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Citations de Ramón Díaz Eterovic (73)


Pourquoi rêvons-nous de nos peurs ? Est-ce à cause de la vie que nous menons ou à cause de la mort qui nous attend ?
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Quand Bernales est entré au café Santos, il était l'heure que les poètes ont coutume d'associer à un poème de Garcia Lorca. Cinq heures de l'après-midi. Une heure qui me rappelle les goûters à base de lait tiède, de pain et de pâte de coing servis à l'orphelinat ; nous, les internes, on avait le nez collé au bord de la table et le père Jacinto lisait des épisodes de la vie de Domingo Savio ou les chapitres plus lacrymogènes de Cœur, le roman d'Edmundo de Amicis. Je pouvais depuis répéter chacune de ces histoires et j'associais les après-midis gris à la douceur écœurante de la pâte de coing.
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Rien ne me plaît davantage que marcher sans but dans la ville. J'aime regarder les gens et m'arrêter devant les vitrines des boutiques et des librairies. Quand je suis fatigué, je cherche un petit bar pour y boire du vin tandis que le cendrier se remplit de mégots et qu'autour de soi des groupes d'ouvriers ou de retraités lisent leur journal ou boivent une bière.
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- Les livres renferment des pans entiers de notre vie, ai-je dit à Simenon qui se promenait dans le bureau à la recherche d'un rayon de soleil.
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Ce n'était même plus un manque d'intérêt, juste l'idée que la vie réservait peu de surprises et qu'en définitive, lorsqu'il s'agissait de crimes ou de délits, on pouvait compter les mobiles sur les doigts d'une main. L'homme n'est pas très original dans sa perversité. Il tue par ambition ou jalousie.
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J'ai décidé de voir le bureau de Gordon et j'ai descendu un escalier carrelé de jaune pour arriver dans un autre couloir, calme et silencieux comme celui que je venais de quitter. Je me suis arrêté un instant avant de me diriger vers la porte d'un bureau derrière laquelle le crépitement d'une machine à écrire se faisait entendre. J'ai frappé et suis entré dans une pièce au sol recouvert de moquette où se trouvaient trois bureaux derrière lesquels un nombre égal de secrétaires étaient assises. Les femmes m'ont toutes regardé en même temps et j'ai senti une gêne semblable à celle qu'on éprouve en pénétrant par inadvertance dans des toilettes réservées aux dames.
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L’hysope, qu’est-ce que ça peut bien être ? me suis-je demandé et je suis allé consulter le glossaire inclus à la fin du livre. “Plante très aromatique de la famille des labia­cées.” Je n’étais pas beaucoup plus avancé et, pour en avoir le cœur net, j’ai eu recours au Petit Larousse posé sur mon bureau. Les labiacées étaient une “famille de plantes dicotylédones dont la corolle présente deux pétales en forme de lèvres”. J’ai pensé refermer le dictionnaire mais, au dernier moment, j’ai décidé de lui donner une deuxième chance. J’ai donc appris qu’on appelait dicotylédones les plantes “dont les graines possèdent deux cotylédons” et qu’un cotylédon est “le lobe séminal entourant l’embryon”. Des mots, encore et toujours des mots. Arriver à savoir ce qu’était l’hysope pouvait se révéler aussi compliqué qu’essayer de découvrir l’assassin de Coiro. J’ai éprouvé une soudaine allergie aux mots et jeté le dictionnaire au pied du bureau.
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Incapable de réfléchir à ce moment-là, j'ai gardé mes idées dans le classeur réservé aux doutes et demandé une bière. J'ai lu dans l'ambre trouble le présage d'un après-midi sans imprévu, plein d'ennui, auquel je devais tordre le cou avant que le découragement ne me fasse prendre le chemin d'autres verres.
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- "Rien ne..."
- Tes citations sont inutiles, a-t-elle ajouté en me coupant la parole.
Elle a ouvert la porte et, pendant quelques secondes, j'ai écouté s'éloigner son pas.
- "Rien ne m'oblige à dire adieu", ai-je murmuré en répétant une phrase lue dans un livre dont je n'avais pas le souvenir. J'ai pensé à un solo de Charlie Parker. Je n'avais rien autour de moi si ce n'est le parfum d'une jeune fille que je croyais aimer et avais laissée partir. J'ai écrasé ma cigarette et fermé les yeux tandis que les souvenirs entraient dans la chambre.
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-Sauver ce qui en vaut la peine et garder un goût farouche pour la justice, ai-je dit en sentant que la solitude de cette nuit m'obligeait à me rappeler à voix haute une phrase d'un autre temps.
-Tu disais?
-Rien de particulier. Je n'ai jamais pu citer correctement Camus ni qui que ce soit.
-Tu ne me prends pas dans tes bras? Tes citations n'intéressent personne, Heredia.
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Quelque part dans ma tête, j’ai entendu sonner une cloche. C’était un tintement agréable, plaisant, qui m'a rappelé l'appel aux fidèles lancé d'une petite église de Chiloé aux tuiles délavées, se découpant sur un ciel d'un bleu éclatant après une nuit de pluie, quand on peut encore distinguer l'énergique baiser de la gelée sur les sillons. Le volume du tintement a augmenté et, lentement, j’ai ouvert les yeux. Tandis qu'un rayon de soleil balayait mon visage, j'ai retrouvé l'image du corps de Griseta chevauchant le mien. Ses mots l'après-midi où, à la sortie du cinéma, nous nous étions lancés dans une course folle pour arriver à l'appartement et des vers de Gonzalo Rojas qu'elle m'avait lus après avoir fait l'amour : « Le mot plaisir, comme il coulait le long de ton corps, long et libre, le mot plaisir. »
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Regarder la mort en face nous rappelle que nous ne sommes qu'un tas d'os promis au néant.
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J’ai demandé au barman des nouvelles de l’écrivain auquel je racontais mes histoires mais il ne l’avait pas vu depuis plusieurs semaines. D’après lui, mon ami devait être en vacances ou peut-être malade car il avait de fré­quentes attaques de goutte pendant lesquelles il maudissait la viande et les crustacés et se bourrait de pilules d’allo­purinol et de colchicine pour soulager ses orteils douloureux. Savoir que Flaubert et Dickens avaient supporté les mêmes épreuves était sa seule consolation. Il se vantait alors d’avoir la plus littéraire des maladies et le prouvait en brandissant un carnet où il avait noté toutes les citations relatives à la goutte trouvées dans les romans de Charles Dickens, Georges Simenon, Graham Greene, Jane Austen, Stendhal et quelques autres.
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Je me suis levé pour aller prendre une douche glacée qui m'a fait retrouver ma lucidité. Après quoi, j'ai mis la symphonie du Titan de Mahler dans le lecteur à cassettes, j'ai cherché une chemise propre et commencé lentement le rituel consistant à m’habiller et à retrouver la notion de mon corps malmené par les effets de la bière.
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- Café ou bière ? me demanda-t-il avant que je m'asseye devant son bureau.
- Café. La bière me déprime, j'ignore si c'est à cause de ses composants ou parce qu'elle me rappelle mes quinze ans.
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La vie est de plus en plus fausse. Ce sont les apparences qui comptent. Pas les gens. L'image, pas le fond des choses. Le discours plus que l'action.
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- Nous vivons dans un cirque, don. Hommes politiques, chanteurs, sportifs, stars d'un jour, tout le monde apporte son grain de sel à la bêtise quotidienne dont nous assomment la presse et la télé. Les gens sérieux ne parviennent plus à remonter la pente. Je ne sais pas où tout ça va finir.
- Nulle part, bien entendu.
- Ne soyez pas si pessimiste. Tant qu'il reste de l'enthousiasme et du Viagra l'espoir est permis.
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Rien n'est sûr ici-bas excepté l'acte de vivre, jour après jour, accroché à des choses simples, authentiques, en essayant de laisser une trace propre, anonyme, dans laquelle on puisse se reconnaître.
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- Depuis quand reçois-tu de l'argent des politiques?ai-je entendu dans mon dos et j'ai vu alors apparaître le Scribouillard, son inséparable cahier sous le bras.
- Les détectives privés eux aussi ont besoin de manger tous les jours.
- C'est ce que dit Lew Archer dans un roman de Ross MacDonald.
- C'est probable. Mais il est payé en dollars, moi en pesos et pas toujours.
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- Depuis des années, la justice a cessé d'être un mètre étalon. Elle existe dans les livres, on en parle dans les discours mais c'est tout. Des phrases creuses. Le cirque allume ses flambeaux mais les clowns sont toujours aussi pauvres. Ce pays est foutu parce qu'il a troqué les utopies contre la vantardise, la vérité contre le compromis, la lutte contre le consensus. On s'est vendus ou on nous a vendus.
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