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Critiques de Richard Ford (382)
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Canada

Un frère et une sœur jumeaux prennent la tangente à quinze ans, après l’arrestation de leurs parents pour un hold-up. Tandis que Berner sa sœur fugue vers Détroit pour échapper à l‘orphelinat, Bev (le narrateur) lui suit le plan élaboré par sa mère, rejoindre le Canada pour retrouver un certain Arthur Remlinger, personnage intriguant et secret.

Le choix de l’un et de l’autre les conduira bien loin de leur rêves, et l’insouciance de leur parents fera éclater à jamais la structure familiale.

Comment se construire après un tel désastre ? Comment réussir sa vie quand les fondations se dérobent sous vos pieds ? C’est quand le bonheur ?



Richard Ford réussit une nouvelle fois un grand roman sur l’Amérique et son fameux rêve. Ford photographie avec une grande justesse la vie de ces compatriotes. En plus d’une sens narratif remarquable, sa description des lieux, des personnages, des évènements est une grande leçon de littérature. Et que dire des dernières pages simplement bouleversantes, sans verser une seule seconde dans le pathos de mauvais gout. Ford est un auteur majeur, « Canada » en est une preuve magnifique.

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Canada

Canada , huitième roman de Richard Ford, est ma première rencontre avec l'auteur dont la bibliographie bien fournie semble-t-il n'est plus à présentée.

Dans ce roman par le biais de son héros, Dell Parsons, adolescent de quinze ans, nous voici transporté aux Etats Unis dans les années 60, à Great Falls, dans le Montana, petite bourgade étriquée.

Le narrateur, Dell Parsons, âgé de soixante cinq ans nous offre une relecture du jour qui a changé sa vie sous l'éclairage de la maturité.

Une accumulation d'événements ( le braquage d'une banque par ses parents, le départ de sa sœur Berner, sa fuite planifiée vers le Canada pour éviter d'être prise en charge par la Protection des mineurs ) sur un temps très court (du 30 août à la mi-octobre) vont le propulser sur un nouveau territoire , dans une contrée sauvage à Partreau dans le Saskatchewan.



Le talent de l'auteur réside dans la manière de présenter le ressenti de Dell et de dépeindre avec minutie le temps qui s'égraine dans son environnement intime, psychologique parallèlement à son environnement physique et matériel.

« Se substituait au temps du calendrier, jour après jour, le temps du baromètre. Le temps qu'il fait compte plus que le temps qui passe, dans la Prairie; à lui se mesurent les changements invisibles de l'être. Les jours d'été, chauds, secs, sous des ciels d'un bleu intense s'enfuyaient, et les nuages de l'automne faisaient une percée. D'abord tavelés, puis marbrés, ils prenaient la forme de cirrus à longs filaments annonciateurs d'un froid acéré. Le soleil sombrait vers le sud, il glissait plus à l'oblique entre les arbres morts de Partreau et illuminait la façade blanche du Léonard. »



Du Montana au Saskatchewan, la vie quotidienne de Dell nous emporte dans le devenir d'un homme en construction forcé par les aléas de son histoire personnelle:l'adaptation à de nouvelles contraintes après l'abandon du cocon familial dans un milieu étranger , et la rencontre décisive avec un personnage longtemps énigmatique,Arthur Remlinger, infléchiront le cours de sa vie.



La rébellion ou l'acceptation comme issue pour survivre après un cataclysme familial  et continuer à vivre.

Un récit en trois temps, l'avant le braquage, l'après et celui du bilan.



Une belle lecture, un dépaysement garanti .
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Une saison ardente

Très belle exploration des sentiments humains à travers l'observation d'un trio familial pathétique, père, mère, fils adolescent qui est le narrateur de trois journées qui ont bouleversé leurs vies. Mais le feu couvait depuis un certain temps, le lecteur découvrira l'embrasement, comme celui des collines du Montana, en flammes dans cette saison ardente.



Le fils aime ses parents, il voit l'effondrement de leur relation avec beaucoup de maturité, il analyse les probabilités, les réactions, les comportements. Il voudrait éviter le pire, retenir le temps, effacer les mots irrémédiables. Autant la mère que le père le comprennent, ils sont sur une autre planète, elle celle de sa volonté de séparation, ne considérant même pas avec sérieux la possibilité d'une autre vie avec l'amant de quelques journées, lui sous le choc, alors qu'il a quitté momentanément la maison pour participer à la lutte contre les incendies qui ravagent les canyons du Montana.



Il convient de préciser que l'histoire se déroule en 1960, dans une Amérique paisible, une famille paisible qui s'aperçoit peu à peu des fissures qui la menacent. L'effondrement sera-t-il total? Pour le savoir, il faut lire lentement ce beau livre, percevoir la profondeur des dialogues, comprendre sans doute tous les sentiments exprimés par chaque protagonistes.



Richard Ford donne une grande dimension à un drame familial qu'il met parfaitement en place, intégrant dans ce huis clos dévastateur l'incendie qui ne brûle pas que les collines, mais aussi les coeurs.



C'est un grand roman en peu de pages, un roman où le climat dramatique et la tension sont toujours palpables, où la raison n'est pas absente, loin de là, même si l'irrationnel prend le pas sur elle. Richard Ford maîtrise l'art de la conjugaison des sentiments, des perceptions, des non-dits, il livre une belle réflexion sur la vie, "faite de choses insignifiantes". Son texte, lui, est porteur de beaucoup de sens.
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En toute franchise

Voilà un récit mature à plus d'un titre!



Sur le thème bien sûr, puisque le personnage fétiche de Richard Ford aborde les rives de la retraite, pour se confronter aux aléas de cette période de la vie : maladie, décès, certes mais aussi naissance d'une certaine sagesse, plus lucide que désabusée.



Sur la construction : il faut avoir déjà conquis un lectorat pour se permettre un tel écrit : pas tout à fait un roman, pas vraiment des nouvelles, plutôt des tranches de vie, quatre, avec pour fil rouge bien entendu le personnage emblématique de Franck Bascombe.



Est-ce une erreur de commencer par celui-ci? Oui sans doute, s'il est une sorte de chant du cygne du personnage, il est sans doute capital d'avoir connu le cygne dans la force de l'âge pour en apprécier l'évolution psychologique. J'ai néanmoins commis cette erreur, que je vais réparer en les épisodes précédents de la vie de Bascombe. A la manière de ces polars dont on connaît d'emblée la fin, tout le suspens consiste à savoir comment on peut en arriver là.



C'est à travers les anecdotes que nous propose l'auteur que se dresse un portrait de l'Amérique d'Obama, celle de la classe moyenne, à travers ces détails triviaux de la vie quotidienne, dont le caractère dérisoire est exalté par un ouragan destructeur. A l'instar du personnage, c'est une Amérique des bilans, moins glorieuse, moins sûre d'elle, avec un passé encore douloureux.



Pour revenir à Frank Bascombe, c'est un serial-reading-séducteur si je peux me permettre ce néologisme approximatif. On ne peut que succomber au charme de cet homme que la vie ordinaire n'a pas épargné, plein d'esprit, cultivant avec brio l'auto-dérision, ironique sans méchanceté, drôle et sombre tout à tour. Il faut un sacré talent, pour mettre en lumière de façon aussi subtile les méandres de la nature humaine. Bravo aussi au traducteur, qui jongle très adroitement avec les expressions originales.

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Entre eux

Voici déjà un bon bout de temps que Richard Ford habite ma bibliothèque dans la section "À lire un jour".

C'est le dernier arrivé, cet Entre eux, dans lequel je me suis plongé.

J'ai été entraîné dans cette double évocation des parents de l'auteur, accompagnée de quelques photos d'époques diverses pour donner davantage de réalité aux mots.

Richard Ford rend hommage, sinon justice, en racontant ces tranche de vies américaines: rien de sensationnel, mais tout de passionnant dans une écriture limpide, précise, sensible et bien traduite.

L'ordre du livre suit celui de la vie et de la mort des parents de Richard Ford:

D'abord, ce papa qui disparaît précocement. Puis, cette maman qui survit vingt ans à son époux... vingt ans d'une autre vie...

Richard Ford révèle toute la complexité qu'il peut y avoir à "raconter ses parents" et à faire le lien avec l'arrivée plutôt tardive de cet enfant unique...

car, l'enfant en sait assez peu, au final, et l'acte d'amour de ce double récit n'en est que plus beau.

Voilà, en tout cas, qui m'incite à continuer de l'ire l'œuvre de Richard Ford sans attendre plus longtemps.

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Canada

Aout 1960, l’été s’étire dans une chaleur sèche et poussiéreuse. Dell et Berner, frère et sœur jumeaux de 15 ans trainent leur ennui dans Great Falls petite ville du Montana. Bev le père, beau gars jovial et séducteur, retraité de l’armée, tente de survivre entre boulots et combines foireuses,Neeva la mère, institutrice à Fort Shaw la ville voisine, femme terne et pourtant passionnée, attend la rentrée des classes se demandant chaque jour si elle n’a pas raté sa vie. Cet été sera le dernier été en famille. Dell ne reverra plus ses parents, Berner et lui seront séparés durant 50 ans.



Tragédie à la première personne, Dell 65ans raconte ce dernier été, dans cette Amérique au seuil de la modernité, qui a englouti leur vie. Il nous décrit à la manière d’un entomologiste ses actes et ses pensées et tente de comprendre les enchainements de situations qui ont permis l’implosion de la cellule familiale. Pourquoi sa sœur et lui n’ont-ils rien vu venir ? Qui étaient vraiment leurs parents ? Où est l’exacte frontière entre le bien et le mal ? Qu’est-ce que réussir sa vie ?



Formidable roman d’apprentissage, l’émotion nous serre la gorge, Richard Ford ne nous lâche plus, la description méticuleuse des agissements, des sentiments, qui animent Dell, des villes et des paysages qu’il traverse créent une proximité et un attachement, Il est notre ami, notre frère et tout ce qui le touche nous touche. Ford raconte trois mois d’une vie en 400 pages, cinquante années en vingt-cinq et en une phrase nous fait monter les larmes aux yeux. Leçon d’écriture virtuose, il sonde l’âme humaine, nous bouleverse, nous émeut, et tente une fois de plus de donner un sens à la vie et à la littérature.



Après « Week-end dans le Michigan » « Indépendance » « L’état des lieux », voici ce merveilleux Canada. Décidemment, Richard Ford n’en finit pas d’écrire le roman de l’Amérique.



La littérature peut-être grande et accessible avec « Canada » il nous en donne encore une preuve.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Canada

♫ Ma cabane au Canada

Est blottie au fond des bois (...)

Si la porte n'a pas de clé

C'est qu'il n'y a rien à voler... ♪♫



En effet, dans la « bicoque » pourrie de Dell Parsons, quinze ans, il n'y a pas de quoi faire fortune, vu que toutes ses possessions tiennent dans une valise et une taie d'oreiller. Si ladite bicoque n'est pas exactement au fond des bois, Partreau n'en est pas moins un trou perdu désenchanté du Saskatchewan, à quelques encablures des USA. Comment un gamin de 15 ans, originaire de Great Falls, Montana, peut-il se retrouver catapulté de l'autre côté de la frontière, seul et livré à son destin ? La faute à ses parents, qui viennent de braquer une banque pour tenter d'éponger une vilaine dette. Et ces desperados sont tellement foireux qu'ils se sont fait prendre en quelques jours à peine, ne laissant à leurs deux enfants que des perspectives d'avenir sombres et incertaines. Tandis que Berner, la soeur jumelle de Dell, rebelle et volontaire, prend la poudre d'escampette pour échapper à l'orphelinat et vivre sa vie, Dell, garçon passif, sérieux et désireux de s'instruire, se laisse prendre en charge et conduire au Canada, selon le souhait de sa mère. Il atterrit dans l'orbite d'Arthur Remlinger, Américain exilé pour d'obscures raisons, étrange dandy inquiétant et charmeur. Propriétaire d'un hôtel, il a accepté d'embaucher Dell pour divers petits boulots en échange du couvert et du gîte dans la fameuse bicoque, donc. Jusqu'à ce que le destin de Remlinger le rattrape et s'accomplisse, avec, une nouvelle fois, des répercussions sur celui de Dell.



Du braquage de la banque aux derniers jours de la chasse à l'oie à Partreau, il s'écoule à peine trois mois de la vie de Dell, et cette période est le pivot où tout bascule pour lui, de la candeur de l'enfance à la lucidité cruelle du monde des adultes. La frontière et les grands espaces sont ici les symboles d'un rite de passage, de l'abandon et du renoncement forcé à l'innocence, un point de non retour – Dell ne rentrera d'ailleurs jamais vivre aux USA.

Comment construit-on son identité quand on débute dans la vie sur des bases aussi bancales, quand les parents n'ont pas donné l'exemple, quand on n'a pas de point de repère, quand on porte malgré soi, non pas la responsabilité, mais le poids d'actes illégaux ? Ce sont tous ces questionnements qui sont abordés au long de 500 pages d'une écriture-fleuve, sinueuse, cérébrale et redondante. Car autant de mots pour décrire trois mois d'une vie en grande partie routinière, c'est long, très long, surtout quand l'auteur met un point d'honneur à systématiquement tuer tout suspense en annonçant à l'avance les principales péripéties. Quant à la vie d'adulte de Dell, on en saura peu de choses : prof de lycée, marié à une Canadienne, pas de quoi en faire un roman, certes.

En tout cas, ces trois mois de la vie d'un gosse déboussolé sont racontés sans faire pleurer les violons, ce qui me plaît, mais avec un détachement qui m'a empêchée de m'attacher aux personnages, ce qui me plaît moins. « Canada » est sans doute un « grand roman américain », mais qui pour moi manque de chaleur humaine. Il fait froid, au Canada...
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Indépendance

Richard Ford se sert de Frank Bascombe pour proposer au lecteur une visite guidée des Etats-Unis des années 80, vue de l’intérieur agité de l’un de ses représentants. Pas ou très peu d’action, pas de rebondissements, pas de mystère caché dans le placard, ni même de tentative de faire de l’accroche en anticipant les malheurs à venir. C’est un déroulé chronologique, au fil de pensées du narrateur. Loin, très loin de la zénitude. Et si son fils, au centre du propos, a du mal à s’empêcher « de penser qu’il pense qu’il pense ». Franck lui pense en permanence au premier degré, et c’est déjà un boulot à plein temps.



Toute la première partie est consacrée à la profession de Frank, agent immobilier, aux prises avec un couple un peu paumé. C’est le talent de Richard Ford de permettre à cet épisode oh combien banal, de se muer en une mine d’infos sur le fonctionnement de la société américaine middle class. Il nous propose aussi et c’est sans doute ce qui fait adhérer le lecteur, une fine analyse psychologique des personnages, au travers de dialogues savoureux.

Encore une fois, on n’est pas dans un thriller, toute l’angoisse suscité se borne à savoir si la maison sera achetée ou pas!



C’est donc Paul, 15 ans, en proie à de nombreux démons, qui va donner l’occasion à Frank de se poser dix mille questions de plus. L’ado flirte avec la délinquance, extériorise ses angoisses par des tics vocaux. le remariage de sa mère n’arrange rien. Et c’est un curieux match de ping-pong verbal qui va peu à peu créer une connivence entre père et fils. C’est à cette occasion que surviendra une sorte de drame qui modifie le rythme du récit, et les relations entre les personnages.



Reste la vie sentimentale de Frank, pas simple. Le divorce n’est pas vraiment digéré. Les relations avec Sally, sa nouvelle compagne sont ponctuelles. Mais voilà, Sally aimerait bien qu’il s’engage un peu plus, et la tension est plus que palpable.



On comprend que ça s’agite entre les deux oreilles de notre personnage, qui doit mener de front et seul ces trois combats, et les jauger à l’aune du sens de la vie et du temps qui passe. C’est même physiquement assez éprouvant.



Il y a quelque chose de proustien chez Richard Ford : dans le style d’écriture, avec de longues phrases très travaillées (rendons hommage au traducteur), et dans l’analyse psychologique fine des personnages, qui sont eux aussi en quête de sens, pris dans une farandole dont ils ne maitrisent pas la cadence et le but.



C’est aussi une lecture exigeante, qu’il est difficile de survoler, et qui prend donc du temps, sans que cela soit un pensum, bien au contraire. Le roman est long et ne peut se lire que lentement. Mais l'humour allège le propos.



Pas de chance pour moi, après avoir apprécié En toute franchise, je souhaitais reprendre la saga Bascombe dans l’ordre chronologique, qui n’est pas l’ordre de parution des tomes en français.



Il eut fallu commencer par Un week-end dans le Michigan…



Challenge Pavés 2015-2016

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Canada

Aucun problème pour effectuer une immersion au cœur de cette Amérique qui nous fascine, lorsqu'un écrivain nous le propose avec un talent qui justifie les millions d'exemplaires lus (certes d'autres exemples récents de ventes massives laissent beaucoup plus perplexes, et ce succès n'est pas le gage absolu de qualité, mais ici ce n'est pas volé)



Le sujet a été défloré dans les multiples critiques qui fleurissent en cette période de rentrée : le narrateur, âgé d'une soixantaine d'année revient sur son adolescence marquée par une rupture brutale du confort que confère une vie familiale à peu près standard, puisque ses deux parents se retrouvent emprisonnés après avoir tenté de braquer une banque pour éponger leurs dettes. Le récit se déroule en trois parties : la période qui précède l'arrestation , puis les semaines qui ont suivi, hautement déterminantes dans le cours du destin de ce jeune garçon, puis un bilan à la fin de sa vie active.



Comme dans beaucoup de romans américains, il est aisé de comprendre comment l'auteur arrive si facilement à produire un pavé, tout en captivant le lecteur. Un luxe de détails est fourni : tenues vestimentaires, détails des repas, marque des voitures.... Cette abondance de précisons contribue à mon sens à donner une crédibilité aux personnages, à les incarner, à leur conférer une authenticité, qui joue le rôle d'un ciment dans le récit et le rend cohérent et plausible



La sincérité du narrateur ne peut être remise en cause, tant il est obnubilé par la recherche d'un sens à tous ces événements tragiques, même s'il finit par se convaincre de l'absurdité de cette quête,



Certains commentaires ont pu parler de roman initiatique. Pourtant l'accent est

mis sur des périodes particulièrement destructrices et déstabilisantes pour un être en construction. Le parcours qui a conduit à une résilience est passé sous silence. Et comme pour se focaliser sur les aspects négatifs, le cheminement de la sœur jumelle, qui prouve que les causes ne produisent pas les mêmes effets, est évoqué.



L'ensemble du récit se déroule sur un rythme assez lent, non dans l'urgence des événements mais plutôt à la lueur des réflexions du narrateur qui se penche sur son passé. Malgré tout, l'ennui n'est pas de mise.



C'est donc une agréable première rencontre avec cet auteur reconnu, et qui mérite les éloges dont il est l'objet.




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Canada

Richard Ford est un écrivain contemporain Américain (il est né en 1944 dans le Wyoming).



Il nous propose ici, dans Canada, le récit d'un braquage fait par un couple que rien ne prédestinait à un tel agissement : des gens simples et sans histoire. le récit, désabusé mais sans cynisme, est fait par le fils adolescent de la famille. C'est également l'histoire d'une perte, d'un mur dans lequel on sait que la famille va immanquablement rentrer au travers du récit rétrospectif du braquage et des stigmates qui seront portés ensuite, toute une vie durant, par les enfants de ce couple braqueur.



On retrouve également ce décor si classique dans la littérature américaine de cette classe moyenne, relativement pauvre et qui caractérise tant l'Amérique profonde.



L'écriture est belle et très agréable à lire même si elle est monotone. Au final, on s'ennuie beaucoup, il se passe peu de choses, on est plus sur de l'introspection que sur de l'action.



Un grand merci à Flocava qui m'a fait découvrir cet auteur au travers de ce roman.
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Un week-end dans le Michigan

500 pages pour un week-end de Pâques ? Et de plus pour un week-end aux relents de ratage (suicide d'un ami, brouille avec l'ex, et coup de poing final pour une histoire qui commençait ...)



C'est qu'il s'en pose des questions, Franck Bascombe, journaliste sportif, et que ces interrogations font surgir réflexions, regrets et remords qu'il ne manque pas de nous livrer. Et ce type ordinairement banal ou banalement ordinaire, qui affirme que tout un chacun pourrait être un autre, que personne n'est irremplaçable, surfe sur ce créneau pour nous séduire, nous, lecteurs.

On a aux antipodes d'un polar, la narration se déroule lentement, au fil des confidences. Pas d'action, hormis un direct dans les gencives, mais beaucoup d'échanges, de dialogues, de réflexion.



Ce qui est normal compte tenu de ce qu'il traverse : déboussolé après un mariage qui n'a pas survécu au drame familial du décès de son fils aîné ("l'existence et la mort de Ralph servent de ponctuation et d'explication à ma vie"), il poursuit une quête erratique et sans illusions de relations amoureuses. Le seul point d'accroche qui maintienne l'homme debout est son travail de journaliste sportif, qui lui convient, après avoir renoncé au mirage d'être un écrivain, et tenté sans y croire un instant d'enseigner la littérature à l'université (pas longtemps : il découvre rapidement qu'il était " autant fait pour l'enseignement qu'un canard pour le patin à glace").



C'est donc un récit intimiste, au cours duquel le personnage livre à bâtons rompus son mal-être, avec une certaine lucidité et malgré tout de l'humour et de l'autodérision. Il donne cette impression de se regarder vivre et agir avec détachement, d'un air assez goguenard, tout en pointant les travers de la société américaine des années Reagan, et le naufrage personnel de Franck renvoie à une désillusion plus globale, à la fin du rêve américain.



"Franck, pensez-vous que ce soit trop dérisoire pour remplir une vie? Travailler à un péage, élever une famille, retaper une vieille voiture comme celle ci , faire des virées sur l'océan avec son fils pour pêcher le flétan ? Peut-être aimer sa femme?"



C'est donc un récit empreint d'une certaine mélancolie, assez fataliste, mais sans pleurnicherie, les confessions d'un gars qui s'est fait une raison sans pour autant renoncer définitivement à quoi que ce soit.



Pour avoir parcouru dans le désordre ce cycle Franck Bascombe, il m' apparaît clairement que la maturité le bonifie, lui redonne du relief et le rend encore plus sympa.



Challenge Babelio pavés 2016-2017
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Un week-end dans le Michigan

Comme souvent, mes histoires débutent ou se terminent dans un bar. Ici, les parfums de pisse et de poussière ont laissés place à ceux de poissons séchés et d’embruns maritimes. Comme souvent, mes histoires prennent leurs sources dans le Montana et s’achèvent dans le Dakota. Ici, on garde la même latitude mais on remonte vers l’Est, vers le Michigan et le New Jersey. Comme toujours, mon héros est solitaire et un peu désabusé. Sa vie ne vaut plus grand-chose, ou encore moins. Il se trouve qu’aujourd’hui, j’ai 39 ans, Frank Bascombe également. Je ne sais pas si ce simple fait l’explique, mais je me suis immédiatement identifié à lui : ce qui pour moi à rendu cette lecture des plus attirantes et passionnantes, malgré sa longueur, malgré sa lenteur, malgré sa langueur…



Frank Bascombe, écrivain en devenir, se voit publier un recueil de nouvelles au succès critique retentissant. En route pour l’écriture d’un roman, ce dernier restera au stade inachevé, Frank proposant ses services littéraires à un magazine sportif pour écrire, avec certains diront un certain talent, des chroniques sur le sport alors qu’il n’y connait pas grand-chose, ne pratique pas et n’aime même pas. A peine est-il un faible supporter d’une équipe de football ou de base-ball…



Depuis la mort de son fils, quelque chose a changé dans la vie de Frank. Un fait normal, en somme tant il doit être difficile de faire le deuil d’un de ses enfants. Depuis, il a divorcé de sa femme, mais tout en restant en parfait terme avec, il continue de la fréquenter occasionnellement et participe toujours à l’éducation de ses deux autres enfants. Mais voilà, Frank n’attend plus grand-chose de la vie, une vie de banlieusard totalement inerte, sans rêve, sans espoir, mais une vie qui le sied parfaitement. Et le New Jersey, avec ses banlieues totalement prévisibles et typiquement américaines, est l’endroit idéal pour se confondre dans le paysage urbain, sans laisser aucune trace indélébile de son passage.



J’ai ainsi tout le loisir, le temps d’un week-end, pour un voyage dans le Michigan, avec sa fiancée du moment, pour découvrir la facette de Frank, fortement désabusée et partiellement cynique qui au final va mettre en décrépitude tout ce qui tourne autour de sa personne. Un week-end de Pâques pour s’isoler encore plus du monde, un week-end pour faire le point sur sa propre vie, sur sa solitude et ses perspectives les plus profondes à se retrouver seul avec soi, seul à écrire des chroniques bidons sur le sport, seul à boire un verre dans un bar obscur.
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Rien à déclarer

Rien à déclarer



On reproche parfois aux auteurs américains contemporains de ne plus mettre en scène que l’Amérique des laissés pour compte et des oubliés du rêve. Ça n’est pas totalement vrai. En tout cas, pas de ça chez Richard Ford dans Rien à déclarer, traduit par Josée Kamoun. Ses protagonistes sont plutôt aisés et en deuxième partie de vie. Ce qui ne les rend pas plus heureux pour autant…



Car dans ces dix nouvelles hors du temps, ils sont seuls. Ou parfois mal accompagnés. Donc seuls. Séparés, divorcés, veufs. Ou remariés. Et parfois re-séparés. Dix textes qui ne sont pas des histoires mais des fulgurances, des instantanés, dévoilés comme dans une longue vue publique et refermés toujours trop vite une fois le temps du crédit dépassé.



Des points de bascule face au constat de la solitude donc, et des regards hésitants : un coup derrière, nostalgique ; un autre devant, naïvement opportuniste. Et au milieu de tout ça, il y a vous, il y a moi, lecteur à la fois sous le charme d’une telle écriture, et voyeur presque gêné de pénétrer autant d’intimité.



En Irlande, aux USA, au Canada, à Paris ou à La Nouvelle Orléans, Ford nous raconte « ce que c’est que d’être lié, à fond, à vie ». Lié à sa terre pour certains, condamnés au dilemme continu qui les ramène à leurs racines patrimoniales ou d’adoption. Lié à l’autre, qui n’est plus, et dont on ne sait pas s’il faut le renouveler, le réanimer ou le réinventer.



Retrouvailles avec un amour passé ; cérémonie mémorielle arrosée et nostalgique de soixantenaires après la mort de l’un d’entre eux ; opportunités ouvertes le temps d’une traversée en ferry ; retrouvailles joyeuses mais manquées ; lieux du souvenir et de l’absence ; soirée électorale qui tourne mal ; tentation du départ ; nuit de liberté et d’apaisement ; apprentissage de l’autre…



Ford s’appuie sur la banalité des scènes de quotidiens qu’un petit événement vient un instant – juste un instant – bousculer. Avant que la vie reprenne. Alors bien sûr, il faut aimer le rythme incroyablement lent, lent comme ces vies en suspens dont la digression permanente devient distraction. Mais c’est surtout incroyablement beau, surtout lu en prenant son temps comme je l’ai fait au rythme d’un texte chaque jour. Comme pour faire durer le plaisir…
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Un week-end dans le Michigan

Un "week-end dans le Michigan " de Richard Ford est l'histoire d'un homme en plein doute.

Franck Bascombe n'a pas quarante ans, sa vie ressemble à une ville de banlieue triste à mourir.

Il est divorcé, a perdu son fils aîné Ralph, et pourtant rien ne semble le toucher et l'émouvoir .

Franck est maladroit dans ses paroles et dans ses actes, et cette maladresse lui joue des tours.

" week-end dans le Michigan "est pour moi un roman intimiste, entre introspection et autocritique, j'avais l'impression durant ma lecture d'être avec un ami perdu de vue,assis dans un bar, je l'écoutais parler de sa vie de journaliste sportif, sa carrière litteraire mis de côté, sa famille, ses amis....

Le temps semblait s'être arrêté. A divers moment je me suis reconnu à travers Franck, je reconnaissais mes maladresses à travers les siennes, se sentir invisible aux yeux des autres.

Le livre s'est refermé, j'ai laissé Franck avec l'espoir de le retrouver bientôt dans ce même bar devant une bière et l'écouter se raconter.

Si jamais l'idée vous prend de lire un roman de Richard Ford, commencez donc par ce beau roman " un week-end dans le Michigan " et continuez avec "indépendance " .

C'était ma dernière critique de l'année 2015.

Pour celles et ceux qui me liront je vous souhaite une merveilleuse année.
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Rien à déclarer

Déambulations dans la nuit parisienne. Rencontre fortuite d’un ancien amour. Triste anniversaire d’un ouragan à la New-Orléans. Retrouvailles d’amis autour des cendres de l’un d’entre eux. Le divorce comme une petite mortDix histoires avec pour héros des américains diplômés, beaux, riches et seuls. Regret, deuil, fragilité ou distance face à l’existence, ironie de l’American way of life, tout un matériau littéraire que Richard Ford, en vieux briscard des lettres, utilise à la perfection.



Dix nouvelles à l’écriture parfaite, véritable master-class, qui sonne un peu comme de précieuses lettres d’adieu d’un écrivain à ses lecteurs.



Richard Ford est à jamais l’écrivain de l’ennui, de l’incommunicabilité et de la solitude, il est chaque année dans la liste des nobélisables, chaque année je vote pour lui ( bon avant je votais aussi pour Philippe Roth). Mais pourquoi la voix de Baz’art n’est-elle pas entendue jusqu’à Stockholm ?
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Canada

Dire que j’a failli passer à côté de « Canada »…. J’avais commencé l’ouvrage lors d’un retour de vacances, et je n’avais pas accroché, car la première partie de ce roman, qui en comporte trois, est très longue à se mettre en place. Cinq mois plus tard, j’ai décidé de m’y remettre, car j’avais lu de bonnes critiques de ce roman dans « Lire » à sa parution. Bien m’en a pris !



Car il est vrai que « Canada » n’a pas de nombreux rebondissements, n’est pas un roman d’aventures (quoique), pour tenir plus du roman psychologique, puisque l’histoire est narrée selon le point de vue du Dell âgé qui se souvient de sa jeunesse. Mais quelle langue, quel brio dans l’analyse psychologique, dans la construction des personnages, dans la mise en place d’un décor ! C’est l’un des rares romans où, durant la lecture, je ressens à ce point le « calibre » (c’est mon premier roman de Richard Ford) d’un auteur.



« Canada » est donc l’histoire d’une famille, les Parsons, qui va éclater quand les parents, à court d’argent et la tête dans les ennuis, le père étant une petite frappe retirée de l’armée qui participe de manière idiote à une arnaque, décide de braquer une banque sans réelle préparation, presque sur un coup de tête. Une folie irraisonnée qui va bouleverser les deux enfants, deux jumeaux adolescents, Berner et Dell. C’est ce dernier qui va raconter l’histoire, rétrospectivement, en essayant d’expliquer avec ses mots d’adulte ce qui s’est passé pour lui alors. Les deux parents placés en prison, Berner et Dell décident de se sauver chacun de leur côté, pour éviter d’être pris en charge par les services de la protection des mineurs. Berner part du côté de San Francisco, tandis que Dell sera emmené par une amie de sa mère, selon les dispositions prises par cette dernière, chez son frère au Canada, où il va vivre une période un peu trouble.



Il s’agit ici d’un roman d’apprentissage de la vie par un jeune garçon de quinze ans, mais dont le thème principal, qui revient régulièrement est l’identité, la perception que l’on a de qui on est, mais également par les autres. Comment devient-on qui l’on est ? Peut-on rester le même quoiqu’il advienne ? Ou doit-on s’adapter aux évènements, et dans ce cas, devenir un autre ? « (…) si notre mission à tous, dans ce monde, était d’acquérir de l’expérience, il était peut-être nécessaire, et je l’avais déjà pensé, de devenir quelqu’un d’autre. Et ce, même si j’avais cru, comme notre mère nous l’avait appris, que nous demeurions fidèlement semblables à ce que nous étions au début de notre vie. Mon père, bien sûr, aurait pu dire que ce premier individu – celui sous l’identité duquel j’avais débuté – avait cessé de faire sens et devait céder la place à un autre, plus pertinent. Il s’était sans doute déjà appliqué l’idée à lui-même. Seulement pour lui, c’était trop tard » (p. 371).



Un roman brillant, marquant, qui m’a hantée pendant les jours suivant sa lecture.
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Un week-end dans le Michigan

Si la lenteur et la passivité vous rebute, passez votre chemin. Car « un week-end dans le Michigan » est un long monologue de Franck Bascombe (présent aussi dans le remarquable « Indépendance »). Un arrêt sur image sur sa vie et plus largement sur celle d’un pays dans les années Reagan. Bascombe est journaliste sportif, il se rend dans le Michigan accompagné de sa petite amie pour interviewer un athlète. Divorcé, il a aussi perdu un fils et n’attend franchement plus grand chose de la vie. On a le sentiment que Bascombe est devenu spectateur de son existence subissant bonheur et malheur sans aucune réactivité, il marche sur le bord de la falaise mais reste finalement du bon côté. Le constat est amer, fataliste comme si son anti héros accordaient ses sentiments aux évènements de sa vie. Entre road movie et flash back, Ford dissèque la nature humaine avec une ironie positive et un regard désabusé.

L’écriture de Ford est une nouvelle fois un bijou de finesse, d’intelligence. On suit les pérégrinations de Bascombe avec un plaisir certain. Prenez votre temps, et passez votre week-end avec Ford et son personnage attachant, car c’est un très bon roman.

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Canada

Dell Parsons est un jeune garçon de 15 ans. Il vit avec ses parents et sa sœur jumelle. Cette famille atypique, du fait de l'extrême singularité des parents, a déménagé régulièrement au gré des mutations du chef de famille, ancien pilote de l'Air Force durant la seconde guerre mondiale. De ce fait ils ne fréquentent personne et les enfants ont une existence monotone.

Après avoir quitté l'armée le père erre de petits boulots en trafics en tout genre, jusqu'au jour où ces affaires douteuses le mettent dans une situation inextricable. C'est alors que cet homme, immature, va prendre une décision qui bouleversera à jamais l'existence des Parsons.

Après un départ un peu laborieux, le roman prend son rythme de croisière et devient prenant. L'intrigue, des personnages subtilement décrits, les décors, tout concourt à rendre ce roman palpitant.

C'est magnifiquement écrit, les descriptions sont sobres, teintées de poésie. Les rebondissements sont inattendus. Un très bon roman sur l'Amérique des années 60, même si l'on y trouve ça et là quelques longueurs et répétitions.

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Une saison ardente

Je ne connaissais pas du tout cet auteur jusqu'à présent et c'est ma belle-mère qui m'a conseillé de commencer par ce livre-là. Je ne sais pas pourquoi mais celui-ci m'a fait penser au film "Sur la route de Madison" avec Clint Eastwood et Meryl Streep (film que j'ai adoré d'ailleurs).



Cette histoire se déroule au tout début des années '60 dans la vile de Great Falls. C'est l'histoire d'une couple, Jeannette et Jerry et de leur fils unique qui n'est autre que le narrateur, Joe. Jerry est un professionnel du golf et gagne relativement bien sa vie en donnant des cours. Tout dérape le jour où il se fait renvoyer et que sa femme et son fils le pressent pour chercher un nouvel emploi, ce qu'ils font eux aussi de leur côté. Alors qu'un immense incendie ravage les forêts alentours et ne semble pas décider à s'éteindre, Jerry décide alors, sur un coup de tête et alors qu'il n'a absolument aucune expérience en la matière, d'aller rejoindre les troupes engagées chargées de venir à bout de ce feu.



C'est au cours de l'absence de ce dernier qu'intervient réellement le personnage de Warren Miller, un homme riche, la cinquantaine et qui va tout changer pour cette petite famille. Je ne vous en dirais pas plus sur le sujet pour ne pas gâcher tout l'intérêt du livre mais sachez que j'ai vraiment adoré l'écriture de Richard Ford, la manière dont il analyse les sentiments humains et l'ambiance qui en découle de ce magnifique ouvrage. Une fabuleuse découverte !
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Canada

Années 60. Great Falls, petite ville des États-Unis, Montana.

Un couple, les Parsons. Lui, grand, beau, athlétique, toujours souriant, sympathique, ancien pilote d'Air Force. Elle, petite, brune, renfermée, cultivée, institutrice. Deux enfants, Dell le garçon et Berner, la fille. Des jumeaux d'une quinzaine d'années.

Le décor est planté. Les personnages installés.



Action !



Bonnie and Clyde (les Parsons) se dirigent vers la banque qu'ils ont l'intention de cambrioler. Tout a été observé, chronométré, préparé minutieusement pendant de longues heures...



Coupez !



Non, rien en fait ne prédisposait ce couple à devenir des criminels.

C'est Dell, maintenant âgé d'une soixantaine d'années qui se retourne sur son passé et nous conte cet effarant épisode.

Effarant parce que l'on comprend bien que rien n'a vraiment été réfléchi, organisé. Il analyse scrupuleusement les personnalités de ses parents, décortique les événements et essaie, au fil des pages et de sa mémoire, de comprendre ce qui a pu se passer dans leurs têtes pour en arriver à cette extrémité là. Il ne s'agit pas ici d'un roman à suspense, mais d'une analyse quasi chirurgicale des faits et gestes. Le rythme est lent, mais jamais la lecture n'est ralentie. Elle glisse imperturbablement sur le lecteur car celui-ci est au cœur de la pensée et des souvenirs de Dell.

Le geste irraisonné des parents va obliger les enfants à fuir pour échapper aux services sociaux. Berner partira, seule du côté de la Californie, et Dell respectera le choix de sa mère, partir au Canada.

C'est dans ce pays que Dell croisera la route d'un personnage étrange et attirant, l'énigmatique Arthur Remlinger...



Un très beau roman qui invite le lecteur à réfléchir sur la notion de frontière. Bien sûr, il y a l'évidente frontière d'un pays, mais aussi celle imposée par nos actes qui peuvent faire basculer une vie. Comment alors se reconstruire quand on pensait son avenir tracé, quand tout auquel on croyait a disparu ? De plus, Richard Ford nous offre également matière à réflexion sur la fragile conception du bonheur.



C'est cette question là, la question clé du roman prononcée par Berner, à la fin de sa vie quand elle rencontre pour la dernière fois son frère : as tu été heureux ?



"Tout passe et tout demeure

Mais notre affaire est de passer

De passer en traçant

Des chemins

Des chemins sur la mer"

Extrait du poème "Le chemin se fait en marchant" d'Antonio Machado
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