AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pierre Cendors (88)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le voyageur sans voyage

L'écriture délicate de Pierre Cendors nous entraîne quelque part entre rêve et cauchemar, réminiscences de souvenirs enfouis où un terrible nom en conclusion éclaire le sens de ce voyage fantasmagorique et immobile.
Lien : https://cnlj.bnf.fr/fr/conte..
Commenter  J’apprécie          00
Le voyageur sans voyage

Recueil de poèmes de la Collection Poés'histoires, la collection de poésie jeunesse des Éditions Bruno Doucey, "quand la poésie prend les enfants au sérieux".



Celui-ci évoque un mystérieux train bleu qui ne s'arrête jamais.

Pourtant, il passe tous les jours à la même heure à la même gare.

Un homme et un enfant sont sur le quai et voient se train passer.

D'où vient-il ? Où va-t-il ? Pourquoi est-il recouvert de glace ?

Représente-t-il un rêve... ou un cauchemar ?



La couverture m'avait intriguée, car les éditions Bruno Doucey éditent d'habitude des couvertures unies et colorées, avec motif à rayures.

Ici, les recueils mêlent poèmes et poésie visuelle : les dessins de Sophie Lécuyer sur doubles pages représentent en blanc et bleu le décor, mais aussi les deux personnages et d'autres silhouettes.



Ce recueil peut aussi bien être découvert par les enfants mais aussi par les adultes. Même si le dénouement final sera compliqué à comprendre pour les enfants sans une explication par un adulte.
Commenter  J’apprécie          20
Seuil du seul

Une randonnée sur l’île de Skye, une quête poétique, une clé d’autres énigmes romanesques, ailleurs : une plaquette à l’air modeste et à la puissance précieuse.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/09/30/note-de-lecture-seuil-du-seul-pierre-cendors-jacques-mataly/



Depuis maintenant plus de quinze ans, Pierre Cendors bâtit pas à pas une œuvre apparente et une œuvre secrète (dont le filigrane élégant et doucement obsessionnel se dégage toutefois de plus en plus, à présent), œuvre double tissée de pas de côté poétiques (citons « Chant runique du vide » en 2010 ou « Les Hauts Bois » en 2013), d’arpentages de chemins déserts ou presque, islandais ou écossais (nous pensons bien sûr à « L’invisible dehors » de 2015), et d’échappées imaginaires rusées, jouant de leur façon de puzzle (« Les fragments Solander », 2011), jouant à inventer une mythologie alternative de la photographie (« Engeland », 2010) ou du cinéma (« Archives du vent », 2015), ou dévoilant désormais des pans entiers de ce qui demeurait tu jusque là dans l’enchaînement comme inexorable des ouvrages, en deux somptueuses bouffées de science-fiction gracquienne (« L’énigmaire », 2021) et de fantasy flaubertienne (« L’homme-nuit », 2023).



Publié en 2021 à L’Atelier Contemporain, magnifiquement illustré par les photographies de Jacques Mataly, « Seuil du seul », malgré sa minceur apparente, pourrait bien constituer un jalon essentiel dans ce cheminement passionnant.



Nouvelle confrontation réelle et imaginaire de l’auteur avec la solitude radicale, dans le paysage magnifique, ambivalent et quelque peu lunaire de la petite chaîne montagneuse des Black Cuillin, sur l’île écossaise de Skye, « Seuil du seul », au titre proprement sublime, mêle au millimètre le récit factuel d’une expérience physique et géographique absolument personnelle, voire intime, et la réflexion qu’elle engendre, pas à pas, en 49 propositions, sur la nature sauvage, pas tout à fait animale mais pas nécessairement humaine non plus, que véhicule intrinsèquement la poésie. Pas seulement une part d’ombre ou d’indicible, mais aussi un cheminement ouvert aux mystères, un appétit de rencontres pas nécessairement humaines pour résoudre certains des nombreux paradoxes de la solitude. La quête poétique parmi la roche et le paysage résonne avec les énigmes romanesques que les grands protagonistes de Pierre Cendors cherchent ailleurs à ausculter : ce mince opuscule, au-delà de sa beauté propre, fait ainsi figure de précieuse clé vers quelques ailleurs différents.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          70
L'Horizon d'un instant

Immensité de l’instant, cheminement vers son dénuement, sa solitude, mais surtout son débord du dehors, des forces telluriques, tempétueuses, du vent et de sa vacuité. Pierre Cendors, admirablement, poursuit son errance, son superbe travail sur la langue pour ici incarner l’instant, ce moment à côté de Soi, de son identité sociale, de son langage, soudain on existe, on entend l’enfance et le silence du monde. Encadré des magnifiques toiles de Claire Chesnier (elles font si bien entendre les lisières où se situe la prose, la parole découpée, qui habilement survient de la page blanche, de l’auteur), L’horizon de l’instant est une ode à l’exténuement, à « l’outrepas immobile. »
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          30
L'Homme-nuit

Épique et intime, un autre énigmaire, nimbé de fantasy, où le religieux et le métaphysique se dissolvent savamment dans le mythe et dans la puissance pure des récits qui bifurquent.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/07/11/note-de-lecture-lhomme-nuit-pierre-cendors/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
Le voyageur sans voyage

Voilà un texte poétique un peu trop obscur pour moi. On peut y glaner des sensations, c'est un voyage dans le mystère, qui s'éclaire un peu à la fin (mais pas suffisamment) avec le mot "Treblinka". Je ne saurais vraiment pas à qui conseiller ce livre...
Commenter  J’apprécie          20
L'Homme-nuit

Pierre Cendors, ou l'art de transformer la cendre en or…



« La nuit, mère de la lumière.

Le jour, père des ombres. »



Quel étrange roman que celui de L'homme-nuit. C'est une fable onirique qui sort totalement des sentiers battus de la littérature contemporaine, atemporel pourrait-on dire, dans lequel résonne la marque de quelques auteurs singuliers. Il y a en effet par exemple du Pascal Quignard dans le texte avec cette structure fragmentée, cette parole poétique dilatée et musicale. Il y a du Jacques Abeille aussi dans la façon d'imaginer un empire, d'inventer de toute pièce une géographie, espace onirique pour y dérouler un conte fantastique ; je pense notamment à ce monde imaginaire surprenant développé par jacques Abeille dans « Les jardins statuaires » dont j'ai retrouvé des éléments de belle minéralité dans ce monde imaginaire développé ici avec Pierre Cendors, des colosses de pierre éboulés et des regards de statue de toute beauté, des sables gris et pulvérulent froid au toucher étouffant les pas, des solitude de pierre... « Que devient-il de l'homme, une fois celui-ci taillé, facetté, pétrifié, s'il est dépourvu d'un substrat originel vivace ? »



C'est un texte tellement dense que plusieurs relectures ne suffisent pas à en savourer toute la profondeur et la richesse. Chaque phrase peut être lue et relue, sans exception. Sans doute faut-il être habitué aux écrits de Cendors pour y déceler des liens avec toute son oeuvre et y retrouver une certaine réminiscence de ses thèmes de prédilection (nous trouvons par exemple l'Enigmaire dans ce récit qui est aussi le titre d'un de ses livres). Je n'ai lu de lui qu'Engeland il y a plusieurs années. Aussi, est-il normal de sentir qu'il me manque des clés pour comprendre totalement cet univers que je pressens gigantesque. Une somme humaine à dimension cosmique dans laquelle « tout – les pensées et les émotions dont nous sommes traversés, leur fracas harassé, harassant, le silence tombal des civilisations passées et à venir – absolument tout, ici-bas, même cette parole, nous touche sans nous atteindre face à l'inexorable roue de feu cosmique en quoi tout se consume ».



« de même que le soleil ne cesse de briller quand il se couche, de même une grande nuit se poursuit continuellement en nous ».



Quelle est notre part de nuit ? Quels sont les morts qui nous hantent, les crimes, réels ou imaginaires, qui nous habitent, les sacrifices objets de nos fantasmes, les errances qui nous sont constitutives ? Qui sommes-nous vraiment lorsque, en pleine nuit, dans la plus extrême solitude, nous perdons notre identité sociale pour revêtir notre part essentielle, primale, primordiale, primitive ? Nos racines ataviques ? « En chacun est toujours autre chose, quelqu'un d'autre, qui le précède ou le dépasse ». de cette facette obscure, la lumière peut-elle jaillir ?



« Tout ce que l'on tue – et dédaigner est tuer, écarter est tuer, éconduire est tuer – tout ce que l'on tue nous lie. Tout esprit, entends-tu, tout être arrachée à son existence, se survie à travers la nôtre, brièvement ou pour la vie. de ces mortes noces naissent inexorablement maux, infamies et folies, plus rarement sagesse et vertu (…) L'être que nous entrainons à la mort, par nos actes et nos non-actes, à peine enseveli, poursuit sa vie en nous. Son spectre continuellement harcèle ou conseille. En nous, il revit ses pires souffrances ; en nous, il s'abîme sans un cri et toute notre âme en retentit. ».



Telle est la quête poétique de Pierre Cendors dans un récit magnétique, féérique et magique, un récit autant aventure universelle que épopée de l'intime, aussi bien déplacement spatio-temporel que voyage intérieur, dans une langue particulièrement ciselée, écho troublant de la voix ensilenciée des ciels lourds et bas, de celle encolérée des vents, de celle ensauvagée de la Grande Nuit. Nous détruire ou entrer en connaissance, telle est l'issue pour calmer nos spectres intérieurs.



Nous sommes dans un empire imaginaire où le rite religieux est voué aux dieux de l'Obscurité et notamment à la Mère sombre, La Nocturne. C'est une religion faite de rites, de sacrifices, de sorcellerie. Kamaal en est à la fois l'impératrice et la prêtresse, celle qui communique avec la Nocturne. Mais ces dieux de l'obscurité sont chassés pour le Soleil, pour l'adoration de la lumière incarnée en un seul être auquel croire. Les luministes contre les adorateurs de l'obscurité, ces derniers n'ont désormais plus voix au chapitre et doivent se cacher. Des exactions sont perpétrées au nom de la foi sur le peuple dont les foyers de dissidence, promptement maitrisés, ont profité au commerce de l'esclavage. Pour avoir sur le tout le territoire que des hommes et des femmes de même obédience, quitte à asservir, bruler, tuer, réduire à l'esclavage. Quand la lumière apporte sang, souffrance et chaos…



Nous suivons l'énigmariste, archiviste de la religion de l'ombre, dernier serviteur de cette religion qui n'est plus. Cette homme-nuit est un nain difforme et laid. Nous le suivons, assistons à ses transformations en différents personnages, découvrons sa quête ainsi que ses rencontres avec les différents personnages du récit, notamment Lumnia, aussi appelée la Moureuse, celle qui sait écouter la voix des morts, reconnaissable à « son odeur sauvagine de musc et de santal, une senteur de feu boisé, d'écorce mouillée, de rémanence résineuse ». Mais aussi Kamaal, prêtresse qui sait capturer les murmures du sacré, dont l'alliance avec la Moureuse représente l'union du sacré et de la mort, l'abolition des frontières entre les vivants et les morts. Il croise sur son chemin le fils de Kamaal, Solunus, jeune homme borgne, dont le père a imposé dans le royaume, après la mort de sa femme, le culte du nouveau dieu de façon brutale. Solunus est un personnage central dans le livre car il est à la croisée des deux religions, la religion vouée à la Nocturne de par sa mère, prêtresse, et la nouvelle religion des luministes de par son père. Il y a conflit en lui et décisions à prendre pour l'une ou l'autre religion. Il y a également la Démaphone, porteuse de flambeau, jeune fille solitaire impénétrable « comme on l'est à cet âge où l'âme, sous sa blancheur d'amandier, se découvre une saveur amère » amoureuse de Solunus.



L'énigmariste est à la croisée de tous les personnages du récit qui ont eux-mêmes tous des liens entre eux, nous sommes parfois dans sa tête, parfois nous le voyons au travers le regard des autres. Il est celui qui fait émerger la lumière des ombres, celui qui donne des clés et qui guide, celui qui permet d'affronter nos ténèbres, celui en qui se mêlent « ce qui nait en ce qui meurt, ce qui vient en ce qui part, celui que je ne suis plus en celui que je deviens, l'homme du non en l'homme du oui – un refus, une fureur, une véhémence intérieure mûrissant l'orage d'où renaissent ces ciels printaniers lavés de fraicheur ».



« Va, ne crains pas de te perdre dans son obscurité ! La nuit, étranger, n'est pas un jour privé de lumière. Dit-on du jour que c'est une nuit qu'éclaire l'astre solaire ? La nuit que tu crois connaitre, Solunus, n'est que l'orée d'une plus grande nuit. Vaste son étendue, sans fin son nocturne ondoiement océanique dont le jour n'est qu'un affleurement sableux, un îlet, une escale rythmant cette traversée qui obscurément se poursuit au revers de notre vie. La Nuit, fils de Kamaal, essaime en silence, et ses travailleuses ramènent des noirs vergers un nectar dont elles secrètent un miel au gout soleilleux autant que ténébreux ».



Le récit est une fable fantastique dans laquelle l'amitié, la religion et ses fanatismes, la quête intérieure, la porosité entre le royaume des vivants et le royaume des morts, les silences et les retraites solitaires, la vie post-mortem et la mort ante-mortem prennent sens. Il y a un entrelacement troublant du temps, le passé dans le présent, l'avenir dans le présent, la mémoire d'un avenir, un « sous-venir » ou « le venir de la mort sous la vie ».



Le style est flamboyant et travaillé minutieusement, érudit, c'est de la dentelle très fine, aux fils de soie d'une rare qualité, superbement ajourée, aux entrelacs complexes et subtils, une toile d'araignée délicate qui luit et vibre dans l'obscurité. Les mots sont précieux, rarement usités, et au milieu de la poésie en prose, Cendrors ose transformer les verbes en noms, jouer avec les mots et les noms propres des personnages et des lieux (La Moureuse, association d'amoureuse et de mort ; le Démaphone, la voix du daimon, la ville de Solombros)…Notons d'ailleurs que le nom de famille de l'auteur est prémonitoire, Cendors, pour celui qui sait si bien transformer la cendre en or…Malgré cette complexité, le livre se lit d'une traite tant la fable est passionnante et belle. Elle émerveille de ses beautés, de ses trouvailles, de ses sens cachés à dénicher tel le chercheur d'or. Je ressors de L'homme-nuit transformée et travaillée, avec davantage de lumière intérieure qu'au début de ma lecture.



Notre âme est tel un lac sombre qui, au fur et à mesure de la lecture, devient d'une transparence cristalline tant elle boit et se nourrit du ciel de Pierre Cendors, de sa poésie et de sa sagesse.





Commenter  J’apprécie          8028
L'énigmaire

Un nouveau livre de P. Cendors est publié récemment. J'ai envie et puis hésite. Les deux livres de l'auteur (Enigmaire et Archives du vent) m'ont laissé la même impression : je suis captivé, ensorcelé puis à mi-parcours j'ai délaissé les deux livres (ce qui ne m'arrive jamais quasiment). Je voudrais en avoir un jour le coeur net. Est-ce le récit qui m'échappe, cette prose dont la tonalité me semble un peu forcée, cette poésie légèrement trop fabriquée ou cette étrangeté qui me laisse au seuil ? Quelque chose bute. C'est sans doute ma lecture qui n'est pas encore au diapason du texte. Il faut savoir quelquefois patienter avant de vraiment rencontrer une oeuvre...
Commenter  J’apprécie          10
L'Homme-nuit

Exploration, à nouveau, des solitudes nocturnales, mythiques et magiques ; poétique spéculation (jeu de miroirs et de dédoublements autant qu’hantée méditation) sur notre part obscure, les morts qui nous hantent, les sacrifices qui nous tentent, les fuites qui sont cette vérité de l’être que, de livres en livres, Pierre Cendors poursuit. Dans un empire imaginaire, les dieux de l’obscurité sont chassés au nom de la lumière, celui qui en est le secret archiviste, l’énigmariste, est pourchassé, nous suivons ses métamorphoses, sa quête d’une nuit où se franchir. Somptueux roman, L’homme-nuit embarque son lecteur dans ce récit d’aventure autant que d’exploration intime où fantômes et dieux absents disent l’obstinée lumière de l’obscurité.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          90
Seuil du seul

Attention ! Livre réservé aux fous de nature sauvage et difficile, recherchée pour retrouver ce qui reste en nous des origines, aux fous de la solitude et d'une poésie au premier abord hermétique, qui s'adresse à l'âme, à une part de nous secrète, invisible pour la plupart des humains.
Commenter  J’apprécie          10
Minuit en mon silence

Deux très courts textes achetés en même temps et lus à la suite l'un de l'autre puisque Bérengère Cournut ou plutôt son personnage de femme, Elisabeth, a répondu à la lettre écrite par le personnage de Pierre Cendors, Werner Heller. Pas besoin d'en dire plus que les quatrièmes de couverture.



Je suis restée assez hermétique au texte initial de Pierre Cendors : on ne peut pas vraiment dire que le style est poétique, la prose est poétique pour dire la reconnaissance amoureuse entre deux êtres qui n'auront pas nécessairement de vivre proches l'un de l'autre pour s'aimer. La distance peut nourrir cet amour et permettre à chacun de creuser sa propre intimité, son moi profond, exercice auquel le commun des mortels se livre difficilement. C'est un texte profondément méditatif, intérieur, écrit par un artiste qui sait la mort proche dans les tranchées de 1914.
Commenter  J’apprécie          80
Les fragments solander

Les dédoublements, et les démons, autant de détours pour dire l'inspiration poétique, le visage que nous sommes derrière nos masques sociaux, les dissimulations politiques de ce roman qui traite, aussi, du communisme. Empruntant à nouveau au cinéma, Pierre Cendors poursuit sa quête d'un absolu littéraire, de la nudité des visages qui transpercent nos rationalités, des revenants insituables qui sont voix de toute poésie vraie. Les fragments Solander est le roman où Pierre Cendors exprime ses obsessions qu'il ne cessera de tisser dans ses romans suivants.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          20
L'énigmaire

Extrait de ma chronique :



"On le voit, comme annoncé par l'épigraphe, L'Enigmaire est bien une relecture du Stalker d'Andreï Tarkovski (plus que celui des frères Strougatski) ; simplement, ici, s'il y a bien une figure de scientifique (Laszlo Ascensio) et une figure d'artiste (Adna Szor) il n'y a pas de stalker, et la Zone, loin d'être un endroit où les voeux se réalisent, nous redonnant de la foi, abrite, au contraire, comme le déclare page 36 l'usager numéro 2, Job Keeler, "une force qui m'a fait perdre toutes mes croyances religieuses".





On le devine aussi, les trois derniers usagers du Dialogueur représentent trois destins différents de l'humanité, suivant le lieu où elle est contrainte de vivre :



– dans l'espace, à la manière disons d'Interstellar de Christopher Nolan (le slogan "l'homme est né sur Terre, rien ne l'oblige à y mourir" résumerait bien le credo de la Divna, pour qui "la vie terrestre" n'est pas "la mieux appropriée" aux "besoins psychologiques et spirituels" de l'espèce humaine, voir page 214) ;



– sur Terre, aussi polluée soit-elle ;



– sous Terre."
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
Commenter  J’apprécie          30
Minuit en mon silence

Il est minuit en son silence, aux tréfonds de l’obscurité sauvage qui l’habite ; recouverte d’un manteau de neige. Son âme la plus secrète est un paysage d’hiver habité par la nuit, le voile noir d’une enfance dont il porte le deuil ; constellée de flocons de neige portés par le vent, soufflés comme autant de mots de la langue maternelle d’une première existence cosmique. Un temps ancestral de vide et de gel. Sa nuit éclaire l’innommé de l’être par les vers d’un poème silencieux, le chant muet d’un infini. Déclamé par la voix recluse du silence ; porte d’entrée de l’inconnaissable, de l’inexplicable ; du réel absolu auquel rendre une âme prisonnière de sa liberté, à laquelle la vie n’appartient plus.

Il est minuit en un silence d’une mort à laquelle il se destine. Heller est un lieutenant allemand envoyé au front à l’automne 1914. Au crépuscule d’une vie qui le renvoie à l’enfance ; passage étroit entre son âme et le monde, il écrit une lettre d’amour à une femme qu’il pense ne jamais revoir.

Une lettre dont les mots légers comme des flocons de neige virevoltent, suspendus, jusqu’à notre esprit. L’écriture de Pierre Cendors ne se raconte pas, elle se vit. Sa prose est une poésie vibratoire qui atteint le lecteur au plus profond de lui. « Une langue de l’âme pour l’âme ».


Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          22
Minuit en mon silence

Sur le front en septembre 1914, Werner Heller, lieutenant de l’armée prussienne, prend la plume pour adresser une longue lettre - la première et peut-être bien la dernière - à une femme croisée à Paris. Il la connaît à peine mais elle occupe ses pensées, cristallisant un idéal d’amour. Il en a connu des femmes pourtant mais peut-être celle-ci dans son éloignement revêt-elle une aura tout autre. Ou alors est-ce l’omniprésence de la mort qui l’incite à ouvrir son coeur ?

Dans la longue lettre qu’il adresse à Else, le soldat, par ailleurs peintre, évoque ses camarades du front, et ce qui les tient ensemble dans la même ardeur effrayée. Mais c’est surtout son âme d’esthète qu’il livre : une pensée traversée par la poésie, la peinture, l’art en général comme essence même de la vie.

Une lettre pour un aveu d’amour, une missive comme la trace d’une vie éclairée par la beauté du monde, celle de la nature mais aussi celle née de la poésie.

Minuit en mon silence marque ma première rencontre - et quelle rencontre ! - avec l’univers de Pierre Cendors dont la plume érudite conduit avec lyrisme sur des chemins de pure beauté. Il y a dans ce roman-poème l’amour du verbe, des mots qui revêtent la vie d’atours somptueux. Tout semble ici faire poésie : les élans comme les arrêts des coeurs.
Lien : https://31rstfloor.wordpress..
Commenter  J’apprécie          30
L'énigmaire

« -Sans frontières, parfois sans nom.

-Nous ne régnons pas, nous allons. »

À la mémoire d’Andreï Tarkovski (1932-1986).

Litanie, souffle rédempteur. Prenez soin de ce grand livre. C’est l’heure pleine dans un hors temps magnifié. Orze et ses champs de batailles, plaies assignées aux prières regain. Roman cosmopolite, pleine-lune et mage, le symbole des retournements. Orze bombardée, martyrisée, 1916 et maintenant, lande sauvage, dévoreuse. N’ayez pas de crainte. Pierre Cendors rassemble l’épars. Trois êtres et plus encore, transmutation.

« La hauteur chante ce qu’on parle dans la profondeur. » disait la légende.

Zone rouge, Bois Zéro, retenez ces noms : Laszlo Ascencio surnommé Little Nemo, Adna Szor, une musicienne en deuil, Sylvia Pan, une femme en quête de ses racines. Elle-même, la majestueuse, la sachante qui m’a mise au monde une nouvelle fois. Ce livre culte, incontournable est un parchemin sans âge et immortel. Orze territoire où les murmures n’osent s’élever, fragiles encore. Et pourtant les silences creusent les sillons. L’hostilité détournée par le théologal de ces trois êtres pèlerins des intériorités en quête d’une renaissance. Dans un labyrinthe, Paroles de Severnus, bibliothécaire du secret.

« J’avalais mon pain en pleurant sans bruit, tranquillement, comme un arbre entaillé larme sa résine. »

L’homme macrocosme, bien avant le bien et le mal. Orze la parabole : L’Énigmaire.

« Lui-même le disait : Il n’y a pas de création sans décréation, c’est-à-dire l’homme. – On se méfie toujours plus des athées que des crédules…. Qui était Gottfried Absalom ? disait la gazette locale. »

Retenez votre souffle à la page 145. Ici vous avez le summum, la quintessence, l’épiphanie, l’univers réalisé. Essentialiste, ce roman-VIE est la mappemonde dévoilée. « Je n’étais jamais venue à cet endroit de ma vie. »

J’ai pleuré bouleversée par ce livre parchemin. Je sais que L’Énigmaire est culte, rare et infini. Orze-Niveau O Premier monde…

Les lieux s’élèvent, l’espace métamorphosé, le pouvoir des mots, l’initiation à la langue nouvelle. Pierre Cendors dévoile le chant grave des marches salvatrices.

Ce livre est un allié, un sauveur, la trame source et l’esprit n’est plus le bruissement en devenir mais la connaissance suprême de soi-même, l’arbre de vie. Publié par les majeures Éditions Quidam éditeur.







Commenter  J’apprécie          30
Minuit en mon silence

Court chef-d’œuvre, hymne incandescent à l'ardeur d'un amour éperdu, lettre pour préserver l'illumination, sa solitude, nos « nudités nocturnales », toute cette vie plus forte et plus vraie que la prose poétique de Pierre Cendors nous laisse saisir en sa disparition. Hommage détourné à Alain-Fournier, Minuit en mon silence est exemplaire illustration dont Cendors invite à dévisager -dans la perte et les guerres qui hantent son œuvre - la beauté et ses fantômes.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          50
L'énigmaire

Alors là c’est du lourd si je peux me permettre !

Trois personnages, trois époques, trois mondes :

Celui d’en haut, de l’espace, Laszlo, cet archéologue en permission sur Terre.

Celui du milieu, Adna, compositrice qui a perdu son mari dans un accident de voiture.

Celui d’en bas, Sylvia, sui vivra dans les sous-sols suite à un cataclysme.

Une analogie entre ces 3 protagonistes : un territoire marqués par des stigmates écologiques et dévasté aussi par les actions humaines : le Boizéro anciennement le village d’Orze (anagramme de Zéro) rasé par un bombardement en 1916.

Sur ce lieu de mémoire se trouvent des stèles gravées, traces d’un ancien culte stonien ; ces stèles portent le nom d’énigmaire. Elles contiendraient des informations sur l’origine des êtres humains.

Ce roman d’anticipation inspiré de Tarkovski, à la fois métaphysique, philosophique, poétique, est un appel aux cheminements intérieurs, interroge le progrès comme sagesse et responsabilité.

C’est une écriture sur l’existence, sur le monde intérieur où tout est silence, sur la recherche de son identité fasse à la nature, qui interroge les actions destructrices de la nature et de l’homme.

A travers l’énergie de ce lieu, Pierre Cendors, crée après avoir décréer : il ne peut y avoir une génération sans extinction.

J’ai été subjuguée par le maniement des mots, par cette construction.

Un livre comme on n’a pas l’habitude d’en lire ! Quel talent !!

Quidam Editeur
Lien : https://blogdelecturelepetit..
Commenter  J’apprécie          40
Minuit en mon silence

Extrait de ma chronique :



"Le problème central qui préoccupe Pierre Cendors dans ce texte bref mais intense est de savoir comment il est possible de se connaître soi-même : à première vue, "ce que nous sommes demeure inconnaissable" (IV & IX), mais il est néanmoins possible de s'atteindre, par la médiation d'une femme (l'Else à qui s'adresse la lettre) ou d'un ami (le soldat surnommé Orphée) – une médiation qui s'accomplit paradoxalement par l'absence de l'une et le silence de l'autre.





Ainsi s'explique le titre du livre, "minuit en mon silence", qui est aussi l'heure où est arrêté le cœur d'Orphée (XIII). Dans cette vision des choses, ce qui importe n'est pas, comme chez André Breton, l'accomplissement de la relation amoureuse ou amicale, au contraire : c'est, comme dans Le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier, à qui le texte est dédié, la tension qu'elle fait naître en nous, pour nous pousser à désirer cette "autre vie en dormance" (XIV), cette déesse qui dort en chacun de nous, Orphia, et qui est notre véritable visage, "le secret pays de chacun" (XVIII) - ou la Nature telle que la voient Novalis dans Les Disciples à Saïs et Sabrina Calvo dans Sous la colline."




Lien : https://weirdaholic.blogspot..
Commenter  J’apprécie          10
Vie posthume d'Edward Markham

Subjuguant.



En refermant la dernière page j'ai pu maintenant ouvrir les yeux, comme le livre ou l'auteur l'annonce. La pellicule tournait encore dans ma tête ... Edward Markham ou Damon Usher, l'Institut des visualiseurs, la ville de Willoughby, le dernier épisode de La Quatrième Dimension que Todd Tramer achève sans le mot FIN ... La pellicule tournait sans trop savoir qui du réel ou de la fiction je quittais et lequel je rejoignais. Ce flottement, en l'absence de pagination renforçait mon envie de lire d'une traite, me perdre et plonger dans l'espace littéraire de cette oeuvre d'art totale.



Car c'en est une. Avec une plume d'une rare sensibilité, Pierre Cendors nous livre à l'écran (ou sur le papier, à vous de voir) un hommage à l'univers de Rod Serling, en plus de restituer une inquiétante étrangeté teintée d'existentialisme. Car si les thèmes du double et du trouble sont maîtrisés à la perfection, le livre de Cendors nous questionne aussi sur notre rapport au monde, au temps, au prosaïque. C'est un roman de mise en abyme qui se passe de toute conclusion.



Si ce n'est, peut-être :



"Le chemin est encore long, il sera bientôt temps de partir. Mais où irons-nous ? Et qui nous trouvera si nous nous perdons ? Toutes les directions indiquent notre silence. Et nul chemin ne conduit à celui qui erre."



Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Pierre Cendors (216)Voir plus

Quiz Voir plus

Autobiographies de l'enfance

C’est un roman autobiographique publié en 1894 par Jules Renard, qui raconte l'enfance et les déboires d'un garçon roux mal aimé.

Confession d’un enfant du siècle
La mare au diable
Poil de Carotte

12 questions
239 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}