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Critiques de Philippe Sollers (181)
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Le Nouveau

Le Nouveau, titre du dernier roman de Philippe Sollers, est en fait le nom du trois-mâts qu'il dit avoir hérité de son arrière-grand-père, Henri, grand navigateur marié à une Irlandaise, Edna.

C'est aussi le nom de la barque qui servait à son grand-père, Louis, l'escrimeur, pour rejoindre le voilier. Elle était son annexe. Barque dans laquelle l'auteur dit « J'ai beaucoup ramé autrefois, bien après que le bateau eut été vendu. »

Enfin, il y a Louis, le père de Lena, magicienne, mère du narrateur. Les personnages de ce roman sont donc les ascendants du narrateur.

Cette histoire familiale va s'élargir à l'Histoire avec un grand H et tous ces personnages ont un invité permanent : William Shakespeare, à qui se joignent Gide, Pascal, Proust, Joyce, Heidegger…

C'est un roman entre généalogie familiale et retour sur l'Histoire où sont évoqués la littérature, l'amour, dieu, la sexualité, le mariage, la traduction, la haine, souvent avec humour.

Un livre érudit.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Légende

Philippe Sollers est une de ces grandes figures de la littérature qui m'a porté vers celle-ci, sans pourtant que jamais je n'ouvre un de ses livres.

C'est qu'à l'heure de mon apprentissage du métier de lecteur, il était de ceux que j'aimais écouter à longueur d'Apostrophes, sans bien toujours saisir d'ailleurs ni le contexte, ni les nuances de ces passionnantes conversations.

Croisé par hasard chez mon libraire, "Légende" s'est donc imposé à mon esprit comme une évidence.

Annoncé comme un roman sur sa couverture, "Légende" ne l'est pas, ou peu, malgré un fil conducteur porté par le souvenir d'un amour de jeunesse.

Ce livre, assez court, est plutôt un billet d'humeur bondissant où la philosophie japonaise du XIIIème siècle voisine avec le fait divers sordide d'aujourd'hui, où le proverbe chinois côtoie Victor Hugo.

Il y a le talent dans la plume.

Il y a la culture qui dégouline du propos, pas toujours à bon escient, ni bien amenée d'ailleurs dans celui-ci.

Mais enfin tout cela pour ça !

Une bibliographie impressionnante, une vie vouée à la réflexion pour en arriver à ce petit bouquin un peu vain.

Daphné aurait dû se méfier du temps passé et ne pas ouvrir ce livre tant il est plein de verbiage idéologique.

Cet ouvrage aurait pu s'intituler "fragments chaotiques et décadents d'un monde en paradoxe".

Car l'auteur y affiche une certaine décadence, mondaine et sûre d'elle, il faut dire ; un certain cynisme et quelques petites obsessions aussi.

Un petit passage du livre, quelques pages de celui-ci m'ont sorti de l'ennui de ma lecture : celles consacrées à Victor Hugo, qui échappent à la médiocrité du reste du livre.

Car le style ici tente de masquer la pauvreté du fond.

Et, pour y parvenir la plume emprunte des méandres tortueux et des circonvolutions un peu floues.

Ce livre est finalement très égocentré sur un complexe de mâle dominant et un mysticisme torturé.

Au final, Philippe Sollers nous fait un leg, celui d'un dieu mort et d'une vieille littérature destituée.

Merci d'avance !

Et, comme il le propose en dernière ligne puisque les masques sont tombés : à vous de juger.

Me concernant, c'est chose faite ...

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Une vie divine

Sollers raconte la vie de Nietzche mais non pas comme une énième biographie, ce serait sous-estimer l’auteur, plutôt à sa façon, comme la perception qu’il a de l’homme génial et torturé à travers son œuvre. Il le pose en divinité grecque, Dionysos, Dieu de la vigne, du vin, de la fête et de ses excès. C’est une boutade quand on connaît la vie du philosophe et compositeur, fils et petit-fils de pasteur luthérien, éternel célibataire qui décèdera paradoxalement de la syphilis. Mais c’est aussi l’occasion pour Sollers de se raconter…

Le narrateur rencontre « Ludi » la brune, la diabolique, en fait Ludivine mais elle abhorre qu’on la nomme ainsi, dans un bistrot où elle piaille avec trois copines. Elle est vendeuse dans une boutique de mode du VIIIe, la trentaine à la recherche d’aventures.

Il y a aussi Nelly, la blonde, la fausse angélique, qui s’est fait de la philosophie une religion et qui lui ouvre certaines portes du plaisir charnel jusqu’alors ignorées…

Il y a un rythme soutenu dans la narration par l’accumulation de mots ou d’expressions, comme une énurésie verbale ou une écriture automatique adroitement maitrisée. L’auteur emporte son lecteur dans le torrent agité et les remous tumultueux de ses divagations. Pas un instant de répit, pas de place pour s’assoupir pour une halte salvatrice.

Liste de mots, adjectifs, qualificatifs décrivent la polychromie d’une situation, d’un état.

« Une vie divine » est une œuvre atypique, surréaliste, onirique, où il fait bon se laisser porter par les extravagances, les excès, la malice de Sollers. Comme une promenade dans le monde merveilleux d’Alice avec tout le savoir et l’immense érudition de l’auteur.

P.S. : « Garez vos culs, les anges, Sollers arrive ! »

Editions Gallimard, coll. Blanche, 525 pages.

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Légende

Ouvrage difficile à commenter. Je ne connais pas l’œuvre littéraire de M. Sollers et ne sais pas non plus si c’est un dandy rive droite ou rive gauche, étant étranger à cette métropole. D’après les définitions qu’il en donne dans ce livre, il cumule les deux.

On assiste à une réflexion assez nostalgique sur l’état de la pensée contemporaine, essentiellement axée sur le sexe, mais parlant de la place de l’être humain dans notre représentation moderne de la société, comme le montre cette citation prise au hasard mais représentative de la « nouvelle prière des filles conçues artificiellement par amour » :

« Je te salue, mère no 1, et toi aussi, mère no 2 ! Vous êtes restées pures de tout contact physique avec le violeur millénaire ! Que vos ovocytes soient sanctifiés ! Que le temps des Mères sans Nom s’accomplisse ! Au nom des Mères, des Filles et du Corps Médical, Amen ! »

ou bien un peu plus loin :

« La nouvelle Trinité s’appelle Liberté, Égalité, Fraternité, à quoi il faut ajouter Maternité, Sororité, LGBTITÉ, PMA, GPA, Mariage pour tous et toutes »

Il semble s’interroger sur les nouveaux paradigmes de notre société occidentale déchristianisée, convoquant pour cela nombre de penseurs, artistes et écrivains : Céline, Mallarmé, Manet et bien d’autres. Pour commenter l’effondrement, c’est Nietzsche bien sûr qui dès 1885 décrivait le « grand homme » ainsi :

« Il aime mieux mentir que dire la vérité, il en coûte plus d’esprit et de volonté. Il porte en lui une solitude inaccessible à la louange et au blâme, une juridiction qui lui est propre et ne reconnaît aucune instance au-dessus d’elle. »

Car finalement, c’est de cela dont il s’agit, et en cela il fait penser à quelques philosophes médiatiques qui ont proclamé la fin de la civilisation occidentale. Sans acrimonie, sans haine, avec une forme de contemplation liée à l’âge et à l’absence de besoin matériel.

La nouvelle civilisation qui vient est ce que nous en faisons, ou plutôt ce que nous en disons.
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Femmes

Chef d'oeuvre intemporel… un « Joyaux »… « Femmes » traverse les époques sans prendre une ride.

L'histoire ? le narrateur, un journaliste, écrivain américain voyage entre Paris et New-York et livre sa pensée sur la société, ses maux et sur ses rencontres. Il est le fil rouge de ce roman.

La lecture peut sembler ardue, le propos de l'auteur incompréhensible. Pour qui ne s'est jamais frotté à une oeuvre calée, s'échouera sur le récif de son hermétisme. « Femmes » est l'Odyssée de Sollers. Il faut se laisser porter par les eaux agitées de la narration, par la pensée de l'auteur, légère et agile comme le battement des ailes d'un papillon.

Les mots sont séduisants et nous enchantent. Ils ne sont pas noyés dans le dédale de phrases alambiquées. On devine l'influence du peintre Picasso pour qui l'auteur a une grande admiration, la sobriété des lignes épurées propres au cubisme. Ils frappent notre esprit et l'éclairent de mille nuances. La prose de Sollers a le pouvoir hypnotique de nous emporter dans son monde onirique. C'est du baroque. A l'opposé d'une promenade de santé, par ses phrases courtes, réduites parfois à un mot essentiel, il nous rudoie, nous empêche de nous endormir sur la certitude que nous maîtrisons tous les tenants et les aboutissants de son propos. Sollers n'est jamais là où on l'attend…

Rafales de mots, cacophonie ? Non, symphonie ! « C'est écrit à l'oreille. » La composition est parfaite pour qui a l'oreille absolue.

Impossible de tout expliquer car « Femmes » est un balcon sur l'incommensurable, la fabrique divine de la Vie et de la Mort : la Femme.

Il prend le sac de la vie, le secoue, le malaxe et le renverse sur la table du monde sous nos yeux ébahis. Salmigondis de vies, de morts, d'hommes et de femmes, de sexe et de religion…

Cyd, Louise, Kate, Flora, Esther, Ysia, Edith, Bernadette, Deborah, Diane… Toutes sont les étoiles de la constellation Sollers, les éléments de son tableau de Mendeleïev (comme il le dit lui-même lors d'un entretien sur France culture).

Il écrit : « le monde appartient aux femmes. C'est-à-dire à la mort. » Elles enfantent, donne la vie mais aussi la mort, comme une bombe à retardement, offrande piégée. le diable se cache dans le détail.

Ce n'est pas un texte écrit contre les femmes, Sollers est contre, tout contre chacune d'entre elles, c'est un pamphlet contre le féminisme totalitaire. La « femme » de Sollers n'est pas une femme-objet. Elle a sa pleine indépendance et jouit d'un pouvoir parfois bien supérieur à celui du narrateur. Elle est autonome. Elle assume ses choix et sa sexualité. Vade retro Rousseau and Co.

Le sexe n'est pas pornographique. Il est ce qu'il est, un outil de communication intersexes, une arme qui provoque la petite mort, un objet d'asservissement, la drogue ultime. Il surgit le plus naturellement dans le récit car il n'y a pas mille manières de nommer les choses, sans vulgarité, avec une sauvagerie domestiquée. Il a le parfum de la transgression.

La religion émaille le récit du narrateur. Il écrit : « Il faudrait que l'Eglise catholique, apostolique, romaine, issue de l'Evangile et de Pierre, approuve le tripotage génital de l'humanité… Alors qu'elle a pour principe d'en marquer les limites… Comme si l'essentiel était là !... Comme si la sexualité n'était pas une infirmité !... Lourde ou légère, ça dépend des dons… Qu'on y soit soumis, soit. Qu'on se débrouille comme on peut avec, soit encore. Mais en faire une valeur ! Et demander en plus à l'instance de l'au-delà de légitimer cette erreur !... de plus en plus curieux… »

S'en sert il comme d'un passeport pour violer les frontières de la moralité ? c'est comme mettre une carafe d'eau sur une table d'ivrognes, personne ne la boira mais elle a le mérite d'être là, comme un alibi.

Sollers reconnait s'être inspiré du style de Céline lors de la rédaction de son manuscrit. Il rend aussi hommage à Faulkner, Proust, Flaubert ou au génial Burroughs, au trublion Bukowsky et à Sade bien sûr.

Ce qui charme dans ce roman, c'est la fantaisie de l'auteur, son humour fin et incisif, et l'abondance des idées, son inépuisable érudition. C'est jubilatoire !

Alors… ne pas résister… se laisser aller, porter, emporter… puis sombrer…

Editions Gallimard, Folio, 667 pages.

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Dictionnaire amoureux de Venise

Décès de Philippe Sollers ce 5 mai 2023

Cet homme m’a toujours fasciné, et par fasciné j’entends cette drôle d’impression que l’on ressent dans la confusion de nos sentiments.

J’ai ressortie de ma bibliothèque son meilleur ouvrage, à mes yeux du moins, qu’est le « Dictionnaire amoureux de Venise ». A partir de ce livre j’ai regardé Sollers sous un autre angle, celui d’un humain qui savait regarder non seulement l’art et la beauté, mais aussi les humains qui l’entourent. Oui, dans cet ouvrage il y est arrivé et souvent bien mieux que dans ses romans. Habitants, touristes ou chrétiens venus se recueillir, tous ont été remarqués, admis et parfois même admirés.

Son immersion dans la ville il en a fait un cocktail culturel, certes incomplet du fait de la limite imposée par cette collection des dictionnaires amoureux chez Plon, mais qui m’aura suffisamment replongée dans l’art, dans l’architecture et dans l’histoire de cette ville pour que je m’achète, dans la foulée, plusieurs livres sur Venise.

Il balaie, sans donner l’impression de survoler, des sujets, des personnages et des lieux féériques.

Cette ville a pourtant, durant une longue période, profondément souffert de désamour. Fin XVIIe siècle ce fichu Bonaparte la vend aux autrichiens (une de ces histoires comme on en a beaucoup vu au travers d’autres dictateurs et d’autres villes sacrifiées).

Le XIXe siècle a ensuite était bien triste pour elle puisque tout était fait pour que Venise ne soit plus que vestiges, ruines et même symbole de la Mort.

A partir de 1900 tout a basculé. Des artistes, et pas des moindres (Monet, Manet ...) l’ont non seulement réhabilitée mais ils ont réussi à la remettre en lumière au travers de la musique, de la peinture, de l’écriture et de l’architecture.

Sollers nous reparle de son histoire et de son aura au travers des yeux de Monteverdi, Vivaldi, Wagner, Titien, Tintoret, Véronèse, Casanova, Aragon, Hemingway, Montaigne, Nietzsche mais aussi Rousseau, Shakespeare, Stendhal.

Il visite à sa manière la Mostra, la Giudecca, la Fenice, la Place Saint Marc, l’Arsenal, le Canal, le Guetto, les églises, les lions ou encore le carnaval. Il arrive à nous prouver à quel degré cette ville éclaire le présent par son indéniablement riche passé.

Philippe Sollers idolâtre cette ville et c’est cela qui rend l’oeuvre comme l’auteur, admirables.

Bref, la contagion a fonctionné pour moi.
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Beauté

C'est la première fois que je lis un ouvrage de Philippe Sollers, cet écrivain prolifique, intellectuel polyvalent, à la personnalité contestée. J'engage ma lecture avec une curiosité mêlée de perplexité.



Beauté n'est pas vraiment un roman. C'est un ensemble de courtes chroniques reliées par un fil conducteur : l'amour du narrateur pour Lisa, une jeune et talentueuse pianiste grecque donnant des récitals de par le monde.



Un amour qui sonne creux… En fait, un prétexte à la consécration de la beauté de la Grèce antique, de ses poètes, de ses philosophes. Revisitant les temples et leur statuaire, l'auteur en admire la beauté faite de simplicité et de justesse des proportions. Évidemment, il célèbre les dieux et les déesses. Comment lui, Philippe Sollers, pourrait-il passer sous silence ces virtuoses de l'art de la séduction et de la conquête amoureuse !



Ah, les désirs et les passions des dieux !... Tout cela est bien loin de l'amour du narrateur pour Lisa, cet engouement conceptuel, artificiel, désincarné, qui reflète la fascination de l'auteur pour la musique. Beauté des oeuvres pour piano de Bach, Mozart et Webern, dans l'interprétation sublime – forcément ! – de la jeune femme. En dépit du goût plutôt classique de l'auteur, c'est Webern et ses Variations pour piano qu'il choisit pour symboliser la perfection musicale… Je ne connaissais pas cette oeuvre, je l'ai écoutée. Son atonalité froide et sèche m'a pétrifié, à l'image de la relation de Lisa et du narrateur. Celui-ci n'éprouve pas tant de l'amour, qu'une sorte d'émerveillement à l'idée d'aimer une artiste prodige, portée aux nues par son public. Un archétype d'idéal féminin parmi d'autres…



Au fil des chapitres, l'auteur rend hommage aux poètes ayant puisé leur inspiration chez les Grecs classiques. Il s'émerveille de mille choses de la vie : les mots et les jeux qu'ils permettent ; Bordeaux, sa ville, et son histoire ; les papillons et les mathématiques ; les noms des constellations d'étoiles. Que sais-je encore ?... Tiens ! une brève évocation de la beauté explosive des derniers Picasso ; là, je soupçonne une solidarité provocatrice entre vieillards lubriques et heureux de l'être.



Sollers rend joliment hommage aux Impressionnistes. Je le cite : « Un jour, alors que personne ne s'y attend, une marée de beauté envahit l'espace. Des types bizarres, qu'on nomme vite impressionnistes, se mettent à célébrer la nature, l'existence, les pins, les peupliers, les roses, les coquelicots, les pivoines, les nymphéas, les déjeuners sur l'herbe, les femmes respirables et sans voiles, les enfants. On les couvre d'injures, ils persistent. Et puis ils disparaissent dans l'atmosphère, après avoir prouvé que les ombres ne sont pas noires mais bleues. La nature à rapidement révélé sa beauté. » Qu'en termes simples mais élégants, ces choses-là sont dites !



A quatre-vingts ans, Philippe Sollers porte sur le monde un regard critique narquois et pertinent, à peine désabusé par les dérives postmodernes stimulées par les smartphones ou les réseaux sociaux. C'est en revanche avec inquiétude qu'il trace le parcours de jeunes paumés sans foi ni conscience, qui se radicalisent tous seuls en quelques jours sur Internet et basculent dans le terrorisme, la négation de la beauté et sa destruction ; au nom du Coran, ce « disque de punition indéfiniment ressassé ».



L'écriture de Philippe Sollers est riche, raffinée, mélodieuse. Les textes sont émaillés de nombreuses citations. Certaines analyses interprétatives sont intéressantes, d'autres sont incompréhensibles – en tout cas pour moi !



Un ouvrage quelque peu narcissique, dans lequel l'auteur s'observe complaisamment exhiber sa vaste culture. Un narcissisme qui ne s'arrête pas là ; si vous cherchez sur Internet des commentaires sur Beauté, la plupart de ce que vous trouverez est de … Philippe Sollers soi-même.



La première fois, avais-je dit… Renouvellerai- je l'expérience ?... Hum !...


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Graal

Voilà un petit livre bien particulier : peu de pages mais alors très dense. Il nous parle d'abord de l'Atlantide, puis de ses descendants, les Atlantes, qui ont une prédisposition originale : ce sont des initiés, des élus presque, de ce que Sade appelait les délicatesses. Autrement dit des sacrés délurés du sexe, sans trop de limites. Et pour preuve, il nous raconte son initiation avec sa... tante. Les Atlantes femmes pratiquent l'inceste. D'ailleurs, Jésus, l'Atlante, aussi. Les Évangiles sont réinterprétés et L'Atlantide était perversion, orgie et inceste : un Paradis sur terre. Mais, Dieu jaloux, la détruira. Les Atlantes se reconnaissent entre eux : ils détiennent la corne de jouissance ! Le Graal est-ce cela ? Possiblement. Le narrateur, désormais initié, nous souffle l'idée que c'est en nous, notre soi, sexuel déjà et surtout. Et dans tout ça, des réflexions sur à peu près tout qui oblige à la réflexion. Très dense disais-je. Et très particulier ce livre, enfin si j'ai compris ?!
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Studio

Je suis un peu surpris d'être le premier à rédiger une critique de ce livre, compte-tenu du nombre de citations proposées et de la notoriété de l'auteur. Bon, allez, je me risque. Livre trouvé dans un vide-grenier. Premier livre de Philippe Sollers que je lis ou plutôt que je tente de lire. Les première pages promettent beaucoup. On y voit un homme qui décrit son installation dans un studio dans une grande ville. Les propos sont plutôt laconiques, extrêmement détachés. Un peu à la façon de Houellebecq, ce qui attise mon désir. Puis, peu à peu, je déchante. L'objet de mon désir se dilue dans des considérations dont on voit de moins en moins le sens et le devenir. Des liens se maintiennent avec les enfants d'anciennes connaissances du narrateur mais décédées ou perdues de vue, ce qui explique sa relative solitude. Puis on en vient à des considérations sur Rimbaud, Hölderlin… qui seront récurrentes au fil des pages. Et puis… au bout d'une cinquantaine de pages, je me perds irrémédiablement dans les méandres de ces réflexions absconses sur les contingences de la vie, la musique, Dieu… Fidèle à mon habitude, je répugne à lâcher le livre immédiatement et vais voir quelques pages plus loin, en diagonale. Et le narrateur me perds encore plus où c'est moi qui le perds. Toujours est-il que nous ne nous comprenons plus, le narrateur et moi, le lecteur. Alors, je suis allé voir du côté de Wikipedia ce qui se dit sur l'auteur. Et je me rends compte que je ne suis pas le seul lecteur que Sollers à perdu en chemin. Sa gloire, en 1997, date de l'édition de ce livre, est déjà apparemment perdue, me dit-on. Les livres qu'il fallait lire étaient plutôt « Le parc » ou le « Lys d'or ». Il est, par ailleurs, très connu pour avoir produit une littérature expérimentale, qui m'échappe un peu, et est maintenant plutôt reconnu en tant qu'"intellectuel" dans le paysage littéraire français. « Studio » n'est pas vraiment ce qu'on peut appeler un roman. Pas réellement d'intrigue et le fils conducteur est très mince. Bref, si je voulais découvrir cet auteur, je me suis vraisemblablement trompé de livre.
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Femmes

J'ai tenté de lire Femmes, il y a fort longtemps, au moment de sa parution.

J'avoue que malgré toutes les critiques élogieuses de l'époque, le n'ai pas réussi à le terminer et je dirais même que je n'ai plus jamais tenté de lire un autre livre de cet auteur qui m'a laissé une véritable impression de malaise.
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Portraits de femmes

Il venait de mourir le 05 mai 2023 et je me suis penché sur un livre de cet écrivain qui sort des sentiers battus.



Je me suis dit en lisant ses premiers portraits que finalement Sollers, c’est rigolo !



Doté d’un style particulier, hachant son texte composé de petits chapitres, il se lit facilement.

Mais tiendra-t-il la distance avec ses digressions ?



Après, l'auteur tourne un peu en boucle sur lui-même.

Il parle de ses femmes, de célébrités et de ses romans, faisant des confidences, vraies ou fausses, sur l'association des livres et des femmes.

D’un intérêt inégal, j’ai lu avec moins d’attention certains chapitres comme celui de celle dont Pascal dit de son nez : “la face du monde aurait été changé s’il avait été plus court”.



Ses phrases ont des parts d’ombre et nous mettent à contribution pour compléter les points de suspension.

Son écriture est surprenante, amusante pour moi qui n’avait jamais lu cet auteur, j’ai aimé, parfois un peu moins.

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L'étoile des amants

Etrange cette sensation de connaître Philippe Sollers, d’avoir lu plusieurs de ses livres.

En fait, c’est le premier que je lis.

Dire que j’ai tout compris serait bien prétentieux de ma part.

Un homme, écrivain ?, est en vacances sur une île avec une femme plus jeune que lui.

Ils parlent, ils s’aiment.

Si l’histoire est confuse, l’écriture est magnifique.

Je ne sais pas si les autres livres de cet auteur sont de la même veine, je suppose que oui, mais c’est vraiment un amoureux des mots et de la langue française.

Et si je n’ai pas compris grand-chose à l’histoire, je me suis laissée bercer par la beauté de l’écriture, par le vocabulaire, par la poésie, par l’assemblage des mots, par les tournures de phrases……..

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Paradis, tome 2

Paradis et Paradis II lus à 30 ans de différence toujours ce même étonnement devant ce texte qui se défait au fur et à mesure qu’il se lit



A-t-on suffisamment glosé sur cette tentative extrême figurant selon moi juste après Finnegans Wake sinon désespérée de décrire ce langage qui nous échappe avant qu’on ait pu lui mettre la moindre ponctuation car c’est bien de cela qu’il s’agit une littérature qui se crée mot après mot, idée après idée idiome après idiome digression des digressions où le narrateur à tout moment tente d’amarrer ce qui lui reste à dire à ce qu’il n’a pas dit mais qui s’est posé plus ou moins à son insu mais avec la plus grande force de caractère sur la virginité du papier



Sollers Solus Ars s’y cherche y cherche son nom sa propre histoire sans jamais semble-t-il pouvoir rencontrer son lecteur Sollers soliloque solitude d’un langage omniprésent omnipotent omnivore brisant ses chaînes et en abolissant toute ponctuation et toute majuscule imposant son propre rythme sans que l’humain jamais ne sache où finalement tombe la césure où s'écrirait le point où il pourrait abandonner quelques instants son effort d'interprétation pour un verre d'eau ou une bonne nuit de sommeil



ni ponctuation ni repos le lecteur s’y cherche aussi ne s’y retrouve pas abandonne sa lecture ne sait où reprendre à quel mot à quel moment tant chaque mot donne naissance à tous les autres les contient tous car c’est entre les mots et peut-être même entre les espaces blancs qui seuls ponctuent les mots que cela se passe cette faille imperceptible où se cache l’immaculée conception immaculée création que tout se joue que le paradis peut s’entrevoir

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Paradis

Paradis et Paradis II lus à 30 ans de différence toujours ce même étonnement devant ce texte qui se défait au fur et à mesure qu’il se lit



ce qui étonne dans cette densité, c'est que nulle part il y ait une chance que ce déferlement verbal un jour s'arrête et cela se comprend parce que le paradis n'est-il pas fût-il composé de mots infini (nom de la revue dirigée par S.)



ce qui n'étonne donc pas c'est qu'il en a fallu un deuxième (le paradis n'est donc pas unique) pour venir à bout du concept - voir ma critique plus détaillée de ce second opus
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Casanova l'admirable

À l'époque où l'auteur jouait le rôle de prélat de la rive gauche, fume-cigarette en guise de crosse, et catéchisme maoïste récité dans le sabir fumeux du structuralisme orthodoxe, une phrase revenait comme un mantra sous la plume de plomb des hagiographes de Tel Quel : "Le texte est un prétexte".

Avec ce génie fulgurant qui le caractérise, le voici qui offre à son lecteur une illustration cohérente et admirable du credo de son petit clan : à travers Casanova, Philippe Sollers s'admire, page après page, avec une constance et une bonne foi qui forcent le respect, mais peuvent susciter un légitime agacement. Jusqu'au bouquet final qui le conduit à se féliciter d'avoir rappelé l'existence de Casanova à ses contemporains.



Certes, Sollers a lu Casanova. Oui, Casanova est un grand écrivain de langue française.

Mais si vous vous intéressez à Casanova, lisez plutôt ses mémoires.

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Portraits de femmes

Un monsieur d'un certain âge retourne en ses souvenirs.

Une cohorte de femmes aimées, de femmes rêvées, de femmes « consommées » apparaît dans ce panthéon, ce Taj Mahal élevé une fois de plus à leur intention.

Une fois de plus, car Eugenia, Dominique, Julia et les autres sont familières aux lecteurs de Philippe Sollers.

Une impression de ressassement nous submerge. Serait-ce ainsi que les amants terminent ?

Outre cette dimension, une autre, énorme et dérangeante, s'avère continue : l'égo, les références à ses propres livres, le regard indulgent porté sur eux, l'invitation implicite à les découvrir pour ceux qui, ignorants, ne les auraient pas lus.

Et puis des citations, certes belles, et puis un peu d'histoire (la grande), beaucoup de paroles, de règlements de compte (Duras, Pivot, l'Instructeur – tenu anonyme mais si facile à découvrir). Est-ce avec tout cela que l'on fait un livre ?

Que m'a apporté cet ouvrage ? Peu. De temps en temps de belles phrases qui font mouche, une belle entrée en matière, lucide, des portraits qui touchent, des hommages qui ne laissent pas insensibles... En somme, une simple conversation aurait suffi...

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Femmes

Non, vraiment non, je ne comprends pas où a voulu en venir l'auteur...Quel style insupportable ! Quelle masturbation intellectuelle inutile ! Je n'ai pas pu poursuivre après quelques pages lues en soupirant....Nul.
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Femmes

Livre polémique .... Diatribe contre le politiquement correct ... Pavé dans la marre de la bien-pensance... non c'est sûr, çà ne va pas plaire à tout le monde!



La narrateur est un journaliste franco-américain, homme à femme, qui est pris de la curieuse idée d'écrire un livre. le roman qui affecte un style à la Céline, en moins inspiré tout de même, tire un tableau sans concession d'une époque en perdition. Politique, questions sociétales, art, religion, loisirs, sexe, relation homme-femme, tout passe au moulinet d'une prose extatique, acide et querelleuse. Des scènes allègrement pornographiques alternent avec des digressions sur la bible, des charges antiféministes sont interrompus par des considérations esthétisantes, Vénus dispute la primauté au Vatican. Il faut dire que les années 80 sont riches en événements, lourdement anxiogènes et l'auteur en tire le miel pour fouailler la bêtise ambiante à fleuret non moucheté. L'oeuvre ne peut pas laisser indifférent, les avis seront franchement partagés et assumés. Je doute que Sollers en ressorte le chéri de ses dames mais çà donnera grandement à réfléchir à ces messieurs, et c'est déjà beaucoup.
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Femmes

Sollers nous présente un collectionneur qui trahit non seulement l'intimité qu'il vit avec les femmes dont il décrit les travers, mais offre un « docte » savoir sur ce qu'il comprend du sexe.

Il accumule, énumère avec des phrases courtes, sans trop de verbes et beaucoup d'adjectifs des jugements sans indulgence en ridiculisant avec un mépris quasi-paternaliste des clichés éculés.

Il reste à distance comme l'observateur d'une « faune » étrangère et bizarre avec laquelle il joue comme un chat avec une souris.

Ce qu'il y a d'actuel dans ce pavé c'est la liberté de langage (mais il y a toujours eu des romans « polissons » circulant sous le manteau) qui, en effet, montre une évolution de la société contemporaine de plus en plus décomplexée.

Sans être trop exigeante, je m'attendais à autre chose. Peut-être aurais-je dû continuer pour profiter de son analyse des années 80 sur le plan politique et autres, mais je me suis arrêtée à la page 30.
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Centre

Voilà un livre qui pourrait sembler bien profond mais qui ne rivalise guère qu’avec les maximes bouddhistes illustrant les photos des instagrameuses en collants lycra devant les couchers de soleil maldiviens.



Et si ce prétentieux recueil de pensées paraîtrait sagace grâce à ses petits chapitres prometteurs… Il ne fait malheureusement qu’esquisser de vagues concepts sans prendre le risque de les fouiller. Qui plus est, l’auteur m’a franchement lassé à force de discréditer les gueux, incultes et pisse-froid qui oseraient le juger. Il ne s’agit finalement là que d’une ode à l’intellect de Monsieur Sollers et de sa si délicieuse et brillante maîtresse.



Un beau style, certes, un peu d’érudition, soit ! Et ?
Lien : https://www.noid.ch/centre/
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