une écriture intelligente, instructive, des intrigues pleines de rebondissements : un des auteurs que je préfère ...définitivement.

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Bernie Gunther, tome 5 : Une douce flamme

Philip Kerr est le roi de la métaphore, je ne sais pas où il va les chercher toujours est-il que dans ce roman il y en a pléthore et dans la bouche de Bernie Gunther cela fait mouche. Une écriture vive et attrayante, un style truculent souvent drôle malgré le contexte. Enfin le personnage de Bernie Gunther est de plus en plus attachant.



Ce roman se déroule en Argentine, en 1950, Péron est au pouvoir et les nazis pourchassés en Europe y trouvent refuge.(au détour du récit on croise Adolf Eichmann, Joseph Mengele et sans doute le plus terrifiant d'entre tous Hans Kammler)



Une «douce flamme», est ce léger frémissement que les nazis ressentaient en présence de leur führer... L'auteur nous fait (re)découvrir l'histoire de l'Argentine de Juan Peron et d'Evita Peron et de leur implication dans l'histoire du Nazisme.



Une plongée dans les ténèbres de la dictature Argentine et la poursuite de l'auteur dans l'Histoire du Nazisme, ce cinquième opus est une grande réussite.



Ce livre m'a rappelé l'excellent film de Frank Schaffner en 1978, Ces garçons qui venaient du Brésil.(l'amérique du Sud, le Nazisme, et l'effroyable Dr Mengele interprété par le fameux Grégory Peck.) Voir aussi le livre de Ira Levin (que je n'ai pas lu, personne n'est parfait)
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Bernie Gunther, tome 14 : Metropolis

Berlin des années vingt,

Quel est le devin

Qui aurait prédit

Ce que tu devins ?

Putain frigide

Couleur suicide

Tu faisais ton lit

Sur un manteau vert-de-gris

Berlin des années vingt (Marie-Paule Belle)

Si Bernie Gunther est orphelin de son papa, je me sens moi-même privée trop tôt de Philip Kerr que j'avais découvert il y a peu grâce à Babelio et pour qui ce fut le coup de foudre avec « Les ombres de Katyn ».

Dans Metropolis, Berlin, son climat délétère, ses victimes de guerre, sa pègre, ses prostituées. Une ville minée par la défaite, la montée du nazisme et l'antisémitisme. Une ville sans espoir, à l'agonie partage la vedette avec Bernie.

On y découvre un être blessé moralement par la guerre, les tranchées qui s'oublie dans l'alcool mais qui va ouvrir les yeux grâce à son enquête qui le mène dans les bas-fonds.

On y découvre une sorte de poudrière où personne n'est en sécurité que ce soit pour sa race, son métier, le plus vieux du monde où parce qu'il symbolise la défaite avec membres amputés et malheureusement ces victimes de la société sont aussi les proies d'un tueur machiavélique.

Une histoire où Bernie Gunther va se retrouver associé à un chef de la pègre mais c'est un flic intègre comme il y en a peu et malgré de petites incartades, la justice sera respectée. Et voilà je viens de finir une autre aventure de ce flic, peu ordinaire, honnête, philosophe, humaniste, plein d'humour, sans illusions mais pas désespéré. Un héros comme je les aime.

Philip Kerr, de par son écriture, son immense travail de documentation, ses descriptions très détaillées et ses énigmes policières était un auteur qui avait le don de me plonger dans l'époque et le lieux, talent très rare dont je lui suis reconnaissante.

Merci aux éditions Seuil et à Babelio pour ce très beau cadeau.



Challenge à travers l'histoire 2020

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Bernie Gunther, tome 10 : La Dame de Zagreb

Un polar à saveur historique une dose de suspens, mais aussi une intrigue qui améliore notre connaissance de l’époque de la Seconde Guerre mondiale, qui rappelle que les nazis n’avaient pas l’apanage de la folie de l’épuration ethnique et de la cruauté, car ce qui se passait alors en Croatie relevait aussi de l’horreur. Des éléments historiques qui expliquent un peu les haines et les atrocités commises à la fin du vingtième lors de l’éclatement de la Yougoslavie.



Dans les derniers tomes de l’auteur, on avait cru que la veine historique s’essoufflait, que tout avait été dit, mais Philip Kerr nous sert pourtant ici un de ces bons polars, avec en prime, Goebbels et ses généraux qui marchandent avec la Suisse.



On retrouve avec plaisir le détective vedette Bernie Gunther. Longtemps après la guerre, Bernie se remémore ses aventures et surtout ses amours. Son comportement n’est pas exempt de dilemmes moraux : qu’est-ce que la justice dans un pays qui professe l’inégalité des hommes, qu’est-ce que le meurtre dans un pays qui assassine par milliers ? Est-ce un crime alors que de vouloir survivre ?



Allemagne, Suisse, Croatie, un polar d’une guerre qui était censé être la dernière…

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Bernie Gunther, tome 12 : Bleu de Prusse

Ayant lu récemment la “Trilogie berlinoise”, c’est avec un très grand plaisir que j’ai renoué avec Bernie Gunther, le détective fétiche de Philip Kerr, dans ce qui sera, hélas, le dernier opus de cet auteur récemment disparu -sauf à découvrir de nouveaux titres en cours de traduction.



Deux périodes, et deux histoires parallèles. 1956 : Bernie Gunther, la soixantaine fatiguée, désormais portier d’un hôtel de Saint-Jean-Cap-Ferrat, est obligé de fuir pour échapper aux griffes de la Stasi qui veut l’obliger à commettre un meurtre par empoisonnement (dont le bleu de Prusse est l’antidote). Pourchassé par l’un de ses anciens collègues, Friedrich Korsch, il se remémore pendant sa cavale un meurtre qu’ils résolurent ensemble en 1939, meurtre commis dans le nid d’aigle du Führer à l’occasion du cinquantième anniversaire de ce dernier ; affaire sensible, explosive, à résoudre impérativement dans un temps limité… le compte à rebours est lancé !



Nous voilà repartis, au gré de la plume nerveuse de Philip Kerr, pour de nouvelles aventures tumultueuses, sur fond de nazisme et de guerre froide… et j’ai retrouvé avec bonheur l’insolence tranquille, la désinvolture et l’aplomb de notre détective que rien ni personne n’intimide jamais, son sens particulier de l’honneur et de la loyauté, son humour morose et son tempérament désenchanté.



Un opus violent et sombre, superbement documenté, qui mêle habilement, comme toujours chez Philip Kerr, personnages historiques et fiction littéraire… et dont je me suis régalée.



Bravo, une nouvelle fois, Monsieur Kerr. Et merci pour tout…
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La trilogie berlinoise

" Tu devrais lire la trilogie berlinoise, tu verras, tu te régaleras !" "Quoi, tu ne l'as jamais lu ? Mais qu'est-ce que tu attends pour t'y mettre..." Lorsque j'entendais parler de la fameuse trilogie de Philip Kerr que je voyais depuis des années dans la bibliothèque familiale, à chaque fois les avis étaient très positifs. Pourtant, j'avoue que sa taille avait un côté effrayant pour les personnes comme moi ne lisant que très rarement des pavés. Il aura fallu l'organisation d'une lecture commune pour que je découvre ce petit bijou de la littérature allemande...



Bernie Gunther, ex-commissaire de la police berlinoise qu'il a quittée pour des raisons de convictions politiques, est devenu un détective privé. Nous allons donc le retrouver dans les trois tomes de la trilogie au moment des Jeux olympiques de Berlin en 1936, puis en 1938 et enfin à la fin de la guerre au moment où les Soviétiques et les Américains ont pris possession de la ville...



Pensant tout d'abord lire un récit très triste et dur, j'ai été très agréablement surprise de déco le contraire, et ce, grâce au caractère de notre cher détective qui apporte un peu de légèreté au récit. Ayant une panne de lecture au moment de sa découverte, j'ai donc décidé d'écouter la voix de Julien Chatelet qui m'a complètement transportée.



Plus que de simples intrigues distinctes sans liens apparents, Philip Kerr arrive à nous faire découvrir une époque d'un point de vue que nous avons rarement l'habitude de lire. Je suis rapidement rentrée dans cette histoire (même si j'avais quelques craintes à cause des noms des personnages).



Je suis heureuse d'avoir fait cette lecture qui valait vraiment le coup (même si à la fin j'ai trouvé quelques longueurs du fait d'avoir enchaîné les trois tomes) et je ne peux que vous conseiller que de vous lancer à votre tour en vous apportant une petite précision : cette trilogie, publiée au début des années 1990, est finalement devenue une série quelques années après, car, l'auteur a écrit 14 livres où notre détective est le personnage principal 😉 c'est donc avec un grand plaisir que je lirais les autres tomes pour retrouver Bernie Gunther.

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La trilogie berlinoise

Cette trilogie berlinoise ouvre l’œuvre monumentale de Philip Kerr, publiée sur trente ans, qui poursuit page après page un projet un peu fou : une série de romans policiers qui reconstituerait comme un puzzle la vie d’un homme, Bernie Gunther – et par la même occasion une fresque de l’histoire du XXe siècle. Pour autant que je puisse en juger sur la base de ces trois premiers tomes berlinois, Philip Kerr relève magistralement son propre défi.



Ces trois enquêtes sont aussi complexes qu’addictives. Chacune nous transporte au cœur d’une séquence-clé de l’histoire nationale-socialiste – l’été 1936, marqué par les Jeux Olympiques, la crise des Sudètes et la Reichskristallnacht de 1938, puis l’immédiat après-guerre. Le décor est remarquablement fouillé, esquissé dans ses moindres détails – comme par exemple les vitrines rouges du Stürmer et cinquante-et-une autres nuances d’antisémitisme, La Marche de la cavalerie du Grand Électeur claironnée par un orchestre de cuivre près de la Porte de Brandenbourg, le film tourné à Neuer Markt, à Vienne. Ou encore les rituels terribles qui régissent le quotidien dans le camp de Dachau. On s’y croirait. C’est glaçant : la forme du roman permet, comme souvent, de prendre la mesure des choses.



L’intrigue se nourrit de cette densité. Philip Kerr a une capacité étonnante à tisser sa trame narrative dans les rouages historiques les plus évidents comme les plus infimes ou les plus confidentiels. Le statut du protagoniste détonne : grande-gueule flegmatique mais viscéralement exaspérée par le national-socialisme, témoin désabusé de son époque mais enquêteur tenace, inséré (malgré lui) dans les hautes sphères. Cette position très particulière donne lieu à des dialogues piquants et à de multiples réflexions percutantes sur le crime, la culpabilité, la justice et l’humanité. Ce point de vue m’a, entre autres, fait réaliser le bazar hors de contrôle qui caractérisait les organisations nazies que j’avais tendance, à tort, à voir comme une machine implacable. Au milieu de tout ça, le détective n’est pas tout blanc, mais il conserve son humanité et certaines lignes rouges auxquelles il se tient tant bien que mal. Et insuffle quelques moments de grâce à ce roman très noir – la scène de la course de Jesse Owens est l’une des plus belles à cet égard.



Un exercice d’équilibriste rondement mené à la lisière entre polar et roman historique. Fascinant.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Bernie Gunther, tome 8 : Prague Fatale

Quel pur moment de bonheur ! Et doublement : un de mes enquêteurs (fictifs) préférés et une des plus belles villes au monde réunis dans un seul et même livre : Prague fatale. Bon, l’intrigue, comme beaucoup d’autres de cette série culte commence à Berlin. Là, en 1941, Bernie Gunther travaille à nouveau à la Kriminal Polizei et enquête sur la mort suspecte d’un employé des chemins de fer. Ses déambulations dans la capitale allemande qui commence à ressentir les conséquences de la guerre (les Juifs à qui on oblige de porter l’étoile jaune, les denrées qui deviennent difficiles à obtenir) lui font croiser la route de la jolie Arianne Tauber et d’un voleur à l’identité incertaine. Mais voilà qu’il doit plaquer tout cela : le général Heydrich le convoque à Prague, où il a récemment été nommé Reichprotektor.



Ici, je dois signaler le talent de l’auteur, Philip Kerr. Tout comme avec Berlin, il réussit à dépeindre merveilleusement bien la ville de Prague. Pourtant, il ne se lance pas dans plein de descriptions, non. Des petites phrases, à droites et à gauches, signalant quelques monuments ou édifices importants, mais surtout l’atmoshpère que la ville dégage. Gothique, sombre, oppressante. Dangereuse. L’endroit tout désigné pour des crimes et des catastrophes.



Pour revenir à l’intrigue, Heydrich convie à Gunther une mission un peu vague puis l’invite à une soirée qu’il organise pour célébrer sa nomination, dans un château en banlieue. Là, les oreilles de l’enquêteur sont tout ouïe, comme à l’habitude. Et cela s’avérera utile quand un des assistants du général est retrouvé mort dans sa chambre… dont la porte est verrouillée à clé et la fenêtre fermée de l’intérieur. Mystère en chambre close. De plus, parmi la trentaine de suspects, on retrouve plusieurs haut gradés de l’armée allemande, dont la plupart sont membres du parti nazi. En d’autres mots, des individus à l’aspect sévère, à l’esprit obtus et capable de crimes de masse, et qu’il faut prendre avec des pincettes. Seulement, voilà, Gunther n’est pas très doué à ce genre de jeu. Avec son franc parler légendaire et ses convictions et positions allant à l’encontre de la politique nazie, il s’est attiré des ennuis plus d’une fois. Si cette aventure ne semble pas trop périlleuse pour l’enquêteur – d’autres tomes auront fait frémir de peur ses lecteurs, et craindre pour sa vie –, au moins, son audace et ses commentaires sauront les faire sourire. C’est toujours bien rigolo de voir des nazis convaincus se faire malmener par un bonhomme presque insignifiant (à leurs yeux).



Ainsi, pendant une grande partie du roman, on se trouve plongé dans un « whodunit ». D’ailleurs, quelques références à Agatha Christie sont glissées ici et là. Elles pourraient même aider à démêler cette histoire… Dans tous les cas, un habitué de la série culte comprend assez vite que Prague fatale ne peut être que d’un simple roman policier, qu’il s’y mêlera des éléments du roman d’espionnage, l’intrigue ne peut que prendre des proportions inégalées. De plus, rien de ce qui s’est passé au début du roman, pourtant bien loin de la capitale tchèque, n’est à négliger. Philip Kerr est vraiment passé maître dans l’art d’entremêler les filons d’une histoire.
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Bernie Gunther, tome 9 : Les ombres de Katyn

À chaque nouvelle lecture des aventures de Bernie Gunther, je suis épaté de constater à quel point son créateur parvient à se renouveler. Aucune des enquêtes de l'ancien flic de la Kriminal Polizei ne ressemble à la précédente. Il faut dire que Philip Kerr fait beaucoup voyager son protagoniste et il lui fait porter de nombreux chapeaux. Cette fois-ci, après des démêlés sur le front est, il travaille au Bureau des crimes de guerres. En 1943, la guerre ne semble pas déboucher en faveur des Allemands, la capitale est régulièrement la cible des avions anglais (d'ailleurs, dès le début, Gunther est rescapé d'un immeuble soufflé), les denrées se font rares et l'on entend des rumeurs inquiétantes sur la contre-attaque russe malgré la propagande nazie qui continue à faire miroiter une victoire décisive.



Les ombres de Katyn s'ouvrent sur ces prémisses mais il faut attendre un bon moment avant que l'action s'enclenche. Gunther reste insensible à la propagande, lucide comme toujours. Il essaie de faire le peu qui est en son pouvoir, comme aider une famille juive. Aussi, il est mêlé indirectement à un complot contre Adolf Hitler. Évidemment, ces événements ne sont pas anodins, ils auront leur rôle à jouer dans le reste de l'intrigue. Et quelle est-elle ? Les Allemands découvrent un charnier dans la Russie occupée, près de Smolensk ; des milliers d'officiers polonais y auraient été assassinés puis empilés dans des fosses communes. Cette information, si elle s'avère, pourrait semer le doute et la zizanie entre les alliés. Après tout, le régime nazi ne se présentait-il pas comme le défenseur de l'Europe contre les soviétiques barbares et dangereux ? Cette fosse pourrait faire tourner l'opinion internationale en leur faveur. Évidemment, aucun des dirigeants n'est sensible à l'ironie qu'eux-mêmes massacrent autant de juifs. Ironie que Bernie Gunther se fera un plaisir de rappeler à quelques uns d'entre eux.



Évidemment, ce Gunther est une des raisons pour lesquelles chaque tome de cette série culte trouve sa place parmi mes lectures préférées. Son franc-parler, son sens de l'honneur et de la droiture, du travail bien fait… toute sa personne en fait un héros malgré lui, même s'il serait en désaccord avec ce qualificatif. Après avoir été policier, détective privé, commissaire, absorbé par la SS, espion, cette nouvelle fonction au Bureau des crimes de guerre lui convient tout à fait. Rien de tel pour quelqu'un constamment poursuivi par les ennuis. Après tout, on est en zone occupée, on doute de l'honnêteté de quelques Russes qui semblent collaborer, des agents du NKVD rôdent encore dans les environs, sans oublier les rivalités entre les officiers allemands… Par moment, ce roman ressemble à un thriller. Et des ennuis, il y en a beaucoup à Katyn, dont quelques meurtres qui viendront brouiller les cartes et que Gunther devra démêler.



Ce roman propose donc une aventure originale, ancrée dans l'histoire, la vraie. le massacre de Katyn a bel et bien eu lieu, les Russes y ayant assassiné 4000 officiers Polonais (et davantage ailleurs). Philip Kerr continue à nous tenir informés via des intrigues finement entremêlées. Il sait aussi installer une atmosphère. le château de Katyn, confortable, la forêt qui l'entoure, mystérieuse, marécageuse, qui se transforme en bourbier au fur et à mesure que le printemps progresse et que les moustiques viennent déranger le travail des enquêteurs. La ville tout près, remplie de Russes dont on se méfie à chaque instant mais dont on a besoin. Ceci dit, plusieurs sont sympathiques, comme ce bon vieux docteur Batov. Aussi, il y a la base allemande et tous ces officiers, dont un bon nombre sont issus de l'aristocratie allemande. C'est fou comment beaucoup sont liés entre eux, à différents degré – presque consanguins –, sont les descendants d'untel ou de tel autre. C'est comme une petite clique à l'intérieur d'une grande clique, et qui fonctionne selon ses codes, ses valeurs… du moins, la plupart du temps.



Bref, un roman fascinant ! Avec ses 661 pages (en format de poche), il peut paraitre imposant mais je ne me suis jamais ennuyé pendant ma lecture.
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Bernie Gunther, tome 3 : Un requiem allemand

Un formidable troisième opus qui vient clore cette «trilogie berlinoise».

Nous sommes à Berlin, puis Vienne en 1948. Les Alliés se partagent la gouvernance de feu «le troisième Reich». Les Allemands souffrent de la faim et des mauvaises conditions de logement. Les nazis tentent d'échapper à de justes représailles. C'est dans ce contexte chaotique que «bernie» Gunther tente d'établir l'innocence d'un prisonnier «nazis et criminel de Guerre» pour le meurtre d'un Américain.



Une histoire plus complexe à saisir que dans les deux premiers tomes de cette trilogie, car nous sommes au début de ce que l'on va appeler la Guerre Froide. Un monde d'espions, de services secrets et de manipulations en tous genres où l'auteur nous dévoile peu à peu les jeux de pouvoir et des revirements d'alliances qui se mettent peu à peu en place.



C'est un livre magnifique car petit à petit on comprend que les causes de la Seconde Guerre mondiale n'ont pas disparu avec la fin des combats mais sont toujours là enfouie prêtes à ressurgir et l'auteur en mettant en perspective l'actualité et notre monde moderne nous livre son récit le plus sombre des trois romans composant sa trilogie.

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Bernie Gunther, tome 7 : Vert-de-gris

Pas un polar, ni même vraiment un thriller, une sorte de roman d'espionnage historique.



Réfugié à Cuba, Bernie Gunther tombe aux mains des Américains, puis des Français puis des Russes. Pour ses geôliers, il brode tour à tour différentes versions de sa biographie. Pas toujours aisé à suivre donc, pas facile de démêler les fils et de saisir ce qui se passe. Il vaut peut-être mieux avoir lu les précédents ouvrages de Kerr et s'être déjà attaché à son personnage pour apprécier.



Pour ma part, j'aime bien les récits de Philip Kerr car ils aident à comprendre d'autres facettes de l'histoire, à connaître des événements dont on entend moins souvent parler. Dans ce cas-ci, il s'agit des années cinquante : le retour des Allemands emprisonnés en Union soviétique, les procès des crimes de guerre, les tensions de la Guerre froide, le Berlin d'avant le mur, etc.



En filigrane, on y trouve aussi des sentiments moins glorieux et moins faciles à accepter : les Allemands, même non nazis, très contents d'occuper la France en 1940 et de prendre ainsi une revanche sur la débâcle de la Première Guerre mondiale. On peut également réfléchir à la difficulté pour ces Allemands des années 50 de dépasser l'amertume envers les vainqueurs, ceux qui ont détruit et humilié leur pays. Comment se réconcilier avec ceux qui ont bombardé leurs villes ? Comment recréer des liens normaux avec les peuples qui les haïssent et considèrent comme des monstres ? N'est-il pas injuste d'être les seuls méchants alors que de nombreux autres Européens étaient aussi nazis, que les camps du régime soviétique ont fait autant de victimes et que l'industrie américaine a grandement profité de la guerre ?



La Seconde Guerre mondiale est loin, mais les problèmes de conflits et de nécessaires réconciliations sont malheureusement toujours d'actualité !

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La trilogie berlinoise

Philip Kerr est un écrivain britannique, né en 1956, décédé en 2018. Après quelques expériences de jeunesse en tant que rédacteur publicitaire et journaliste, l’écriture de la Trilogie berlinoise, publiée en trois livres, entre 1989 et 1991, le propulse dans une carrière d’auteur prolifique de romans policiers.



La Trilogie berlinoise est composée de trois romans que l’on peut qualifier à la fois de policiers et d’historiques : L’été de cristal, La pâle figure, Un requiem allemand. Le cœur des actions se situe à Berlin en trois années différentes, 1936, 1938 et 1947. Quelques personnages sont récurrents — dont bien sûr le narrateur, Bernie Gunther ; j’y reviendrai —, mais l’ensemble ne constitue pas une série. Les trois romans sont indépendants et pourraient être lus séparément. Ce serait toutefois dommage, car les évènements qui servent de cadre aux intrigues montrent l’Allemagne nazie et sa capitale dans des années qui font sens, celles qui précèdent et celles qui suivent la Seconde Guerre mondiale.



Dans L’été de cristal, Berlin vient d’être embellie pour accueillir les Jeux olympiques. Il faut montrer la capitale du Troisième Reich sous son meilleur jour. La police a même pour ordre de suspendre provisoirement les persécutions des Juifs ; du moins celles qui se voient ! On constate que le régime nazi s’impose peu à peu dans toute la population. La majorité silencieuse comprend qu’il est désormais trop tard pour s’exprimer. Carriérisme et ambition rallient les sceptiques. Au grand dam d’Himmler et de Heydrich, vénalité et corruption sont monnaie courante, comme le prouve une enquête sur un meurtre lié à la disparition d’un collier de grande valeur et de papiers compromettants pour Goering.



Deux ans plus tard, Hitler se prépare à annexer la région des Sudètes. Aucun Allemand ne doute de sa volonté de déclencher la guerre en Europe. La plupart ont adhéré à sa détermination d’éliminer les Juifs. Dans La pâle figure, des ultras semblent même trouver que les choses ne vont pas assez vite. D’étranges meurtres rituels de jeunes filles vierges sont imputés aux Juifs, ce qui pourrait provoquer une série de pogromes spontanés. Pas sûr que cela entre dans les plans de Heydrich, qui a déjà en tête les grandes lignes d’une Solution finale « proprement » organisée. Une enquête est diligentée.



1947. Cela fait deux ans que le Reich nazi a capitulé ; Un requiem allemand ! Berlin est un champ de ruines occupé par les armées alliées victorieuses, encerclé par les Soviétiques. La population est affamée. S’efforçant d’échapper aux soudards russes, les femmes mendient de l’aide alimentaire et sanitaire en se prostituant auprès des soldats américains. Ce n’est plus là, mais à Vienne, où la ville est intacte, que les vainqueurs gèrent désormais les affaires du Reich déchu. Les criminels de guerre sont activement recherchés par les polices secrètes alliées, en concurrence pour les juger, les exécuter… ou les recruter. Dans ce contexte opaque et malsain, plusieurs meurtres sont à élucider…



Personnage principal créé par l’auteur, Bernie Gunther s’était installé comme détective privé en 1933, après avoir démissionné de la police criminelle, détournée de sa vocation par les nazis. Mobilisé pendant la guerre dans les Einsatzgruppen, il se fait expédier sur le front russe pour ne pas avoir à participer à la Shoah par balles. Prisonnier en URSS, il s’évade. Il n’est pas un héros, juste un homme cherchant à survivre dans un système oppressant, tout en gardant un peu de respect pour lui-même.



Pour son profil de « privé » et son style de narrateur, l’auteur s’est inspiré des polars américains des années soixante. Bernie Gunther est un enquêteur plutôt futé, clairvoyant, et cela ne l’empêche pas de se faire souvent piéger et tabasser. Mais il est résilient et n’hésite pas à se servir de son flingue. C’est un grand amateur et consommateur de cigarettes, d’alcool et de jolies femmes. Dans ses réparties et ses commentaires, il fait preuve d’un humour noir macho, un peu beauf, qui nous aurait fait sourire autrefois. Il s’exprime sans artifices, décrit ce qu’il voit avec une précision souvent excessive, à l’exception d’une période de captivité au camp de concentration de Dachau, qu’il relate avec sensibilité.



La documentation historique rend la lecture intéressante, surtout dans le troisième roman, Un requiem allemand. Malgré quelques longueurs, le grand nombre de personnages et une certaine platitude, on suit agréablement les intrigues policières, où l’auteur a introduit avec finesse des figures réelles.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Bernie Gunther, tome 8 : Prague Fatale

Juin1941: opération Barbarossa: le troisième Reich envahit la Russie: avancée foudroyante, en trois mois les allemands ont avancés de 1500 km , ils ont pris kiev et encerclent leningrad.

Derrière le front, les "Eintzagruppen" ( police militaire ss) sont chargés d'éliminer tout reste de résistance: partisans, polonais, ukrainiens et surtout les juifs, femmes et enfants compris.



Bernie gunther , commissaire de la police criminelle à Berlin, est obligé d'y aller.

Il en revient, en octobre, complétement dégouté, honteux, déprimé, au bord du suicide, encore plus anti nazi qu'avant

Et puis, la routine reprend ses droits, il retrouve son poste et doit enqueter sur deux meurtres étranges, et il rencontre une jolie femme .... Et la vie reprend son cours.

Jusqu'au jour où le général Heydrich, ami intime d'Hitler, et nouvellement promu "Protektor de la Boheme Moravie" invite (ordonne) gunther à passer un week end à Prague avec la"crème" nazie de l'époque

A peine arrivé, un ss se fait assasiné .



Jubilatoire , jouissif, corrosif, " la vie est belle" passée au tamis de l'humour noir anglais. Un meurtre en chambre close, un espion à trouver,

une femme à sauver, tout ça au milieu d'une bande de nazis tous aussi pourris: comment ne pas se renier une fois de plus tout en restant en vie, tel est léquation de notre ami Gunther.



Intrigue palpitante, recherche historique méticuleuse, humour, émotion, action trés subtilement mélangés



Un super roman historique !



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Research

Evoquer Philip Kerr au passé est encore un exercice difficile.



Il m'en reste encore quelques romans à lire et à chaque fois que je me décide d'en découvrir un, je me rapproche du moment inéluctable où je les aurai tous lus et qu'il n'y en aura pas d'autres 



Les grands auteurs comme tous les grands artistes nous laissent en héritage des parties d'eux-mêmes, qui les survivent et qui continuent à provoquer des émotions.



Philip Kerr m'impressionne toujours par sa maîtrise des codes et par son érudition sur tous les sujets qu'il décide d'aborder.



Research est magistralement orchestré. le second degré, l'humour tellement british et l'intelligence de l'auteur britannique rayonnent dans ce roman qui rend hommage aux grands maîtres du roman policier.

Le thème du crime parfait, largement exploité, prend ici une seconde dimension, porté par des références à des auteurs à des oeuvres culte du genre.



L'ex rédacteur publicitaire puise dans son expérience et explore avec pertinence les affres qui traversent les auteurs lors de l'écriture de leurs ouvrages, ainsi que le monde impitoyable de l'édition.



Le travail de recherche est certainement la clé de voûte d'un roman réussi.

La trame doit tenir la route bien évidemment et être semée d'embûches, de trahisons, de manipulations, de faux-semblables, de twists, mais surtout de personnages attachants et bien construits.



Philip Kerr cherche toujours sinon à expliquer au moins à justifier le comportement de ses personnages en travaillant sur leur cheminement personnel en créant une belle connivence avec le lecteur qui se retrouve empêtré face aux sentiments qu'il éprouve, navigant entre empathie, haine, stupeur, surprise et admiration par autant de maîtrise de la part d'un auteur qui ne laisse rien au hasard.



La série de romans avec Bernie Gunther est tout simplement magistrale, mais je dois remercier Philip Kerr d'avoir fait cet écart pour nous offrir Research.



Une lecture addictive qui ne se termine qu'au dernier mot lu.





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Bernie Gunther, tome 7 : Vert-de-gris

Après quelques années de pause, je me suis plongé à nouveau dans les aventures de Bernie Gunther. Et le plaisir est au rendez-vous. Incidemment, je me demande pourquoi j'ai tant tardé avant de m'y remettre. Vert-de-gris commence à Cuba, où Gunther se la coule douce. Malheureusement, il a le don de s'attirer les ennuis, ou bien les emmerdes lui courent après. Dans tous les cas, le voici arrêté par la CIA qui le ramène en Allemagne – alors que les crimes de guerre contre les nazis continuent – où on l'interroge sans relâche pour lui soutirer toutes sortes d'informations, à commencer sur Erich Mielke. C'est l'occasion pour Gunther de remonter le fil de ses souvenirs, alors qu'il était flic à Berlin. Donc, on alterne entre 1954 et 1931, puis 1940 ainsi que 1945-46. J'aime bien ces voyages dans le temps, voir la capitale allemande pendant la montée du nazisme, Paris pendant l'occupation, les camps de travail soviétiques, etc. C'est assez réussi, la description précise des lieux et de l'atmosphère permet de bien visualiser le tout, de croire qu'on y est. Coup de chapeau à l'auteur Philip Kerr pour la rigueur de ses recherches. Aussi, le mélange entre roman historique, roman d'espionnage et roman policier est très bien dosé. Kerr maitrise tous ces genres en créant une aventure originale, riche et intéressante. Par moment, ça pouvait donner l'impression de s'étirer en longueur et d'aller dans toutes les directions mais le lecteur averti saura que, plus on avance, plus on se rend compte que tout est bien ficelé. La finale, où tout le monde trompe tout le monde, est un vrai pied de nez aux organisations gouvernementales. Je me permets une petite parenthèse : j'ai trouvé surprenant mais éclairant l'opinion que les Allemands et les Américains se faisaient de la collaboration française et du fascisme dans l'Hexagone pendant la guerre, qui diverge beaucoup de l'idée de la résistance glorieuse qu'on nous ressasse éternellement – pas que je veuille diminuer le courage de ceux qui se sont battus pour contribuer à la libération.

Trilogie berlinoise et les tomes suivants sont devenus une série culte et, outre l'excellence de la reconstitution de cette époque troublée, le personnage de Bernie Gunther y est pour beaucoup. Social-démocrate convaincu, bourru mais diablement efficace et foncièrement honnête, il n'a pas la langue dans sa poche, lui causant parfois quelques difficultés. Il hait les nazis mais se voit contraint de travailler avec/pour eux en de maintes occasions – ce n'est pas comme si on avait le choix si on tenait à sa peau. C'est qu'il est un devenu en expert dans l'art de survivre. Gunther est un personnage avec beaucoup de profondeur (et d'humour, j'adore son sarcasme) qu'il me plait de retrouver. On y voit un homme qui a connu les horreurs de la guerre et un pan des exécutions de masse et il ne le souhaite à personne, pas même aux communistes, que pourtant il ne porte pas dans son coeur. Bref, il est humain. On aurait pu croire que la fin de la guerre et la chute du régime nazi lui aurait permis de se retirer mais non : la guerre froide contre communiste ne fait que commencer et cet homme aux multiples talents sera se rendre utile, même malgré lui… J'ai hâte de lire la suite de ses aventures.
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Bernie Gunther, tome 4 : La mort, entre aut..

Allemagne, 1949. Ex-policier, ex-détective privé, ex-berlinois, Bernie Gunther est désormais hôtelier dans la région de Munich. Malheureusement, les affaires vont mal. Malgré son allure pimpante, l'hôtel hérité de son beau-père souffre d'une vue imprenable sur le camp de Dachau qui décourage les éventuels touristes. L'échec flagrant de sa nouvelle vocation ainsi que la maladie de sa femme qui se meurt doucement dans un hôpital de la capitale bavaroise le poussent à reprendre son activité de détective. Et c'est dans son nouveau bureau munichois que vient le voir la belle Frau Warzok à la recherche de son nazi de mari qu'elle espère mort afin de pouvoir à nouveau convoler devant l'église catholique. Subjugué par la dame, Bernie se jette dans une dangereuse enquête, les nazis encore en liberté se montrant plutôt discrets. Mais le détective jusqu'auboutiste ne se laisse pas impressionner et s'obstine malgré les mises en garde. Dans une Allemagne qui se reconstruit sur les ruines du nazisme, Bernie Gunther nage en eaux troubles, poursuivi par son propre passé, lui qui a officié au sein des SS.



Où l'on retrouve Bernie Gunther qui a survécu au nazisme et à la guerre mais pourrait très bien succomber au climat délétère de l'après-guerre. Déprimé, dépassé, berné, Bernie rencontre d'anciens nazis bien décidés à échapper à la justice, des agents de la CIA corrompus, des chasseurs de nazis israëliens, des prêtres à la tête de la filière argentine et, bien sûr, une femme fatale. Victime d'une terrible manipulation, le détective n'en mène pas large et il lui faudra toucher le fond, frôler la mort, pour redevenir l'homme lucide qu'il s'est toujours efforcé d'être.

Encore plus réussi, si c'est possible, que ces trois prédécesseurs, cette Mort, entre autres est un savant mélange entre fiction et faits historiques, personnages inventés et réels, état des lieux de l'Allemagne occupée et de la dénazification et intrigue machiavélique. C'est avec plaisir qu'on retrouvera Bernie Gunther dans ses prochaines aventures, sous d'autres cieux, plus cléments peut-être...
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Bernie Gunther, tome 7 : Vert-de-gris

La perspective d’espionner son employeur pour le compte d’un flic cubain ne lui souriant guère, Bernie Gunther décide de mettre les voiles vers Haïti. Grave erreur ! Il est intercepté par la CIA, envoyé à New York puis Berlin. La guerre est finie depuis maintenant neuf ans mais Bernie est toujours un nazi recherché pour crimes de guerre. Les Américains sont prêts à composer avec ce fait, à condition qu’il les aide à mettre la main sur Erich Mielke, le numéro deux de la Stasi. Et ils ne sont pas les seuls à voir en lui une source d’informations de premier ordre. Les services secrets français aimeraient eux aussi profiter de certains renseignements. Interrogés, menacés, manipulés, Bernie parle, se raconte et raconte son pays, la guerre, les SS, ses liens avec Heydrich, les camps de prisonniers en URSS, sa rencontre avec Mielke. Rattrapé par son passé, le flic berlinois ne dit pas tout ; le but étant de sauver sa peau sans se renier.



Ce septième opus des aventures de Bernie Gunther nous fait voyager dans le temps (1954/1931/1940/1945/1946) et dans l’espace (Cuba, Etats-Unis, Allemagne, France, URSS).

On y retrouve l’ex-flic berlinois en mauvaise posture (comme souvent), considéré par les Alliés comme un criminel de guerre. Une situation peu enviable qui permet à Philip Kerr de démontrer l’hypocrisie de ces mêmes Alliés, prêts à tous les compromis pour quelques informations. En 1954, les Allemands sont certes toujours considérés comme des monstres, mais le nouvel ennemi se situe à l’Est. Alors on peut libérer un nazi sans sourciller s’il a des renseignements sur les intentions des soviétiques.

L’Allemagne est exsangue, Berlin occupé, les prisonniers de guerre rentrent au pays en héros et Bernie reste fidèle à lui-même…loyal, méfiant, cynique. On en apprend davantage sur ses activités durant la guerre, son passage sur le front de l’Est, ses remords d’avoir fait exécuter des communistes, son refus de tuer des juifs.

Encore une fois, Philip Kerr nous offre une formidable leçon d’Histoire, sans manichéisme, nous donnant à voir, aussi bien les souffrances des Allemands que la collaboration active des Français…

Un tome sombre et passionnant.

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Bernie Gunther, un privé chez les nazis...

"Je ne suis pas un nazi. Je suis un Allemand. Ce n'est pas la même chose. Un Allemand est un homme qui arrive à surmonter ses pires préjugés. Un nazi, quelqu'un qui les change en lois" On m'a viré de la Kripo en 1934, et comme il faut bien vivre, je me suis retrouvé déguisé en privé dans l'établissement le plus select de Berlin :

Hôtel Savoy
Hôtel Berlin
Hôtel Regent
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Hôtel Otto

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