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Critiques de Rebecca Solnit (66)
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Garder l'espoir. Autres histoires, autres p..



La première version de cet ouvrage est sorti en 2005. Onze ans plus tard, l'auteure a republié son livre en tenant compte de l'évolution pendant cette période.



Rebecca Solnit a écrit son opus 6 semaines après que Fiston Bush a eu l' idée géniale d'envahir l'Irak. Apparemment elle a dû être foncièrement scandalisée et ce grand chef d'État n'a toujours pas compris sa monumentale bêtise, contrairement aux réfugiés politiques qui, voilà bientôt 15 ans après, en sont les victimes innocentes. C'est en taule qu'il devrait séjourner lui et ses acolytes Dick Cheney et Donald Rumsfeld, qui forment un sinon le plus écoeurant trio dans l'histoire des États-Unis.



C'est en fait un drôle de livre, qui contient certaines considérations un brin trop américaines à mon goût, mais qui comporte aussi des constatations originales et des observations surprenantes. Rebecca Solnit, qui a 58 ans, a grandi en Californie mais est venue en France, à 17 ans pour étudier. Elle a obtenu par apres une maîtrise en journalisme à l'université de Berkeley en Californie. Toute sa vie elle a participé activement à des campagnes pour la paix, l'environnement, les droits de l'homme, la violence contre les femmes et le réchauffement de notre planète.



Déjà dans sa version de 2005, l'auteure avait noté que 2 décennies avant virtuellement personne n'avait pu prévoir la disparition de l'Union soviétique et l'arrivée d'Internet, pas plus que le prisonnier Nelson Mandela deviendrait président de son pays. Deux événements qui illustrent parfaitement son titre "Garder l'espoir" ou en langue originale "Hope in the Dark".



Entretemps, les compagnies de haute technologie ont créé et développé des capacités de surveillance et de contrôle que le Kremlin ou le FBI, en pleine guerre froide, n'auraient même pas pu imaginer.

Autre "imprévu" : le changement climatique est plus rapide, plus fort et plus inquiétant que les scientifiques ont anticipé.



La question qui se pose est de savoir ce qui domine ou devrait dominer : l'espoir ("hope") ou le noir ("dark") ?



La jeune écrivaine et blogueuse d'origine bulgare, Maria Popova, de 34 ans, l'a merveilleusement bien formulé : "La pensée critique sans espoir relève du cynisme, mais l'espoir sans pensée critique de la naïveté !"



Rebecca Solnit a tout à fait raison lorsqu'elle avance que le tout commence par le passé. Qu'il s'agisse en d'autres termes de bien connaître le passé, si l'on veut pleinement comprendre le présent et ainsi avoir la possibilité d'adopter une attitude qui permette de progresser vers l'avenir avec espoir.

Venant d'une dame qui n'a cessé d'être de toutes les luttes et combats pour assurer un meilleur monde, il va de soi que cet espoir en l'avenir implique un engagement actif. Sinon ce serait un espoir béat qui ne repose sur rien et ne mène nulle part.



Tout cela est bien beau sur du papier. N'empêche que des événements peuvent se produire qui, même avec une excellente connaissance du passé ainsi qu' une vue large et réaliste du présent, nous prennent de court, nous surprennent sans ménagement. À l'origine de tels événements se situent très souvent des erreurs humaines. Le stupide Brexit en est un exemple d'école. Tout commence par un faux calcul d'un premier ministre qui lance un référendum - une arme dangereuse en démocratie représentative - sur un sujet qui permet de répandre les plus gros mensonges et d'organiser une campagne de manipulation inimaginable. Résultat : sauf quelques individus, qui peuvent compter leurs propres gains personnels (Nigel Farage, Dominic Cummings et son chef Boris Johnson et quelques autres profiteurs) tout le monde y perd, et pas seulement des Britanniques.



Je suis, par contre, absolument d'accord avec l'auteure lorsqu'elle affirme que des changements cruciaux peuvent intervenir dès lors qu'il y ait une marge de manœuvre importante de préparation à moyen et à long terme. Un exemple très révélateur est, je crois, la considérable différence d'attitude à l'égard de l'homosexualité, aujourd'hui par rapport au passé.



C'est sûrement dans cet état d'esprit que Rebecca Solnit n'a pas arrêté, depuis 2003, comme elle le note elle-même dans la conclusion de son opuscule - qui ne compte que 176 pages - de rester vigilante et de multiplier les efforts pour les causes mentionnées plus haut.



Si j'ai parfois quelques réserves quant à certains de ses raisonnements, j'admire sa force de persuasion et surtout son engagement courageux et continu pour les causes qu'elle estime vital pour le bien-être de nous tous.

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Souvenirs de mon inexistence

Pour clôturer cette sélection du Grand Prix des Lectrices ELLE, on ne pouvait choisir un meilleur essai: Souvenirs de mon inexistence de Rebecca Solnit.

Dès la fin de son adolescence dans les années 1980, la jeune femme va s'investir dans des causes qui lui sont chères comme celle des droits de l'Homme et qui ont sans doute été influencées par ses longues discussions avec M. Young, le gardien de son premier appartement situé dans un quartier noir Américain.



Rebecca Solnit nous propose ici un très bel essai sur la condition féminine en nous offrant de nombreuses réflexions faites à l'époque et qui malheureusement semblent toujours d'actualité... Même si certains paragraphes sont assez longs, on y découvre une belle plume que l'on prend plaisir à lire et dont on a envie de partager avec d'autres femmes les propos...

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Ces hommes qui m'expliquent la vie

Ces femmes qui m'expliquent le monde dans lequel – malheureusement parfois - je vis.



8 mars, jour isolé, dérisoire mais indispensable pour la célébration DES droits DES femmes (bah oui, ces pluriels sont importants ; bah non, ça n'est pas de l'ordre du détail). Une occasion pas comme une autre de mettre en valeur un de ces livres sur le sujet qui me donnent à apprendre et à réfléchir. Et sans gloriole ni arrière-pensée moralisatrice, de rappeler l'importance qu'ils ne soient pas lus que par des femmes.



Ainsi de Ces hommes qui m'expliquent la vie, de Rebecca Solnit, traduit par Céline Leroy, paru chez L'Olivier il y a quatre ans et réédité il y a peu chez Points dans une collection dédiée au féminisme. Un recueil d'articles et d'essais de l'époque. Mauvaise nouvelle : il n'a pas pris une ride ! Bonne nouvelle : il infuse toujours autant !



Et notamment chez les hommes : « Dans ce nouvel épisode de la guerre contre les femmes, il est stimulant de voir que beaucoup d'entre eux comprennent ce qui se passe, se sentent concernés ». Pas faux. Et pour commencer à se sentir concerné, il convient de s'instruire et de se documenter. Donc de lire.



Lire Solnit par exemple, pour se rappeler combien la verbalisation des idées et concepts a fait progresser les esprits. « C'est l'histoire du féminisme, qui a toujours tenté de nommer et de définir, pour parler et être entendu ». Alors Solnit nomme : le mansplaining, la culture du viol ordinaire « à la maison » ou ailleurs, la violence genrée, les droits reproductifs, les féminicides, l'ontogénèse des crimes sexuels, la Coupe du monde des idées…



C'est clair, profond, documenté et renforcé par l'intérêt des chapitres à double lecture, écrits au début avec la spontanéité de l'époque, et complétés pour ce recueil d'ajouts rédigés avec la force du recul. Pour par exemple, tenter de mieux comprendre le tournant constitué par le crime d'horreur un jour commis dans une suite new-yorkaise par un de ces hommes qui dictait sa conduite au monde ; ou, autre exemple, comment la force d'un simple hashtag #YesAllWomen a pu déchaîner les foules et réveiller les consciences.



Avec en prime les photos évocatrices d'Ana Teresa Fernandez, il faut lire Solnit. Et les autres. Et pas que le 8 mars. Et pas que les femmes…
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Ces hommes qui m'expliquent la vie

Livre sur le "mansplaining" ou, en français, le "mecspliquer", composé de plusieurs articles dédiés par l'auteure à ce sujet. Oserais-je avouer que je ne connaissais pas ces concepts, là où, bien heureusement me direz-vous, ils étaient parfaitement connus de mon fils de 21 ans ? Ce qui m'a semblé tout à fait rassurant et encourageant.



En revanche, pour ceux ou celles qui sont aussi ignares que moi, voici une lecture intéressante, qui apparaîtra sans doute un peu répétitive vu la succession d'articles, mais qui pourrait servir de rappel ou d'éperon bienvenu.
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Un paradis en enfer

Vous savez, cette idée qu'en cas de catastrophe ou d'effondrement, la foule de gens devient dangereuse? Que les gens se mettent à voler, violer et tuer?



C'est omniprésent dans les films, les séries et les livres. Ces idiots qui profitent de la fin du monde pour... Voler une télévision?



Bien, en fait, on a pas d'exemple historique que ça soit arrivé.



Rebecca Solnit, dans cet essai fait plusieurs analyses de cas : L'Ouragan Katrina, le séisme de San Francisco, les bombardements de Londres, les inondations d'Halifax, etc.



Qu'est-ce qui se passe alors?



Hey bien, les communautés s'entraident. Aussi simple que ça. Les gens qui ont toujours leur maison logent les autres. Ceux avec de la nourriture cuisinent pour tous. Les bars deviennent des lieux communautaires.



Même que les victimes de ces catastrophes gardent habituellement un relativement bon souvenir de ces événements à cause de ce sentiment de communauté et de confiance qui apparaît soudainement entre des gens qui se côtoyaient auparavant dans l'indifférence.



Vous avez peut être entendu parlé de ces cas de vandalisme lors de Katrina? Hey bien bien en fait, il s'agissait de gens qui tentaient de sauver de la nourriture d'une épicerie inondée.



Alors qu'est-ce qui se passe pendant les catastrophes? Le phénomène sociologique nommé "Elite Panic". Les gens puissants, sentant qu'ils ne sont pas en contrôle de la situation, concluent que la situation est hors de contrôle. Leur façon de reprendre le contrôle conduit donc immanquablement à des morts d'autres catastrophes.



Ces gens, coincés sur leurs toits pendant Katrina, sont morts parce que le gouvernement les pensaient trop dangereux pour être évacués.



C'est un excellent livre. Alors pourquoi trois étoiles?



Parce qu'il est extrêmement répétitif. Les digressions, les phrases répétées avec des synonymes, les figures de styles trop fleuries pour redire métaphoriquement ce qui vient d'être dit littéralement.



Je suis convaincu qu'à la base, c'était un article fleuve dans une revue style New Yorker, et que l'autrice a décidé de lui ajouter des pages pour en faire un livre. C'est dommage.
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Ces hommes qui m'expliquent la vie

Il aura fallu attendre le mouvement #Metoo pour que les grandes maisons d'éditions françaises aient un département pour publier des oeuvres féministes et les rendre accessibles au plus grand nombre... de femmes bien souvent.



Ces hommes qui m'expliquent la vie est un recueil de neuf essais courts, parus entre 2008 et 2014 aux Etats-Unis. Pour Rebecca Solnit, la parole des femmes peine à être entendue, que ce soit dans la sphère scientifique comme lorsque les femmes sont victimes de violences physiques graves, comme les viols ou les féminicides.

Un petit livre qui m'a donné envie de lire d'autres livres de Rebecca Solnit.
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L'art de marcher

lL'américaine Rebecca Solnit propose un regard souvent très original et, comme le titre français ne le révèle pas, s'intéresse beaucoup à l'histoire de la marche, en particulier en Angleterre et aux États Unis.



Au fil de ses pensées, tout en marchant aux alentours de San Francisco où elle réside, elle convoque les marcheurs historiques, tels Rousseau, Kierkegaard, Wordsworth, examine les théories sur la bipédie, évoque son pèlerinage à Chimayo ou ses marches dans le désert contre les essais nucléaires.



Direction l'Angleterre, où Jane Austen parle aussi des balades en campagne à son époque (Elisabeth Bennett est une marcheuse -parfois moquée- et découvre la région des Lacs), et la lutte pour garder accessibles les chemins de randonnée.



Pour la plupart d'entre nous, la marche fait penser à de longues randonnées dans la nature, parfois à des exploits sportifs inaccessibles au commun des mortels. Justement, dans une avant-dernière partie fort conséquente, intitulée La vie des rues, Rebecca Solnit traite de la marche en ville. Un chapitre sur Paris (si!) et enfin un chapitre dédié aux femmes (hé oui, les femmes étaient plus encouragées à demeurer à la maison qu'à marcher).



Avec humour elle termine avec les substituts à la marche, sur tapis roulant en salle de sport, se penche sur le cas de certaines villes américaines où marcher devient impossible, et termine, de façon étonnante mais finalement compréhensible, par une randonnée sur une avenue principale de Las Vegas...



Terminons avec une des Cinquante-trois étapes du Tokaido du peintre Hiroshige, car l'art a aussi sa place dans ce livre très complet et passionnant, intelligent et étonnant, bourré de remarques et informations éclairantes.


Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Cendrillon libératrice

L'essayiste féministe Rebecca Solnit s'aventure assez loin de son genre de prédilection pour proposer une ré-écriture de l'histoire de Cendrillon.



Si comme beaucoup de contes traditionnels, le fond est souvent cruel, c'est malheureusement l'adaptation très clichée de Disney qui nous vient plus facilement à l'esprit. L'auteure nous offre donc une "troisième version" plus adaptée à notre époque qui n'est marquée ni par les normes du 19ème siècle ni par celles de la première moitié du 20ème siècle.



Ce que j'ai trouvé particulièrement intéressant c'est que Rebecca Solnit ne se contente pas d'exploser ce cliché aujourd'hui insupportable de Cendrillon = la boniche de la maisonnée coincée entre la cuisine et le balais et acceptant docilement son sort. En effet l'auteure va plus loin et nous permet de voir toutes les croyances manichéennes trop faciles que les contes traditionnels (et leurs interprétations) ont induit dans nos esprits, non seulement en ce qui concerne le personnage principal mais aussi le prince et les demi-sœurs.

Pour les "plus grands" lecteurs, la postface offre un espace de réflexion supplémentaire. L'auteure nous parle de la genèse de ce projet de réécriture et aussi de l'utilisation des silhouettes conçues par Arthur Rackham , elles aussi empruntes des préjugés d'époque.



Une lecture vraiment enrichissante et loin des idées toutes faites et vérités à l'emporte-pièce sans être dans du ridicule non plus à déconstruire pour déconstruire comme c'est souvent le cas de nos jours. Les éditeurs devraient encourager ce type de projet mesuré avec d'autres textes fondateurs de l'imaginaire occidental.
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Souvenirs de mon inexistence

Rebecca SOLNIT. Souvenirs de mon inexistence.



Rebecca SOLNIT narre son parcours de femme semée d’embûches ; Arrivée à San Francisco sans le sou, elle s’est avec beaucoup de volonté, de ténacité, de détermination, de courage, d’énergie, de résolution, de « niaque », comme on dit vulgairement, fait une place au soleil. C’est une femme grande féministe qui a beaucoup travaillé, qui s’est instruite avec rigueur pour se hisser à la place qui lui est dûe. Cette défenderesse de la cause féminine lutte depuis des années pour l’égalité des genres. Et elle nous exprime avec franchise ses différents étapes pour nous défendre, pour obtenir la reconnaissance des hommes. Elle a toujours soutenu la cause féminine. Grâce à sa passion des lettres, elle a activement milité pour faire front , repousser les opposants à la prise du pouvoir ou des postes dévolus en priorité au sexe masculin.



Elle a toujours été en première ligne pour assurer la protection de ses consœurs, des opprimés, des minorités ethniques, religieuses. Elle n’a pas hésité à s’insurger, à protéger le droit du sol, la paix, la liberté pour tous. Il y a eu de nombreuses améliorations, des changements mais il reste beaucoup de travail à faire pour que la cause féminine soit au même niveau que celle des mâles, que les femmes, les jeunes filles aient un statut similaire à celui du sexe masculin. Il ne devrait plus y avoir de ségrégation, ni par le sexe, ni par la couleur de la peau, ni par la religion. Chacune, nous devons pouvoir agir à notre niveau et bénéficier des mêmes conditions, des mêmes salaires, à niveau égal que nos concitoyens. Il demeure des obstacles et la mentalité doit évoluer pour les abolir. Je crois que Simone de Beauvoir avait raison, lorsque, dans « Le deuxième sexe », elle a écrit : « On ne naît pas femme, on le devient ». Les hommes et les femmes doivent pouvoir avancer au même rythme en s’épaulant et non en se bousculant. Encore un effort et nous y parviendrons. Plus de jalousie, messieurs !



Les chapitres sont relativement courts mais très denses. L’écriture est agréable, facile à lire et à comprendre. De la sensibilité, des anecdotes concernant la vie de l’auteure, l’ensemble exprime le ressenti de Rebecca, qui nous défend au quotidien et s’érige en libératrice face à l’auditoire masculin. Merci pour ces pages, Rebecca, et je vais acquérir votre essai : «  Ces hommes qui m’expliquent la vie ». ( 06/04/2022)

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L'art de marcher

Ce livre est un essai très documenté sur l'histoire de la marche à pied, de la "préhistoire humaine" à la période contemporaine. Rebecca Solnit évoque l'utilisation de la marche à travers les âges, déplacements nomades, quête de nourriture, pèlerinages, bienfaits de la promenade dans les allées des parcs et jardins, début de la conception touristique de la randonnée pédestre, à la campagne, en montagne, le long des côtes, flâneries citadines...., tout cela étant relié à la Grande Histoire.

Le livre s'achève sur un réquisitoire implacable contre tout ce qui aujourd'hui empêche l'exercice de la marche ( la voiture, les déplacements à grande vitesse, voulus ou imposés, la télévision, internet, et plus généralement tout ce qui détache l'être humain de la nature qui l'entoure.
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Ces hommes qui m'expliquent la vie

Je ressors de ce court essai malheureusement assez mitigée. Si le sujet ne manque pas d’intérêt, j’ai malheureusement trouvé que l’ensemble manquait un peu de profondeur. La faute au format, qui nous présente une suite d’articles assez courts se fondant principalement sur les réflexions de l’autrice. On apprend tout de même des éléments étonnants ou révoltants, comme le mariage dramatique d’Edna O’Brien, ce qui rend l’ensemble agréable à lire grâce à l’esprit et l’humour de Rebecca Solnit. J’ai cependant trouvé qu’il y avait énormément de Not all men, ce qui m’a sorti de ma lecture et m’a rappelé à quel point il faut prendre des pincettes même quand on parle de viols ou de violences systémiques de peur de passer pour d’affreuses misandres. Mais je pense que ce court récit est bien adapté aux personnes qui connaissent peu les mécanismes de la domination masculine ou souhaitent avoir une courte introduction aux problématiques du féminisme moderne.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Souvenirs de mon inexistence

« J'avais écrit sur ma propre expérience et mes perceptions, et apparemment, elles avaient beaucoup de points communs avec les expériences et les perceptions d'autres femmes « . Si Rebecca Solnit fait ce constat en 2008, lorsqu'elle publie l'essai qui l'a rendue célèbre « Ces hommes qui m'expliquent la vie », je ne peux que confirmer l'effet cathartique que l'autobiographie de cette grande intellectuelle américaine a eu sur moi.

Dans « Souvenirs de mon inexistence », Solnit raconte les étapes de sa construction intellectuelle et personnelle. Elle nous donne à voir avec humour parfois et subtilité toujours, cette frêle silhouette de jeune fille sans le sou, fraîchement débarquée à San Francisco, tiraillée entre son besoin d'exister et la volonté de ne pas être vue ni désirée. La tentation de l'inexistence. Elle nous dit sa passion pour la littérature, ses premières publications, son engagement politique et son militantisme féministe enfin. Elle nous rappelle que la crédibilité des femmes (et d'autres minorités) est au cœur du problème, qu'« il est presque pire de dire quelque chose qui ne sera pas pris au sérieux que de garder le silence. ».

Elle écrit pour toutes celles qu'on n'entend pas, elle raconte nos histoires, elle dit la peur de rentrer seule le soir, ou la terreur de se rendre compte qu'un homme vous suit, elle dit aussi la fragilité des jeunes filles dans la rue, la difficulté à être audible pour les femmes dans un contexte professionnel. Et surtout elle ne s'arrête pas à des constats. Elle prend acte de l'évolution des droits des femmes et nous invite à être actrices et acteurs du changement : « Je n'encourageais pas les gens à se sentir bien mais à se sentir puissants. J'ai fini par m'apercevoir que je détruisais la meilleure excuse pour ne rien faire, celle qui prétend que nous n'avons aucun pouvoir et que rien de ce que nous faisons n'a d'importance. »

Alors oui, Solnit ne parle pas seulement d'elle, elle parle de nous toutes, survivantes d'un viol, d'une agression sexuelle, de violence physiques ou verbales, ou simplement effrayées à l'idée que cela puisse arriver un jour, et nous insuffle la force de dire, pour changer les choses. Un espoir vital!



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Ces hommes qui m'expliquent la vie

À l’origine mon intérêt pour madame Solnit vient du fait qu’on lui attribue la maternité du concept de mansplaining. Au cas où tu ne saches pas de quoi il est question, ami-lecteur, laisse-moi prendre quelques lignes pour expliquer ce qu’il en est. Ce terme est donc un concept féministe construit avec les mots man – homme – et explaining – explication. Il désigne ces situations – trop courantes – où un homme explique à une femme quelque chose qu’elle sait déjà ou dont elle est experte. Et ce, d’un ton généralement paternaliste ou condescendant. Selon ce que je savais avant ma lecture de Ces Hommes qui m’expliquent la vie, Rebecca Spilnot avait pointé ce phénomène dans un article sur le Net, en 2008. Bref on lui devait beaucoup… Et comme j’aime bien savoir de quoi je parle – à peu près -, j’ai pensé que lire son bouquin serait une bonne idée…



L’essai s’ouvre sur l’article que j’évoquais plus haut, celui pointant le phénomène de mansplaining. Invitée à une soirée, et alors qu’elle a déjà publié sept ouvrages, l’hôte lui demande :



« Alors ? Il paraît que vous avez écrit un livre ou deux ? » (page 11)



Et qu’on ne vienne pas me dire que la question n’était pas condescendante… Bref il finira par lui conseiller un bouquin sur le sujet qu’elle évoquera. Bouquin dont elle est l’autrice… Ouais…



Je dois avouer que Ces Hommes qui m’expliquent la vie n’est pas tout à fait le bouquin auquel je m’attendais et que, sans doute, j’espérais. Il s’agit ni plus ni moins d’un recueil d’articles autour des questions de genre. Je n’ai rien contre les recueils, vraiment, sauf que c’est souvent d’une qualité et d’un intérêt disparates. Rebecca reste toutefois une journaliste pertinente dans sa façon de présenter les faits et les idées. Ainsi j’ai apprécié la manière dont elle explique que les femmes ont toujours un double combat à mener :



"La plupart des femmes luttent sur deux fronts, d’un côté pour une cause donnée, et de l’autre pour avoir le droit de s’exprimer, d’avoir des idées, pour qu’on admette qu’elles sont porteuses de faits et de vérités, qu’on reconnaisse leur valeur, leur statut d’être humain." (page 20)



Elle rappelle aussi, à plusieurs reprises, la prédominance des violences genrées dans nos sociétés :



"Dans ce pays [les USA], une femme est battue toutes les neuf secondes. Pour que ce soit vraiment clair : pas toutes les neuf minutes, mais bien toutes les neuf secondes. […] Au États-Unis toujours, les maris sont également la principale cause de décès chez les femmes enceintes." (page 36)



Hélas, il ne s’agit pas d’une enquête et ces articles ne sourcent aucune donnée. Ces hommes qui m’expliquent la vie reste un bouquin intéressant, et qui m’a fait réfléchir sur quelques points, pourtant, il n’en reste pas moins que, dans ma démarche, il aura été une déception. Il faut rappeler, ami-lecteur, que l’essai de Rebecca Solnit est déjà le onzième que je lis autour des thématiques du genre et/ou du féminisme. Et, au fil des ouvrages, il est logique que je me montre de plus en plus exigeante en la matière...
Lien : http://altervorace.canalblog..
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Ces hommes qui m'expliquent la vie

Je croyais que ce livre était un essai traitant de la condescendance des hommes envers les femmes, mais il s’agit en fait d’un recueil d’articles. Comme souvent avec ce genre de recueils, la qualité et l’intérêt des textes est très variable. De plus, s’agissant d’articles écrits par une Américaine, ils traitent de sujets dont certains me sont passés complètement au-dessus de la tête du fait de ma méconnaissance du contexte.



L’article sur Virginia Woolf, par exemple, incluait des références qui m’étaient inconnues et j’ai fini par être complètement perdue, au point de passer à l’article suivant sans terminer celui-ci.



Quant à celui sur l’affaire DSK, Rebecca Solnit y fait preuve de presque autant de condescendance à l’égard des femmes françaises que celle qu’elle reproche aux hommes d’avoir à son égard. J’avoue que j’ai été un chouïa agacée, à la fois par la naïveté des remarques qu’elle fait et par l’ignorance que ça suggère.



Dans l’ensemble, ces articles ne manquent pas réellement d’intérêt, mais n’apportent rien de bien nouveau. Peut-être que le fait d’avoir lu ce livre si longtemps après sa première publication en 2014 explique en partie l’impression qu’on ressasse des idées et des réflexions déjà rebattues et que ça a joué sur mon appréciation, mais ça manquait d’approfondissement. J’ai souvent eu l’impression que l’autrice me regardait de haut, de son piédestal d’Américaine sûre de la supériorité de son pays sur le reste du monde, un défaut que j’ai déjà rencontré dans d’autres textes féministes américains et qui m’agace particulièrement.



Globalement peu mémorable et beaucoup trop américano-centré.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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L'art de marcher

Balade historique, philosophique, parfois poétique, mais fourmillant toujours de mille références et anecdotes. Rebecca Solnit entraine le lecteur à la rencontre passionnante de l'histoire de la marche.



Au fil du livre, l'auteur site Rousseau et Kierkegaard, Orwell, Wordsworth, Hugo et Baudelaire. Elle fait le parallèle entre l'évolution de la philosophie et la marche, entre l'aristocratie Victorienne et les jardins anglais, entre le combat pour l'émancipation féminine et la marche urbaine.

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L'art de marcher

"Comme agir et travailler, marcher exige un engagement corps et âme dans le monde, c'est une façon de connaître le monde à partir du corps, et le corps à partir du monde". Dans L'Art de marcher, Rebecca Solnit retrace la longue histoire de la marche depuis l'avènement de la bipédie et explore ses multiples dimensions à partir du moment où l'acte dépasse le simple cadre utilitaire. Elle met particulièrement en lumière le parallèle entre la marche et l'esprit à travers pléthore de références littéraires parmi lesquelles on n'est pas surpris de trouver Virginia Woolf et l'association entre promenade et flux de conscience. La marche en tant qu'activité culturelle impliquant l'imprégnation du paysage a vraiment émergé au 19ème siècle chez les romantiques anglais, et on en ressent l'effet dans la littérature de l'époque. L'écrivaine en souligne le lien avec une certaine volonté d'émancipation féminine, un moyen de s'affranchir pendant quelques heures de lourdes contraintes sociétales. Sa réflexion extrêmement riche englobe tous les terrains, villes, campagnes, sommets (marche verticale) qui sont autant de matière à analyser à l'aune des évolutions des individus et des sociétés. La liberté de se mouvoir se heurte à l'urbanisation, aux clôtures qui font parfois figure de frontières infranchissables. Enfin, Rebecca Solnit étudie l'acte de marcher en tant que manifestation politique, toujours en lien avec la défense des libertés fondamentales. C'est passionnant, érudit, profond. Et passionnément féminin, voire féministe dans sa façon de réhabiliter toutes celles qui furent pionnières en la matière mais dont les noms sont restés dans l'ombre, les récits de voyages étant la plupart du temps signés par des hommes.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Cendrillon libératrice

C'est une jolie revisite du conte de Perrault que nous propose Rebecca Solnit. Une version qui s'adresse à un jeune public, à partir de 8 ans, illustrée magnifiquement par les dessins un peu en ombre chinoise d' Arthur Rackam (1867-1939).



Dans cette version, on retrouve bien Cendrillon, vêtue de haillons à cause des cendres de la cheminée, vivant chez sa belle-mère et ses deux demi-soeurs : Paloma - qui aime coiffer les cheveux très hauts - et Perlita la plus sophistiquée qui aime créer de jolies robes. Cendrillon aime cuisiner et préparer de bons petis plats.



Elle rencontrera sa marraine bleue qui l'aidera à se rendre au bal où elle rencontrera le Prince ... elle quittera bien entendu le bal précipitamment mais le reste de l'histoire est revisité, il parle de liberté, de transformation, de libération.



Une jolie version féministe à mettre dans toutes les mains à partir de 8 ans.



Ma note : ♥♥♥♥♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Ces hommes qui m'expliquent la vie

Féministe, revendicatif et engagé !



Un recueil d’articles brillants, pointus et parfois drôles qui sentent l’exaspération de l’impatience. Le monde et les mentalités changent, heureusement, mais il reste tant de travail et d’inégalités.



Les articles abordent différentes facettes, et du coup, c’est parfois redondant. Mais il est aussi bon de dire et redire !
Lien : http://noid.ch/ces-hommes-qu..
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L'art de marcher

Ce fut un régal que de découvrir cette histoire de la marche qui se transforme peu à peu : pratique évolutive (nos origines nomades : vous pouvez lire à ce sujet l’excellent essai de Kenneth White !), pratique hygiénique (naissance des galeries de châteaux et des jardins à l’anglaise), pratique religieuse (pèlerinage), pratique politique (manifestations), pratique philosophique (pensons aux péripatéticiens, élèves marcheurs d’Aristote), elle se fait avant tout, au fil des siècles, pratique de l’art, exercice de la sensibilité, ré-appropriation du corps-monde autant que de l’esprit. Rebecca Solnit suit notre rapport au cheminement et au chemin, jadis lieu de non-droit et de violence, aujourd’hui lieu de tourisme contemplatif. On retrouve certains penseurs & auteurs commentés par Coverley, étudie à plaisir l’appropriation du paysage anglais par ses écrivains (Wordsworth, Austen, Hardy)… et note, fébrilement, mille références à relire ou à découvrir. Là encore, un très beau livre, autant pour ses réflexions esthétiques que politiques : « le combat pour les espaces où marcher (espaces naturels ou espaces publics) doit s’accompagner de la défense du temps libre, seul disponible pour leur exploration. A défaut, l’imagination sera anéantie par le rouleur compresseur des débouchés offerts par l’appétit de consommation, de la fascination pour les crimes affreux et les scandales croustillants » (extrait du dernier chapitre, consacré à Las Vegas, décidément ville-symbole des Zéropolis à venir)


Lien : http://www.delitteris.com/in..
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Souvenirs de mon inexistence

Un texte avec un titre étrange mais qui interpelle et au fils de la lecture, nous comprenons mieux ce titre.

Dans son autobiographie, Rebecca Solnit nous parle de sa vie et fait le bilan d’années de combat pour s’affirmer et revendiquer une existence en tant que femme car elle considère, et elle n’a pas complétement tort que les femmes n’ont pas de réelles existences. Nous n’avons pas besoin que d’« une chambre à soi », mais d‘une reconnaissance dans la vie personnelle, professionnelle, intime et ne pas toujours subir l’existence imposée par les Hommes, que ce soit pour nous femmes mais aussi pour les minorités.

Elle a de beaux souvenirs et de moins bons de son « inexistence » et j’ai apprécié les pages sur sa vie à San Francisco puis les pages sur sa passion pour la lecture et toutes ses études sur la situation féminine.

J’avais déjà lu cette auteure avec son recueil de textes, « ces hommes qui m’expliquent la vie », déjà traduit par Céline Leroy et avais déjà apprécié ses approches intellectuelles, personnelles de la place des femmes dans la société.

Ce texte confirme la belle écriture de cette auteure et ce qu’elle nous raconte est d’une cruelle actualité même si les choses évoluent mais il faut rester vigilante et combative et ce texte devrait être lu aussi par les hommes. Et parler de l’existence des hommes et des femmes et de nos rapports personnels, intimes, professionnels mais aussi nos façons d’élever nos enfants, filles ou garçons. J’ai aimé son « discours » positif sur le fait de n’être pas seul(e) face aux autres, face à la violence, face aux discriminations...

Comme avec son livre précédent, j’ai découvert des auteur(e)s et vais continuer mes lectures sur ce thème. Et j’espère que nous pourrons parler de souvenir d’existence.
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