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Citations de Radhika Jha (54)


Un jour, elle ramènerait la route à Nand gaon, se promit-elle. Et ce serait une bonne leçon pour le patel et ses pimbêches de brus ! Dans sa tête, la vision était claire : un village complètement transformé, avec eau courante, éclairage public, télévision, école digne de ce nom, banque et centre médical : tout ce qu'on trouvai à Khandwa ! Pas un instant elle n'avait regretté l'ancien village, comme la majorité des autres. Une fois la route reconstrutie, l'autobus pourrait commencer à les desservir et à amener des ventre affamés, avec de l'argent plein les poches.
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Mon odeur de pourri m'enrobe comme un linceul et fermente avec suavité. Je décide que mon corps pue plus fort qu'une benne d'ordures. A l'inverse du camion à ciel ouvert où s'accrochent chaque jour les éboueurs, mon odeur reste bouclée à l'intérieur, en un lieu privé d'air et de lumière, et filtre par tous mes pores comme un redoutable déchet chimique auquel personne ne veut toucher. Je sens ses relents d'épices tout autour de moi, agglutinés à l'air humide, et la puanteur d'aliments pourris s'accentue chaque fois que je prends une inspiration.
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- Tu ne goûtes pas? demanda Aminata
- Mais non! Mon nez m'aurait déjà averti s'il fallait ajouter quelque chose.Le goût est une créature de l'imagination, pas la bouche.
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J'avais élaboré une série de petits jeux pour prolonger son plaisir.Le jeu des odeurs restait pourtant son préféré.Je lui décrivais ce que sentaient les différentes parties de son corps à diverses heures du jour,avant,pendant,et après l'amour........enflammé de désir ,il se jetait sur moi.
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A Nandgaon, la visite de l’étranger poussiéreux sur sa motocyclette fut vite oubliée. En moins de quinze jours, il fut réduit à l’état d’épouvantail, juste bon à effrayer les enfants désobéissants. Le village oublia même pourquoi il était venu. Ce n’était ni fortuit ni choisi. Nandgaon s’était coupé du monde. Avant d’arriver au village, la route avait bifurqué, abandonnant le sentier sur lequel Manoj s’était égaré. Cet isolement avait garanti la paix et une certaine harmonie : toute ingérence extérieure était considérée comme une menace.
En revanche, le mariage de Lakhsmi avait été bien plus commenté, et pendant bien plus longtemps. Tout d’abord, les villageois s’étaient émerveillés de la façon dont Ramu, l’idiot du village, avait réussi à se dégotter une épouse belle et intelligente. Quand ils apprirent qu’elle avait même fait des études supérieures, ils en restèrent stupéfaits et quelques peu apitoyés. Pourquoi, se demandèrent-ils, une telle femme avait consenti à épouser ce béta ? Mais quand ils surent que le père de Lakshmi s’était donné la mort, ils cessèrent de l’inviter, de peur d’être contaminés par sa malchance. Même les femmes les plus pauvres prirent leurs distances.
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Chaque jour la vache partait avec le troupeau.
Le matin, la petite Deux-Jambes aux douces mains venait à la grange au toit de chaume où habitait la vache, ouvrait la porte et l’emmenait rejoindre ses compagnes. Alors, dans un nuage de poussière, dans l’unique ruelle du village, la bête suivait le tintement des clochettes et le clopinement des sabots, rassurée d’être parmi celles qui lui ressemblaient, tandis que la Deux-Jambes guidait le troupeau et le conduisait au pré. Il n’y avait ni arrêts impromptus ni redémarrages précipités. La vache se contentait de suivre les autres, attirée par l’odeur d’herbe fraîche qui lui chatouillait les naseaux.
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Dès son premier jour, Kami, la génisse de Ramu fut une énigme pour tous, sauf pour les enfants. Pour eux, elle fut une source de terreur exquise. Subhash, qui du haut de ses sept ans, se prenait pour un expert en bovins, sous prétexte que chaque jour il conduisait aux champs le troupeau de son père, ne cessait de s'extasier devant Kami :
- Tu vois ses yeux tous roses ? C'est des yeux de rakshasis !
- Quelles rakshasis ? questionna ingénument le petit Mani, du haut de ses cinq ans.
- Les rakshasis des forêts !
- Comment tu sais à quoi ça ressemble les rakshasis des forêts ? T'en as déjà vu en vrai ?
- Comment ça, « en vrai » ? bien sûr que oui ! Elles sont noires et blanches, avec des grandes dents et des yeux roses. Et la taille d'un jambolan. En plus, elles mangent les gens.
- Mais t'y vas jamais, dans la forêt ! contre-attaque Mani.
- Et comment, que j'y vais dans la forêt !
- Quand ça ?
- La nuit, quand les minus comme toi, ils dorment.
- J'suis pas un minus !
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La musique rend les états d'âme supportables en leur donnant forme et beauté. (Page 377)
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Les voitures avançaient. Personne ne prêtait attention à un gigantesque éléphant, entièrement décoré et pomponné, sur le dos duquel trônait un mahout affublé d'un survêtement rouge et vert flambant neuf. L'éléphant se rendait à un mariage dans les quartiers sud de Delhi. Le mahout savait qu'ils étaient en retard. Il força donc sa bête à s'immiscer dans le flot des véhicules, tout simplement.
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Je freine brutalement au moment où un troupeau de vaches déboule entre des monceaux de fruits abîmés, d'emballages en papier journal et de légumes. Les bêtes choisissent délicatement ce qu'elles ont envie de manger. Sur la route, elles sont au moins vingt-cinq. Nous attendons qu'elles traversent. Pour moi, elles sont plutôt belles - îlots de quiétude au sein de ce tourbillon frénétique qui anime Delhi.
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La foule se mit à bourdonner comme une ruche. Les musiciens allumèrent les lampes à gaz pour accorder leurs instruments, les chevaux hennirent et martelèrent le sol, les chameaux se relevèrent, les invités du marié ajustèrent leurs turbans roses.
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Je ne veux pas un avenir différent, je ne veux ni argent ni maison ni... Ni nouveau job. Je veux que le passé revienne. Peux-tu remplacer le futur par le passé ?
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Mon corps sentait essentiellement le bain vert moussant à la senteur bien française de citron et de pin.
Les autres ingrédients du cocktail se discernaient à peine.
Mais je n'en demandais pas plus.
Je ne m'inquiétais pas de l'étrange alchimie d'odeur et de peau qui rend certains parfums plus présents sur certaines personnes que sur d'autres.
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Quelle chose magnifique qu’un escalator – c’est comme marcher sur le dos d’un serpent. Vous avancez sans avoir besoin de bouger un muscle. Vous volez dans les airs mais vous êtes suspendue, vos pieds douloureux sont soulagés, délivrés de leur labeur. Du coup, vous vous tenez plus droite, vous vous grandissez. Vous relevez le menton et regardez devant vous avec avidité. Qu’allez-vous trouver aujourd’hui au club ? Comment les achats que vous ferez réécriront-ils l’histoire de votre vie ?
Tandis que vous vous élevez sans effort sur le nouvel escalier mécanique, très cher et très silencieux, vous éprouvez une excitation croissante, une impatience qui ne laisse place à aucun autre sentiment. Vous vous sentez vide mais heureuse car vous savez que le vide sera bientôt comblé.
Alors surgit cette émotion particulière que vous attendiez, cette sensation qui vous ramène sans cesse au departo. Elle commence comme un léger chatouillement dans les orteils, comme de petites bulles envahissant chaque cellule du corps. Mais ce n’est que le début. Une fois le joyeux pétillement retombé, une concentration silencieuse s’empare de l’esprit, tandis que commence la chasse.
[…] De même qu’en amour, quand enfin vous trouvez l’objet magique, le vêtement ou l’accessoire qui est fait pour vous, votre cœur se remplit de gratitude. Oui, de reconnaissance, car vous sentez sur vous la main des dieux. Vous avez été choisie. Vous avez gagné. Vous vous précipitez devant toutes les autres belles femmes intelligentes et déterminées qui font exactement la même chose que vous, vous vous emparez de l’objet de votre désir et cherchez la cabine d’essayage la plus proche. Si vous êtes un membre chevronné comme moi, nul besoin de chercher, vous savez où elles se trouvent. La topographie du departo est gravée dans votre cerveau.
Et maintenant, nous arrivons au cœur de mon club. Notre endroit de prédilection, à nous autres femmes – le salon d’essayage. Y entrer, c’est comme se retrouver seule avec son bien-aimé pour la première fois. Le moment est venu de tenir votre trophée entre vos mains et de goûter le plaisir de la propriété. Loin des regards indiscrets, vous pouvez caresser votre butin, l’embrasser et enfin vous glisser dedans. Dans le secret de la cabine d’essayage, vous savourez votre intimité. Là, vous en prenez possession pour la première fois.
Une fois satisfaite, je regagne le comptoir avec mon trophée. […] Et je suis heureuse. Et ce bonheur durera jusqu’à ce que je regagne ma chambre. Grâce à vous, les Américains, nous avons découvert le bonheurisme. Et maintenant, nous voulons que le monde entier soit heureux et achète, achète et achète encore, comme nous. Alors, la paix régnera dans le monde.
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Parfois, elle confectionnait des plats auxquels j’avais déjà goûté – mais elle y mettait tellement de délicatesse et d’amour qu’ils n’avaient pas du tout la même saveur que ceux que je connaissais.
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Car la paix et le bonheur, ai-je réalisé, étaient deux choses différentes. Le bonheur ressemblait aux bulles à la surface de l'eau de vaisselle. La paix, c'était l'eau elle-même. L'eau emportait toute la saleté, elle rendait aux choses leur pureté et leur intégrité. Si je laissais échapper l'eau de ma vie, il n'y aurait plus de bulles. Et que resterait-il alors ?
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Savez-vous pourquoi les membres du club ne chapardent jamais ? Parce qu'elles ne pourraient plus revenir, et il ne saurait y avoir châtiment plus terrible que celui-là.
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Les jours devinrent familiers et prévisibles, limités à une série d'impressions insignifiantes sur fond immuable d'espoir.
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Les bébés regardent toujours en l'air. J'ai pensé que les couleurs entretient dans mon enfant et qu'il aurait la peau claire, pas noire comme moi!
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Les étrangers demandent toujours pourquoi le Japon est un endroit si sûr. Comment il se fait qu'il n'y ait pas plus de policiers sur les routes, qu'ils ne portent jamais d'armes et que malgré tout personne n'enfreigne la loi. Je vais vous le dire. C'est à cause des voisins. Ils sont vos policiers, vos juges et vos geôliers. Mais par-dessus tout, ils sont vos maîtres. Ce qui nous oblige, nous autres Japonais, à respecter les règles, c'est la honte que nous éprouvons quand nous nous faisons surprendre à désobéir à nos maîtres. Et dès lors que ceux qui nous prennent sur le fait sont aussi ceux qui nous enseignent, cette association maître-policier est inévitable.
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