Citations de Romain Sardou (327)
N'attends pas que les choses arrivent comme tu le souhaites, mais décide de vouloir ce qui arrive, y compris le pire, ainsi seulement tu seras heureuse, ma femme, même dans l'adversité.
Se venger ? À quoi bon ? On fait toujours moins bien le boulot de Dieu.
"C'était étrange comme un simpleson ou une simple odeur pouvait vous ramener loin en arrière, faire renaître des personnes disparues, les rendre proches, comme si elles étaient en face de vous. "
p.276
"Comment un simple orphelin de Cokecuttle, un ancien ramoneur éconduit, un garçon des rues vivant sous les ponts, un évadé de l'orphelinat de Miss Parrott, pouvait-il se retrouver à la merci d'un renne volant, en plein vide, au-dessus des forêts et des glaces des pays du Nord, avec trois lutins retenus à ses basques ? "
p.213
"La bûche de Noël était un symbole qui se reportait au soir ou naquit Jésus. Le petit n'avait pour se réchauffer dans l'étable que le souffle chaud de quelques animaux et une bûche qu'on avait gardée précieusement pour le moment de sa venue. En souvenir de cela, à chaque Noël, on brûlait une bûche seule dans l'âtre. Avec le temps, ce simple morceau de bois prit un caractère magique: il fallait le choisir un an à l'avance, et toute l'année, il devait reposer à l'écart, à l'abri des intempéries. Le soir de Noël, avant de l'enflammer, l'on posait ses mains dessus et l'on mentionnait en silence ses voeux les plus chers pour l'année à venir; le lendemain, la bûche entièrement consumée, on récupérait ses cendres qu'on disposait dans des petits sacs à garder sur soi; c'était l'assurance que les voeux exprimés ne seraient pas oubliés par ceux qui pouvaient influer sur les hasards et les coïncidences de la vie ..."
p.128
C'est un fait : l'actualité est très rarement l'histoire.
Camille rentrait chez elle. Elle ne tenait plus en place : elle avait quinze ans.
Camille souriait en conduisant. La veuve pleurait...
Et quelqu'un, quelque part, lisait ce lointain proverbe égyptien :
" Ne cherchez pas à comprendre. Dieu-même ne sait pas ce qu'il y a entre un homme et une femme...."
La somme des choses qui nous arrivent est dérisoire comparée à la somme des choses qui auraient dû nous arriver, et...
Là, les femmes citèrent la même réplique, au même moment, mêlant leurs deux voix :
... "la vérité finit toujours par être inconnue."
-On dit "avoir des aventures, puis on se marie et cela s’arrête Vous pensez que le mariage n’est plus une aventure ?
-On recommence à en avoir en devenant infidèle…
-C’est donc bien que le mariage n’en est pas une? Je ne sais pas.
-Moi non plus.
-Nous voilà bien…
Il n’y a pas deux façons d’aimer quand on aime vraiment et pour le dire on dit : »Je t’aime ! » et tout est dit ! C’est la fragilité même de l’amour qui le fait si précieux. Si quelqu’un pouvait nous donner la certitude que notre amour est éternel…peut-être cesserions-nous de nous aimer…Le plus grand poète du monde ne trouvera pas en les cherchant des expressions d’amour aussi heureuses que celles murmurées spontanément par qui-que-ce-soit à l’oreille de n’importe qui !
C’était mieux que le présent, c’était le futur immédiat. Le « prime-ultime », comme dit l’autre, où tout arrive pour la première et dernière fois. L’amour les jetait aux deux bords du lit; chacun de leurs gestes devenait une façon de se dire oui. Et pendant ce temps, autour d’eux, le monde criait, courait, pleurait, boxait, dansait…Seulement dans ce huis clos amoureux, enchevêtrés comme des initiales, ils se foutaient pas mal de toutes les nécessités extérieures.
Lui répondre en deux phrases, c’était comme composer un poème : elle n’arrivait pas à penser un mot qui ne soit remplacé aussitôt par un autre. Le plus important, pour le bien du jeu, c’était de relancer l’adversaire. À l’heure des réseaux sociaux, elle trouvait cette façon de correspondre une relique merveilleuse, un délicieux pas de côté. (S’il répondait, elle lui écrirait que ce jeu est parfaitement innocent, qu’elle serait amusée de le rencontrer de nouveau, mais qu’il ne devait pas se faire d’illusions.)
Ils étaient mieux que l’amour fou ou que l’amour monstre, ils étaient l’amour né; parce qu’ils ne cherchaient jamais de signaux de jalousie pour se rassurer sur leur amour, parce qu’ils n’avaient aucun goût hégémonique, parce qu’ils embaumaient le cosmos de Fourier, on les regardait vivre comme on regarde l’impossible.
Elle se souvint que son oncle lui avait dit un soir : « Il n’y a rien de plus silencieux qu’un coup de foudre. Ceux qui le ressentent trop fort (trop bruyant ?) le confondent avec un coup de folie… Dans ces moments, couper le silence, c’est plus grave que couper la parole… »
Avec un amour comme celui-là, on peut bien faire renaître le monde tous les matins !
C'était irréfutable : un Bateman parvenait toujours à ses fins.
On en connaît plein des types ou des filles pareilles. Qui disent qu’ils accompliront leur passion quand « tout ira mieux », quand ils auront « assez de fric »… Tu parles. C’est l’inverse qu’il faut faire, tout le monde le sait. Si t’as peur d’échouer ou de te lancer, dis que tu as peur, mais ne te baratine pas que tu vas t’y mettre demain. Parce que, dans dix ans, mon petit vieux, t’auras plus de talent…
Autrefois - de tout temps d'ailleurs - on se déclarait son amour avant d'oser un premier geste ou un premier baiser. L'amour était dit longtemps avant d'être fait.
Aujourd'hui, le premier je-t'aime est tellement engageant qu'on tarde pour l'exprimer (on veut être sûr ?) ; comparativement, coucher est devenu moins grave, et nombreux ne s'en privent pas, à l'exact opposé de tous les grands contes d'amour du passé.
Arrivés dans une station de métro, ils entendirent un guitariste qui reprenait une chanson de Brassens. Elle remarqua qu’il avait changé les paroles d’un de ses titres les plus connus.
Il n’y a pas d’amour heureux était devenu Il n’y a pas d’amour facile.
Elle trouva que cela sonnait très juste. Beaucoup plus vrai, en réalité.
Il y a bien des amours heureux, mais aucun n’est jamais facile… Il lui en avait coûté un coup de dés et un coup d’éclat pour tenter de faire pâlir l’étoile de la femme en rouge et ravoir sa chance. Pourquoi cela ne s’obtenait-il jamais sans contrariétés ?
Toutefois, comme chacun, son cœur restait convaincu qu’il devait exister quelque part des exceptions. Des exceptions parfaites. Des amours enfin rendues faciles…
Ces croyances étaient célèbres : l'évêque savait que les hérétiques ne pouvaient en toute conscience réciter un Pater ou un Credo sans encourir les foudres de leur communauté et de leur anges. Pour le cathare, le corps humain était trop impur pour avoir le mérite d'invoquer verbalement le nom de Dieu ou de le prier dans une invocation sainte.