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Critiques de Rachel Khan (92)
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Racée

Rachel Khan dénonce les mots; les mots qui séparent, les mots fourre-tout; les mots qui ne soignent pas mais créent de nouveaux maux. Elle a raison. Il y a des mots qui n'ont aucun sens, qui sont vides de substances. Il y a des mots qui ne sont là que pour fracturer un peu plus et davantage, qui séquestrent plus qu'ils ne libèrent. Les mots sont importants, toujours, surtout quand on parle d'identité. Ils doivent donc être discutés, débattus, analysés, étudiés. 



Elle a raison de dénoncer les lacunes de certaines mesures préconisées dans le cadre de la lutte contre le racisme et ses discriminations. Elle a raison de dénoncer les dérives de certain(s) militant(s) anti-racistes qui s'enferment dans leur "cause" et finissent par se perdre. Elle a éminemment raison car tout mouvement "progressiste", s'il ne prend pas garde, risque de nuire à son objectif premier: la liberté, cet idéal qui ne se réalise que dans l'universalité.



En revanche, elle a tort d'employer à son tour des mots vide de sens. Qui sont ces "identitaires" dangereux pour la République française ? Rokaya Diallo? Elle a une telle puissance de nuisance? Et de quelles dérives "communautaires" sont-ils responsables ces "identitaires"? De quelle "crise identitaire" sont-ils comptables? Et comment se définit cette "crise identitaire"?



Bref, malheureusement, sous la plume de Rachel Khan, le combat de coqs reprend car le ton n'est pas au débat d'idées mais au réquisitoire. Les camps s'affrontent encore et perpétuellement s'accusant les uns les autres comme si la vérité n'était pas dans la complexité, celle là même qui ne peut supporter les mots creux. Rachel Khan appelle à la créolisation mais n'y est pas encore. Dommage.
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Racée

Je ne me doutais pas qu'un jour, je pouvais être jugé non sur ce que j'ai fait dans mon existence, mais sur ce que je suis : un mâle blanc hétérosexuel (vade retro satana). Cadre supérieur au cœur d'une grande agglomération urbaine ou paysan creusois crève-la-faim, peu importe, ces mâles blancs doivent rendre compte des « crimes » commis par leurs aïeux, mettre un genou à terre en signe d'éternelle repentance, supporter stoïquement l'injure parce qu'elle est justifiée, quand bien même il faudrait pour cela remonter jusqu'aux croisades…

J'ai lu « Racée » pour essayer de comprendre ce radicalisme identitaire des minorités dites « visibles », ethniques ou d'origine sexuelle. Ces minorités qui exigent que « deux clans s'opposent. Ceux qui seraient strictement identiques, « nos frères », et les autres, la cause de tous les drames. »

Essayer de comprendre cette recherche absolue d'homogénéité, ces revendications victimaires et souvent outrancières qui inondent les réseaux sociaux, la signification de mots à la connotation vaguement stalinienne, émasculateurs, comme « intersectionnalité » ou « déconstruction » …

Mais ce livre écrit par la très courageuse Rachel Khan (les haineux victimaires lui en ont mise plein la figure) m'a apporté bien plus. Beaucoup plus. D'une certaine manière, il m'a réconcilié avec moi-même.

Avec comme fil conducteur les propos sages et provocateurs de Romain Gary ou d'Émile Ajar ou d'autres identités prises par ce personnage flamboyant, avec beaucoup de poésie et de drôlerie, Rachel Khan démonte ces mots qui enferment, qui rétrécissent, qui accusent, qui rejettent pour en promouvoir avec vitalité et sans haine d'autres : intimité, création, désir. Des « mots qui réparent », des mots qui recousent, des mots qui ont des bras grands ouverts, des mots qui apaisent, qui additionnent, qui font sourire, qui aiment…

Rachel Khan a parlé avec beaucoup de tendresse de ses origines, cette mosaïque de religions, de langues, de pays, de couleurs. Moi, je suis le fruit improbable de paysans corses madrés et de grands bourgeois bordelais. Par quel hasard, par quel chemin tortueux ces gens-là se sont-ils rencontrés ? C'est cette histoire que j'aimerais lui raconter, avec son lot de drames, de défaites, de mystères et de jours heureux.

En chacun de nous, il y a une grande Comédie Humaine.



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Racée

Je n'ai pas beaucoup aimé cet essai. En voulant prouver à tous prix que c'était la relation, la mixité, la force du vivre-ensemble qui nous sauverait, il m'a semblé que Rachel Khan passait à côté des raisons même du refus de la relation : le racisme. Elle dépeint les personnes racisées qui se plaignent de la présence de leurs amis blancs non déconstruits dont les propos et les blagues blessant.es atteignent, comme des petites victimes incapables de vivre ensemble.



Alors oui ce serait merveilleux de ne pas avoir de quota, oui se serait merveilleux de se dire qu'une personne ayant les cheveux très frisés qui les porte naturels et lâchés a juste "la flemme de se faire des tresses" (comme elle le dit), mais ce serait alors nier des siècles d'oppression, et sans avoir à se pencher sur l'Histoire, aujourd'hui même des personnes se font refuser à l'embauche pour le port de leurs cheveux naturels.



Rachel Khan m'a semblé dans une dissociation cognitive qui à mon avis l'aide à vivre en tant que métisse en France. Être de couleur et rassurer les blancs est une recette qui a toujours fonctionné. Grand bien lui en fasse. Personnellement, je retourne lire bell hooks, Angela Davis, Audre Lorde.
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Racée

Rachel Kahn écrit avec "Racée" un essai à la façon d'un roman.Elle se fait aider par de nombreuses citations.Bien que n'ayant pas accroché à certains chapitres, qui s'enfilent parfaitement, j'ai trouvé sa démonstration séduisante.Il me faudrait certainement relire le livre et "les mots qui réparent"pour bien assimiler cette position courageuse que Rachel Kahn a choisi de défendre avec brio.
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Racée

2/12/23-17/12/23 lu Racée de #Rachel Khan en papier. Dans cet essai rappelant tous les plus grands héros du réel anti-racisme (Martin Luther King, etc.), Rachel Khan nous exhorte à réagir face à la nouvelle vague qui sévit depuis plusieurs années et qui menace notre humanité : les « racés » qui soi-disant veulent lutter contre le racisme, mais excluent eux-mêmes tout ce qui n’est pas mélanoderme, voire même les personnes métisses ou noires qui ont le malheur de ne pas adhérer à leurs thèses haineuses.

Une saine et intelligente réflexion particulièrement bien construite sur l'imposture de la posture des identitaires généralement mélanodermes, qui se disent victimes de tout et de n'importe quoi et veulent s’arroger le droit de tout faire, souvent dans la violence, sans avoir à en payer les conséquences, parce que noirs, arabes, etc., alors que les Blancs, éternels coupables, sont responsables de tous leurs malheurs et doivent censurer leur parole et, parfois même, s’excuser d’exister !

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Racée

Dans un long festival de "je", Rachel Khan s'invente des qualités de spécialiste linguistique pour laisser croire que "Racée" traîte des qualités propres aux races. Il concerne en réalité l'autre aspect du terme : la distinction et l'élégance (elle-même selon elle-même, quoi). La critique et la nuance des mouvements féministes, anti-racistes, la remise en question de termes et de notions telles que la diversité ou l'afro-descendence méritent d'être questionnés. Si seulement ils l'étaient par des esprits vifs et pertinents, et non par des personnalités au verbe vibe, aux constats sans hauteur, et aux références quasi-inexistantes (il est fait référence à Romain Gary 38 fois dans cet essai)... On peine à comprendre pour quelle raison ses quelques réflexions n'en sont pas resté à l'état de tweets et sont devenus un essai entier, confus et inconsistant. Espérons pour elle que ce positionnement qui consiste à taper plus fort sur les anti-racistes que sur les racistes lui permettra d'obtenir un poste fixe dans une des émissions télévisuelles quotidiennes qui se font profit des divisions du pays.
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Racée



Une saine et intelligente réflexion particulièrement bien construite sur l'imposture de la posture des identitaires généralement mélanodermes, qui se prétendent victimes de tout et de n'importe quoi.



Ceux-là usent de mots violents qui séparent et piègent les éternels culpabilisés qui usent, quant à eux, de mots prudents ou creux qui ne mènent nulle part.



Convoquant les plus grands esprits de notre culture (Glissant, Garry/Ajar, et bien d'autres), Rachel Khan trouve plus constructif, plus humain, d'user plutôt de mots qui réparent et qui, en définitive, affirment notre humanité commune...



Bravo Madame Khan ! J'ai aimé, comme j'ai apprécié votre "soeur" Madame Mabrouk.



Pat.
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Racée

Quel livre! Mais quel livre!!!

Quand Rachel Kahn déconstruit les constructions creuses, le vocabulaire galvaudé des "déconstruits", intersectionnelles et autres "racisés"... quand Rachel Kahn dénonce l'utilisation abusive de mots, vidés de leur substance, qui masquent les pensées creuses, l'incompétence et/ou l'arrivisme... quand Rachel Kahn pointe l'abus "DU vivre-ensemble" prononcé à toutes les sauces, qui, dans les faits, interdit de vivre ensemble... quand Rachel Kahn témoigne de sa condition de Métis, issue d'un mariage mixte qui ne serait qu'une stratégie des Blancs pour diluer la cause des "racisés"...

A lire! à lire pour résister à ces semeurs de haine... résister de toutes nos forces!
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Racée

Rachel Khan se décrit racée car porteuse de plusieurs racines qui constituent l’entièreté de son être, de sa personnalité. Elle ne saurait être la femme qu’elle est et assume d’être en l’absence d’une de ces racines. Amputée de l’une d’entre elles, Rachel Khan serait déséquilibrée. C’est cet imbroglio de “races” qui la constitue, qui fait d’elle cette additionnée si enjouée et passionnée.

Elle dénonce avec clairvoyance la culture de la victimisation qui, selon ses détracteurs, autorise à revendiquer en permanence des droits et du coup de rejouer sans cesse l’injustice. Autant dire qu’ainsi la boucle ne se referme jamais de manière constructive. Elle manifeste également son désaccord sur le jeu des névroses de séparatisme et aborde les diverses discriminations qui polluent notre pays et notre quotidien. Pour ce faire, elle a choisi un angle particulièrement intéressant. Celui du langage. Celui des mots mal utilisés, ceux qui briment le monde dans lequel nous vivons, ceux qui nous enfouissent dans de trop nombreuses cases. Ces mots qui ne nous laissent plus assez d’air. Ceux qui nous empoisonnent et nous tuent. Les mots se moquent des origines, de la couleur de peau. Elle cite tour à tour, certains mots qui séparent, des mots fourre-tout et ceux qui réparent. Ces derniers étant ceux qui permettent d’accéder à une liberté de penser individuellement et de s’exprimer publiquement. Elle prône l’Universel avec ce qu’il implique de différences à prendre en compte dans le rapport à l’autre. Et la langue française permet cette relation.

C’est avec beaucoup de lucidité, de sensibilité, de profondeur et un brin d’espièglerie que Rachel Khan ouvre au lecteur la porte d’une pensée qui ne saurait être unique. Une pensée dans la nuance.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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Racée

C'est un livre qui va un peu contre-courant. "Noire, gambienne, d'origine musulmane et catholique par son père, blanche, juive et française par sa mère". Rachek Kahn a tout pour faire partie des mouvements militants, à elle de choisir lequel ou lesquels. Mais non, elle a choisie être comme tout le monde, égale à tout le monde.



Et pour dire sa pensée, elle fait appel aux mots du militantisme : les mots qui séparent, les mots qui ne veulent rien dire et les mots qui réparent (ou qui pourraient le faire).



C'est un livre contre les excès des militantismes, où elle montre les défauts. C'est un livre écrit avec un certain humour caustique que certains peuvent trouver agressif, mais qui ne l'est pas plus que ceux des militants.



J'ai entendu une phrase un de ces jours : "L'exagération dans les arguments peut tuer la cause". Et je pense que c'est bien ce dont elle parle.



Elle n'a sûrement pas fait des ami(e)s avec ce livre mais elle montre sa liberté de parole et je trouve bien d'avoir ce courage de ne pas se soumettre au "politiquement correct".
Lien : http://lecture.jose-marcio.o..
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Toutes afghanes

Il y a presque 3 ans, les talibans (re) prenaient le pouvoir à Kaboul.



Aujourd'hui, les femmes n'ont plus aucun droit.



L'occasion pour moi de vous recommander cette lecture émouvante, rendant hommage à ses femmes, devenus des fantômes sans droits.
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Toutes afghanes

Je n'ai pas vraiment apprécier cette lecture. Certes c'est un hommage aux femmes afghanes, mais la vision occidentale que l'on a sur elle m'a parfois déranger. Il y a cependant de beaux textes. Et le livre ce lit très vite. Je suis contente d'avoir pu soutenir une association si importante pour les femmes afghanes par ce livre. Alors merci. Et aux femmes que l'on veut réduire aux silences, à celles qui ne renonceront jamais et à celles qui renonceront aussi.
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