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Critiques de R.J. Ellory (2818)
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Le Chant de l'assassin

Le chant de l'assassin de J.R Ellory est incontestablement un roman noir par bien des aspects. Noirceur de la réalité sociale : les années 50, dans le West Texas, plus précisément à Calgary "un de ces endroits que Dieu a oubliés, ou carrément jugé irrécupérables". Noirceur de l'univers carcéral que l'auteur évoque avec beaucoup de justesse et de réalisme, notamment au niveau de ses codes, ses rites, sa violence et des séquelles irréversibles qu'il laisse dans la psyché de ceux qui l'ont connu. Noirceur des destins aussi pour ceux qui cumulent la malchance d'être nés dans le West Texas et celle d'avoir été ou d'être incarcérés à la prison de Reeves.

C'est ce double handicap qui pèse sur les deux principaux héros de cette histoire : Evan Riggs et Henry Quinn, presque "deux frères de sang" tant sont forts les liens qui se sont tissés entre eux ; si forts d'ailleurs que Evan, condamné à perpet, va confier à Henry qui doit sortir de prison, une lettre pour sa fille Sarah qu'il ne connaît pas et dont il charge Henry de retrouver la trace.

Commence alors un long road-movie jusqu'à Calgary où Henry retrouve le frère de Evan, Carson Riggs, le "méchant" de l'histoire. Si je suis un peu ironique c'est parce que j'ai trouvé qu'en dépit de certaines qualités, ce roman pêchait parfois par manque de complexité, notamment au niveau des personnages. Si ceux de Evan et Henry sont fort présents et attachants, en raison de leur trajectoire tragique alors qu'à leur naissance "les bonnes fées" s'étaient penchées sur leur berceau et qu'ils avaient tout pour réussir, le personnage de Carson n'a rien - du moins à mes yeux - qui permette à la fois de le détester tout en se disant en son for intérieur qu'il n'est pas aussi salaud qu'il y paraît !

Même bémol pour les dialogues, nombreux dans le roman. Ils sont tantôt criants de vérité, tantôt surfaits ou déficients au niveau de l'intensité dramatique dont ils sont porteurs. Enfin si certaines scènes sont très riches en émotions fortes, notamment celle où Evan retrouve sa compagne du moment, suicidée dans sa baignoire, d'autres manquent de panache, comme celles où Evan et Carson s'affrontent à propos de la femme qu'ils aiment tous les deux, Rebecca ou à propos du devenir de la ferme de leurs parents.

Toutes ces remarques expliquent la sévérité de ma note par rapport à celles bien plus généreuses attribuées au roman et dont je ne conteste pas le bien-fondé.

Simplement je pense que j'avais mis la barre trop haut ou que j'attendais autre chose que ce livre ne m'a pas donné. J'ai sans doute trop souvent pensé en le lisant à un roman de Steinbeck : A l'est d'Eden et bien sûr je me suis sentie nostalgique en pensant aux émotions fortes que j'avais ressenties à la lecture de celui-ci...
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Le jour où Kennedy n'est pas mort

Dallas, novembre 1963. Lee Oswald va rater sa cible, et Kennedy ne sera pas assassiné.



Washington, juillet 1964. Alors que pour Kennedy la course électorale afin de se faire réélire pour un deuxième mandat fait rage, Mitch, un jeune journaliste-photographe free-lance va apprendre une terrible nouvelle. Son ex-compagne Jean, celle-la même qu’il devait épouser il y a dix ans, est retrouvée morte. Elle se serait suicidée. Mitch, qui a bien du mal à y croire, va débuter une enquête qui le fera marcher sur les pas de Jean. Cette dernière était aussi journaliste et semblait s’intéresser de près à Kennedy. Que s’est-il réellement passé ?



Sous forme d’uchronie, qui n’est pas sans rappeler celle de Stephen King et son fameux « 22/11/63 », Ellory nous propose une véritable petite pépite sous fond d’intrigues politiques, de disparitions mystérieuses et de noirceur.



Je ressors essoufflée de ce thriller mené tambour battant. Je n’ai décelé aucune fausse note à un postulat de départ qui peut sembler avoir été revisité maintes fois. Pourtant, Ellory fait ressortir son récit de manière indéniable, puisqu’il en maîtrise tous les tenants et aboutissants et tous les codes de ce genre littéraire qu’est le roman noir.



J’y ai retrouvé une originalité époustouflante durant tout le récit. Bien évidemment, Ellory prendra des libertés, puisque pendant toute la fin de l’année 1963 et la moitié de l’année 1964, il va imaginer ce qu’aurait été le quotidien de Kennedy pendant sa présidence et comment se serait déroulée la campagne électorale. Ellory ne nous rend pas forcément la figure de Kennedy sous un jour très favorable, bien au contraire. Il la fait plutôt évoluer sous bien des travers, tels que trahisons et complots.



L’enquête de Mitch est des plus réussies. Elle m’a tenue en haleine tout au fil des pages, et j’ai été en immersion totale. Ellory s’est rénové avec ce récit, que j’ai trouvé être l’un de ses meilleurs opus, mais a gardé ce qui fait la force de ses romans, à savoir les personnages torturés. C’est le cas ici avec Mitch. Je l’ai trouvé très attachant et son parcours et ses méandres intérieurs m’ont beaucoup émue. J’ai eu une grande empathie pour lui. C’est l’un des personnages qui m’ a le plus touchée dernièrement.



Tout au fil des pages, la famille de Kennedy va faire son apparition, que ce soit son frère Bobby, sa femme Jackie , ou même sa fille Caroline. Ellory a su romancer le tout et tisser des intrigues au sein de ce clan si mythique. Ce ne sera pas le point central de ce roman, malgré tout, puisqu’il se concentre davantage sur les recherches de Mitch.



La plume est toujours aussi particulière. Le style de l’auteur est puissant et empli de noirceur. Lorsque je lis un roman d’Ellory, je sais que l’auteur ne se contentera pas de rester en surface. Il apporte une densité unique et un relief impressionnant à son récit. Cependant, à la différence de ses autres romans, j’y ai retrouvé davantage de rythme et beaucoup moins de langueur dans le déroulé de l’histoire. J’ai du coup encore plus apprécié cette lecture, les pages ayant défilé sans même m’en rendre compte.



Une uchronie où l’auteur revisite l’un des événements les plus marquants de l’histoire politique, et où sous fond d’intrigues, de disparitions, de mystères, un personnage principal torturé devra mener une enquête haletante. C’est une réussite totale et c’est un roman à ne pas manquer.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Le Chant de l'assassin

Abel et Caïn au Texas... Ou comment un manque d'amour paternel peut entraîner chez un enfant une haine tenace, bien cachée, mais prête à exposer.



Je reste indéfiniment sous le charme du magnifique et unique" Seul, le silence", cependant j'ai beaucoup aimé cette histoire de passion ravageuse. Carlson et Evan. Deux frères, amoureux de la même femme, Rebecca. L'un, taiseux et les pieds sur terre, l'autre fantasque et si attachant...Cela peut paraître banal, cliché, le traitement qu'en fait l'auteur ne l'est pas. Il ne prend pas parti, ne se montre pas manichéen, mettant à jour les failles, les manquements de chacun.



Bien des années plus tard, du fond de sa prison où il purge une peine à perpétuité, Evan demande à son co-détenu, Henry, qui va sortir, de donner une lettre à sa fille, Sarah, qui ne sait rien de lui. Henry veut tenir cette promesse à celui qui l'a sauvé de l'enfer carcéral. Coûte que coûte. Mais ce sera au prix du danger et de la boue remuée. Car il va falloir affronter le terrible Carlson, devenu shérif...



J'ai adoré le langage populaire imagé des conversations entre les différents personnages , un peu tontons flingueurs version texane. J'ai été émue par les personnages, blessés, cassés par le destin , pourtant nobles, d'une certaine façon. J'ai apprécié de découvrir peu à peu, par un jeu subtil entre passé et présent les secrets mal enfouis. J'ai vraiment eu l'impression de sentir la poussière sèche du Far West, de voir les gens du coin s'enfiler une bière tout en triturant leur revolver, ou en grattant une guitare, point commun entre Evan et Henry...



L'auteur est très fort pour rendre une atmosphère palpable, nous faire réfléchir au destin, qui accable parfois, nous attacher à ces êtres de papier qui deviennent peu à peu comme des proches. Du grand art!
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Les fantômes de Manhattan

Un des premiers Ellory, ceci tendant à expliquer cela, mais quand même...



Annie O'Neill pourrait être heureuse.

N'était l'absence cruelle de mec, de blé et d'historique paternel, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Aussi, lorsqu'un étrange étranger pénétra dans sa petite, mais néanmoins charmante librairie, pour évoquer ses parents qu'elle connut trop peu et un manuscrit à égrener en sa compagnie, c'est tout de go qu'elle se lança dans l'aventure tout en se demandant le lien pouvant bien exister entre parentalité et grimoire.

Il est peut-être des vérités qu'il vaut mieux ne jamais découvrir...



Récit inégal, plaisir forcément partagé.

Si j'ai adoré la partie retraçant l'itinéraire d'un enfant peu gâté et les rapports entretenus entre Annie et son attentionné alcoolique de voisin, la romance naissante entre notre libraire préférée et un bel inconnu miraculeusement alpagué m'a gonflé au plus haut point. Bourrée de clichés, cette bluette sirupeuse contraste fortement avec le ton général du récit.



Une chape de plomb désespérante où désir d'avenir en berne et filiation contrariée se taillent la part du lion.

Aussi, difficile de maintenir un niveau d'intérêt constant lorsque ce dernier se voit régulièrement et brutalement saucissonné par un consternant badinage vomi et revomi à l'envi.



Bref, Ellory ne pouvant torcher que des chefs d'oeuvre, il convient de lui pardonner dans la foulée d'autant que l'originalité et le final plaidant largement en sa faveur, le tout se lit, somme toute, avec un plaisir certain à défaut d'inoubliable.
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Le Chant de l'assassin

R.J. Ellory est un auteur à part car il sait magnifier et décrire, avec une élégance rare, une pudeur non feinte, les émotions qui traversent nos existences comme autant de sillons creusés dans la terre. "Les mots manquent aux émotions" écrivait très justement Victor Hugo dans "Le dernier jour d'un condamné (1829). En véritable peintre des mots et des émotions humaines, R.J. Ellory tutoie les sommets avec "Le Chant de l'assassin", son tout dernier roman. Hanté par le spectre du destin qui échoie aux hommes, bons ou mauvais, l'écrivain s'interroge sur le fil ténu qui nous fait basculer d'un côté ou l'autre de l'existence. Il est question ici de deux frères, les Riggs, Evan et Carson et d'une jeune femme Rebecca, fille d'un de leur voisin. L'antagonisme né dès l'enfance entre les Romulus et Rémus de Calvary, dans une petite bourgade paumée du Texas va figer les horloges du temps. Rémus franchit le sillon sacré que vient de tracer Romulus. Ce dernier tue son frère et dit alors qu'il "en sera de même pour tous ceux qui oseront franchir mes remparts." Dans "Le Chant de l'assassin", il est question d'une haine tenace entre deux frères que tout oppose. Nous sommes en 1972, Evan Riggs est emprisonné à perpétuité pour meurtre. Il partage sa cellule avec un tout jeune homme, un musicien comme lui, Henry Quinn. Ce dernier va sortir de prison. C'est alors qu'Evan lui demande de retrouver sa fille Sarah afin de lui transmettre une lettre. Mais à Calvary, un homme règne sans partage, Carson Riggs, shérif de la ville. Henry Quinn veut tenir sa promesse mais sans le vouloir, il remuera les pierres cachant autant de serpents venimeux. Les fantômes du passé vont ressurgir et les souvenirs enfouis de Calvary ne le seront bientôt plus. Quels secrets hantent cette paisible bourgade texane ? L'histoire, signée R.J. Ellory, est absolument sublime, le tout étant magnifié par un style d'écriture au cordeau. Cette tragédie est orchestrée de main de maître par un auteur qui n'a pas fini de nous surprendre. Véritable retour aux sources, dans la lignée de son premier livre "Seul le silence", "Le Chant de l'assassin" est une plongée vertigineuse dans les méandres de la psychée de deux frères. le destin comme une fatalité pèse sur leurs épaules. On ressort de cette lecture, en se disant, que, décidément, R.J. Ellory est un auteur non seulement remarquable mais aussi incroyablement sensible. Vertigineux.


Lien : https://thedude524.com/2019/..
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Les assassins

R.J. Ellory s’est penché sur de nombreux mythes de l’histoire américaine récente. Le voilà qui s’attaque à un phénomène de société qu’on associe immédiatement à ce pays (alors qu’il n’en n’a pas tout le monopole) : les tueurs en série.



Ellory qui se lance dans la thématique sans doute la plus rabâchée des romans noirs, ça pourrait presque inquiéter. Et pourtant… L’auteur sort de tous les clichés, utilise les règles du genre pour mieux les exploser et surtout fait du Ellory dans le texte.



Vous pensez avoir tout (trop) lu sur le sujet ? Le génial écrivain britannique va vous faire reconsidérer votre avis. Moi qui suis féru de ce genre de lecture, je n’ai jamais vécu une expérience littéraire pareille. Les assassins est un livre rare, basé sur un concept fort et original, mélange de réalité et de fiction.



Un serial killer décide de mettre en scène les crimes des plus « célèbres » tueurs en série américains, à leur date anniversaire. On le surnomme vite « Le Commémorateur » (The Anniversary Man, titre original).



R.J. Ellory utilise ce pitch ingénieux pour nous plonger (très profond) dans l’histoire américaine à travers ces tueurs particuliers, tout en déployant une intrigue fictionnelle incroyablement riche. L’idée de base est astucieuse, le traitement est stupéfiant.



Publié en 2009 juste après Les anonymes, et resté inédit en français jusqu’en 2015 (c’est d’ailleurs le même traducteur qui s’est brillamment occupé des deux, Clément Baude), ce roman sort enfin de l’ombre. Ce n’est que justice tant ce livre se place d’emblée comme l’une des plus belles réussites de l’auteur (ce qui place donc la barre très très haut).



Le récit vous ferre d’entrée grâce à une introduction ahurissante de plus de 50 pages. Le ton est donné, les émotions sont fortes.



Je pourrais en faire des tonnes et abuser de superlatifs concernant ce roman. C’est inutile, aucun mot ne pourra être au niveau de ce que j’ai pu ressentir durant cette lecture.



Les assassins est sans doute le roman le plus noir de R.J. Ellory, tant il décrit une violence qui nous dépasse. Mais une description à l’image de l’auteur, sans complaisance ni voyeurisme. Un roman qui, par ce mélange de réel et d’imaginaire, tente de cerner le phénomène lié à ces monstres. En un mot : comprendre. Et nous questionner également sur notre fascination pour ces tueurs atypiques.



Ellory pose le sujet sur la table, mais très vite nous fait comprendre qu’il est impossible de rationaliser l’irrationnel.



Mais on est loin (très loin) d’une simple étude sur un phénomène de masse. L’auteur nous conte une histoire avant tout. A aucun moment il ne perd de vue l’aspect fictionnel de son intrigue et met toujours l’humain en première ligne. Le style d’R.J. Ellory est synonyme d’émotions et ce récit en déborde. A travers des personnages épatants (comme ce rescapé d’une tuerie qui est devenu expert ès tueurs en série, ou encore ce flic qui donne toutes ses tripes pour résoudre cette affaire), l’intrigue est incroyablement addictive tout au long de ces 570 pages denses.



Et puis l’écrivain n’oublie jamais de parler des victimes avec respect et sans jamais se délecter d’un quelconque sensationnalisme.



C’est un Ellory un peu différent de celui qu’on a pu connaître à travers d’autres de ses romans, et pourtant reconnaissable entre mille. Plus contemporain, il a su modeler son écriture, la rendant parfois analytique pour les besoins de sa chronique. Mais il revient très vite à cette sensibilité unique que lui seul sait faire transpirer à travers ses mots. Et puis ça lui permet également, au passage, de développer intelligemment la thématique du pouvoir de la presse.



Les assassins est une réussite remarquable, au point d’en perdre mes mots, au point d’y penser encore et encore une fois la dernière page tournée. Fascinant, intelligent, émouvant, captivant. A la fois un vrai thriller et un roman unique qui confirme R.J. Ellory comme l’un des plus grands auteurs actuels de romans noirs.



PS : quelle belle idée de la part de l’éditeur Sonatine d’avoir sorti ce roman en parallèle à Papillon de nuit (premier roman de l’auteur, paru en 2003 et resté inédit jusqu’en 2015 en français). Les deux romans sont très différents, complémentaires, et sont un condensé du talent immense de R.J. Ellory. Sans aucun doute pour moi, deux de ses plus grands livres.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Le jour où Kennedy n'est pas mort

Mon grand coup de coeur de cet auteur reste" Seul le silence" mais je me suis passionnée pour celui-ci. Pourtant, je ne suis pas fan d'uchronies, comme le laisse déjà suggérer le titre.



Et si? Et si John Kennedy n'avait pas été tué le 22 novembre 1963? Et si Oswald l'avait raté ? J'ai cru comprendre que Stephen King avait auparavant exploité lui aussi le thème, en imaginant un voyage dans le temps pour empêcher l'assassinat.



L'auteur s'est beaucoup documenté, on le sent, il faut dire que de nombreuses théories ( dont bien sûr celle du complot) et articles, films en tous genres ont fleuri à propos de la mort de Kennedy.



L'angle d'approche est original : entrecouper des scènes ( fictives évidemment...) présentant Kennedy et son entourage, depuis le 22 novembre 1963 jusqu'à fin août 1964, au moment de la convention dėmocrate, à Atlantic City, et le parcours d'un journaliste, Mitch.



J'ai beaucoup aimé ce personnage, brisé par la vie, et ses propres manquements. Il apprend que Jean, son ex-fiancée, ( ils se sont séparés, lorsqu'il a décidé de partir à la guerre en Corée, comme reporter, contre son avis à elle) , journaliste également, qu'il n'a pas revue depuis une dizaine d'années, se serait suicidée. Il n'y croit pas et commence une enquête le conduisant à Dallas, là où s'est rendue Jean en novembre 63; elle semblait s'être intéressée de très près à Kennedy...



Je n'en dirai pas plus, sauf que Kennedy, devenu un mythe, n'offre pas ici une belle image de lui-même ! Et l'auteur n'invente pas, il s'appuie sur les faits. J'ai pensé au comportement ridicule de Trump, car il est question d'allégations de républicains comme quoi l'élection de Kennedy en 1960 était truquée. La seule grande différence, c'est qu' à l'époque, c'était sûrement vrai...



Mais c'est l'histoire personnelle de Mitch qui m'a surtout plu. R.J Ellory a un don pour créer une empathie spontanée du lecteur pour son personnage principal. Il cherchera sa vérité intime, à travers l'enquête dangereuse qu'il mène.



Du très beau travail, vraiment, mêlant habilement réalité et fiction, une écriture toujours aussi attractive, et un sens psychologique aiguisé. Je recommande ce livre!
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Une saison pour les ombres

Camper du noir dans le très blanc de notre nordicité toute québécoise et surtout bien particulière est un exploit apprécié à savourer. RJ Ellory a très bien su, avec mains de maître, utiliser les codes d'une communauté, des gens qui, par choix ou obligation, décident de s'installer et de vivre dans ce climat si singulier caractérisé par le froid intense et une nature aussi inhospitalière.

C'est le propre des villes ponctuelles, développées autour d'une seule industrie, ici le fer, l'exploitation minière du fer. Des villes et des gens qui ne doivent leur survie qu'à la santé des filons. Saluons les recherches effectuées et le travail de documentation de l'auteur, car Une saison pour les ombres est tout à fait crédible.

C'est l'histoire d'une famille, les Devereaux, qui sombre, qui s'abîme, qui se fait englober par les ombres justement. Folie générée par le climat? Le mode de vie? L'isolement? Que deviennent ceux qui restent à Jasperville? Ceux qui partent se reconstruisent-ils?

Dans cette petite ville des jeunes filles sont retrouvées horriblement mutilées, éventrées. Est-ce les bêtes sauvages? Est-ce LA bête? Est-ce l'homme? Car vivre dans un environnement aussi particulier c'est aussi alimenter les légendes de créatures diaboliques telles le Windigo. Et c'est très habilement que RJ Ellory a su marier le surnaturel au réel, les légendes aux faits, les diables et les âmes humaines qui parfois les habitent. C'est une longue enquête qu'effectuera Jacques, l'ainé de cette famille pour sauver (ou se sauver) son jeune frère et trouver une vérité.

Une saison pour les ombres est aussi cauchemar et ténèbres. Heureusement, quelques mois par année, on voit poindre le soleil.

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Seul le silence (BD)

Augusta Falls (Géorgie – USA). 1939.



Joseph Vaughan est un écolier tranquille, rêveur, amoureux de toutes les filles, doué pour l’écriture, très apprécié par sa jeune institutrice, mademoiselle Webber, qui l’incite à prendre part à un concours d’écriture. On pourrait croire que malgré les conditions de vie difficiles de sa famille et de celles des autres habitants de la petite ville et des fermes alentours, il mènerait une vie paisible. C’était le cas jusqu’au jour où fut découvert le corps d’une écolière, pas n’importe laquelle, Alice Ruth Van Horne, dont il était précisément amoureux à ce moment-là et avec qui il envisageait un avenir heureux. La petite a subi des sévices que la décence ne m’autorise pas à décrire ici.

Qui est le coupable ? Pour certains habitants de la région, ce ne peut qu’être un « nègre » de passage. Serez-vous surpris si je vous dis que c’est notamment une idée partagée par un ami de la famille Vaughan, un homme d’origine allemande… Tiens, depuis deux mois les Allemands ont déclenché la guerre en Europe… Est-ce bien avisé de sa part d’accuser d’autres hommes d’un crime ? Mais les « nègres » sont-ils des hommes ? C’est la question que certains se posent dans ce sud très marqué à cette époque-là par le Ku-Klux-Klan, ces encagoulés « ô combien courageux » puisqu’ils n'hésitaient pas, armés et en nombre, à pendre de pauvres noirs dont le crime le plus horrible était leur couleur de peau. Racistes ces Américains-là ? Oh, comment osez-vous ! Et que fait la police ? Oh, sûrement occupée à regarder ailleurs…

Peu après, le père de Joseph décède. Les conditions de vie de sa famille n’étaient déjà pas terribles, voilà qui ne va pas les améliorer.

Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Tant qu’à cultiver les mauvaises nouvelles, allons-y pour une autre : une nouvelle fillette a été assassinée dans d’horribles conditions. Joseph se sent coupable de ne pas avoir su la protéger. Il va encore avoir l’occasion de beaucoup culpabiliser car ces deux là ne sont que les deux premières…



Critique :



Voilà un magnifique thriller mis en musique par Fabrice Colin d’après R.J. Ellory. Richard Guérineau, au dessin, crée une atmosphère très sépia, comme si ses dessins sortaient d’un vieil album photo. Les émotions sont au rendez-vous en suivant les malheurs de Joseph Vaughan. Celui-ci va devenir un très grand écrivain qui, pour se libérer des démons de son épouvantable passé, va écrire le livre qui va narrer ses aventures jusqu’à la découverte du tueur en série. Ce dernier ne s’arrêtera pas aux meurtres de deux fillettes.



Alors, pourquoi seulement quatre étoiles ? Malgré l’intérêt de l’histoire, je me suis senti égaré dans le découpage du récit. Ce n’est pas évident de s’emparer d’un tel roman et de le rapporter en une centaine de planches. J’ai dû revenir en arrière à plusieurs reprises pour me rappeler qui est qui, les dessins des différents protagonistes n’étant pas toujours très évidents, même si j’ai apprécié le graphisme de ces mêmes dessins. J’étais convaincu, dans les premières pages de ma lecture que cela se solderait par cinq étoiles à l’arrivée, et puis une gêne s’est installée. Mes neurones sont peut-être trop vieux pour tout capter…

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Seul le silence (BD)

J'étais curieuse de voir ce que rendait en BD ce livre sublime, qui m'a tellement marquée. J'avais peur d'être déçue. Ce ne fut pas le cas, mais évidemment, si j'y ai retrouvé l'essentiel, certains aspects m'ont manqué.





Cette terrible histoire commence en Géorgie, en 1939. Les auteurs, qui d'après leurs remerciements, ont demandé conseil à R.J.Ellory, ont choisi des tons surtout sépia, sauf pour certains événements traumatiques, en rouge. L'atmosphère provinciale des années quarante est bien rendue. Le livre s'étalant sur de nombreuses années, chaque période se clôt par une page crème, avant d'aborder la suivante. Cela permet une clarification des faits de leur chronologie.



Le personnage principal, Joseph Vaughan, est assez semblable à la représentation que je me faisais de lui. La BD restitue bien l'ambiance tendue, les différents drames qui jalonnent la vie de Joseph. Certaines phrases du livre sont reprises.



Cependant, ce qui m'avait surtout fascinée, c'était d'abord Joseph, avec qui j'étais en complète empathie , ce qui est moins le cas ici, et surtout l'écriture impressionnante d'intensité, dense, d'une poésie noire, que l'on ne peut pas vraiment apprécier , ce qui est logique, dans ce format.



J'ai néanmoins pris plaisir à rejoindre l'imaginaire de R.J.Ellory, par le biais de cette BD, fidèle dans l'esprit au roman.



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Seul le silence

Viol et massacre de petites filles. Découpage en morceaux.

Ceux qui me connaissent un peu savent que je déteste ce genre de livres.

Mais curieusement, ici, j’ai adoré !

Curieusement, me direz-vous… Pas si curieusement quand même, car l’auteur ne s’appesantit pas sur la torture. Elle est là, tout au long du livre, mais dans l’esprit du narrateur, hanté par ce qui se passe près de chez lui. Il a même découvert un des corps et en reste traumatisé toute sa vie.



Nous sommes à Augusta Falls, en Géorgie, et l’histoire commence dans les années 30, lorsque le Joseph Vaughan est encore gamin. Son papa vient de mourir, et le voilà seul avec sa maman.

Une famille allemande vient habiter la maison voisine, une famille heureuse. Joseph y puisera tout le réconfort possible, et s’attachera à la petite fille, Ellen. Il aime aussi les livres, l’école, particulièrement sa maitresse très jeune, Alexandra Webber.

Tout est en place pour que commence la tragédie : une suite de viols et de meurtres de petites filles.

La région est en émoi, et la tragédie de Joseph est en marche.



Quel livre plein de sensibilité et de philosophie ! Le sens de la vie, le destin individuel est magnifié par un phrasé lancinant et poétique. Quelle profondeur dans la marche inéluctable du désespoir !

Je ne vais pas dire qu’Ellory écrit comme Joyce Carol Oates, non, ce n’est pas le même genre, mais comme elle il explore le côté sombre de l’Amérique et de l’être humain, sans oublier cependant l’autre face, lumineuse, de quelques-uns.



Je découvre cet auteur et j’en suis heureuse. Je dis que je suis heureuse…en effet, mais c’est quand même avec une pointe de soulagement que je quitte cet univers torturé où il faut se méfier des plumes se déposant sur votre chemin…Ce sont les plumes des anges annonciateurs de la mort.

Si jamais vous avez lu d’autres romans d’Ellory, j’accepterai avec bonheur les suggestions.

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Seul le silence

Trente ans ont passé depuis qu'il a quitté son village pour New-York, loin du lieu des premiers meurtres, mais le cauchemar a repris, et l'écrivain à succès, Joseph Vaughan, mène désormais l'enquête qui le conduira à l'assassin des petites filles.



Presque une vie consacrée à vaincre un traumatisme qui a pris naissance dans l'enfance. Des souvenirs qui vous poursuivent et vous obsèdent, impossibles à faire taire, à moins de retrouver l'origine du mal, c'est un peu l'histoire de R. J. Ellory. Élevé dans un orphelinat, parce que sa mère est morte très jeune et que son père est parti avant sa naissance, il a connu la prison, une vie difficile dont il se sortira après de longues années grâce à l'écriture. Un roman très noir qui est beaucoup plus qu'un roman policier parce que R. J. Ellory, pour l'avoir vécu, sait de quoi il parle.

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Seul le silence

L’édition de poche classe ce livre dans les « thrillers ». Je ne suis pas vraiment d’accord. Il ne s’agit pas ici d’un de ces polars sanglants actuels à l’écriture simple (simpliste), à l’intrigue complexe et, surtout, au rythme effréné, qui se lit dans le noir en quelques heures stressantes. Amateurs de ce genre-là, passez votre chemin, vous seriez déçus.

Non, Seul le silence est moins un thriller qu’un roman noir machiavélique, où le récit s’écoule lentement sous une chape lourde et mélancolique, étouffante et implacable comme peut l’être le soleil de Géorgie.

Lenteur, d’abord : le récit commence en 1939 et s’étale sur plus de 30 ans et 600 pages. Il nous est raconté chronologiquement par le narrateur, Joseph Vaughan, et est entrecoupé de courts passages qui indiquent le dénouement (sans nuire au suspense). Lenteur également simplement due à l’époque, où les courriers se transmettaient encore par la poste et où relier New York à la Géorgie était un voyage éprouvant de dizaines d’heures de bus.

Lourdeur, mélancolie, parce que l’histoire est sordide : pendant des années, un prédateur sexuel massacrera un nombre inouï d’innocentes gamines, en Géorgie et dans les Etats voisins, sans qu’on ne relève jamais le moindre indice. On croira à un moment que le coupable s’est désigné lui-même, mais parfois il y a un gouffre entre ce qu’on a envie de croire et la vérité…

Etouffant, parce que le narrateur est encore un enfant quand le 1er meurtre est commis. Plus tard, lui-même découvrira le cadavre de l’une des petites filles. Traumatisé par ces horreurs comme peut l’être un enfant de 12 ans, il restera hanté à vie par ces visages innocents, culpabilisant de n’avoir pas su les protéger avec ses copains du club des Anges Gardiens. Etouffant aussi parce que Joseph n’aura aucun répit tout au long de sa vie, entre ces meurtres et le sort qui s’acharne sur lui (un peu trop d’ailleurs…vraiment trop pour un seul homme). A peine quelques rayons de soleil avec les femmes de sa vie, puis grâce à son ami Paul.

Implacable parce qu’on sait dès le départ que le récit s’achemine vers la confrontation entre Joseph et le coupable, dont l’identité, en ce qui me concerne, est restée indécise jusqu’aux 50 dernières pages (j’ai longtemps hésité entre 3 ou 4 personnes).

Et tout ça fait que c’est magnifique même si les faits sont horribles. Malgré certaines longueurs et certains personnages trop « idéaux », j’ai beaucoup aimé l’atmosphère, l’écriture, le style. Beaucoup d’avis font référence à Truman Capote, d’autres à Steinbeck, moi j’ai pensé à William Styron : l’épisode de Brooklyn m’a rappelé « le choix de Sophie ».

J’ignore si les autres livres d’Ellory sont aussi bons, mais j’y goûterai…

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Au nord de la frontière

Victor Landis, shérif dans une petite ville de Géorgie, apprends que son frère avec qui il ne s’entendait plus, est mort dans des circonstances bizarres et criminels. Il laisse derrière lui une ex-femme et sa fille Jenna, dont Victor ignorait l’existence. Sa nièce, fort de caractère, va lui faire comprendre qu’il doit tenter de savoir ce qui est arrivé à Franck, son père/frère.

A côté de cela on découvre le corps d’une adolescente sur la berge du lac Nottely. Victor est alors appelé pour enquêter sur ce meurtre, il découvrira qu’elle n’est pas la seule victime…



Comme à son habitude l’auteur nous construit une histoire qui démarre lentement, on découvre petit à petit les lieux et les personnages. Dès le début je dois dire que j’ai directement accroché à Victor ainsi qu’à sa standardiste Barbara. J’ai beaucoup aimé l’humour décalé de cette dernière et elle m’aura fait sourire quelques fois ! Et puis Victor, malgré sa solitude et ces défauts, est terriblement attachant ! D’ailleurs je trouve que les personnages sont décrits d’une façon très humaine et assez juste ! Ils tiennent vraiment une part importante à toute l’histoire !

L’auteur nous transporte à travers son histoire en Géorgie avec son atmosphère particulière et ces descriptions précises, de tel qu’on s’y croirait vraiment.

J’ai comme dans chaque livre également, beaucoup aimé la plume de l’auteur et la façon dont il décrit son histoire, je suis toujours aussi fan ! Comme je l’ai dit plus haut, l’histoire démarre lentement, mais en aucun cas cela ne m’a dérangé, au contraire, bizarrement là ou dans d’autres livres je déteste, ici j’ai aimé cette lenteur ! Et puis vous vous doutez bien qu’après, tout, finit par s’accélérer pour nous mener à une fin qu’on n’a pas envie de finir !



Voilà pour moi Au nord de la frontière est une excellente histoire, avec des personnages très attachants ! Un coup de cœur pour moi !

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Le carnaval des ombres

R.J. Ellory est un magicien. Je le sais depuis des années, mais à chaque fois je m’étonne à le voir ainsi donner littéralement vie à ses personnages. Son talent est unique, exceptionnel. Je le crie haut et fort, sa modestie dusse-t-elle en souffrir.



Pour Le carnaval des ombres, je pourrais empiler les superlatifs à l’infini. Ce roman noir est ambitieux à bien des égards, émouvant au possible, humainement enrichissant, surprenant dans son déroulement, incroyable par l’ambiance qu’il arrive à transmettre.



Oui, la magie transpire tout au long de ce récit, comme jamais dans un livre du Maître du Roman noir.



1958, le fin fond du Kansas, dans une petite ville tranquille que rien ne vient habituellement déranger. Une troupe de cirque ambulant débarque, vue d’un mauvais œil à son arrivée, avec ses « monstres » de la nature ; l’homme aux sept doigts ou encore l’homme squelette. Mais, dès le premier spectacle, le charme opère, l’envoûtement touche la ville et ses alentours. Jusqu’à ce qu’un mort soit découvert sous le carrousel…



Qui est-il ? Est-ce du ressort de la police locale ou des fédéraux ? L’Agent spécial Travis, fraîchement promu Senior, débarque pour tirer cette affaire au clair. Seul…



Voilà bien une histoire et une ambiance qui résonnent comme du Ellory pur jus. Ses lecteurs fidèles le retrouveront au mieux de son talent dans ce roman dense de 600 pages.



Mais, chacun de ses livres marque sa singularité, celui-ci sans doute encore davantage, avec son atmosphère envoûtante et magnétique.



L’enquête de l’agent Travis va se révéler bien plus déroutante qu’elle n’y paraît. Une investigation sur un meurtre qui va rapidement se transformer en retour vers son passé. En une quête de vérité aussi, le concernant mais également au sujet du contexte tendu et embrouillé des années 50-60.



Travis est pour moi l’un des plus beaux personnages de la formidable palettes de l’écrivain anglais. Mais il n’est pas le seul, beaucoup des personnages secondaires sont proprement inoubliables, marquant l’esprit au possible.



Notre agent du FBI a vécu une enfance très compliquée, violente. Qui aurait pu le détruire complètement. Il s’est au contraire construit sur des bases qu’il a cherché à consolider, la logique, le pragmatisme. Des certitudes. Toutes les armes pour ne pas se laisser envahir et dévorer par un passé pesant.



La rencontre de ces phénomènes de foire va pourtant lui faire remettre en question ses modes de pensées.



Lui qui cache ses émotions, va devoir se dévoiler. Le pousser à voir au-delà des choses, des étiquettes. Ses paramètres bougent. Un chemin intérieur pour qu’il se découvre par lui-même. Un travail sur son identité, qu’il ne pensait pas réaliser en se lançant dans cette enquête.



Ces gens du voyage, éléments du spectacle vivant, vont se révéler être des femmes et des hommes complexes, d’une profondeur émotionnelle rare.



Leur rencontre est d’abord une lutte contre les préjugés et la différence. Ils vont rapidement faire perdre ses repères à Travis, et aux lecteurs pareillement, pour les amener à penser différemment. A écouter la différence.



A faire marcher l’imagination et l’intuition, en complément des capacités de réflexion.



Ellory accumule les scènes mémorables, ses personnages inoubliables au service d’une intrigue étonnante, et des passages d’une puissance émotionnelle rare. La rencontre de ces protagonistes fait des étincelles, la magie opère.



Et, à mon grand étonnement, certaines de ces scènes ne dépareraient pas dans un roman de Stephen king, à son meilleur (ce qui pour moi est le compliment ultime). Ce côté magique, cette puissance d’évocation et cette dimension émotionnelle touchent au plus profond, chamboulent.



Et puis, il y a le contexte historique, la guerre froide. Vue de loin quand on vit dans la campagne américaine, mais qui a pourtant des répercutions cachées pour tous les citoyens. Les habitants de Seneca Falls vont ouvrir les yeux sur une réalité terrible.



C’est le temps des prémisses du profilage. Mais aussi des travaux effrayants sur la manipulation mentale. Cette partie du roman s’avère tout aussi passionnante, et sacrément surprenante.



Ce carnaval projette ses ombres et les met à nu, jusqu’à les rendre transparentes. R.J. Ellory réalise un tour de magie, un roman noir sublime, empli de réflexions intenses sur la condition humaine. Magistrale réussite, noire et lumineuse à la fois.
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Seul le silence

Beaucoup de critiques déjà sur ce livre... alors, je n'extrapolerai pas longtemps. Je dirais simplement que j'ai passé une très très bon moment de lecture. Un bon suspense, une bonne histoire, qui prend tout le temps nécessaire à s'installer. L'écriture est fluide, simple, efficace. Pas de mots superflus, chaque chose est à sa place. N'ayez pas peur du nombre de pages, elles se tournent toutes seules, sans même s'en rendre compte. L'histoire nous happe dès le début, et le lecteur n'a qu'une envie... aller au bout de cette histoire ! Je le conseille vivement ! Mon premier Ellory, et certainement pas le dernier !
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Papillon de nuit

C’est un privilège rare pour un lecteur que de découvrir la genèse d’un auteur connu, douze ans après. Encore davantage me concernant, quand cet auteur est l’une de mes références.



R.J. Ellory est aujourd’hui une tête d’affiche du genre, The King of Roman Noir comme j’aime l’appeler, dont les premiers pas d’écrivain étaient jusqu’alors invisibles pour le public français. Merci aux Éditions Sonatine de nous permettre de plonger enfin dans les origines de la légende Ellory.



Ce premier roman est réellement le terreau dans lequel l’auteur plantera ses futures graines : l’émotion d’un personnage fort comme dans Seul le silence, les réflexions sur la peine de mort comme dans sa formidable nouvelle Trois jours à Chicagoland, les ravages du Vietnam et du racisme comme dans Les neuf cercles…



Et puis il y a cette fascination pour les années 60, vues des États-Unis, période de bouleversements (et de bonne musique). Papillon de nuit est l’histoire d’un homme enfermé dans le couloir de la mort durant les années 80 qui se remémore, deux décennies en avant, le chemin qui l’a amené jusqu’ici.



Un voyage dans la vie d’un homme à travers son histoire et l’Histoire avec un grand H, durant cette période folle des 60’s. Petite et grande histoires imbriquées ; une Amérique en pleine évolution, où la ségrégation fait encore partie intégrante des mentalités et où la paranoïa est omniprésente.



Un monde de violence où s’enracine ce récit d’amitié, d’amour et de mort pour lequel Ellory prend son temps, tout au long de ces 510 pages. Le temps et le bon rythme pour nous conter avec délicatesse et profondeur cette descente aux enfers d’un personnage inoubliable.



Ellory est un magicien des mots, il l’était déjà en 2003. Sa capacité unique à donner vie à cette histoire est extrêmement touchante et particulièrement troublante. Sa plume empathique et travaillée embarque le lecteur comme peu savent le faire. Ce sombre récit, parsemé de fulgurances lumineuses, attire le lecteur comme le papillon vers la lumière.



Récit dur, traitement lumineux, émotions fortes. On sort connecté de cette lecture, dans la plus pure tradition du roman noir. Connecté à l’Histoire des États-Unis qui est aussi la notre. Connecté à la vie, et la mort programmée de ce personnage ordinaire face à un système inhumain.



On suit la destinée de cet homme qui ne fait pas toujours ses propres choix. On suit aussi ses moments passés dans l’attente de son exécution, passages absolument déchirants.



Ce retour vers le passé, dans tous les sens du terme, est un formidable moment de lecture, émouvant et touchant. R.J. Ellory est un grand, et il l’est déjà depuis longtemps.



Le livre en un mot : Lumineux
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Une saison pour les ombres

"Les ténèbres sont habitées. Ces choses-là peuvent retenir indéfiniment leur souffle, et leurs narines tressaillent au rythme de vos petits cœurs saisis d'effroi."



Une ruine noire, de légers tourbillons colorés, des vies éteintes, un trouble intérieur, des souvenirs de souffrance et de faim, un silence tendu, des routes gelées, le sang est un sillon, des nuées de mouches et de moustiques, une colère de toutes les couleurs, une intelligence féroce, une longue série de difficultés, des émotions naïves, les Wendigos, des liens d'amitié, des mots comme des clous, un labyrinthe aux angles étranges, une sensation d'inquiétude, un frère en détention, un esprit vif, un lieu sinistre, un geste symbolique, des fantômes qui attendent, des sanglots hystériques, une pensée absurde, une parcelle derrière l'église, une menace qui plane, prendre son courage à deux mains, une ombre ensanglantée, un sentiment de trahison, une mine à ciel ouvert, un homme à la parole rare, des morts inexpliquées….

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Seul le silence

Mais pourquoi as tu attendu 10 ans avant de me prêter ce Polar,Diablotino !? Il n'a pas quitté mon esprit depuis que je l'ai ouvert, pressée d'arriver en fin de journée pour le retrouver!

Si l'intrigue n'est pas hors du commun puisqu'il s'agit d'une longue série de meurtres de fillettes, toujours avec le même mode opératoire, c'est l'étude du personnage central qui est magnifique. La vie de Joseph Vaughan est marquée par le sceau de la mort dès son plus jeune âge. Tout d'abord par le décès brutal de son père,puis le début du cauchemar avec l'assassinat de la première fillette. Il n'est qu'un gamin mais le sentiment d'horreur qui le gagne l''imprégne immédiatement du devoir d'agir. Il crée le clan des Anges gardiens avec ses amis les plus proches afin de veiller à ce qu'aucun crime ne se reproduise. En vain, bien sûr...mais surtout,il promet personnellement à sa petite voisine Elena de la protéger. Mais elle aussi va mourir. Dès lors,la culpabilité l 'envahit au point de croire que tous les drames qui vont marquer sa vie ne sont que le châtiment pour avoir failli à sa promesse. J'ai aimé Joseph dès les premières pages et mon intérêt pour lui n'a fait que grandir. R.J Ellory a su en faire un personnage extrêmement attachant, émouvant, intelligent. L'amour est aussi au rdv dans ce roman, mais si beau qu'il soit , il semble ne croiser Joseph que pour mieux le faire souffrir. Le mal a jeté son dévolu sur lui.

S'il existe encore des amateurs de thriller qui n'ont pas lu Seul le silence, ne passez pas à côté !
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Écouter le noir

Même si je ne suis pas une grande adepte des nouvelles, quand elles sont réunies et présentées par Yvan Fauth (@Gruz sur Babelio), il m'est difficile de résister ! Cette collection sur le "Noir" dont chaque volume est axé sur un sens différent est particulièrement attractive, les meilleures plumes du genre s'y trouvent réunies, parfois en duo, comme c'est le cas pour les deux premiers récits. Contrainte à respecter : chaque histoire doit donner une large place à l'ouïe.



Barbara Abel et Karine Giebel (rien de moins que deux de mes auteures préférées, quand même !) ont co-écrit "Deaf", où se mêlent l'histoire d'un couple de jeunes fugueurs sourds qui craint d'être séparé, et celle d'une mère prise en otage par des braqueurs et coincée dans le coffre de leur véhicule. Terrifiant, je me suis mise dans la peau de cette femme et me suis rongé les ongles d'angoisse ! Une de mes nouvelles préférées, suffisamment longue pour bien l'apprécier.



On passe à "Archéomnésis" de Jérôme Camut et Nathalie Hug, qui eux ont l'habitude d'écrire ensemble leurs romans, comme "Islanova" par exemple.

Le registre est très différent, on est plus dans la science-fiction. Une réunion virtuelle entre un "gardien" terrien, une femme décédée depuis longtemps, un tricentenaire, une Intelligence Artificielle et une jeune femme envoyée avec des milliers d'autres pour coloniser une nouvelle planète. Le thème du son est bien présent, mais pas vraiment en accord avec le reste du recueil à mon avis, j'ai trouvé ce récit assez inintéressant, et ne m'y suis pas attardée.



"Tous les chemins mènent au "hum" " de Sonia Delzongle (encore une de mes chouchoutes). Là, on revient au coeur du sujet avec cet homme qui souffre de Bruit dans la tête, tout comme d'autres malheureux "humeurs" comme on les surnomme, répartis dans des endroits précis sur la Terre. Ce qui pourrait n'être qu'un banal problème d'acouphènes va se révéler un véritable fléau... Une quinzaine de pages seulement, mais une histoire complète et bien construite, pari réussi pour ma part. Cette nouvelle est d'ailleurs développée dans un roman : "Le dernier chant"



"Ils écouteront jusqu'à la fin" de François-Xavier Dillard, un auteur que je ne connais pas encore, mais dont je note le nom. Sa nouvelle est construite en plusieurs chapitres et conte l'histoire d'un violoniste virtuose que sa quête d'une oeuvre inédite de Tchaïkovski va mener aux frontières de la folie, et bien plus loin encore pour ses auditeurs... Une histoire surprenante et originale, dont j'ai apprécié la chute, même si je l'ai vue venir.



Ensuite arrive "Bloodline", de R.J. Ellory, l'histoire de soeurs jumelles, Janine et Carole, très fusionnelles comme le sont souvent les jumeaux. Janine est sourde, ce qui n'empêche pas une totale compréhension mutuelle. L'histoire alterne entre des souvenirs, en italique, et le temps présent où un homme se fait violemment percuter par une voiture et est pris en charge à l'hôpital par Carole, infirmière. J'ai aimé cette histoire de "liens du sang" que rien ne rompt, cet amour indéfectible d'une soeur prête à tout pour sa jumelle. Les passages en italique sont particulièrement touchants.



On change de registre avec "Un sacré chantier", de Nicolas Lebel, dont je n'avais jamais rien lu, et si je me base sur cette nouvelle, je ne lirai rien. Elle est très courte, elle parle d'une femme qui est convoquée au commissariat, où elle va se retrouver confrontée à son patron contre lequel elle a porté plainte pour agression sexuelle. Le commissariat est en travaux, et le bruit engendré va perturber l'entretien... Bon, la façon dont la jeune femme est traitée est très choquante, mais à part cela, je ne comprends pas bien ce que ce texte vient faire là, excepté le bruit ambiant il ne rentre pas vraiment dans les critères.



Heureusement, ensuite on enchaîne avec "Zones de fracture" de Sophie Loubière. Même si je n'avais pas particulièrement apprécié "Cinq cartes brûlées", son dernier roman, cette nouvelle d'une quarantaine de pages, racontée de cinq points de vue différents est plaisante et aboutie. On entendra la victime, qui n'a rien "entendu venir" justement, son mari, qui a entendu trop tard, sa fille, qui ne supporte plus ces bruits-là, son amant, qui n'a pas tout compris, et le témoin de la scène qui n'a pas tout vu mais a tout entendu. Une nouvelle bien construite qui fait partie des meilleures du recueil à mon avis.



"Echos" de Maud Mayeras, (dont j'ai hâte de lire la dernière parution : "Les Monstres") prend la suite avec son héros Charlie, un petit garçon de 7 ans qui souffre d'hyperacousie, et dont le grand frère Lucas est mort écrasé par un chauffard. Mais voilà, un an plus tard Charlie entend Lucas qui pleure en appelant leur maman, elle qui est partie après le drame...

Sans doute la plus noire de ces histoires, qui m'a littéralement fait frémir.



Avec "La fête foraine" de Romain Puertolas, on change à nouveau complètement d'univers, c'est bien plus léger, ce qui permet de souffler un peu ! Romain et Patricia ont loué un appartement par le biais d'une de ces plateforme que nombre d'entre nous utilisent, ils ont choisi de passer des vacances en amoureux aux Canaries. L'appartement est vaste, très lumineux et surtout...très sonore ! Où l'on se dit qu'il faut parfois se méfier des petites annonces. C'est drôle, rafraîchissant au milieu de toute cette noirceur et même si l'on voit gros comme une maison où l'auteur va en venir j'ai souri de bon coeur.



L'accalmie est de courte durée, "Quand vient le silence" de Laurent Scalese se charge de nous remettre dans un bain sombre et glauque. Xavier vient de se faire virer comme un malpropre de son boulot et il a noyé sa rancoeur dans l'alcool avec un copain avant de rentrer chez lui en voiture, bien éméché. Une silhouette surgit dans la nuit, il ne peut éviter la collision. Mais la jeune fille qu'il a heurté est encore vivante...

C'est l'histoire d'une vengeance horrible, glaciale, avec une touche de fantastique, ça vous prend aux tripes et vous laisse hébété, tous vos sens en déroute.



Et ce n'est pas avec "Le diable m'a dit...", de Cédric Sire, que vous allez reprendre vos esprits ! Joan, écrivain, a perdu sa femme Dahlia dans d'horribles circonstances 12 ans auparavant, tuée par un maniaque qui laissait toujours le même message auprès de ses victimes : " le diable m'a dit de le faire". Après celui de Dahlia, les meurtres ont pris fin, mais Joan vient seulement de retrouver goût à l'écriture quand il est brutalement enlevé et séquestré dans un endroit où le seul son est celui de l'eau qui s'écoule. Ce son est une allusion aux endroits où ont été retrouvés les cadavres autrefois, toujours immergés dans des lacs, des rivières ou dans le réservoir du château d'au pour Dahlia. La suite relate le face-à-face (aveugle) entre Joan et son ravisseur, jusqu'à l'explosion finale.

J'ai moyennement apprécié, certains éléments sont à la limite de l'incohérence, mais l'ambiance est prenante.



Et nous voici au bout de ce recueil très varié, avec d'excellentes surprises et deux ou trois déceptions. La plupart de ces nouvelles sont fort bien construites et n'ont pas engendré chez moi de frustration même si certaines sont très courtes. Je félicite Yvan Fauth d'avoir réussi à rassembler tous ces talents autour de cette thématique pas si évidente. Comme il l'explique en introduction, le sens de l'ouïe revêt une importance particulière pour lui qui souffre d'acouphènes et d'hyperacousie, mais qui a réussi à transformer ce handicap en élan positif.

Ma note un peu mitigée est due aux trois nouvelles qui m'ont moins "parlé", mais à peine "Ecouter le Noir" terminé je me suis précipitée à la médiathèque pour y récupérer " Regarder le Noir", que je me réjouis de découvrir très bientôt !



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