Citations de Pierre Choderlos de Laclos (687)
De quel avantage sera-t-il donc pour ma fille d'être née riche, si elle n'en doit pas moins être esclave de la fortune ?
(...) Ces mariages, qu'on calcule au lieu de les assortir, qu'on appelle de convenance, et où tout se convient en effet, hors les goûts et les caractères, ne sont-ils pas la source la plus féconde de ces éclats scandaleux qui deviennent tous les jours plus fréquents ?
Adieu, Marquise ; je ne vous dis rien de mes sentiments pour vous. Tout ce que je puis faire en ce moment, c’est de ne pas scruter mon cœur. J’attends votre réponse. Songez en la faisant, songez bien que plus il vous est facile encore de me faire oublier l’offense que vous m’avez faite, plus un refus de votre part, un simple délai, la graverait dans mon cœur en traits ineffaçables.
J'ai été étonné du plaisir qu'on éprouve en faisant le bien ; et je serais tenté de croire que ce que nous appelons les gens vertueux, n'ont pas tant de mérite qu'on se plait à nous le dire.
Un mot pour l'autre peut changer toute une phrase ; le même a quelquefois deux sens...
"Quand j'ai à me plaindre de quelqu'un, je ne persifle pas; je fais mieux, je me venge."
Je dirai bien comme Socrate : J’aime que mes amis viennent à moi quand ils sont malheureux ; mais en sa qualité de Philosophe, il se passait bien d’eux quand ils ne venaient pas.
Sachez-moi gré de mon courage à me défendre : oui, de mon courage ; car il en faut quelquefois, même pour ne pas prendre un parti qu’on sent être mauvais
Une occasion manquée se retrouve, tandis qu’on ne revient jamais d’une démarche précipitée.
L'humanité n'est parfaite dans aucun genre, pas plus dans le mal que dans le bien. Le scélérat à ses vertus, comme l'honnête homme a ses faiblesses.
Mais, quelque envie qu'on ait de se donner, quelque pressée que l'on en soit, encore faut-il un prétexte ; et y en a-t-il de plus commode pour nous, que celui qui nous donne l'air de céder à la force ? Pour moi, je l'avoue, une des choses qui me flattent le plus, est une attaque vive et bien faite, où tout se succède avec ordre quoique avec rapidité ; qui ne nous met jamais dans ce pénible embarras de réparer nous-même une gaucherie dont au contraire nous aurions dû profiter ; qui sait garder l'air de la violence jusque dans les choses que nous accordons, et flatter avec adresse nos deux passions favorites, la gloire de la défense et le plaisir de la défaite. Je conviens que ce talent, plus rare que l'on ne croit,m'a toujours fait plaisir, même alors qu'il ne m'a pas séduite, et que quelque fois il m'est arrivé de me rendre, uniquement comme récompense.
[...] il vaut mieux vous mériter que vous obtenir [...].
Il n’est donc point de femme qui n’abuse de l’empire
qu’elle a su prendre!.
Vos ordres sont charmants ; votre façon de les donner est plus aimable encore ; vous feriez chérir le despotisme.
Croyez-moi, Mademoiselle, vouloir payer de l’amour avec de l’amitié, ce n’est pas craindre l’ingratitude, c’est redouter seulement d’en avoir l’air.
L'amour est un sentiment indépendant, que la prudence peut faire éviter, mais qu'elle ne saurait vaincre ; et qui, une fois né, ne meurt que de sa belle mort, ou du défaut absolu d'espoir.
A force de chercher de bonnes raisons, on en trouve, on les dit ; et après on y tient, non pas tant parce qu'elles sont bonnes que pour ne pas se démentir.
Lettre57
Le vicomte de Valmont à la marquise de Verteuil
Pendant que je disserte ici, vous faites mieux avec votre Chevalier. Cela me fait songer que vous m'avez promis une infidélité en ma faveur, j'en ai votre promesse par écrit et je ne veux pas en faire un billet de La Châtre ! Je conviens que l'échéance n'est pas encore arrivée: mais il serait généreux à vous de ne pas I'attendre et de mon côté , je vous tiendrais compte des intérêts, Qu'en dites-vous, ma belle amie ? Est-ce que vous n'êtes pas fatiguée de votre constance ? Ce Chevalier est donc bien merveilleux Oh! laissez-moi faire je veux vous forcer de convenir que si vous lui avez trouvé quelque mérite, c'est que vous m'aviez oublié.
Adieu, ma belle amie; je vous embrasse comme je vous désire; je défie tous les baisers du Chevalier d'avoir autant d'ardeur.
Si vous avez un rival, il faut plaire pour lui être préféré ; si vous n'en n'avez pas, il faut encore plaire pour éviter d'en avoir.
• cité dans Artips, 30/01/2019
Être cruel et malfaisant ,ne te lasseras-tu point de me persécuter ? Ne te suffit-il de m'avoir tourmenée ,dégradée, avilie ? veux-tu me ravir jusqu'à la paix du tombeau ?
J'ai été étonné du plaisir qu'on éprouve en faisant le bien ; et je serais tenté de croire que ce que nous appelons les gens vertueux n'ont pas tant de mérite qu'on se plaît à nous le dire.
(Lettre XXI, Valmont)