Souvent, il m’aide à prendre des décisions. Par exemple, lorsque j’hésite entre une émission télévisée plutôt qu’une autre, je lui cède la télécommande et il éteint, tout simplement.
Si vivre avec une personne âgée apporte de grands questionnements, je constate aujourd’hui que bien des réponses sont facultatives. Je côtoie l’incertitude et l’inexplicable au quotidien, et je m’en porte très bien.
Il attend quelqu’un… plus tard devant l’évidence que personne ne viendra, il se remet en route pour sa chambre ou la salle de bains. Voilà, c’est tout.Ca s’appelle vieillir. Jamais on ne raconte ces choses là, bien sûr.Ca n’intéresse personne.
Dans la cour arrière de notre petite maison, j'ai sorti deux chaises de toile et un parasol. Léo se croit à la plage. D'ailleurs le bruit constant du système d'aération de l'édifice voisin s'apparente au son des vagues. Je lui avais promis la Floride, mais le trajet jusqu'aux États-Unis l'aurait achevé. De toute façon, il voyage déjà énormément dans sa tête.
Plus tard, devant l'évidence que personne ne viendra, il se remet en route pour sa chambre ou la salle de bains. Voilà, c'est tout. Ça s'appelle vieillir. Jamais on ne raconte ces choses-là, bien sûr. Ça n'intéresse personne.
Je veux que ce soit comme avant, ne cesse-t-il de répéter. Cette récrimination contient, à elle seule, toute la tragédie de celui qui se voit arraché à un monde qu'il aimait. La maladie nous traîne de force vers une destination que nous avons toujours évitée.
Même si je les invite, les amis ne viennent plus à la maison. Désormais, les activités en groupe ont lieu ailleurs et sans moi. Je mène une vie sociale semblable à celle du hamster, moins le plaisir de la roue.
Léo est très agréable à côtoyer, fait jamais la gueule. Volontaire, il participe à tout. Hier, c'est lui qui a coupé les pommes de terre. Bon, d'accord, on a soupé tard, et alors ?