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Critiques de Roger Chartier (13)
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Les origines culturelles de la Révolution fra..

Le lecture de cet ouvrage m'a coûté des efforts que je regrette un peu. D'abord, le non-historien sera un peu perdu aux chapitres où l'auteur prend position dans des discussions de spécialistes avec ceux qui l'ont précédé, prédécesseurs que j'ai le malheur de n'avoir pas lus. Ensuite, même s'il pense clairement et établit nettement ses thèses, l'auteur use d'un langage extrêmement pesant, légèrement jargonneux et toujours sans charme. Il faut donc être historien et avoir besoin de cet ouvrage pour le lire, mais il n'est pas fait pour un amateur, un non-professionnel qui ne le lirait que par curiosité. On y apprend toutefois de nombreuses choses utiles, sur l'effondrement de la foi chrétienne après 1750 (déduit des états de paroisse et des colportages de livres), sur les mutations culturelles affectant aussi bien le peuple que les élites, enfin sur la construction a posteriori des "Lumières" par le mouvement révolutionnaire, désireux de se forger une légitimité historique et d'illustres précédents.
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Les origines culturelles de la Révolution fra..

Je ne vous apprends rien en disant que Roger Chartier est un grand historien, mais le lire ou le relire permet d'en prendre toute la mesure. Les origines culturelles de la Révolution française est un ouvrage à recommander, bien que déjà ancien d'un point de vue historiographique, à qui se destine aux études historiques. C'est un modèle de problématisation. On suit l'historien dans ses questionnements, ses hypothèses qu'il passe au peigne des faits et des mises en pespectives. On apprend aussi beaucoup et le livre ne saurait être qu'une leçon de méthode. Des chapitres sont consacrés à la circulation des « livres philosophiques », aux transformations des comportements chrétiens et aux mutations des perceptions de la personne royale qui sont autant de formes de détachements à l'égard des institutions d'Ancien régime et des croyances anciennes.

D'ailleurs, je serais curieux de savoir si les thèses avancées dans l'ouvrage ont été validées par les travaux historiques récents.

Bref, vous l'aurez compris, on ferme le livre avec une vision bien plus complexe et plus riche des années pré-révolutionnaires, qui va souvent à l'encontre de quelques clichés faciles que charrient les discours convenus sur la période.
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Les origines culturelles de la Révolution fra..

La question est complexe. Un événement aussi inattendu, aussi en rupture avec l'Ancien Régime, peut-il être expliqué ou pressenti par l'évolution de la société qui précède sa manifestation brutale? L'évolution provoque-t-elle la Révolution? Ce livre explore quelques changements majeurs sans lesquels aucune révolution n'aurait été possible : l'apparition d'une véritable opinion publique, la diffusion de livres critiques, la diminution de la pratique religieuse, la désacralisation du roi, etc. Il montre également que, paradoxalement, c'est la puissance du système monarchique, son emprise sur la totalité de la société, qui a suscité sa perte, étant donné que toutes les critiques pouvaient se concentrer sur le roi et sur sa cour. Si l'on se révoltait, ce n'était désormais plus contre le seigneur local, mais contre le système (l'expression reste d'actualité, même si elle ne veut pas dire grand chose). Bien entendu, il y a des causes de la Révolution que ce livre ne traite pas, les causes économiques par exemple, mais il a néanmoins l'intérêt de montrer qu'aucun événement ne naît de rien, qu'il n'y a aucun révolution qui ne soit l'aboutissement d'une évolution préalable.
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Pratiques de la lecture

(Cliquez sur "voir la page de la critique" pour une lecture plus agréable")



Pratiques de la lecture rassemble les huit contributions de dix chercheurs, spécialisés dans différents domaines allant de la linguistiques à la sociologie, en passant par la littérature et la psychologie, autour de la thématique de la lecture et de l’écrit. Roger Chartier, qui dirige la publication, entend en orienter la lecture à la lumière de ce qui animait les réflexions des contributeurs, c’est-à-dire l’interrogation, la remise en cause, non pas du thème ou du phénomène, mais plus précisément de la pratique de la lecture. Pour ce faire, les différents chapitres étudient aussi bien les mécaniques de la pratique (L’apprentissage) que la formes et le sens qui sont donnés à la lecture (Figures du livres) et que le rapport subtil du lecteur à l’écrit (Les lecteurs ordinaires). En dernier lieu, la pratique culturelle est interrogée sous ses formes psycho-sociologiques dans le cadre d’un débat entre Pierre Bourdieu et Roger Chartier qui entre en résonnance avec les questions soulevées par ce dernier au cours de l’ouvrage.



L’APPRENTISSAGE



Dans le premier article, "La lecture et ses difficultés" (p. 15-28), François Bresson reprend la lecture à son fonctionnement fondamental, évoquant les causes les difficultés qu’elle peut engendrer en décortiquant les postulats culturels et linguistiques qui entoure l’apprentissage de l’oral et de l’écrit. Il souligne combien ce phénomène culturel qui envahit notre quotidien est finalement « peu naturel », attendu que « nous ne savons pas nous passer d’un enseignement pour y avoir accès » (p. 28).



Dans l’article suivant, "L’autodidaxie exemplaire. Comment Valentin Jumerey-Duval apprit-il à lire ?" (p. 29-78), Jean Hébrard nous fournit, par l’exemple de l’autodidaxie et celui plus particulier d’un berger du XVIIIe, une analyse de l’accès progressif à l’écrit et de la transcendance des classes sociales qu’il permet. Il distingue trois étapes : en premier lieu, celle du « champ culturel originaire », communauté illettrée mais émaillée d’une présence ponctuelle « presque subliminaire » de l’écrit (p. 39) ; en deuxième lieu, la rupture « méthodique » opérée par le sujet d’avec ces références, « l’éclatement de ce sol de références » concernant les pratiques écrites, alors même que le sujet n’est pas encore lecteur ; et en dernier lieu, l’apprentissage des signes de la lecture, qui le fera ensuite entrer sur un nouveau palier culturel, intellectuel, et social. Jean Hébrard souligne la différence qui demeure dans le rapport à l’écrit de ceux qui ont appris à lire et de ceux qui l’ont toujours su, des « tensions » qui sont le « signe d’un déplacement culturel construit » (p. 75).



FIGURES DU LIVRE



Dans son article "Du livre au lire" (p. 81-118), Roger Chartier nous fait part, en substance, des réflexions qui sont le moteur de ses recherches, et le fil conducteur de cet ouvrage. Avec des exemples tirés du théâtre et de la peinture, il rappelle en outre le passage de la lecture intensive à extensive (p. 91), et le changement de nature d’une activité collective devenue intime (p. 97). Le cœur de son propos est que la lecture, activité créatrice, est le résultat d’interactions importantes et continuelles entre trois pôles : d’abord, celui de la « mise en texte » (p. 104), c’est-à-dire les indications explicites ou implicites données par l’auteur au lecteur pour lui suggérer une lecture particulière ; ensuite, celui de la « mise en livre » qui tient du travail de l’imprimeur ou éditeur ; enfin, celui du lecteur et de son bagage personnel (p. 106). Chartier donne l’exemple de l’interaction de ces pôles par l’analyse de la Bibliothèque Bleue (p. 109-114), collection populaire qui a pourtant réédité des classiques, ce qui permet de prendre avec un certain recul les conceptions culturelles étanches en matière de littérature en fonction des milieux, mais sous une forme fragmentée, redécoupée, modifiée, qui soit plus adaptée aux habitudes de lecture de son public désigné.



Jean-Marie Goulemot, dans son article "De la lecture comme production de sens" (p. 119-131), s’attache à montrer que la lecture est constitution et non reconstitution de sens, cela en regard de tous les éléments extérieurs au texte qui entrent en jeu lors de cette pratique. Les trois éléments en sont les contraintes physiologiques de l’activité d’abord, l’histoire collective et personnelle du lecteur ensuite, et la bibliothèque mentale unique de ce dernier enfin.



Dans "Lire un tableau. Une lettre de Poussin en 1639" (p. 133-159), Louis Marin interroge la proximité entre la lecture d’un texte et d’une image, notamment en regard du protocole de lecture suggéré, voir imposé, par l’auteur ou l’artiste. Il prend pour ce faire l’exemple d’une lettre du peintre Nicolas Poussin à l’un de ses amis, qui reprend en son corps les trois facteurs externes évoqués par Goulemot, notamment en ce qui concerne les connaissances préalables (p. 145) du « lecteur ».



LES LECTEURS ORDINAIRES



Robert Darnton, dans son intervention "La lecture rousseauiste et un lecteur « ordinaire » au XVIIIe siècle" (p. 167-207), s’intéresse à la figure de lecteur d’un homme lambda du XVIIIe (avec ses syncrétismes ; Darnton n’entend pas en faire un exemple typique), et particulièrement à sa façon de s’approprier la chose écrite (p. 173). Il lie l’appréciation personnelle que le lecteur a de l’objet livre dans ses attributs physiques (qualité du papier et de la typographie, notamment), avec l’usage d’apprentissage qu’il en fera, notamment pour ses propres enfants (p. 175-176). Ranson, le personnage pris exemple par Darnton, adopte les vues de Rousseau : il faut lire non pas par divertissement, mais lire « pour se former moralement, pour vivre » (p. 179). Sa bibliothèque personnelle très fournie en textes religieux et en livres pour enfants et pour leur éducation, ainsi que sa correspondance, sont la preuve d’une application des préceptes de son héros littéraire, Rousseau : en s’appropriant ainsi les textes, le lecteur témoigne « de la force d’une nouvelle lecture » (p. 197).



Dans son article "Les pratiques de l’écrit dans les villes françaises au XVIIIe siècle" (p. 209-238), Daniel Roche se penche sur la présence et les pratiques de l’écrit dans les milieux urbains prérévolutionnaires. Il souligne la multiplication de l’écrit dans l’environnement immédiat de la population : sur les maisons on trouve des noms de rues et des numéros (p. 231), sur les murs, des affiches, sur les magasins, des enseignes, des avis placardés, mais aussi dans la littérature de colportage et « clandestine » (p. 218). « L’écrit circule, s’imprime, informe » (p. 209). Autant de signes qu’il lie à la progression de la lecture, dont il souligne qu’elle varie sensiblement, notamment selon les régions et le milieu professionnel.



"Le livre et sa magie" (p. 239-273), de Daniel Fabre entend rapprocher le rapport entretenu par les populations avec le livre de celui entretenu avec la magie, dans la deuxième moitié du XIXe, dans des régions où l’écrit s’est installé tardivement (en l’occurrence, dans les Pyrénées). Il pointe du doigt la fascination que suscite l’activité, en ce qu’elle a d’étrange voire d’incompréhensible ; il évoque le prestige social mêlé de distance qui l’accompagne, mais aussi, la confusion autour du « livre et ses pouvoirs » (p. 246). On trouve trace de témoignages assurant que telle personne détenait un livre qui « portait chance à tout le monde », « qui lui donnait de l’argent » (etc.) (p. 246). La proximité de la lecture avec les activités du démon est d’autant plus perceptible que le lecteur « neuf », celui qui a appris les signes obscurs, qui détient le code d’interprétation, peut changer de discours et de comportement jusqu’à « [faire] tourner la tête » (p. 252). Ainsi le livre peut être un outil mystérieux et magique.



LA LECTURE : UNE PRATIQUE CULTURELLE



Ce recueil se clôt sur la retranscription d’un échange entre Roger Chartier et Pierre Bourdieu, "La lecture : une pratique culturelle" (p. 277-306), dans laquelle ce dernier nous fait partager plusieurs de ses théories sur les pratiques culturelles (ce afin de « départiculariser » la lecture et d’extrapoler les réflexions ici menées à d’autres pratiques (p. 278)), notamment en ce qui concerne l’aspect de reconnaissance sociale (p. 284) encore très lié à la lecture, de nos jours. Il souligne la persistance de la notion de bonne lecture, qui si elle s’est éloignée de la morale religieuse, a gagné un postulat intellectuel. Il pointe combien la valeur sociale du livre est au cœur de la lecture, au point qu’il est « probable », selon lui, que l’on lise « quand on a un marché sur lequel on peut placer des discours concernant les lectures », c’est-à-dire que la lecture serait conditionnée dans sa fréquence et sa qualité par le fait que le lecteur puisse l’évoquer dans un cercle social donné. Partant du constat que la seule vraie lecture spontanée se fait pour le divertissement, Pierre Bourdieu et Roger Chartier s’interrogent sur les politiques de la lecture et le « droit » à la lecture avancé par les intellectuels, s’il n’est pas une posture intéressée. De même, ils interrogent le rôle de l’école, qui détruirait malgré elle une attente de lecture « réponse » pour en susciter (parfois) une autre, parallèle.



CONCLUSION



« Lorsque le livre (…) est un pouvoir, le pouvoir sur le livre est évidemment un pouvoir » (p. 292), semble vouloir rappeler Bourdieu. Ce recueil se sera chargé de restituer non seulement le pouvoir « magique » du livre (des changements que peut opérer sur le lecteur le simple fait de lire, à l’influence sociale d’un Rousseau), mais aussi l’espace d’appropriation personnel du lecteur, énorme, et crucial pour que la magie « opère ». Les conditions de lecture doivent être favorable à l’exercice, par le livre, de son pouvoir. Car la dénomination de « lecture » recouvre une multitude de pratiques et d’enjeux : c’est le fil conducteur de ce recueil et l’opinion partagée par les différents chercheurs y ayant contribué. Cet ouvrage entend ainsi éclaircir les eaux troubles d’une pratique immensément commune mais rarement interrogée, et écarter nombre de préconceptions la concernant, ce à quoi il parvient d’autant mieux qu’il fait pour cela se rejoindre des méthodes de recherches et d’analyses très diverses, fidèles représentations de la pluralité des réalités recouvertes par les pratiques de la lecture.

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La main de l'auteur et l'esprit de l'imprim..

Tout simplement brillant.





Le rôle de l'imprimeur, mais aussi des correcteurs (qui ponctuaient le texte !) et des traducteurs : Roger Chartier décortique toutes les étapes qui transformaient le manuscrit en livre, en documentant richement son exposé avec des œuvres telles que Shakespeare ou Cervantes. On découvre comment l'écriture manuelle a survécu longtemps après l'arrivée de l'impression, notamment pour échapper à la censure, ou encore l'apport du théâtre dans le processus de création littéraire.



Étonnant de modernité : tout en analysant la production littéraire du Siècle d'Or espagnol, cet essai nous interroge sur le droit d'auteur et les mutations à venir à l'ère du numérique. Pourtant Roger Chartier n'évoque cette problématique qu'une fois, à l'issue du premier chapitre. En se concentrant sur la période où l'imprimerie n'était encore qu'un artisanat il n'en est que plus pertinent: c'est bien en replaçant une telle innovation dans son contexte et dans sa période historique qu'on comprend réellement les enjeux de demain pour l'édition.



J'ai été réellement impressionnée par la richesse de ce livre, cependant je vous préviens il est assez "exigeant": les références pointues et le vocabulaire érudit ont contribué au plaisir de cette lecture mais peuvent être un frein pour d'autres.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Cardenio entre Cervantès et Shakespeare : His..

Critique de Maxime Rovere pour le Magazine Littéraire



Roger Chartier signe une passionnante enquête littéraire  sur Cardenio, une pièce disparue. Que se passe-t-il lorsqu’une idée loufoque, ayant déjà donné naissance à de grandes oeuvres de fiction, traverse l’esprit de l’un des plus grands historiens du livre ? Si vous avez regardé, l’été dernier, passer les étoiles filantes, vous le savez déjà : le même émerveillement dont on ne se lasse pas naît de cette contemplation et de la lecture du Cardenio de Roger Chartier. Le livre perdu ou qui n’existe pas, sorte d’Atlantide de l’espace littéraire, trouve entre ses mains une dimension encore inconnue - celle de l’étude à la fois rigoureuse et ludique, où la même histoire plusieurs fois racontée semble devenir à chaque fois plus haletante. «L’histoire commence avec un registre de comptes» (p. 18). Que contient ce registre ? Le titre d’une pièce inconnue. De cette situation banale (moins d’un tiers des pièces jouées en Angleterre à cette époque ont été imprimées), Roger Chartier tire le prétexte d’une enquête exceptionnelle: l’étude de la pièce disparue. Mais ce qui est fascinant n’est pas le contenu du texte, adaptation d’une nouvelle que Cervantès a insérée dans Don Quichotte. C’est la manière dont les adaptations de cette histoire, en Angleterre, en Espagne, en France et jusqu’en plein XVIIIe siècle, forment des variations, modulant à chaque fois un récit auquel on peut faire dire une chose et son contraire. À l’arrière, c’est toute l’histoire de la réception de Don Quichotte en Europe qui s’esquisse.

En Espagne, le roman de Cervantès fut rapidement connu, répété, décliné, et donc adapté ; le dramaturge Guillén de Castro, sous le titre Don Quijote de la Mancha, rédigea avant 1608 une pièce autour de la nouvelle de Cardenio, dont voici l’argument : Cardenio, amoureux de Luscinda, a été trahi par un ami, qui a épousé sa bien-aimée ; avec l’aide de don Quichotte, auquel il conte ses déboires, il parviendra à la récupérer (après bien des péripéties). L’intérêt de ce récit, plein de retours et de sauts temporels, est qu’il est difficile à adapter en une représentation linéaire. Guillén de Castro en profite pour confronter deux conceptions du mariage, l’une qui privilégie l’importance du sacrement, l’autre qui se fonde sur l’accord amoureux.

Quelle était donc l’option retenue dans la mystérieuse adaptation anglaise de 1603 ? Impossible de le savoir. Roger Chartier parcourt deux versions françaises, montre comment la pièce anglaise perdue se télescope bientôt avec une autre pièce perdue - de Shakespeare, cette fois-ci - donnant lieu à une collaboration posthume, grâce aux manipulations de Lewis Theobald, entre Cervantès et Shakespeare : Double Falsehood, pièce de 1727. Il verse même au dossier quelques gravures et s’appuie sur des expertises stylistiques poussées. Rien n’y fait. La théâtralité - chose que les études ont tendance à figer, comme Florence Dupont l’avait dénoncé dans Aristote ou le Vampire du théâtre occidental (éd. Aubier, 2007) - retrouve ici sa dimension vivante, furtive, performance donnée en un temps, en un lieu, puis à jamais évanouie.

Tournant autour du vide, Roger Chartier manie aussi bien l’humour que le sérieux pour nous guider entre les coulisses de théâtre et les détails d’érudition. Certes, les doubles citations (anglais ou espagnol d’époque puis traduction française) rendent la lecture pénible là où des notes de bas de page l’auraient fluidifiée. Mais on affronte ces coquetteries d’universitaire comme les toiles d’araignées dans une cave obscure. Car une forme très originale de suspense met le lecteur dans un état de transe, chasseur à l’affût d’un fantôme qu’il sait insaisissable. « L’histoire aurait pu en rester là - et ce livre se terminer ici - si en 1727 », etc. Peu d’études littéraires suscitent une telle avidité de lecture. Peut-être le livre met-il au jour une dimension fondamentale du travail d’historien : l’incrédulité du désespéré, courant à travers le passé à la recherche de ce qui n’est plus ?
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Cartes et fictions (XVIe-XVIIIe siècle)

On est ici dans les livres "savants" : il faut s'aventurer dans le maquis des références et citations et s'obliger à lire et relire quelques classiques. Le point d'entrée : la carte fictionnelle avec Don Quichotte Gulliver Robinson Crusoë puis Thomas More entre autres.

Très beau livre au format carré, illustrations éclairantes, voyage extraordinaire

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Cartes et fictions (XVIe-XVIIIe siècle)

Dans le lumineux Cartes et fictions, l’historien préfère, selon son usage, enquêter, tirer les fils d’une pratique à la fois très contemporaine – la fantasy, depuis Tolkien, en est coutumière – et ancienne, dont, précisément, il veut traquer l’origine.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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La main de l'auteur et l'esprit de l'imprim..

En ces temps de transition des supports de lecture, il est bon de rappeler que « L’imprimerie, du moins dans les quatre premiers siècles de son existence, n’a fait disparaître ni la communication ni la publication manuscrite. », elle a même initié à de nouveaux usages de l’écriture à la main. Le manuscrit permettait une diffusion contrôlée et limitée des textes, qui, ainsi soustraits à la censure préalable, pouvaient circuler clandestinement plus aisément que les ouvrages imprimés et risquaient moins de tomber entre les mains de lecteurs incapables de les comprendre, tels que les textes du libertinage érudit ou du matérialisme philosophique. Le manuscrit constituait également une forme ouverte aux corrections, aux retranchements et aux additions, opposée aux intérêts économiques, et protègeait les textes des altérations introduites par des compositeurs malhabiles, des traducteurs et des correcteurs ignorants.



Avant 1750, les manuscrits autographes étaient rares en France et ailleurs. Quelques exceptions : Les Pensées de Pascal et Vie des dames galantes de Brantôme, les manuscrits de pièces de théâtre espagnoles et britanniques, les manuscrits poétiques du Trecendo



Et surtout, avant l’avénement de la notion d’auteur au XVIIIe siècle, l’écriture collaborative, l’intertextualité des œuvres et leur reprise, favorisait la participation intellectuelle de l’imprimeur à l’élaboration du texte, et la pérennité d’un texte aux milles interprétations possibles, comme l’évoqua Borges dans son célèbre Pierre Ménard, auteur du Quichotte.



Une plongée dans le circuit du livre des siècles précédents permettant de réviser nos angoisses devant la disparition d’une lecture papier choisie pour une explosion démocratique de l’écrit sur écran.
Lien : http://carnetsdesel.fr/blog/..
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Pratiques de la lecture

http://www.decitre.fr/livres/pratiques-de-la-lecture-9782228897778.htm
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Cardenio entre Cervantès et Shakespeare : His..

Rejouée depuis quelques années, la pièce de Cardenio est pourtant un fantôme littéraire. Roger Chartier mène l’enquête pour élucider le mystère de ce titre sans texte, de Cervantès à Shakespeare, d’un genre à l’autre. C’est l’occasion pour l’historien de dater l’apparition de la fonction foucaldienne d’auteur.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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Cardenio entre Cervantès et Shakespeare : His..

A la croisée des époques, des territoires et des genres, l’épopée tranquille d’une histoire chevaleresque et bouffonne.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Cardenio entre Cervantès et Shakespeare : His..

Dans une enquête passionnante, l'historien Roger Chartier part à la recherche d'une pièce perdue.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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