Alléluia pour une femme-jardin,
Alléluia pour toi, pulsation majeure de la vie !
Alléluia pour ta patience d'hormones joyeuses dans la nuit de la femme !
Je te salue et te présente à la vénération du monde.
Par amour pour toi, je suis prêt à traverser des déserts et des forêts vierges, à défier les bûchers et les chaises électriques, les chambres à gaz et les salles de tortures.
Je plante ta révolte aux coins des rues de la terre pour convertir à ton rayonnement ceux qui voient en toi une géométrie de ténèbres.
Tu n'es ni un astre ni un fruit mystique qui brillent sur notre destinée.
Tu n'es ni ostensoir ni cloaque ni source de tristesse et de perdition.
Je ne suis ni ton prophète ni ton esclave ni ton grand macho,mais simplement un homme fasciné qui proclame après t'avoir vécue que ton rythme appartient aux lois qui font que le vent se lève, que le soleil succède à la nuit, que la lune et les étoiles, la pluie et la neige, tiennent leurs promesses envers les douces moissons de la terre !
Par toi, l'unité et la solidarité de la vie se maintiennent malgré l'immense micmac mental où pataugent les vivants !
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Disons-le, Alleluia pour une femme-jardin est une célébration impie de la femme créole, mulâtre. Une adoration comme seuls les poètes talentueux peuvent s’y autoriser. La femme-jardin de Depestre est belle, libre. Cette fascination exclusive ne saurait s’embarrasser d’entrave quelconque. Aussi, avec la ténacité et la détermination d’un ouvrier du BTP, René Depestre déconstruit, défonce, marteau piqueur à l’appui, toutes les oppositions au regard libidineux que ses personnages portent sur la femme-jardin. Terme poétique en premier lecture. Expression qui cependant ne souligne que trop une idée de possession et une vision extrêmement réductrice d’une femme forcément belle, voluptueuse, désirable. La femme-jardin est un petit champ que l’on possède et que l’on laboure avec ferveur. Dans ces dix nouvelles, René Depestre, décrit des personnages qui transgressent des interdits comme l’inceste, le vœu du célibat, qui violent l’intime au nom d’un désir qu’on ne saurait brider. La chair doit être satisfaite dans ses exigences.
Le christianisme dans son discours prude et modérant les ardeurs bestiales prend donc des coups violents de la part de l’auteur haïtien avec démonstration à l'appui de l’hypocrisie des hommes de Dieu. Depestre écrit à charge. La dernière nouvelle ponctue cet acharnement par la mise en scène d'une parodie de la passion de Christ.
La colère sourde qu’exprime Olivier dans cette première nouvelle traduit la révolte de l’adolescent face à ses sens en ébullition et les interdits qui d’une certaine manière constitue une digue face aux assauts d’une tante libre qui joue et se joue de son neveu, avant que la passion charnelle ne consume totalement ces deux êtres. Le destin tragique de Zaza, la tante libertine peut prendre la forme d’un jugement divin. Le jeu de Depestre est très fin. Par la trame de cette nouvelle et le discours des personnages, il met en scène ce questionnement qui va accompagner tout ce recueil.
La note à payer pour un hédonisme tropical est-elle si lourde à payer ? Peut-on s’en affranchir aisément ?
Par-ci, par-là, on parle d’un érotisme solaire. Depestre le premier. Il est certain que cette œuvre a quelque chose de jovial en première lecture. Les corps qui s’entremêlent, le diktat des désirs charnels et leur célébration satisferont beaucoup. Mais, la nouvelle Mémoires d’un géolibertinage, où Olivier Vermont se décide à la cité internationale de Paris de découvrir le monde en labourant de multiples jardins exotiques révèlent le vide intersidéral qui habite notre jeune étudiant haïtien.
Bref, c’est une œuvre qui mérite beaucoup plus qu’un commentaire après lecture. Chaque nouvelle mérite un arrêt sur discours. Je ne peux m’empêcher de me poser la question. La dictature des sens n’est-elle pas une forme d’esclavage profond ?
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Des histoires entre hommes et femmes, dans une langue sensuelle (voire sexuelle) et imagée, une langue d'Haïti (si cela veut dire quelque chose) qui m'a rappelé l'auteur Louis-Philippe Dalembert.
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histoires érotiques et sensuelles en Haîti.
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René Depestre évolue entre le loa de la poésie, l’archi-volute de la plante tropicale et l’œil du félin embusqué dans la nuit : il est une nature au-delà de la nature parce que affranchi de ses lois et de ses logiques.
Il écrit en familier des rythmes de la planète, des mouvements du cosmos, des soubresauts de l’Histoire aussi, en connaisseur des épices de Jacmel ou des ceps de Corbières, des odeurs musquées de femmes abandonnées et des couleurs des Caraïbes.
Attentive aux solstices et aux éclipses, aux intempéries et aux fournaises, sa poésie fournit le langage de ces forces intempestives.
L’écriture de René Depestre, comme celle de tant d’autres auteurs des Caraïbes, porte à bout de bras le génie de la langue française.
Outre-Atlantique, c’est-à-dire en France, mieux, ou pire plutôt, à Paris, la langue éditée, publiée, demeure entre les mains de ceux qui, nés avec une cuiller en argent dans la bouche, ou venus des caniveaux qu’ils oublient bien vite - même gibier…-, la violentent, la maltraitent, la punissent, l’humilient, l’outragent comme l’enfant brise son jouet pour le pur plaisir de jouir en détruisant.
Avec les poèmes de René Depestre surgit une langue de résistance qui arrache cet instrument aux mains des usagers de la rhétorique qui enfument, asservissent, justifient l’oppression politique, intellectuelle – la langue des maîtres – pour lui donner la dignité d’une langue d’esclaves décidés à se rebeller.
Il faut lire René Depestre.
On en ressort vivifié.
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Poète inscrit dans le courant conversationnel, Roberto Fernandez Retamar déploie une écriture tout à la fois intimiste et engagée, lyrique et sociale, produit d'un auteur à l'oeuvre dense et politiquement profonde, grand expert en poésie et en stylistique.
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Ensemble de nouvelles nous contant les tribulations d'un Don Juan haïtien, ce petit bouquin célèbre la femme et son pouvoir sans limite sur l'imagination d'un jeune homme qui semble jouir tout autant de ses fantasmes que de ses conquêtes.
On passe de la Chine communiste au Monténégro d'après-guerre, du Japon sophistiqué au Brésil brûlant et raciste, sans oublier Haïti et ses passions décomplexées, sans pouvoir s'empêcher de sourire face à l'excitation permanente du narrateur, poète, et ses envolées lyriques (et parfois un peu obscures, le glossaire à la fin en aidera plus d'un pour se repérer parmi toutes ces métaphores) qui décrivent ses ébats et toutes les parties du corps auxquelles il rend hommage.
Bien que le cœur même de ces nouvelles soit la sexualité, on touche également du doigt à la manière dont elle est appréhendée (ou les stéréotypes auxquels elle est soumise) dans les différents pays que l'on traverse, révélant ci et là les mœurs leur poids sur les êtres.
Une lecture agréable et courte en ce froid mois de janvier !
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Quand la poésie se lie à l'érotisme. Ce livre, mélange de récits et de nouvelles, raconte un voyage et l'amour d'un homme et d'une femme. C'est surtout un voyage onirique, une recherche syntaxique pour obtenir des images magiques. Le titre peut faire penser à un livre licencieux, l'ensemble reste sobre et sérieux, c'est plus un hymne à l'amour et à la femme qu'un texte érotique. Mais quel texte! Par contre, il faut réussir à rentre dedans, ce qui n'est pas toujours facile, car c'est l'une des marques de ce style hermétique.
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Livre assez plaisant à lire. Des nouvelles de niveau inégal qui nous entraînent dans différentes parties du monde, et nous font connaître l’appréciation de l’amour, de la fidélité, des liens du mariage dans différentes cultures.
René Depestre nous parle aussi du racisme dont sont victimes les Noirs dans différents pays du monde, et comprendre combien il est difficile de vivre dans des pays tels que le Brésil, où Noir veut dire sous-fifre, jardinier, portier, larbin en somme...
Intéressant à connaître pour qui aime explorer les différentes littératures du monde.
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quelques jolies phrases mais ne mérite pas l'encensement ; littérature un peu facile ; contrairement à l'autre lecteur, j'ai eu du mal à entrer dedans également mais j'en suis vite sortie en courant
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Ce livre nous amène en Haïti: c'est son plus grand mérite. Un monde vivant, tonique, joyeux, et ceci malgré les drames, constitués d'une longue suite de cyclones dévastateurs, égrainés par le temps de manière irrégulière mais finalement certaine. Et cette population a besoin de religion. Elle l'assouvit en oscillant entre le culte ancien, mais non éteint, du vaudou, et celui du catholicisme. L'auteur nous conte, avec une plume colorée, et un vocabulaire d'une grande richesse, l'histoire troublante d'Hadriana, jeune fille qui s'évanouit et meure devant l'autel, le jour de son mariage, quelques secondes après avoir prononcé le "oui" qui l'unit à l'homme qu'elle aime. Il nous fait douter ensuite de la réalité de cette mort et nous associe aux croyances et aux rites vaudous. Les chapitres sont courts, - le livre aussi - on avance vite, et on lit cela avec plaisir, même si l'on a le droit de rester sceptique face à cette notion de morte vivante, de zombie, de résurrection, quand même pas très claire ni convaincante. René Depestre voulait nous faire connaître Haïti, son rythme, ses croyances, son optimisme, et aussi son rapport amusé aux choses du sexe: cela est réussi, et fait de ce curieux récit un bon livre.
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L'auteur nous fait découvrir à travers un extraordinaire univers peuplé de personnages extravagants et fantasques, la culture haïtienne et les croyances vaudou. Ce roman est aussi un superbe chant d'amour coloré d'exotisme et d'érotisme, porté par une langue riche et truculente où se mêlent magnifiquement langue française et langue créole.
Ce livre a été couronné de nombreux prix et notamment le prix Renaudot en 1988.
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René Depestre, auteur haïtien, nous offre un conte fantastique alliant religion vaudou et zombies, et qui se déroule à Jacmel, station balnéaire de la côte sud-est d'Haïti. Une vision bien particulière de la vie et de la mort sous les tropiques.
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