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Critiques de Romain Slocombe (667)
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L'Affaire Léon Sadorski

Quel salaud, ce Léon Sadorski ! Il y a en lui un fond de méchanceté et de perversité qui fait froid dans le dos. Débauché, impudique, violent, cruel, haineux, il se complait dans toutes ces scélératesses. Il s’y vautre.

Nous sommes en 1942. La France est à genoux, les français s’appliquent à survivre, et les légions nazies semblent invincibles.

Léon Sadorski est flic, et pour un salaire de misère, il traque les juifs sans aucun état d’âme. Ses petites combines, ses rackets sont lamentables. À peine lui permettent-ils d’améliorer son triste ordinaire et d’offrir à sa petite Yvette, sont grand amour, des bas de soie et un nouveau vélo… Ce qui me fait plaisir, vraiment plaisir, c’est qu’elle ne semble pas lui être reconnaissante de toutes ces largesses.

Léon Sadorski n’est pas un idéologue. Il récite son antisémitisme et son pétainisme comme un mantra. Peut-être pour s’obliger à y croire ? La puissance et l’efficacité allemande le fascine. Il est le serviteur zélé de ses grands SS flamboyants qui n’ont que mépris pour lui et se demandent si lui-même ne serait pas un peu juif sur les bords.

Dans ce monde trouble, périlleux, sans loi, le petit flic Sadorski, cet homme ordinaire, est devenu un homme puissant. Il peut briser des vies en envoyant des femmes et des hommes au camp de Drancy. Et ce pouvoir le grise. Ses moments de lucidité sont rares et vite balayés par sa folie furieuse et revancharde.

La manière dont Romain Slocombe parle de l’univers nazi m’a fortement impressionné. La propreté immaculée. Les bruits de bottes et des serrures. Les regards froids et les longs couloirs. La peur qui crispe les visages et les hurlements dans la nuit. Rien d’humain !

Un superbe roman qui fouille le côté pile, le côté sombre de notre héros. Le style est haché, emporté, dur, violent, à l’image du flic Sadorski, toujours en mouvement, toujours insatisfait, toujours gueulard, toujours sur la corde raide.





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Une sale Française

« C'est un vieux dossier d'archive que j'ai reçu un matin sur ma messagerie. Deux femmes y figuraient, qui auraient pu n'en faire qu'une seule : elles avaient presque la même date de naissance, le même prénom, Aline, les mêmes initiales, et leurs noms de famille bien que s'orthographiant différemment, se prononçaient de manière à peu près semblable – au point que la police française de l'épuration et la DST les ont confondues.

Troublé, je commençai à lire.

L'une semblait une vraie garce nazie, l'autre une fille de concierges qui, en des circonstances moins singulières, serait restée une ménagère sans histoires. Toutes deux avaient gagné ce territoire incertain que l'on appelait à l'époque la zone libre. Et l'ombre que répandait l'une éclairait l'autre. »



Aline Bockert et Aline Beaucaire sont-elles la même personne ? Derrière la femme de ménage amoureuse d’un pro-nazi, embarquée malgré elle dans de sales histoires, se cache-t-il une zélée nazie, tortionnaire, chasseuse de juifs qui aurait réussi à passer entre les mailles du filet de l’immédiate épuration ? Avec une maitrise totale du sujet et du suspense, Romain Slocombe confirmera ou infirmera cette hypothèse qu’à la toute fin.



A partir d’histoires vraies, tout est fait pour brouiller les pistes. On découvre Aline Beaucaire, convoquée pour vérification par le commissaire principal du secteur contre-espionnage de Marseille à la BST, à travers un mémorandum-confession. Elle se dit victime d'une erreur judiciaire, se décrit imprudente, naïve, séduite par un homme qui l’a abusée, prise dans un fatal engrenage. Dans ce plaidoyer pro domo, on a souvent l’impression qu’elle surjoue l’innocence de la pauvre fille amoureuse pour mystifier son interlocuteur et berner par la même le lecteur.



C’est l’essentiel d’un récit où le vrai peut devenir faux à tout moment. D’autant que nous n’avons pas accès directement à l’autre Aline, censée être la pire des collaborationnistes, uniquement à travers des extraits de source policière dactylographiés ( tels que découverts aux Archives nationales dans un carton déclassifié de la DST ) qui entrecoupent le récit principal.



Romain Slocombe poursuit son exploration minutieuse des heures sombres de la France durant la Deuxième guerre mondiale. La reconstitution du quotidien des Français ordinaires en zone Sud pétainiste est remarquablement précise, avec des préoccupations très concrètes, très éloignées de l’idéologique, tournant autour du ravitaillement, des pénuries, des bombardements, des prisonniers en Allemagne. La description de Marseille au printemps 1942 est particulièrement vivante, véritable nid d’espions où se croisent pétainistes pro-nazis, pétainistes nationalistes anti-allemands, réseaux de résistance et d’exfiltration de juifs, ainsi que truands corses.



Plus que jamais, en présentant ici toutes les facettes de la collaboration, toutes les zones de gris, l’auteur questionne la responsabilité individuelle. Dans ce type de période extrême, il montre Ô combien il est difficile de situer le point de bascule entre le Bien et le Mal, bien loin du discours manichéen revendiquant à la Libération une France de salauds ou de héros. Toutes les collaborations ne se valent pas mais toutes sont des collaborations, petites ou grandes, faites de choix, subis ou totalement volontaires. La sinuosité du destin d’Aline Beaucaire, sale française lorsqu’elle travaille comme femme de chambre en Allemagne ou sale Boche en France lorsqu’elle s’acoquine avec des pro-nazis, est en cela exemplaire.



Un texte troublant.

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La débâcle

" La débâcle " est un roman qui pourrait bien , selon moi , marquer cette rentrée littéraire tant par sa qualité d'écriture que par sa qualité historique et l'analyse des comportements humains en cas de catastrophe .

Le contexte , c'est l'exode . Cette période s'étalant du 10 au 17 juin 1940 , période qui , entre la fuite du gouvernement de la Capitale et la capitulation de Pétain, va jeter sur les routes des milliers de personnes , en condamant beaucoup à des morts atroces .

Historiquement , le travail de l'auteur , si on se réfère à la bibliographie de fin d'ouvrage , a été colossal , abyssal et la crédibilité des propos et la description de la France ne peuvent guère être remis en cause , pas plus que l'état d'esprit qui va animer les protagonistes , connus ou anonymes ., que nous serons amenés à rencontrer tout au long du récit. Des personnages courageux ou pleutres , honnêtes ou non , attachants ou détestables , parfois " déjantés " , sincères ou hypocrites....Les fréquenter nous place au coeur de cet exode et nous amène à réfléchir à la conduite qui aurait été la nôtre en pareille circonstance .

Ça , c'est pour le décor , le contexte , l'ambiance....Mais , pour donner encore plus de crédit à l'ensemble ,Slocombe va nous placer au plus près de personnages qui ne sont pas choisis au hasard . Parmi eux , Lucien , soldat déserteur lancé à la recherche d'Hortense , sa fiancée , qui tente désespérément de fuir la Capitale elle aussi , une famille bourgeoise , les Perret , un avocat " bien placé " auprès des puissants ...et bien d'autres encore .

Tout ce petit monde prendra la même route , celle de l'exode , de la débâcle , mais ce chemin commun ne les conduira pas forcément au même endroit , ni vers un même destin .

C'est " un livre fort " , réaliste , sans temps mort , qui se lit à toute vitesse , aussi vite que si nous étions poursuivis par cette armée allemande si puissante et redoutée . Plus de 500 pages, 2 jours de lecture pour parvenir au dénouement au cours duquel nous ne sommes pas ménagés, où l'auteur termine en enfonçant encore un clou déjà bien douloureux.

C'est du grand , du très grand Slocombe , un auteur remarquable qui écrit vraiment bien , ceci expliquant encore plus " cela " si cela etait toutefois nécessaire . Un grand coup de coeur.
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L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski

Partant du principe que l'on est jamais mieux servi que par soi même, l'inspecteur Léon Sadorski a décidé de forcer le destin. Pour mettre plus rapidement dans son lit sa voisine juive de quinze ans Julie, il a dénoncé sa mère en ajoutant la mention "communiste" à sa fiche. Raïssa Odwak n'est pas prête de sortir de la prison des Tourelles. Jacques Odwak étant déjà interné à Pithiviers, la voie est libre.

Pour l'inspecteur Sadorski, la vie suit donc son cours. Remis de ses blessures (voir L'affaire Léon Sadorski), le chef de brigade de voie publique à la 3e section de la direction générale des Renseignements généraux et des Jeux alias "Le Caïd du Rayon juif " enquête sur un attentat survenu Boulevard du Palais Il a bon espoir de résoudre l'affaire, de passer Inspecteur principal et de gâter son épouse Yvette qu'il aime tendrement. Dégainant à tout bout de champ sa carte de police pour obtenir des passe-droits, de la nourriture, violer des femmes, et susciter la terreur, il n'a que deux buts dans la vie. Purifier la France et être bien noté par ses supérieurs. Soignant son réseau d'informateurs, Sadorski a toujours les sens en éveil. Véritable chien de chasse à l'affût des comportements suspects, des mots lâchés à la va-vite contre la politique du maréchal et les forces de l'ordre il remplit sans scrupule ses fiches, et ne dédaigne pas à l'occasion rédiger des lettres de dénonciation pour faire avancer ses petites affaires. La découverte fortuite du cadavre d'une femme à Sucy-en-Brie au cours d'une promenade champêtre va faire saliver Sadorski et lui permettre de faire ce qu'il maîtrise le mieux, secouer l'arbre pour voir ce qu'il en tombe, dénoncer, arrêter, torturer et obtenir la promotion tant convoitée. Qui plus est, nous sommes au printemps 42 et le « vent printanier » s'apprête à souffler sur la France.



Romain Slocombe a donné naissance à une des pires ordures de papier de la littérature française, même s'il s'inspire très largement des parcours de Louis Sadosky et d'autres policiers des Brigades spéciales. Difficile de trouver la moindre étincelle d'humanité chez l'inspecteur qui, dans L'Affaire, comme dans L'Etoile jaune, agit en roue libre en plein bourbier. Pas besoin d'aller chez Ellroy pour trouver des ordures fascinantes et mettre le nez dans la fange. Slocombe est toujours aussi efficace, et travaille la matière historique au corps pour nous offrir un nouveau grand roman noir, une brillante et sordide variation sur la France occupée, le rôle de la police française, les attentats perpétrés contre l'occupant, l'abnégation des résistants, ainsi que les exécutions commises par les communistes sur les traîtres au parti.

ll y a chez Slocombe une clairvoyance qui fait froid dans le dos, un refus du manichéisme, un don pour dépeintre les nuances et les subtilités qui font les individus. Ses romans sont des miroirs désagréables de la vie, qui heureusement nous présentent des portraits de femmes extraordinaires par leur courage et leur obstination. Le plus difficile finalement pour le lecteur est de constater que dans cette Etoile jaune de l'inspecteur Sadorski, tout se joue sans la présence des Allemands. Les boches ne sont que des uniformes qui passent. Il n'y a que des Français comme si cette Occupation était en fait un chèque en blanc pour concrétiser toutes les bassesses et les desseins les plus déguelasses de l'humanité. Un blanc- seing pour se débarrasser d'une ex-femme, d'un rival en affaire, ou d'un voisin. Il suffit d'investir dans une feuille, une enveloppe et un timbre.
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L'Affaire Léon Sadorski

Le nom de Louis Sadosky ne vous dit rien? Tant mieux. Une ordure qui ne mérite pas que L Histoire retienne son nom.

Pour son affaire Léon Sadorski, Romain Slocombe s'inspire de cette sous-crotte humaine. Non, sous-merde c'est mieux. Et en fait donc son personnage central. Tant mieux aussi. Toujours utile de montrer que l'âme humaine n'est pas que sucrerie saveur bisounours.



1942, Paris. La guerre fait rage, les français se divisent. Pro-boches, anti-boches. Sadorski fait partie des premiers. Inspecteur aux Renseignements Généraux, bon petit soldat de la police française en somme. En apparence un type ordinaire, pris dans la tourmente de la guerre. Mais au fil des pages, le masque tombe. Obéir aux ordres et à sa hiérarchie s'avère un parfait alibi pour laisser exprimer sa haine. Antisémite, anticoco, anti-homos, antipathique, antiride (cherchez l'intrus), pervers égoïste et pétainiste convaincu : tout pour plaire le garçon. Et of course, comme tout pauvre type digne de ce nom, lâche. Donc prêt à retourner veste, pantalon et slip kangourou dès que ses petites fesses de collabo sont menacées. Projets de vie : se faire bien voir par l'occupant, gagner du pognon sur le dos des plus vulnérables, besogner madame à l'occasion, mais surtout protéger son ptit nombril arrogant.

 

Plus on avance, plus l'éprouvante réalité de la France collabo se dessine. Tous les coups sont permis. Corruption, trahison, espionnage, torture, magouilles et trafic, l'époque est suffisamment macabre et riche pour éviter à Romain Slocombe d'avoir à en rajouter. Il bâtit son histoire à partir de faits réels, change quelques noms, et donne un éclairage dans une brillante postface. Etre hyper documenté ne suffisant pas, Slocombe nous plonge dans cette atmosphère lugubre, oppressante de ce Paris occupé. le ton est juste, froid. Rien ne nous est épargné. Et on s'imagine sans peine dans ces rues peu sûres de 1942, à retenir son souffle, serrer les dents, baisser la tête. On suffoque vite, trop d'horreurs, trop de perversions et tant d'impuissance.



Bouquin fermé, la honteuse page de notre sombre Histoire enfin tournée, je dis bye bye à 1942. Ouf, retour en 2016. Me sens mieux. Car évidemment comment imaginer une seconde que l'on pourrait revivre cela? Cette France haineuse, malveillante, à l'esprit fermé et hostile est désormais derrière nous, hein dis....?

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Sadorski et l'ange du péché

Un an après la sortie de L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski , voici déjà la suite, L'ange du péché. Et quelle suite! 655 pages denses à souhait qui marquent un tournant dans la vie de Léon Sadorski comme dans le quotidien de la France occupée.

Nous sommes en mars 1943. Au mois de février, l'armée allemande a subi un cuisant échec à Stalingrad, et la population française réalise que la défaite du Reich n'est qu'une question d'années. Les plus lucides -ou les plus pragmatiques- se disent que le vent tourne et qu'il est temps d'assurer ses arrières lorsque l'heure viendra de rendre des comptes.

Le quotidien est toujours rythmé par la survie, la nécessité impérieuse de se nourrir, de ne pas faire de vague, d'attendre. L'existence de Sadorski partagée jusque là entre son travail, ou plutôt son sacerdoce de chasseur de juifs et de résistants à la 3e section des Renseignements Généraux et ses "deux femmes", son épouse Yvette, et sa voisine juive Julie cachée chez eux depuis l'année passée va se trouver confronter aux « autres ». Jusqu'à présent, il était un cador, le maître absolu de son existence et de celle de ses victimes, armé de sa carte de police. Or, depuis quelques temps, il n'est plus le seul maître à bord. Le secret concernant la cachette de Julie n'en est plus un et les oreilles indiscrètes ne sont pas les plus bienveillantes. L'Inspecteur principal adjoint, grand salaud devant l'éternel, va se retrouver confronté à aussi sinon plus salaud que lui, des salauds ordinaires mus par le fanatisme ou l'appât du gain, trafiquants du marché noir, policiers zélés ou tueur de masse allemand.

L'ange du péché est aussi une prise de conscience, celle de la Shoah et de la destination véritable des juifs et des résistants déportés de France vers un Est un peu flou. Romain Slocombe instaure toujours beaucoup de distance entre lui et ses personnages, donnant à voir le décalage énorme entre le sort des hommes et des femmes torturés dans les locaux des Brigades Spéciales, ou celui des internés de Drancy, et l'existence dorée des trafiquants de tout poil et du Paris culturel. Car les deux obsessions de Sadorski, les juifs et les femmes, vont l'amener à côtoyer les deux milieux, les camps d'internement français et les plateaux de cinéma où Robert Bresson tourne son premier long-métrage, Les anges du péché.

Avec ce troisième opus, moins focalisé sur les enquêtes criminelles, mais toujours aussi brillamment construit et aussi riche d'anecdotes sur le Paris occupé, Romain Slocombe plonge le nez de Sadorski dans ses contradictions, tout en dépeignant ses instincts les plus primaires, qui vont du viol au meurtre sans le moindre état d'âme. Dans la France de 43, seuls les cyniques survivent, les plus candides finissent tous broyés par la grande machine répressive. L'ensemble est toujours aussi érudit, sombre et oppressant. On espère que ce n'est pas une trilogie et que l'on verra Sadorski répondre enfin un jour de ses actes.
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L'Affaire Léon Sadorski

Léon Sadorski, d'origine alsacienne et polonaise même s'il a vu le jour en Tunisie, est inspecteur principal adjoint aux RG. En avril 42, il exerce ses talents dans un Paris sous les bombardements anglais qui n'entravent pas le marché noir, les trafics en tout genre et les arrestations arbitraires. Les étrangers indésirables, les gaullistes, les Juifs et les communistes sont internés quotidiennement, dénoncés par de « bons citoyens » pour nombre d'entre eux.



Pour Sadorski, antisémite convaincu, anticommuniste, lâche et vénal, l'Occupation va malheureusement, plus encore qu'à d'autres, lui donner l'occasion de laisser libre cours à sa bassesse et à sa veulerie. Après avoir été arrêté, et envoyé à Berlin par la Gestapo — désireuse d'en faire leur agent au sein de la police française pour traquer les Juifs et tous les ennemis du Reich — Sadorski trahit ses fidèles informateurs pour prouver son allégeance, et revient à Paris continuer ses basses oeuvres, maintenant pour le compte des Allemands.



Voilà le portrait d'une belle ordure qui restitue bien l'ambiance de Paris sous l'Occupation. Avec un vrai talent, Romain Slocombe nous plonge dans l'univers glauque de ceux qui comme Sadorski, qui a bel et bien existé, profitent du moment pour s'enrichir et se livrer à leurs sinistres instincts. Présenté comme une fiction policière ce roman, très documenté sur une période qui demeure une des plus sombres de notre histoire, est aussi noir que captivant.



Merci à Babelio et aux Éditions Points.
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Une sale Française

Je l'aime bien, Aline Beaucaire. Fille d'un couple de concierges alsaciens, mère célibataire mariée sans amour à un peintre en bâtiment prisonnier dans un Stalag, elle est femme de ménage dans des hôtels. Partie travailler en Allemagne, elle s'éprend d'un Français, sergent pilote pro-nazi, qui fraye avec une drôle de clique.

Femme au physique avantageux- on dit qu'elle ressemble à l'actrice Mireille Balin- Aline s'ennuie, rêve d'amour et d'aventure, aimerait sortir de sa condition. Les fréquentations de son amant la préoccupent un peu, elle fouille mais ce n'est pas le plus important. Aline en a sa claque de jouer les bonniches à Stuttgart, elle veut regagner la France, franchir la ligne de démarcation avec son fiancé, gagner Marseille puis l'Algérie et son soleil. C'est un rêve orientaliste à quat'sous, ambiance Annabella dans La Bandera ou Mireille Balin dans Pépé le Moko, « Je rêvais aux hauteurs de la Casbah d'Alger, et que là-haut, dans le pêle-mêle lointain d'habitations blanches et de terrasses, m'attendait Jean Gabin, mon amoureux (… )»

Même si les truands corses, les voyous de la Collaboration, les agents nazis qui magouillent avec son pilote bien aimé font désormais partie de sa nouvelle vie, Aline veut profiter du soleil marseillais. de temps en temps, les rafles, les exécutions, les arrestations arbitraires se rappellent à son bon souvenir, mais ce n'est pas suffisant pour troubler ses rêves de midinette qui veut sa part du gâteau.

Dans un long mémorandum adressé au Commissaire, on apprend très vite qu'Aline a purgé deux ans aux Présentines, à Marseille, elle raconte sa vie et se défend d'être une Collabo. Car pour son malheur on la confond avec une presque homonyme mais vraie nazie, Aline Bockert, surnommée La Panthère rouge.

Alors, innocente ou coupable, Aline Beaucaire? Amoureuse inconsciente ou espionne retorse habile à brouiller les pistes?







Encore un roman de Slocombe dévoré à belles dents, c'est du nanan. le témoignage d'Aline (qui rappelle la longue lettre de Jean-Paul Husson dans Monsieur le Commandant), entrecoupé de pièces d'Archives, lui permet de dresser un tableau saisissant du ventre mou de la France où les vrais héros -qui n'ont pas conscience d'en être- sont une denrée rare, les lignes de la vertu et de la morale étant plus fluctuantes que celles de la ligne de Démarcation. La France est grise, les desseins des individus assez difficiles à déchiffrer, un peu à l'image du personnage de Robert Blémant (que l'on croise régulièrement dans les polars sur l'Occupation), commissaire à la ST puis aux services secrets militaires, résistant traquant les agents allemands, et membre du Milieu …

J'ai apprécié que la modeste Aline Beaucaire, citoyenne ordinaire dans une époque peu ordinaire, soit au coeur du récit, et non son presque homonyme, Aline Bockert, la Panthère Rouge, alias Alice Mackert, Suisse naturalisée Allemande en 1942, secrétaire générale de la section niçoise de la Gestapo , qui comparut en 1948 sous les chefs d'inculpation de dénonciation d'un maquis à Clermont-Ferrand, de rafles d'enfants Juifs dans des écoles de la région de Nice, d'arrestation, détention et séquestration, de participation à des meurtre et des tortures…On se doute que la destinée d'Aline Beaucaire, comme celle de Mireille Balin, une « sale actrice », tirera davantage vers le noir que vers le blanc inondé de soleil de la ville d'Alger. Et qu'importe si elle n'a jamais existé que dans l'imagination de Romain Slocombe, ce n'est pas parce que c'est inventé, que ce n'est pas vrai.
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La gestapo Sadorski

Formidable, pas l'inspecteur non lui suit sa mauvaise étoile et est vraiment l'archétype du salop intégral, mais le roman lui est formidable.



Romain Slocombe est un conteur hors norme, de son écriture fluide et précise, avec une remarquable documentation, il fait vivre Paris sous l'occupation de façon très «vivante».



Son roman colle à la réalité historique, il mêle fiction et réalité avec brio. On fréquente la haute société bourgeoise, mais aussi les loges de concierges et même les grands acteurs du moment comme Mireille Balin, bref on ne lit pas un livre, on le vit.



Et cerise sur le gâteau ce qui était une trilogie se transforme si j'ai bien lu en double trilogie, en hexalogie enfin bref en un ensemble de 6 romans... Fantastique





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La débâcle

Mise en lumière d’une courte mais dramatique période de l’histoire de notre pays : à la suite de la « drôle de guerre », les allemands attaquent avec violence, et l’armée française en totale déconfiture ne peut résister. 110 000 morts parmi les militaires. Pour compléter l’humiliation, ce sont huit à dix millions de civils qui quittent les grandes villes du nord et la Belgique, fuyant devant l’armée allemande pour se retrouver sur les routes, abandonnant peu à peu les biens plus ou moins précieux qu’ils avaient jugé indispensables, mais qui perdent rapidement de leur valeur lorsque la faim, le froid et les tirs ennemis les exposent à un péril mortel chaque jour : 100 000 morts et 90 000 orphelins!



Romain Slocombe met en scène alternativement les militaires et les civils, représentés par quelques personnages qu’il a choisi plutôt privilégiés, du moins avant que leur fuite ne les mette à la même enseigne que les autres exilés.

Le désarroi de l’armée est clairement évoqué, avec force détails concernant le nom des régiments, divisions, etc, et de l’armement dont ils disposaient C’est un peu complexe pour qui ne connaît pas bien l’histoire militaire, mais on peut lire rapidement ces passages, qui n’apportent rien à l’intrigue, sinon de prouver s’il cela était nécessaire, l’érudition et le sérieux de l’auteur en matière de documentation.



Quand à la famille Perret, qui quitte la capitale au volant d’une voiture de luxe, persuadée d’effectuer en quelques heures le trajet qui les mettra à l’abri, on ne peut pas dire qu’ils inspirent la sympathie. En particulier la mère, qui accorde plus d’importance à la mort de son chien qu’à celle de son employée! Seule la jeune fille, loin d’être sotte, sortira grandie de cette épreuve.

N’oublions pas Lucien et Hortense, dont le périple aura sans doute inspiré au rédacteur de la quatrième de couverture le qualificatif usurpé de road-trip et qui vivent séparément des heures denses et angoissantes. Parviendront-ils à se retrouver?



La lecture n’est pas facile, en particulier en raison des nombreux développements concernant le fonctionnement de l’armée, mais c’est un roman qui marque, et l’abondance de détails confère au récit une réalité saisissante et poignante. L’utilisation du présent renforce cette impression d’être au coeur du récit.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un été au Kansai

Voilà un roman qui m'a passionné et profondément ému. Friedrich Kessler jeune diplomate affecté à l'Ambassade allemande à Tokyo, échange dans de longues lettres avec sa sœur Liese sur son quotidien tandis que la guerre fait rage en Europe et se rapproche du Japon. Slocombe dévoile le portrait d'un jeune homme cultivé qui peu à peu voit ces convictions vacillées. De 1939 à ce funeste et apocalyptique 6 aout 45 , Kessler se livre, se questionne sur l'idéologie nazie, évoque ses peurs pour les siens , plonge dans une mélancolie et une détresse alors que les nouvelles arrivent en décalé à l'Ambassade. La folie destructrice des hommes, le massacre des civils, les souffrances atroces de ceux qui n'ont pas la chance d'être tué sur le coup. Avec aussi cette terrible image, celle d'un B-29 larguant un objet au bout d'un parachute, sur Hiroshima, Surement des tracts.

Avec « un été au Kanzai » j'ai découvert Romain Slocombe et un roman bouleversant, j'en remercie grandement les Editions Arthaud et Babelio .
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La gestapo Sadorski

Nous avions laissé le répugnant inspecteur Sadorski en mars 1943. Nous le retrouvons quelques mois plus tard. Un colonel SS, Julius Ritter, qui supervisait le STO, a été exécuté en septembre par des FTP-MOI. En représailles, 50 otages ont été fusillés au Mont Valérien.

Sur les dents, la Gestapo confie à Sadorski la direction d'une unité de policiers français gestapistes chargée de traquer les FTP-MOI. Ravi de l'opportunité -bouffer du juif et du métèque, sa raison de vivre- l'inspecteur veut de l'avancement pour gâter sa femme Yvette. Chez lui, la situation se complique. Julie Odwak, enceinte de ses oeuvres se cache toujours dans l'appartement, et Yvette simule une grossesse pour donner le change lorsque l'enfant viendra au monde.



C'est toujours un plaisir de retrouver cette flamboyante ordure de Sado, tant Romain Slocombe est un conteur hors pair.

Plonger dans la fosse à purin qui sert de cerveau à l'Inspecteur principal n'est pas une sinécure. Apte à toutes les bassesses et à toutes les violences pour parvenir à ses fins, il ne pense qu'à une chose, écraser les « terros », et démanteler les réseaux. Quand le nom de Rajman apparait au cours de l'enquête, le lecteur tressaille. On sait que Sadorski part sur les traces du groupe Manoukian, et on a beau connaître l'histoire par coeur, on ne peut s'empêcher de frémir. Qui plus est le flic court un autre lièvre, une jeune fille idéaliste sosie de Micheline Presle qu'il veut corrompre. « D'abord, le plaisir de faire souffrir,, qui provoque un accroissement de puissance; suivi du plaisir de faire le bien: la magnanimité étant elle aussi une forme de vengeance et donc un très grand plaisir ». Eh oui, les fantaisies masturbatoires de Sado sont tout aussi répugnantes que ses ambitions professionnelles.



La Gestapo Sadorski permet à Romain Slocombe d'ajouter une nouvelle pièce à son incroyable fresque de la France occupée. Via son personnage, il donne à voir dans la plus extrême crudité les agissements des Brigades Spéciales qui depuis la préfecture de police traquaient les résistants en étroite collaboration avec la police allemande. Fichage, indics, filatures, manipulation, scènes de torture, nous suivons les BS sur les traces des MOI.

Les arrestations succèdent aux arrestations, en une sorte de jeu de dominos mortel. Sadorski toujours à ses petits intérêts, pense mener sa barque et s'en mettre plein les poches, mais le destin est capricieux.

Romain Slocombe est aussi sadique que son héros, son roman s'achève sur un cliffhanger diabolique. 555 pages et c'est déjà fini, suite au prochain numéro… Encore un an pour lire la suite intitulée « L'Inspecteur Sadorski libère Paris. » Et un autre suivra en 2022. Il nous faudra donc patienter pour voir on l'espère, trépasser Sadorski dans d'atroces souffrances . Hélas, on sait que si les cimetières sont remplis de résistants exécutés, bon nombre de membres des Brigades Spéciales s'en sont sortis avec une tape sur les doigts à la Libération. Mais ne nous plaignons pas. Si James Ellroy a écrit le Quatuor de Los Angeles, Slocombe nous offre le Sextuor de l'Occupation, et à lire, c'est du nanan.

A l'année prochaine donc.
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L'Affaire Léon Sadorski

Voici un roman dérangeant, dans le bon sens du terme, l'histoire d'un policier plein de zèle, traqueur de «Juifs», pendant l'occupation.

Sous fond d'affaire policière l'auteur nous relate avec précision la vie sous l'occupation allemande en 1942.

Ce qu'il y a de dérangeant ici, «l'antihéros» est un homme banal sans grande envergure qui «ne fait qu'obéir aux ordres». Monsieur tout le monde en somme....

Un salop, oui indéniablement mais pas le pire il en croise des pires issus du grand banditisme, de la SS.

C'est cela qui est dérangeant car en fait Sadorski c'est vous et moi prit dans un engrenage... alors oui, lui il y met de la «bonne» volonté mais qu'aurions-nous fait à sa place? J'espère avoir la réponse mais je n'en suis pas certain... Souvenirs Attention Danger.

Pour moi c'est un superbe roman noir le meilleur que j'ai lu depuis longtemps.



C'est grace à belette que j'ai pu découvrir ce livre, un grand merci.



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J'étais le collabo Sadorski

Sadorski, tu veux que je te dise, t'es le plus grand dégueulasse que... que... que le polar français ait jamais porté ! 



Voilà, c'est fini. Six années, six romans, et Romain Slocombe achève les deux cycles qu'il a consacrés à l'Inspecteur des Brigades Spéciales Léon Sadorski, La Trilogie des Collabos et La Trilogie de la Guerre Civile.

L'Epuration s'abat sur l'inspecteur, mais ce dernier a plus de vies qu'un chat et plus de résistance qu'un cafard. Alors qu'en cette fin d'été 1944, gaullistes et communistes se tirent la bourre pour prendre le pouvoir dans la capitale tout juste libérée, Sadorski fait ce qu'il maitrise le mieux, observer, jauger, mentir, tricher, dénoncer pour sauver sa peau qui ne vaut pas tripette face à une population assoiffée de vengeance. La peur lui donne des ailes, et il n'a qu'une obsession, sortir de prison afin de retrouver Julie, disparue, embarquée par les nazis durant les combats boulevard Voltaire, et son épouse Yvette, dénoncée par des voisins, tondue, dénudée et tabassée par la foule.



Inutile de s'attendre à une grande célébration de la Résistance et de l'union nationale avec Marseillaise et actes héroïques Bleu Blanc Rouge de la part de Slocombe, la Libération et surtout l'Epuration se déroulent en quasi huis clos, dans les centre de détention pour collaborateurs gérés par les F.T.P. et plus particulièrement au sein de l'Institut d'hygiène dentaire et de stomatologie, qui fut réquisitionné par les FFI, (souvent "FFS", Forces Françaises de Septembre (!)) et que le philosophe et collaborateur René Château a qualifié dans son livre L'Âge de Caïn, de lieu d'épuration sauvage. Cette description aigüe et pesante de guerre d'arrière-cuisine nous rappelle l'excellent (et meilleur Slocombe pour moi) Avis à mon exécuteur. Car c'est dans ces centres que Sadorski va goûter au dixième de ce qu'il a fait subir à des femmes et à des hommes souvent très jeunes durant les années de Collaboration.



J'étais le collabo Sadorski est le sombre récit d'une Libération qui n'a rien d'éclatant, de prometteur et de réconfortant. Slocombe dresse plutôt un tableau des luttes idéologiques et de quêtes de pouvoir qui préfigurent la Guerre Froide. C'est la France de l'injustice, de l'arbitraire et du hasard. le lecteur songe à tous les innocents torturés, déportés, exécutés que l'on a rencontrés au fil des pages, et constate avec amertume que ce sont toujours les mêmes qui s'en tirent, à un cheveu près ou avec les honneurs. C'est peur-être pour ça que certains passages sont répugnants à lire.



Quoiqu'il en soit, merci à Romain Slocombe d'avoir donné vie à un salaud pas si ordinaire, et d'avoir restitué avec autant de maestria le quotidien de ces années sombres. Pour Simenon, si un personnage de roman, c'est n'importe qui dans la rue, c'est un homme, une femme quelconque, LE personnage de roman, lui, ira jusqu'au maximum de lui-même. C'est ce que fait Sadorski, plus encore dans ce dernier opus, et c'est la raison pour laquelle il restera comme un des grands personnages du roman noir français.
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Sadorski et l'ange du péché

Quel choc!!



On ne sort pas indemne d'un tel livre bouleversant, Romain Slocombe nous plonge dans ce que l'âme humaine a de plus sombre.



Ce troisième opus de ce salaud de Sadorski ce lit pas en «pensant à autre chose», on est en immersion du début à la fin on a mal à «notre humanité».



Ce livre est «formidable» comme les deux précédents.



Chaque personnage est à la fois très humain et inhumain. l'instauration du régime de Vichy, «la divine surprise» comme l'appelait certains membres du patronat Français..., à donner les mains libres aux esprits faibles , sadiques, malades et aux réactionnaires de tous bords.



L'auteur nous invite à s'interroger sur notre époque , remplaçons Juifs par Arabes, migrants et l'on s'aperçoit que «la bête immonde» est toujours aux aguets prête à ressurgir.



Ne laissons pas passer les mots de l'intolérance que l'on entend parfois dans notre entourage ou au coin d'une rue:



«tous ces migrants, c'est bien de les aider mais on ferait mieux de s'occuper de nos pauvres à nous» ou bien «il n'y a déjà pas de boulot chez nous et tous ces profiteurs des aides sociales qui arrivent...» ou encore «Mais on y peut rien si c'est la guerre chez eux ils ont qu'a réglé leur problèmes dans leur pays ...» et beaucoup (trop) d'autres encore.



Souvenir Attention Danger...



Merci encore M. Slocombe
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Une sale Française

Qu'il me soit tout d'abord permis de remercier Romain Slocombe , les éditions du Seuil et toute la sympathique et dynamique équipe de Babelio pour l'envoi de ce roman " Une sale française " par l'intermédiaire d'une Masse Critique Privilégiée .

Au fait , Romain Slocombe , vous connaissez ? Oui ? Et bien bonsoir , vous n'avez pas besoin de moi , vous savez ce que vous avez à faire , non ?

Vous ne le connaissez pas ? Non ? J'y crois pas ? Ce n'est pas possible ? Allez , je rigole , ce soir , c'est le réveillon , les confettis , la joie , la danse , les voeux et le champagne ...Tout ( ou presque ...et avec prudence ) est permis .Oui , la " gueule de bois " demain matin mais ça , c'est un choix , les amis et amies . Figurez vous que dans le roman de monsieur Slocombe , les restos , le champagne , la belle vie , c'est tous les jours ...Enfin , pour certains et certaines , et c'est un peu louche et déplacé , non , en pleine occupation allemande . Elle , c'est Aline Beaucaire , un enfant naturel ( ben oui , c'est comme ça qu'on dit ) , un mari prisonnier , l'ennui et ...un amant , un bel amant ... Oui , ne jugeons pas , le corps a ses exigences , la chair est faible .Bon , même si d'autres auraient pu convenir .Bref , une femme qui , en faisant le récit de sa vie pendant la guerre à un commissaire ( d'aprés guerre ) nous narre une belle ( trop belle ? ) histoire d'amour dans un contexte des plus nébuleux , opaque , plein de suspiscions ...La guerre , quoi , avec tout ce qu'elle comporte de plus vil , de plus lâche , de plus sale ... et de plus festif...

Trahisons , dénonciations , extorsions d'argent , chasse aux juifs , passeurs véreux , pourris , meurtres ...L'embourbement total , nous y sommes .

Voilà ce que nous livre Romain Slocombe et c'est fort , trés fort .Une belle et émouvante histoire d'amour( ?) dans une mare de boue , pire , dans une fosse à purin .De quoi plaindre l'héroïne et son amant sauf que ....intercalés dans un récit d'une grande sincérité surgissent ...des rapports d'enquête , secs , brutaux qui viennent quelque peu troubler nos certitudes . Et ça , chers amis et amies , c'est tout l'art de monsieur Slocombe qui avoue , à la page 247 de son roman ( sur 260 ) " C'était comme si mon Aline Beaucaire née Hoffert n'avait jamais vécu .Un personnage de roman . Une fiction , un mirage ..." Tout ça pour ça ? Et oui , elle est forte , celle là , hein ?

Vous en dire plus ? Pas le temps , je réveillonne , moi .Le bouquin parait le 5 janvier . Vous serez bien remis , non ? Et bien vous regarderez la quatrième , comme d'hab .Pas besoin de vous en raconter plus ( trop ? ) , je vous fais confiance .

Moi , j'ai adoré mais ce n'est que moi et je vous dis ce que je pense , rien de plus , maintenant , c'est à vous de voir ....et de me dire ....ou pas.

Ah si , l'héroïne , c'est Aline Beaucaire ...euh , Aline Bockert ...euh , et puis je sais plus , moi, vous verrez bien...

Si c'est pas l'une , c'est l'autre ....ou une autre . Aprés tout , vous pouvez vous faire votre opinion .

Un coup d'oeil sur la bibliographie des ouvrages consultés par Romain Slocombe .Impressionnant .

Et à vous tous et toutes qui avez la gentillesse de lire mes propos , je souhaite une BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2024. A l'année prochaine , à demain quoi ....

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L'infante du rock

Alain Gluckheim , alias Glucose, critique cinéma au chômage est un ancien parolier de rock reconverti dans les romans policiers. Les temps sont durs pour Alain, quadragénaire spasmophile, hypocondriaque et insomniaque dont la femme japonaise, atteinte du Syndrome de Paris, est internée à Sainte-Anne.

Ses polars ne font plus recette , son éditeur ne le lâche pas: « Je vous rappelle que notre collection noire est destinée à des gens qui sortent de leur boulot, ils sont fatigués, c'est la crise, ils n'ont pas envie de trop se creuser les méninges et on ne peut pas leur en vouloir s'ils se sentent mieux lorsqu'ils se retrouvent en terrain connu… Votre petit héros maladroit à la Pierre Richard, il ne fait plus rigoler personne .. Pas moi, en tout cas. Et j'en ai marre de le voir tringler ces gamines japonaises à chacun de ses séjours à Tôkyô! Ecoutez-moi bien: vous allez couper le début, supprimer en moyenne une bridée sur trois, trouver une astuce de scénario pour le milieu, et changer la fin parce que la vôtre ne me plaît pas. »

Soudain le passé se rappelle à son bon souvenir, et quel passé, celui de sa jeunesse underground, personnifié par L'Infante du rock, Mona Granados, chanteuse du groupe culte Mona Toy dont Glucose était le parolier. Le corps mutilé de l'Infante avait été repêché dans la Seine en 1991. Etait-ce bien elle? Car certains disent l'avoir aperçue...Takao, un vieil ami yakuza dont il n'avait plus de nouvelle refait aussi surface et Gluckheim redevient un piéton de Paris, battant le pavé dans la ville de sa jeunesse, de 1968 aux folles nuits de Pigalle.

On retrouve dans L'Infante du rock le goût de Slocombe pour le Japon, le rock français et le Paris des années 80, car comme le chantait la Mano il y a longtemps déjà « Paris la nuit c'est fini ». La figure de l'emblématique journaliste gonzo Alain Pacadis -Slocombe publie des extraits de son livre Nightclubbing- plane sur cette Infante, et nous sert de guide dans ce voyage vers les années 80. L'ouvrage date de 2009 et certaines pages consacrées au Paris de l'Occupation semble préfigurer ce qui est pour moi le « meilleur Slocombe », ses derniers romans consacrés à l'inspecteur Sadorski. Car Paris la nuit c'est fini. Paris va crever d'ennui. Paris se meurt, rendez-lui Arletty!
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L'inspecteur Sadorski libère Paris

Ces quelques jours en été dans la vie de Sadorski, de l'assassinat de Georges Mandel à l'entrée des chars de la 2ème DB, marquent un nouveau tournant dans la vie de l'Inspecteur La Crevure.



Malgré les nouvelles du front de l'Est, Vichy et les Allemands traquent les juifs et les résistants, et comptent bien remplir les convois, convois dont Jacqueline pourrait faire partie. Après son incarcération, Sadorski qui retombe toujours sur ses pattes retrouve l'air libre dans la forêt de Fontainebleau où il est lié au transfert de Georges Mandel et à son assassinat par Mansuy. Slocombe accrédite la thèse de l'implication du Sipo-SD puis déchaine la tempête au-dessus de Sado, qui, mû par sa curiosité malsaine, ses petits intérêts, et sa lubricité, va se prendre de plein fouet ce que la capitale offre de pire, les collabos, les truands, la Carlingue, la Milice, les services allemands et la fine fleur de la Gestapo française. le vent tourne, les anciens du Bureau des Affaires Juives commencent à se refaire une virginité en prenant un virage à 190 degrés et Sado n'est pas en reste pour faire la girouette.



Point de temps mort dans ce volume, à l'image de l'agitation et de la confusion qui règnent en France en ce bel été 44. Romain Slocombe restitue avec le talent et la maîtrise qui le caractérisent le chaos ambiant. La documentation est colossale, les personnages habilement construits, l'intrigue menée tambour battant et Slocombe tire à balles réelles. La série, comme toujours, sent la fosse à purin. La capitale est un vaste et immonde cloaque. L'Inspecteur Sadorski libère Paris se dévore pince à linge sur le nez, et on attend déjà avec impatience le prochain et dernier volume, J'étais le collabo Léon Sadorski. On espère que l'heure est enfin venue pour le ramassage des ordures.

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L'inspecteur Sadorski libère Paris

Cinquième roman consacré à l'occupation de la France par les nazis, ayant pour personnage principal l'odieux inspecteur principal adjoint, Sadorski.



Romain Slocombe à travers ses romans fait œuvre d'historien, remarquable travail de recherche, la description du Paris de 1944 est fantastique!



J'ai mis un certain temps à lire ce livre, je m'en suis délecté en cherchant à approfondir des points d'histoire décrits. L'auteur a fait un travail méticuleux peut-être trop? Je m'attendais à un roman historique ce cinquième tome est un livre d'histoire avec un grand H, romancé d'où un petit «malaise» que j'ai eu au début.



Ce n'est pas un livre qui va me réconcilier avec l'âme humaine... Dans les périodes complexes et dramatiques comme le fut l'occupation, rare sont les êtres courageux et généreux. Bien plus nombreux sont les pleutres, les salops et les médiocres. Hélas rien n'a changé...



Mais franchement, quel bon livre, et quel plaisir j'ai pris à le lire!



Cette saga est d'ors et déjà rentré dans mon panthéon littéraire.



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Une sale Française

Une période sombre.

Une histoire trouble.

Des frontières floues.

Aline Beaucaire est une femme dont je n’ai su que penser. Était-elle juste cette amoureuse de Cat Louis, écervelée, inconséquente, à la moralité douteuse et aux mauvaises fréquentations. Ou était-elle une espionne aguerrie du nom d’Aline Bockaert.

Être bilingue à offert du travail, une nationalité allemande aux personnes vivant en Alsace-Lorraine, ce qui faisait d’eux de sales français pour les uns et de sales allemands pour les autres. L’argent facile en attirait plus d’un et il semblerait qu’ils ne réalisaient pas toujours les conséquences de leurs actes et une fois franchie la ligne de démarcation étaient surpris de risquer la peine de mort ( chose étonnante à mon sens)

Je ne vais pas généraliser puisqu’il s’agit d’un petit groupe et que même les familles étaient divisées parfois. En tout cas ce fut une lecture instructive car je ne connais que peu l’histoire de cette partie de la France et la différence de mentalité dont Aline fait preuve à certains moment.

S’agissaient-ils de deux personnes distinctes ou d’une seule particulièrement douée pour brouiller les pistes (vu la facilité à créer de faux papiers pour certains, le doute m’est resté jusqu’au bout).

J’ai beaucoup aimé ce roman de Romain Slocombe, c’est le premier mais pas le dernier car j’ai beaucoup aimé l’apport de documents d’époque. Un livre que je vous conseille de lire.

Merci aux éditions Seuil et à Babelio pour cette Masse Critique privilégiée.

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