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Citations de René R. Khawam (55)


René R. Khawam
Au fur et à mesure qu'elle progresse et selon sa vieille habitude, l'humanité se déshumanise. (16 octobre 1986)

Introduction du volume 2 de sa traduction des Mille et une Nuits : « Les Cœurs inhumains ».
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René R. Khawam
Les hommes sont ainsi faits qu'ils sont souvent plus attachés à leurs mirages, dussent-ils s'avérer décevants, qu'à la réalité pleine de promesses qu'ils ont sous la main.

Préface des Mille Et Une Nuits.
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René R. Khawam
Ainsi dès 1807, il était notoire que les sources dont allaient bientôt s'inspirer l'imprimeur de Boulaq étaient des plus suspectes. Nombre de lecteurs arabes cultivés, qui ont lu comme tout le monde Les Mille Et Une Nuits dans l'édition de Boulaq, sont aujourd'hui au fait de ces insuffisances. Mais le respect de la prétendue bienséance et le poids du dogmatisme religieux empêchent d'y rien changer. La presse internationale, au mois de mai 1985, a fait état de la diffusion au Caire d'une nouvelle édition des Nuits, mieux en conformité, semblerait-il, avec la leçon de manuscrits originaux (nous n'en savons pas davantage, n'ayant pas réussi à mettre la main dessus). Mais une fois de plus les religieux veillaient, qui ont obtenu pas décision de justice que ladite édition fût saisie et détruite, de peur de mettre en péril l'image sourcilleuse que l'Islam actuel entend donner de lui au vaste monde. Nous doutons fort que de tels autodafés servent en quoi que ce soit la religion du Prophète. Ils témoignent en tout cas, a contrario, de la belle santé d'une œuvre qui, après sept siècles, fait encore trembler les cagots et le pouvoir qui les protège.

(Introduction à sa traduction des Mille Et Une Nuits, 19 juin 1986).
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Mayy ZIYADA

Les Yeux

Ces yeux, où la prunelle monte la garde
pour protéger le visage contre l'indiscrétion
malveillante et la curiosité qui s'agriffe...
Ces flots mouvants qui ondulent
entre le bord des paupières
et l'extrémité des cils,
comme ceux des étangs qui s'expriment
par le murmure des vagues
et des peupliers alentour.
Les yeux... Ne sont-ils pas pour toi
un objet de stupéfaction?
Les yeux couleur de cendre, avec leurs rêves,
les yeux couleur de ciel,
avec leurs illuminations,
les yeux couleur de miel, avec leurs friandises,
les yeux couleur du café,
avec leur force attirante,
les yeux qui recueillent avec soin la force
et la douceur contenues
dans tout ce qui les entoure.
Tous les yeux,
ceux qui te rappellent
la limpidité du ciel,
et ceux où fait halte et se repose
la profondeur des mers,
ceux qui te montrent en eux
les déserts et leurs mirages,
ceux qui transportent en rêve
dans un royaume éthéré
fait tout entier de beauté,
ceux dans lesquels passent des nuages
zébrés d'éclairs, chargés de pluie,
ceux dont ton regard ne peut se détacher
sans chercher aussitôt où se trouve
le grain beauté sur la joue,
les yeux étroits, arrondis, les yeux
en forme d'amande allongée,
ceux qui s'enfoncent dans leur orbite
à force d'approfondir les mots
et de réfléchir leur sens,
ceux dont la vision est vaste
et le mouvement retenu,
ceux dont les paupières couvent la flamme
d'un mouvement calme,
comme déploient leurs ailes
les oiseaux blancs des Lacs du Nord,
ceux dont les langues de feu vertes
tournoient comme autant de vrilles
prêtes à s'enfoncer
dans les coeurs fascinés,
et d'autres, d'autres, d'autres encore.
Les yeux qui s'émeuvent,
les yeux qui méditent,
les yeux qui savourent,
les yeux qui cèdent à la pitié,
les yeux où établissent leur camp de guerre
haines secrètes et colères,
et ceux dont les eaux troubles
multiplient les secrets...

Lève-toi, va vers ton miroir,
penche-toi sur ces deux lacs pleins de sortilèges.
Les avais-tu seulement étudiés
avant ce jour ?...

Si tu veux me connaître,
moi, l'inconnue,
observe donc mieux tes prunelles.
Ton regard me retrouvera, malgré toi,
dans ton regard.


Mayy ZIYADA, poétesse palestinienne (1895-1941)
("Les yeux" extrait de "L'Efflorescence contemporaine") - pp. 376-378
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Vous êtes arrivés avec l’aube
et il y avait là,
en ce lieu où l’on tuait
sans raison, où l’on tuait
sans relâche
derrière la porte de la prison...
oui, il y avait là celle
qu’avait élue le désir,
à présent en proie à l’accablement.

Il y avait là, prêtes à la trahison,
mille mains qui dérobaient
de ma mémoire,
de mon libre sang, la vieille convoitise
que la noirceur des nuits nourrit
dans l’attente de l’aube...

Vous êtes arrivés et nous étions là,
attendant en silence l’heure,
du massacre.
L’homme sera-t-il crucifié ?
Les flammes consumeront-elles
nos maisons,
nos petits ?
Tout cela parce que nos rêves envisageaient
la venue de l’aube ?

Mais vous êtes arrivés
et nous étions là,
à nous demander d’où viendrait
celle qu’avait élue le désir.
D’où viendrait-elle ?...
Elle ne viendra pas.
Le soleil ne se lèvera pas
et au fond de la maison
déjà s’enfoncent dans la mort
les pas de mes enfants...
réduits au silence.

D’où viendrait-elle ?...
Elle ne viendra pas,
car notre prison est aveugle,
sans lucarne,
car notre chemin s’enfonce et se perd
dans un gouffre,
car nous sommes sans puissance
et sans force.
Mais vous êtes arrivés
et nous étions là.

Telle est l’histoire de notre hier
et son goût est amertume ;
telle est notre marche lente, le cortège
de notre dignité :
notre seul bien jusqu’à l’heure où se lèvera
enfin une aube libre.

Buland al-Ḥaydarī
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La voix des collines s’enroue…


La voix des collines s’enroue
au fond de votre gorge : la nuit
doit avoir blessé
son écho.

Les champs piqués d’amandiers
sont devenus des sanglots
dont la tristesse vous paraît comme allégée
par l’habitude du malheur.

Les fiers épis du maïs brillent
dans vos yeux où s’irise une larme
vierge qui pleure sur l’oubli des jours.


//Mahmoud Darwich (1941 - 2008)
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— Ô dame mienne, lui demanda-t-il, ô fruit savoureux à mon cœur, dis-moi pourquoi, un an durant, alors que tu dormais à mes côtés dans le même lit, tu ne m'as, de jour ou de nuit, adressé la moindre parole ? Pourquoi as-tu attendu ce jour où nous sommes ? Comment as-tu pu t'enfermer dans ce mutisme opiniâtre et surtout ne jamais déroger à ce choix que tu avais fait ?
— Ô roi, répondit-elle, n'oublie pas que je suis une étrangère, une captive qui vit loin de son pays et des demeures qu'habitent les siens. J'ai le cœur brisé de douleur : comment en irait-il autrement pour quelqu'un qui a quitté, sa famille, ses amis, son frère et sa mère ?
Le roi la reprit pourtant :
— Comment peux-tu te dire une étrangère au cœur brisé ? Qu'est-ce qui te fait dire cela, quand j'ai mis mon royaume entre tes mains, et un roi à tes pieds comme esclave ? Ton frère, ta mère, soit ! Mais d'abord qui sont-ils ?

UN MARIAGE PAR OUÏ-DIRE.
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Le voyage


Extrait 4

Et avant de nous mettre en route,
  nous immolerons des agneaux,
l’un pour ’Achtaroûte, l’autre pour Adonis,
  et le troisième
pour Baal. Puis nous larguerons les amarres
et le jeune vaisseau sur la calme mer
  commencera son voyage :
  Alléluia ! Alléluia !
et bientôt disparaîtront à nos yeux
  les montagnes et les ports,
notre protection, et les demeures
  aux mains pleines de fleurs :
  Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !
Oui, que commence le voyage !


//Yousouf Al-Khal (1917- 1990)
//Traduit de l’arabe par René Rizqallah Khawam
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René R. Khawam
-- FRATERNITE --

Je suis un homme qui offre sa nourriture
dans un vase commun, à l'intention des hôtes.
Alors que toi tu mets tes aliments à part ,
dans un beau récipient , pour les manger tout seul .

Je partage mon corps en des corps très nombreux,
tous ceux qui prennent part à mon activité;
et de ma main je donne à boire par gorgées
une eau pure et limpide , et fraîche à point.

Après cela peux-tu rire de moi sans gêne ,
te voyant ainsi fait , corpulant et replet ,
alors que le bon droit m'a tourmenté si fort
que sa main m'a rendu inquiet et décharné ?

-- 'OURWAH IBN AL-WARD --
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La ruse suivante de Dhu'l-Nûn l'Égyptien a été racontée par Yoûsouf, fils d'al-Housayn. « J'avais entendu affirmer, dit celui-ci, que Dhu'l-Nûn l'Égyptien connaissait le Nom de Dieu le plus grand. Alors je m'en allai en Égypte et me mis à le servir durant une année. Au bout de cette période, je lui déclarai :
– Ô cheikh, cela fait une année que je te sers gratuitement. j'ai donc un droit sur toi a
uquel il devient obligatoire de rendre justice. Je voudrais que tu m'apprennes le Nom de Dieu le plus grand.
– Je fera cela pour te récompenser et te combler d'honneurs, répondit-il.
« Puis il resta un certain nombre de jours sans rien me dire. Au bout de ce temps, il me présenta un plateau avec un couvercle dessus, tous deux enveloppés dans un grand mouchoir, et me demanda :
– Connais-tu Untel ?
– Oui, répondis-je.
– Porte-lui ceci.
« Je pris le plateau et m'en allai vers le personnage en question. Après avoir marché un peu, je me dis en moi-même : "Dhu'l-Nûn l'Égyptien envoie à un ami un cadeau qu'il ne veut semblable à aucune chose au monde. Par Dieu, je vais voir ce que c'est."
« Je dénouai le mouchoir. Une petite souris souleva alors le couvercle. Je voulus l'attraper, mais ne pus l'empêcher de prendre la fuite. Alors je fus saisi d'une grande colère. Je me dis : "Ainsi, après une année de service, Dhu'l-Nûn se moque de moi de cette manière-là en me chargeant d'aller porter une souris !"
« Je revins vers lui. L'irritation transparaissait sur mon visage. Lorsqu'il me vit approcher de lui, il dit :
– Ô le malheureux ! Celui à qui l'on ne peut confier une souris, peut-on lui confier le Nom de Dieu le plus grand ?
« Il me laissa et s'en alla à ses occupations ordinaires. »
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L’Unique



extrait 3

C’est à vous, ô mes seigneurs,
c’est par vous,
c’est par votre mérite
et votre beauté
que la flamme de ma lampe
a jeté son éclat.

Avant même que Tu rassembles
les parties de mon être,
Tu m’as fait entendre
Tes paroles.
Avant même que Tu me places
au centre
des six lieux de l’espace,
oui, certes, au centre
de tous les lieux qui m’environnent !

J’ai témoigné
qu’Il est l’Unique,
après avoir considéré
Sa perfection
et les effets de Sa bonté
dans tous les états
où je me suis trouvé.

J’ai frappé à Ta porte
ô Seigneur mien,
à cause de ma misère.
Que de mendiants qui frappent
eux aussi à Ta porte
as-tu enrichi de Tes dons,
en exauçant ma prière !


// Ibn Al- Dja’bari (? – 1241)

/ Traduit de l’arabe par René R. Khawam
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Le fleuve gelé


Extrait 7

Cependant l’hiver finira bien
par s’éloigner et les jours
du printemps reviendront.

Et ils se mettront à défaire
sur ton corps
les liens qui l’entravent,
ces chaînes forgées
par la main du Givre.

Et ta vague limpide
libérée, dévidera son écheveau
en direction des océans,

enceintre des secrets
de la durée, énivrée
de la lumière du jour retrouvé !


//Mikha’il Nou’Ayma / (1988 – 1889)
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Celui qui a vécu sans ivresse
en ce monde,
certes, il n'a pas vécu !
Celui qui ne meurt pas
de cette ivresse
a manqué de courage
en ce monde où il a passé.
(Omar Ibn Al-Farid)
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-- LES CHANSONS DE LA VIE --

Cette vie est une cithare...
et c'est la cithare de Dieu.
Ceux qui s'en vont au long des jours
brodent sue elle une chanson .

Les airs font prisonnier nos sens ,
par une sorte de magie;
la vois indocile et revêche
trahit ainsi la mélodie .

Et la nuit, sinistre caverne,
offre une sépulture à la chanson,
condamne à mort le clair écho,
en étouffant sa pauvre vie .
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Deux hommes vinrent se disputer devant le juge Iyâs, fils de Mou'âwiya, au sujet d'une tunique de soie à dessins et d'une chemise grecque. Chaun des deux prétendait que la tunique était à lui et la chemise à son compagnon. Iyâs fit apporter de l'eau et un peigne. Chacun des plaignants se mouilla les cheveux et se peigna. des filaments de la tunique sortirent de la tête de l'un et des filaments de la chemise de la tête de l'autre. Il donna alors à chacun ce qui lui appartenait.
p.386
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incipit :
Sous le règne de Haroûn al-Rachîd, l'Emir des Croyants et le cinquième de la dynastie des Abbassides, vivait un marchand très riche, père d'un garçon nommé Abou-l-Hasane.
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-- LE SOT --

Est un sot celui qui demande
à l'hoome sot
de reconnaître sa sottise.

Est intelligent celui qui connaît
la réalité du monde
et ignore celle de son esprit .

Car l'esprit est une lumière
qui ne projette aucune ombre
succeptible de t'aider
à déceler sa présence .

AL -'ABBAS MAHMOUD AL-'AQQAD
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Avec les prairies



extrait 8

Ô que je souhaiterais m’anéantir là,
      dans la plaine,
      cette plaine qui vient toucher
      le pied de la montagne...


là, dans l’herbe verte, entre ces blancs rochers,
      sur la plage lointaine...
dans l’Etoile du matin qui scintille là-bas,
      dans la lune solitaire...
Ô que je souhaiterais m’anéantir,
      selon mon désir,
      en tout ce qui existe !


//Fadwa Touqâne (1917 – 2003)
/ Traduit de l’arabe par René R. Khawam
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La jalousie du sot
est un mal qui le déshonore ;
la jalousie du savant le rabaisse
au-dessous du déshonneur.

Qostaki Al-Himsi (1274/1858-1359/1941)
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Racontez-moi mon pays…


Racontez-moi mon pays,
ce pays qui semble un rêve
où se perd, où se noie
l’horizon de ma vie.

Parlez-moi des vignes accueillantes
sans fin offertes au regard,
de la terre généreuse fouaillée par les labours
et d’où le vert toujours ressurgira ...

Le soleil danse de joie quand vient
l’heure de s’étendre sur elle
et les oiseaux à sa vue
accordent soudain leur chant.

Parlez-moi des nids au creux humide
de l’arbre, malmenés par la saison qui souvent
les disperse aux quatre vents...

du bruissement des mûriers
dans la cour de la maison, du parfum enfin
des mille et un aromates, ornements
des hautes pentes de nos vivantes collines.

Racontez-moi ! Car mon cœur
est une aire vide. Ecoutez-le soupirer,
se languir de la caresse des épis !

Remplissez ce lieu absent d’histoires
de mon pays : de ces histoires qui recèlent
plus d’or encore que les chansons.

Réveillez mon souvenir ! Et sachez qu’après un siècle,
je ne me trouverai toujours pas rassasié
par les rappels instants de la mémoire.


//Mahmoud Darwich (1941 - 2008)
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