Ça fait référence à la Grèce antique sans pour autant s`y passer franchement. Je voulais faire un récit de fantaisie qui traite , en toile de fond, du passage de l`inconnu qui accède au rang de légende. Je voulais un décor, plutôt une période, qui coïncidait avec l`image collective quand on parle de mythe. J`avais également très envie de me lancer dans une aventure épique. Tout ça fait que la Grèce antique paraissait d`emblée plus appropriée que le monde contemporain. Par conséquent, que ça renvoie au texte d`Homère me semble logique, c`est en quelque sorte un repère fiable, une valeur sûre. Ce qui me paraissait important pour pouvoir me permettre de « déstabiliser » sur d`autres plans, par exemple la façon de raconter l`histoire.
Quand je me lance dans la création d`un album je ne pense pas à un message en particulier. J`improvise beaucoup dans mon travail, j`aime travailler comme ça tout simplement parce que je découvre les personnages au fur et à mesure et je les incarne peu à peu. C`est vrai qu`Alcibiade est naïf, c`était d`ailleurs un côté qui m`énervait. C`est intéressant de travailler un personnage qui nous énerve ! C`est en avançant sur le projet que les lignes de fuites se sont positionnées, et c`est au bout d`un certain nombre de pages et de péripéties que je me suis aperçu que ce petit personnage avait du courage et de la persévérance. C`est par ce cheminement que le message est apparu en filigrane. Pour l `idée du livre, ça m`est venu assez spontanément.
J`ai initié ce travail sur la séquence en 2011 pour un concours (revue Hors-Cadre[s]) sur une petite histoire de 24 pages. On voyait un personnage partir de sous-terre, parcourir un arbre pour finalement se faire happer par l`espace. La forme s`adaptait parfaitement au scénario très simple. J`ai eu l`occasion de me pencher une deuxième fois sur cette forme, pour le concours des Jeunes Talents d`Angoulême, sauf que cette fois l`histoire tenait en une planche A3 avec un quadrillage très serré (les cases mesuraient 3 x 3 cm). C`est une contrainte qui, comme toute contrainte, pose ses limites. Là où ça devient intéressant, c`est de vouloir les pousser ailleurs, trouver de nouvelles méthodes à exploiter. La logique des choses après ce dernier concours, c`était de voir si la contrainte était adaptable sur l`ensemble d`un album.
Cette contrainte-là plutôt qu`une autre tient juste du fait que, de un, j`aime dessiner les personnages en tout petit (un gaufrier à toute petite case c`est le top!), et de deux, je prends un plaisir immense à dessiner de grands décors (que ceux-ci s`emparent de toutes les cases de la page pour n`en former plus qu`une seule image, c`est juste me faire plaisir). Pour être franc, c`est une manière pour moi de lutter contre l`ennui de faire des planches « classiques ». Là au moins, je m`amuse en même temps.
Vous faîtes bien de parler de Thomas et Manon ! C`est un livre-jeu qui est sorti aux éditions Polystyrène, maison d`édition (que nous avons créé avec une bande d`amis pendant nos études aux Beaux-Arts) dont la ligne éditoriale se veut de jouer de façon singulière avec la manipulation du livre. Les histoires sont toujours dépendantes du format du livre (un bande dessinée non-reliée = BD aléatoire. Le scénario fonctionne toujours, peu importe l`ordre de lecture).
Pour Thomas et Manon, le scénariste (Alex Chauvel) et moi voulions travailler sur un livre jeunesse. De cette simple donnée nous avons imaginé un livre qui proposerait une large part ludique à sa lecture. Il est évident que le travail au sein de cette maison d`édition nourrit considérablement ma pratique personnelle.
Pour répondre à la dernière question : oui, j`ai des projets non-exploités qui attendent dans mes tiroirs mais qui ne trouvent pas leur place dans un catalogue.
Je vais faire très court pour cette question : je dirai plutôt que j`ai choisi un vieil homme en devenir.
J`ai toujours été beaucoup plus proche de la poésie que de la philosophie, c`est étonnant qu`on considère cet album de cette manière. C`est flatteur mais ça me met dans une situation compliquée pour répondre à cette question. Cependant, ce que je peux dire c`est que je ne me suis pas restreint « parce que je m`adressais à un jeune public ». J`ai fait comme si je m`adressais à tout le monde, je ne limite pas le public. Il s`avère aussi que ce projet à plu à une maison d`édition jeunesse (La Joie de Lire), tant mieux !
Non non, je ne suis pas de tendance purement graphique ! Au contraire, j`ai plus tendance à être bavard dans mes bandes dessinées ! Pour Alcibiade, l`éditeur a eu son mot à dire sur cette tendance, voilà tout !
Je reprécise que pour Thomas et Manon, je n`étais que l`illustrateur (Alex Chauvel au scénario). Donc je l`ai déjà envisagé et je l`envisagerai volontiers d`autres fois !
Si on se place du point de vue de ma tendre enfance, je n`en ai malheureusement plus aucun souvenir.
Ce qui m`a donné envie d`en faire mon métier c`est la culture populaire, les blogbusters de la bande dessinée. Même si la plupart du temps je recopiais les dessins plutôt que de lire les histoires...
En bref, je n`ai pas un livre en particulier.
Herman Melville, pour Moby Dick !
En bande dessinée, c`est Isaac le Pirate, tome 1 : Les Amériques de Christophe Blain. En littérature, Jack London, notamment pour Le Vagabond des étoiles.
Je crois que c`est le Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l`Anneau... Et en bande dessinée je ne sais pas, Tintin peut-être ou Astérix...
Il y en a un paquet !
Pas si méconnue, mais que je tiens à partager : Bartleby le scribe de Herman Melville.
… droit de veto !
La première qui me vient n`est franchement pas joyeuse mais je n`en connais pas beaucoup par cœur :
« Le monde est un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fanges »
On ne badine pas avec l`amour, Alfred de Musset.
Visage retrouvé de Wajdi Mouawad !
Quel est le premier objet reçu par Alcibiade ?