Pierre Guichard

Sept siècles de présence musulmane en Espagne

(711 : sous le gouvernement du calif omeyyade Walîd 1er, débarquement du berbère islamisé , gouverneur de Tanger Târiq Ibn Ziyâd avec douze mille hommes et victoire sur le roi wisigoth Roderik -1492 : Reddition de Grenade) racontés en quelques deux cent soixante pages, c'est une gageure réussie.

Bien sûr, il y a des raccourcis qui ne m'ont pas facilité la parfaite compréhension de certains événements (L'émirat puis le califat , les multiples taïfas, et leurs rivalités selon leurs origines ethniques, le royaume de Grenade..., je m'y suis un peu perdue, et j'ai dû relire certains passages en prenant des notes ) mais cet ouvrage synthétique présente cette histoire médiévale de façon dépassionnée avec objectivité et réalisme . Bien des aspects sont évoqués : religion bien sûr, littérature, économie, culture, architecture… Il est, pour moi, une bonne approche, qui me donne l'envie de poursuivre cette investigation historique. J'y ai aussi retrouvé, avec quelque intérêt un petit pan de l'histoire d'Avignon quand les Provençaux s'allièrent aux Arabes contre Charles Martel !

Ce livre est agrémenté de cartes, de repères chronologiques, il manque, cependant, un glossaire.

Ce livre rassemble les contributions d'auteurs ayant participé à une rencontre consacrée à la vie et l'oeuvre d'Ibn Rushd, l'Averroès des latins; mais aussi à son époque, celle, au XIIème siècle, de la dynastie Almohade en Al Andalus, dont Averroes, né a Cordoue, fut, jusqu' à sa disgrâce, l'un des serviteurs. Averroes est surtout connu pour avoir été un commentateur d'Aristote. D'une grande curiosité intellectuelle, à la fois croyant et philosophe, il voulut concilier la foi et la raison. Il se heurta cependant à l'intransigeance de religieux pour qui la révélation et la philosophie étaient inconciliables. L'église chrétienne condamnera à son tour une oeuvre perçue comme une menace. Averroes a été traduit en latin mais aussi en hébreu. Son influence sur la philosophie médiévale fut donc considérable.

Cet ouvrage dresse un portrait des relations entre occident et pays 'Islam entre le Xème et le XIIIème siècle, alors bien entendu, les croisades y figurent en bonne place. Ce n'est cependant pas simplement un ouvrage d'histoire militaire ou retraçant de manière chronologique les événements de l'époque. Le livre permet de voir les dynamiques à l'oeuvre dans le monde Méditerranéen et les relations croisées entre Espagnols, normands, italiens et les dynasties musulmanes (Almohades, Almoravides, zankide... L'ouvrage décrit également de manière plus synthétique les relations commerciales et les relation intellectuelles en consacrant notamment à l'influence des missions religieuses.

Le nom d’Al-Andalus fait rêver. Un mythe plus qu’une réalité entoure cette dénomination ; ce livre a pour but de montrer un visage vrai de l’Espagne musulmane du moyen-Age. Montré la réalité de l’art, du savoir, de la vie en commun des trois religions, afin, non de cassé une songe mais d’accéder à la réalité. Cependant ce livre est un peu ardu ce qui le rend difficile à lire.

Voilà un livre bien utile qui permet , par le sérieux du travail historique et le croisement de sources très diverses , d’éclaircir une période qui fait l’objet de nombreux fantasmes : un idéalisation autour de la coexistence pacifique des trois religions ( elle exista mais par moments seulement) , des récupérations régionalistes et une appropriation par la propagande Djihadiste.

Un très bel ouvrage qui allie rigueur historique et exhaustivité des périodes !

Il est rare que les moments les moins connus de l'histoire musulmane soient aussi bien traités.

J'ai beaucoup apprécié le style de l'écriture aussi, fluide et rythmée, et j'ai appris de nombreux détails que j'ignoraient encore sur cette période de l'histoire, merci à l'auteur !

Livre assez court mais dense surtout centré sur les événements politiques et les différentes étapes de la conquête et de la reconquête, et qui évoque aussi largement les productions artistiques de la période : architecture (en particulier l’Alhambra de Grenade), arts décoratifs et littérature.

La part consacrée aux antagonismes entre islam et philosophie au XIIe siècle – pourtant d’un grand intérêt en regard de l’évolution inverse en Occident – est assez réduite.



La description des deux premiers siècles fera perdre leurs illusions à ceux qui pensent que l’Espagne islamisée pourrait servir de modèle pour faire cohabiter paisiblement les communautés qui se forment aujourd’hui en Europe tant est effrayant le niveau de violence qu’a pu être ce panier de crabes d’al-Andalus.

Les conflits tribaux opposent les Yéménites opposés aux Arabes du Nord, eux-mêmes débordés par les Berbères que des Syriens viennent mater avant d’être liquidés par les Omeyyades et que les Abbassides de Bagdad envoient des tueurs assassiner les émirs de Cordoue…

Les tensions perdurent avec l’arrivée des Berbères almoravides en 1090 et almohades en 1147 sous lesquels la tolérance régresse.



La situation n’est à peu près calme qu’entre 961 et 978 sous le calife Al-Hakam II et jusqu’à la prise de pouvoir de l’usurpateur Al-Mansûr. Les périodes de « paix » ne sont pas le résultat d’un choix partagé mais d’une reprise en main énergique par Cordoue et de la soumission des minorités politiques.

Au total, le calme relatif n’aura en fait duré qu’une vingtaine d’années sur presque huit siècles soit moins de 3% de la période musulmane dans la péninsule.



Toutefois, l’auteur est curieusement silencieux sur la situation des dhimmis, l’organisation sociale et l’évitement de principe pratiqué par les différentes communautés, ce qui est à la fois étonnant et décevant. Il a visiblement préféré éviter d’aborder les sujets, pourtant cruciaux de l’époque, qui pourraient alimenter les polémiques actuelles sur la place de l’islam en Europe.