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Critiques de Saint-John Perse (54)
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Amers

Amers ressemble aux flamboyances d'un conte antique. Amers c'est un navire livré aux forces de la nature. Saint-John Perse est plus qu'un poète, c'est un marin, c'est un navigateur, il broie les flots avec ses vers.

Ici ce sont des forces telluriques qui se décuplent pour nous déployer dans un songe.

Il est possible de se laisser étonner, bousculer, désarçonner... D'ailleurs n'est-ce pas le propos de la poésie ?

Amers, c'est la mer bien sûr. Aux premières vagues qui nous assaillent, c'est une ode à l'élément marin. Mais dans l'impatience des mots se détache brusquement autre chose. Derrière le navire bousculé par les océans, c'est l'aventure humaine qui se révèle au premier plan du paysage. C'est l'amour et ses voyages éperdus.

« Amants, Ô tard venus parmi les marbres et les bronzes, dans l'allongement des premiers feux du soir,

Amants qui vous taisiez au sein des foules étrangères,

Vous témoignerez aussi ce soir en l'honneur de la Mer. »

C'est grand, c'est puissant, c'est démesuré, mais il faut se saisir alors de cette vague qui emporte tout et s'y arrimer solidement au risque de rester au bord du rivage.

Amers, c'est un chant, c'est une incantation, ce sont des choeurs qui jaillissent dans la lumière boréale. Cette poésie peut nous éblouir, elle peut nous aveugler, elle peut nous brûler. Comme l'amour et ses rivages. La poésie de Saint-John Perse, c'est le cri d'une poulie.

Il faut entrer lentement dans ce texte abrupte aux premières approches, mais qui s'offre et s'ouvre peu à peu comme une offrande, comme une promesse, comme un tangage érotique.

D'ailleurs l'amour, la mer, la mort sont des mots si proches...

« Tu es là, mon amour, et je n'ai lieu qu'en toi. J'élèverai vers toi la source de mon être, et t'ouvrirai ma nuit de femme, plus claire que ta nuit d'homme ; et la grandeur en moi d'aimer t'enseignera peut-être la grâce d'être aimé. »

Ceux qui la contemplent savent que la mer recèle dans sa houle et ses reflets d'étranges inspirations féériques.

« Toi, l'homme avide me dévêts : maître plus calme qu'à son bord le maître du navire. Et tant de toile se défait, il n'est plus femme d'agréée. S'ouvre l'Été, qui vit de mer. Et mon coeur t'ouvre femme plus fraîche que l'eau verte : semence et sève de douceur, l'acide avec le lait mêlé, le sel avec le sang très vif, et l'or et l'iode, et la saveur aussi du cuivre et son principe d'amertume - toute la mer en moi portée comme dans l'urne maternelle... »

En lisant Amers il m'est venu dans la bouche ce goût de sel sur les paupières, ce goût de désir qui gonfle sous la peau, ce goût charnel qui appelle dans les yeux le reflet et la houle de l'autre.

Amers, c'est une voix étrange que nous devons apprivoiser car elle ne nous est pas spontanément familière. Elle entre peu à peu dans les interstices de notre corps. Elle nous étreint, elle nous chavire. Elle entre en nous comme une vrille... Elle ne nous quitte plus, longtemps après avoir quitté le paysage de ce texte.

« Et comme nous courions à la promesse de nos songes, sur un très haut versant de terre rouge chargé d'offrandes et d'aumaille, et comme nous foulions la terre rouge du sacrifice, parée de pampres et d'épices, tel un front de bélier sous les crépines d'or et sous les ganses, nous avons vu monter au loin cette autre face de nos songes : la chose sainte à son étiage, la Mer, étrange, là, et qui veillait sa veille d'Étrangère - inconciliable, et singulière, et à jamais inappariée - la Mer errante prise au piège de son aberration. »

Et nous, nous sommes pris au piège de cette beauté dans la nasse des mots.

Un texte à lire à haute voix devant votre océan préféré.
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Éloges

La poésie de Saint-John Perse est sons, couleurs et eau qui coule, comme elle est rythmes et vibrations. Il faudrait lire ou relire cette poésie comme on ne l'a jamais fait, à haute voix, pour en percevoir toute la musicalité. Faire de cette lecture une expérience poétique et sensorielle.



Saint-John Perse a commencé à écrire très tôt et ce recueil de Poésie Gallimard s'ouvre sur des textes composés alors qu'il n'a que 17 ans. Sa jeunesse ne l'empêche cependant pas de vouloir, immédiatement, trouver sa propre voix. Et en effet, cette poésie qui se déroule en longs flots ininterrompus est unique dans le paysage poétique contemporain.  Saint-John Perse use de répétitions ( "J'avais, j'avais ce goût de vivre"), procédé que l'on emploie plutôt dans la chanson et fait revenir certaines phrases dans le texte, tels des refrains entêtants. Il faut lire et dire le texte d'une traite pour ressentir l'enivrement, presque la transe, que procure cette poésie. Et que dire du plaisir que procurent les mots lorsqu'ils sont en bouche. Des mots gourmands comme "fabuleuse", "prodige", "merveilles" et des mots légers comme "engoulevent" qui font immédiatement rêver. le génie de Saint-John Perse est de savoir si bien les accoler pour qu'ils se magnifient les uns les autres, tel un peintre qui choisirait ses couleurs. Ainsi, ce sont parfois de véritables tableaux qui surgissent sous nos yeux, particulièrement dans "Neiges", tiré du recueil "Exil", écrit en 1944.



Passionné du verbe, Saint-John Perse le fut assurément, lui qui écrivait "Voici que j'ai dessein d'errer parmi les plus vieilles couches du langage, parmi les plus hautes tranches phonétiques: jusqu'à des langues très lointaines, jusqu'à des langues très entières et très parcimonieuses..."

En effet, chez ce poète, tout est voyage, y compris dans le temps et ce sont bien des récits de légende que nous lisons, sorte de chanson de geste des temps modernes, inclassable et surtout indémodable.
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Pour Dante

En 1960, le poète français Saint-John Perse reçoit le Prix Nobel de littérature. Son allocution au banquet Nobel du 10 décembre 1960 est consacrée à l'écriture poétique. Dans la langue ciselée et le style élevé qui caractérisent son oeuvre, l'écrivain évoque dans son discours les rapports entre science et poésie, ainsi que le rôle du poète dans l'Histoire, témoin de son temps et conscience de l'humanité.



Cinq ans après ce premier discours, Saint-John Perse est invité à rendre hommage à Dante Alighieri, lors du Congrès International de Florence pour le VIle centenaire de la naissance du poète italien, le 20 avril 1965. Saint-John Perse se place ici dans les pas de Victor Hugo, qui avait répondu à l'appel de l'Italie pour l'ouverture du VIe centenaire.



Alors que Victor Hugo avait un siècle plus tôt rendu hommage à l'unité italienne dont Dante lui apparaissait comme un précurseur, Saint-John Perse prolonge ici la réflexion entamée lors de son discours de 1960. Il y précise sa vision de la poésie : celle d'une ontologie, qui place le poète à la fois en surplomb du cours humain de l'Histoire – conscience des grands cycles, des ères et des pulsations du temps long – et présent parmi les homme de son époque.



Un beau discours, à la fois poétique et philosophique, qui complète et approfondit la grande vision et la haute réflexion développées dans le discours du Nobel.

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Éloges

J’avais eu du mal lors de ma première rencontre avec Saint-John Perse ; beaucoup trop obscur pour ma modeste compréhension.

"Sa poésie est réputée pour son hermétisme, mais aussi pour sa force d’évocation", nous dit Wikipedia.

Lors de cette première rencontre, j’avais calé sur l’hermétisme, qui m’avait caché la force d’évocation.

On la retrouve davantage, heureusement, dans "Éloges".

Éloges qu’il adresse à son enfance guadeloupéenne, restituant admirablement l’atmosphère tropicale, chaleur, moiteur, végétation oppressante.

Beaucoup de sensualité dans ses descriptions pleines de sous-entendus : "Je m’éveille songeant au fruit noir de l’Anibe ; à des fleurs en paquets sous l’aisselle des feuilles."

Beaucoup de beauté dans ses vers libres, avec parfois le petit choc d’une image incongrue, d’un mot insolite :

"Cependant le bateau fait une ombre vert-bleue ; paisible, clairvoyante, envahie de glucoses où paissent

en bandes souples qui sinuent

ces poissons qui s’en vont comme le thème au long du chant."

Hélas, beaucoup aussi de mots qui fâchent, comme de trouver dans la même phrase Nègre, fourbe et vicieux…

… ou ce ton colonialiste avec lequel il exprime son obsession de "jeune maître" pour le corps des domestiques noires.

Je n’ai très probablement pas tout compris. Mais ce qui semble le plus transparent ne me donne guère envie de poursuivre avec Saint-John Perse…



Challenge Nobel

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Amers

Mon premier contact avec Amers a été...houleux! Un professeur emballé et sans doute visionnaire avait essayé de nous faire partager son enthousiasme à l'époque où seul comptait Oceano Nox de Victor Hugo..Fiasco total!



Puis, lentement, de même que se déploie la lame qu'on voit d'abord gonfler comme le cou orgueilleux du paon , puis ondoyer comme les anneaux de l'anaconda, puis exploser dans un fracas d'écume blanche,le verset hypnotique du grand poète marin agit sur nous, sa prose savante se fait oublier avec ses arrière-plans sémantiques complexes et ses images à double-fond, - et son rythme lent et dansant qui sait si bien dire la mer m'a emportée...



Amers est pour moi encore plus beau que Vents.



Quand je pense à la mer -et c'est presque tous les jours, tant elle me hante, tant elle me manque, tant elle me chante son chant profond - ce sont ces versets-là qui me viennent à la bouche, avec un goût salé d'huître fraîche et des odeurs de varech dans le souffle du vent..



Mettez contre votre oreille ce merveilleux bi-valve de Saint John Perse et écoutez le bruit immémorial de la mer en marche:



"Ainsi la Mer vint elle à nous dans son grand âge et dans ses grands plissements hercyniens - toute la mer à son affront de mer, d'un seul tenant et d'une seule tranche !

Et comme un peuple jusqu'à nous dont la langue est nouvelle, et comme une langue jusqu'à nous dont la phrase est nouvelle, menant à ses tables d'airain ses commandements suprêmes,

Par ses grands soulèvements d'humeur et grandes intumescences du langage, par grands reliefs d'images et versants d'ombres lumineuses, courant à ses splendeurs massives d'un très beau style périodique, et telle, en ses grands feux d'écailles et d'éclairs, qu'au sein des meutes héroîques,

La Mer mouvante et qui chemine au glissements de ses grands muscles errants, la Mer gluante au glissement de plèvre, et toute à son afflux de mer, s'en vint à nous sur ses anneaux de pithon noir,

Très grande chose en marche vers le soir et vers la transgression divine..."
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Éloges

ELOGES



Je me suis donné pour objectif cette année de relire de la poésie, genre que j'avais abandonné sur les bancs de l'école, avec deux souvenirs agréables et pourtant bien différents: Hugo avec Demain dès l'aube et Aragon avec Les yeux d'Elsa.



Difficile pour moi de faire une critique de la poésie, et encore plus de celle du XXème siècle. Là où la poésie des siècles précédents s'enserrait de règles destinées à créer la magie dans la contrainte, les poètes modernes s'affranchissent du carcan des pieds, vers et rimes, recherchant par d'autres biais la musicalité, le biais pour toucher le lecteur ou pour exprimer les émotions. La poésie est donc affaire tellement intime, savoir si elle éveille en nous des images, pas forcément celles que l'auteur souhaiterait mais celles qui sont enfouies en nous.



Tout en comprenant le sens général du recueil (nostalgie, retour sur l'enfance, éloge de la nature en opposition à la civilisation), je ne me suis pas senti emporté par la poésie de Saint-John Perse. J'y ai même parfois été gêné par les images de l'ancien monde des maîtres ravis non seulement de ce que la nature leur offrait, mais aussi des soins prodigués par leurs servants (leurs esclaves ?).



Les poèmes en référence à Crusoe sont ceux qui m'ont le plus emporté avec la reprise nostalgique de plusieurs des éléments du récit, repris après le passage du temps et la perte de tout le charme que l'aventure leur avait apporté.



Mon édition comportant d'autre recueils de l'auteur, je tenterais peut-être l'expérience avec un d'eux, et j'ajouterais alors mes impressions à la suite ici.
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Vents / Chronique / Chant pour un équinoxe

Lire la poésie de Saint-John Perse m'a fait entrer dans un monde à part, dans quelque chose qui démarque de ce que j'ai pu lire de poésie.



Écrit en 1945, alors que le poète résidait dans l'État du Maine aux États-Unis, son recueil Vents retrace l'histoire de l'Amérique, les mouvements migratoires qui l'ont traversée au travers du temps. Ce sont les migrants qui quittent l'Europe pour l'Amérique et ses espaces immenses. Vents, c'est aussi les premiers essais nucléaires dans le désert de l'Arizona en 1944. Après la Seconde guerre mondiale et Hiroshima, quel peut-être le rôle du poète ? Est-il possible de faire venir une parole qui porte en elle la possibilité d'un monde nouveau ?





« Mais c'est de l'homme qu'il s'agit ! Et de l'homme lui-même quand donc sera-t-il question? - Quelqu'un au monde élèvera-t-il la voix ?

Car c'est de l'homme qu'il s'agit, dans sa présence humaine ; et d'un agrandissement de l'oeil aux plus hautes mers intérieures.

Se hâter ! se hâter ! témoignage pour l'homme ! »





De ce beau recueil, j'ai fait une lecture à double niveau.



Ce qui est singulier dans la prose de Saint-John Perse, c'est le recours à une polysémie, à une succession de strates du récit, c'est aussi la richesse du vocabulaire, la quantité de références contenues dans ses poèmes. Récit lyrique autant qu'épique (sans héros), Vents a quelque chose en soi de vraiment fascinant.



Le deuxième niveau de lecture, plus subjectif celui-ci, ne s'est pas complètement retrouvé dans l'écriture de Saint-John Perse. J'ai été un peu dérouté par son ton emphatique, par la surabondance de références, de termes techniques utilisés. À vouloir nommer toutes choses, à vouloir une poésie où seule la réalité est en cause, la ferveur et le lyrisme du début semblent s'épuiser, porter en eux un effet de saturation.

Il y a quelque chose d'altier dans l'écriture de Saint-John Perse, un sentiment qui semble être à proportion de la fragilité et de la vanité que lui inspirait le monde dans lequel il vivait alors.





« De hautes pierres dans le vent occuperaient encore mon silence. Les migrations d'oiseaux s'en sont allées par le travers du Siècle, tirant à d'autres cycles leurs grands triangles disloqués. Et c'est milliers de verstes à leur guise, dans la dérivation du ciel en fuite comme une fonte de banquises.



Aller ! où vont toutes bêtes déliées, dans un très grand tourment de l'aile et de la corne... Aller ! où vont les cygnes violents, aux yeux de femmes et de murènes...



Plus bas, plus bas, où les vents tièdes essaiment, à longues tresses, au fil des mousses aériennes... Et l'aile en chasse par le monde fouette une somme plus mobile dans de plus larges mailles, et plus lâches... »





Cette poésie si singulière n'en demeure pas un fabuleux exercice d'écriture. Elle contient en elle une exaltation, un rythme qui porte en lui la force de vents parfois contraires, impétueux mais qui atténués, apportent une parole poétique sans pareil.





« Et le Poète aussi est avec nous, sur la chaussée des hommes de son temps.

Allant le train de notre temps, allant le train de ce grand vent.

Son occupation parmi nous mise en clair des messages. Et la réponse en lui donnée par illumination du coeur.

Non point l'écrit, mais la chose même. Prise en son vif et dans son tout.

Conservation non des copies, mais des originaux. Et l'écriture du poète suit le procès-verbal.

(Et ne l'ai-je pas dit ? les écritures aussi évolueront. - Lieu du propos: toutes grèves de ce monde.) »





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La Gloire des rois

Malgré une première rencontre pas vraiment réussie, je retente ma chance avec le poète de l'hermétisme, à l'accès du coup forcément difficile. C'est toujours mieux de le savoir avant...

Le recueil La Gloire des rois est un recueil de transition entre Les poèmes de jeunesse d'Eloges et le recueil "de la maturité" qu'est Anabase. Il a en plus l'originalité d'être très composite puisque regroupement de poèmes écrits entre 1907 et 1945. Près de quarante ans d'écart et pourtant presque plus de logique que dans Eloges, puisqu'une histoire d'une famille régnante semble même se dessiner au fils des poèmes. La reine est évoquée dans "Récitations à l'éloge d'une reine", le roi dans "Amitié du prince", les risques de révolution qui couvent dans "Histoire du régent", la malheureuse héritière qui n'est pas un garçon dans "Berceuse".

Tout en ayant pas totalement saisi certaines évocations, je suis parvenu à trouver un sens d'ensemble, et cela fait apparemment partie de la recherche de l'auteur, dans une forme de composition surréaliste du recueil, qui na existé que parce que les textes se sont succédé à des années d'intervalle et ont créé la cohérence du recueil par eux-mêmes.

Malgré tout, je ne me suis jamais senti transcendé par le texte, le rythme, la musicalité. Pourtant en essayant de lire certains critiques plus savants que moi sur l'auteur, il devrait se dégager une "puissance des images" et une "richesse du rythme" qui m'ont donc échappé.
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Éloges

Dans le Coran, Dieu a dit : "Et Il apprit à Adam tous les noms". Saint-John Perse a tenté de revenir à ce moment fatidique qui précède la descente sur terre, pour célébrer tous les Noms, embrasser tout l’univers dans sa poésie.



Dans la poésie persienne, (ici quatre exemples : "Eloges", "La Gloire des rois", "Anabase" et "Exil") apparaît l’étendue de son dessein cosmique, la véritable tâche du Poète, celui qui aspire à inventer une langue nouvelle, lui qui dit : "j’ai dessein d'errer parmi les plus vieilles couches du langage, parmi les plus hautes tranches phonétiques" labourant "la terre arable du songe" pour créer une réalité mythique et un merveilleux épique, cherchant à faire "un grand poème né de rien". Saint-John Perse trouve dans tout lieu fade un goût de la grandeur. Tout l’univers est présent dans cette poésie. Tout trouve une signification, même la chose la plus insignifiante ; rien ne se perd tout se transforme en beauté exquise, car pour ce poète "toute chose au monde [lui] est nouvelle"! Lui qui chante la beauté de l’enfance, regarde le monde d’un œil curieux d’enfant. Dans un rythme vivant, orchestré de versets sublimes, chaque mot est choisi avec une exactitude encyclopédique.



Cet Albatros, vaste oiseau des mers, a été un poète précoce (à 17 ans, il écrit son premier poème "Images à Crusoé").

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Éloges

"Éloges" est le premier recueil que je lis du célèbre poète Saint-John Perse. Celui-ci rassemble plusieurs textes (La Gloire des Rois, Anabase, Exil et quelques autres) publiés entre 1911 et 1943.



Dès les premières pages et tout au long de la lecture du recueil, j'ai été tout d'abord décontenancé par le style de l'auteur, par son lyrisme altier et assez complexe. Tout paraît comme très élaboré, très structuré, à l'image d'une poésie exigeante. J'ai eu des difficultés à trouver du sens, de la cohérence dans les textes. Saint-John Perse compose dans un style qui a un goût prononcé pour l'éthymologie, pour l'emploi d'un vocabulaire relativement savant et de formules assez elliptiques. Ce choix voulu par l'auteur empêche, selon moi, le sens et le lyrisme de se déployer librement, le propos de prendre toute la lumière.



Il reste que la poésie de Saint-John Perse, à l'image du personnage, impressionne. le défaut de sens, l'emploi de références légendaires ou de termes très choisis n'empêchent pas qu'apparaissent au gré de la lecture une certaine atmosphère, un imaginaire aux ressources inépuisables, une saisissante confluence de rythmes et de tonalités et un travail remarquable sur le sens (parfois multiple) des mots.



La lecture de l'oeuvre de Saint-John Perse est certes exigeante mais elle recèle au-delà des apparences (souvent trompeuses) une beauté singulière, la confirmation qu'il n'existe pas une poésie mais des poésies.

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Saint-John Perse : Oeuvres complètes

A ceux qui ne la connaîtraient pas, il faut le dire d’emblée : la poésie de Saint-John Perse est tout sauf facile, et peut décourager les meilleures volontés. C’est que le poète ne cherche pas à être accessible. Son vocabulaire, très expressif, est aussi l’un des plus étendus qui soient, empruntant à la géologie, à la botanique, au droit, à la navigation, et à cent autres sciences encore… De même, le lecteur est très vite emporté par un flot d’images et de références parfois obscures, voire hermétiques - il ne doit pas se décourager : rien de tout cela n’est gratuit, et tout est toujours concret, incarné...

D’ailleurs, progressivement, un rythme s’impose, celui du verset (comme chez Claudel, comme dans la Bible) ; au fil des anaphores, véritables leitmotivs musicaux, des bribes de sens affleurent, des connexions s’établissent, des interprétations se mettent en place... A ce stade, on a le sentiment, et bientôt la certitude, que quelque chose d’essentiel se joue, quelque chose qui a trait à la place de l’homme dans le cosmos, aux liens vitaux qui le lient au vent, à la pluie, à la mer, au désert, aussi bien qu’au temps et à l’histoire : « …[la poésie], écrit le poète, embrasse au présent tout le passé et l’avenir, l’humain avec le surhumain, et tout l’espace planétaire avec l’espace universel. »

Mais ce n’est pas tout : en même temps qu’elle confronte l’homme à l’immensité, la poésie de Saint-John Perse s’attache également à parcourir son espace intérieur, cet autre infini qu’elle nomme l’« âme » : « L’obscurité qu’on lui reproche ne tient pas à sa nature propre, qui est d’éclairer, mais à la nuit même qu’elle explore, et qu’elle se doit d’explorer : celle de l’âme elle-même et du mystère où baigne l’être humain. »

Parmi la dizaine de recueils qui composent l’œuvre, j’ai particulièrement été sensible à trois d’entre eux : « Anabase », superbe évocation du désert de Gobi, « Exil », écrit en 1942, au moment où le poète, refusant les avances de De Gaulle, s’installe aux Etats-Unis et « Oiseaux », inspiré par les tableaux de Braque.



En plus de la poésie complète de Saint-John Perse, ce volume de la Pléiade, conçu sous la direction de l’auteur, lui-même, est composé de discours, d’études (en particulier celles de Claudel et de Jouve, magnifiques) et surtout de lettres. Or, l’on sait maintenant que cette correspondance a été largement modifiée, réécrite, voire inventée, en vue d’édifier un monument à la gloire du poète ; celui-ci « a décidé de l'architecture de l'ouvrage, conçu une biographie, mis sur pied l'appareil critique ; il a également retouché ou imaginé une partie de sa correspondance, organisé la bibliographie et la table des matières. Il a même choisi son masque sculpté par un artiste hongrois pour la couverture du volume. » explique ainsi Renée Ventresque*, qui a consacré tout un livre à l’histoire de cet ouvrage. Un exemple sans doute unique de supercherie littéraire ! A lire donc comme la dernière œuvre de Saint-John Perse...



*(La « Pléiade » de Saint-John Perse : la Poésie contre l'Histoire / Renée Ventresque. - Paris : Classiques Garnier, 2011. - 442 p.)

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Éloges

Magnifique recueil de poésies de Saint John Perse qui fait voyager le lecteur dans un univers mi-réel, mi-rêvé où on aime à naviguer parmi les mots si bien associés que le texte en devient naturel.

Un moment d'évasion et de douceur.
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Amers

Challenge Nobel 2013/2014



Ce recueil de poème où l'écriture de Saint-John Perse est unique en son genre et il ne nous laisse pas indifférent. Je ne peux pas dire que j'ai adoré et je ne peux pas dire que j'ai détesté. Certains passages m'ont captivé par leurs forces descriptives et la rythmique qu'il impose à ses vers, mais d'autres n'ont pas retenu mon attention.

Saint-John Perse a mis une dizaine d'années pour écrire Amers qui évoque essentiellement le milieu maritime. D'ailleurs le premier et dernier mot c'est le mot "mer".





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Vents / Chronique / Chant pour un équinoxe

Composé dans l’exil américain, Vents paraît en France en 1946, dans une édition limitée. L’auteur accordait une importance particulière à cette œuvre. Voilà ce qu’il écrit au sujet de ce cycle dans la notice qui l’accompagne dans ses œuvres complètes :



« Saint-John Perse a toujours accordé à Vents une importance particulière dans son œuvre. Ce poème fut sans doute le moins accessible au lecteur français parce qu’il ne fut, à la demande même du poète, publié tout d’abord qu’en édition de luxe, de grand format et grande typographie, à tirage limité entièrement numéroté (Gallimard, 1946). »



C’est une œuvre de grande ampleur et ambition. Elle est composée de 26 chants, elle est divisée en quatre parties. C’est un voyage dans le temps et dans l’espace. Dans le temps, car nous suivons l’humanité depuis la préhistoire, jusqu’aux années quarante du XXe siècle. Mais aussi dans l’espace, car il s’agit de voyager, au final ces voyages humains trouvant leur aboutissement au Nouveau Monde, dont les paysages semblent avoir fortement impressionné l’auteur.



Dans le Discours de Florence qu’il a prononcé en 1965 en hommage à Dante, Saint-John Perse a souligné les divers niveaux de lectures nécessaires pour lire la poésie du grand Italien :



« Sur les quatre plans d’évolution définis par Dante dans son Convivio : le littéral, l’allégorique, le moral et l’anagogique, l’œuvre impérieuse de la Commedia poursuit héroïquement son ascension méthodique, comme celle du héros lui-même, pèlerin d’amour et d’absolu »



Il introduit ainsi l’idée que sa propre poésie doit avoir différents niveaux de lecture, qui se superposent pour aboutir à un projet en quelque sorte transcendant. Le lecteur de Saint-John Perse doit donc se transformer en déchiffreur, en chercheur de sens multiples, du plus descriptif (littéral), vents, voyages, jusqu’au voyage de l’auteur lui-même. Au niveau le plus élevé, on peut lire cet ensemble de poèmes comme l’exigence d’un sursaut contre le doute excessif, le nihilisme, le découragement né des douloureuses épreuves infligées par l’histoire, les dangers qui guettent l’humanité. L’action contre le songe, aussi séduisant soit-il.



Ce grand texte est suivi par un ensemble plus disparate, Chronique et Chants pour un équinoxe. Chronique a été rédigée après le retour en France du poète, on n’y reconnaît les paysages provençaux, le texte est paru en 1960. Les textes regroupés dans Chants pour un équinoxe sont en partie posthumes, c’est les derniers que l’auteur a écrits. Le « grand âge » traverse ces textes, qui trouvent ainsi une sorte d’humanité et d’intimité.



J’ai été bien plus sensible à ce volume qu’au premier Eloges. Vents a une grandeur et une cohérence indéniable, et Chronique et Chant pour un équinoxe un côté un peu plus sensible, même si nous sommes toujours chez le même poète, avec le même langage. Je sais que je suis loin d’avoir pénétré complètement cet univers : comme pour Dante, (qui est un bon point de comparaison à mon sens) il faut sans doute des décennies (si on y arrive jamais vraiment) pour une réelle intimité avec cette poésie. Mais je commence à me dire que cela peut valoir la peine d’essayer...
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Éloges

Un recueil composite, qui intègre plusieurs œuvres, les premières de l’auteur. Éloges, qui donne son titre au volume de Gallimard, comprend des textes publiés en revue au début du XXe siècle. L’ensemble de ces textes semble se référer à l’enfance, passée en Guadeloupe, résonne du souvenir de Crusoé, lui aussi attaché à une île. Une sorte de monde idéal, rêvé, émerge, mais un monde perdu.



La gloire des rois est publié en tant que recueil en 1945, les textes qui le composent ont été écrits entre 1907 et 1924. L’ordre définitif (le sens ?) n’est établi par l’auteur qu’en 1972.



Il annonce le recueil Anabase, considéré comme essentiel dans l’oeuvre de Saint-John Perse. Ce dernier est publié en 1924, c’est le premier pour lequel l’auteur utilise le nom Saint-John Perse qui deviendra célèbre. Le titre fait référence au texte de Xénophon, qui raconte les aventures d’un corps expéditionnaire grec, les Dix-Mille, qui reviennent de Perse après la mort de Cyrus le Jeune au service duquel ils combattaient. C’est une expédition héroïque légendaire, un voyage initiatique. Il n’est pas facile de voir le lien précis avec le texte de Saint-John Perse, d’ailleurs les analyses et tentatives de lecture en sont aussi nombreuses que contradictoires.



Le livre se clôt parle cycle Exil, écrit au USA entre 1941 et 1943. L’auteur s’y est réfugié pendant le seconde guerre mondiale, il doit abandonner sa carrière de diplomate, il est déchu de sa nationalité française par le régime de Vichy et ses biens sont confisqués. Il se remet à l’écriture dans ces conditions douloureuses, il restera une quinzaine d’années aux USA.



J’ai essayé de restituer un peu ces poèmes dans leur contexte, pour tenter peut-être de trouver une clé d’entrée pour pénétrer ces textes. J’avoue avoir eu beaucoup de mal à les lire, à être portée par leur musique. Cela ne me touche pas vraiment. Je ne suis pas contre une poésie cérébrale, mais celle-ci me reste hermétique pour l’instant. Le côté très disparate de ce recueil ne m’a sans doute pas aidé à trouver un rythme. Une autre tentative peut-être.

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Anabase

Je n'ai malheureusement eu la possibilité de lire ce texte qu'une fois, en prenant mon temps tout de même, mais sans pouvoir le remâcher (comme un morceau de noix de coco, par exemple) pour en extraire lentement toute la saveur.



En cours de lecture, j'ai quand même vérifié le vague souvenir que j'avais de l'Anabase de Xénophon*. Cela m'a aidé à repérer des traces de ce qui pourrait être une épopée dans un désert oriental, une conquête militaire puis sensuelle, une œuvre civilisatrice. Mais j'étais et je suis bien incapable de trouver un sens global, ou même une direction, à l'ensemble de douze textes.



Chanson initiale, chanson finale, dix chapitres numérotés : poèmes en prose ou presque, de lecture un peu difficile, mais très riche, qui m'a souvent rendu heureux malgré l'impression permanente de ne pas tout comprendre, de ne pas remarquer toutes les probables allusions. En lecteur de culture moyenne, j'ai été à la fois saisi par le nouveau et l'ancien : les associations inattendues de mots pour créer des images nouvelles et l'évocation permanente d'autres textes ou d'autres situations appartenant à tout le fond de littérature et d'histoire accumulé par nos ancêtres. Sans beaucoup d'attention au rythme, on repère déjà des refrains, comme les titres des chansons nous y incite, des variations sur ces refrains, des citations reprises du texte. Décidément, il faudrait parcourir bien plus d'une fois ce beau texte, et je pense qu'il pourrait être utile, peut-être avant de lire ces poèmes, certainement avant de les relire, de consulter des analyses : par exemple la page Wikipedia ou https://troisplatanes.net/2017/03/09/saint-john-perse-anabase/. Cette dernière page dit du texte : « Sa netteté vient de l’éviction du sentimental, du pittoresque, du contingent. » : oui mais il y a tout de même du descriptif (ou au moins de l'allusif) et du rêve, d'une beauté qui m'a touché.



*J'ignorais l'existence de l'Anabase d'Arien, histoire de la conquête d'Alexandre le Grand, celle de Celan, et la signification religieuse de ce mot.
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Oiseaux

Découverte sur la pointe des yeux de Saint John Perse avec "Oiseaux", texte que j'ai choisi (j'ai honte) parce qu'il est court, après avoir piteusement abandonné "Amers", faute d'avoir su y capter quelque onde que ce soit.

Rédigé en accompagnement des lithographies d'oiseaux de Georges Braque, ce texte est plus accessible et ouvre de grandes fenêtres sur la majesté, la symbolique et la puissance de l'oiseau, à travers quelques fulgurances qui m'ont touchée.

Apprendre la langue des poètes, si tant est que cela ait un sens, est un chemin qui m'est particulièrement difficile, il me faut développer d'autres sens et ces courts poèmes m'y aident.

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Éloges

La poésie de de Saint John Perse, en particulier ce recueil, est d'un accès complexe de prime abord, de par ces compositions poétiques sibyllines, utilisant la forme du verset, parfois avec une longueur déroutante en se rapprochant de la prose presque classique. Néanmoins, les paragraphes se modulant selon la volonté de l'auteur, ce recueil offre dans sa première partie : éloges, une poésie de la réminiscence de l'enfance du poète, sous les cieux ensoleillés et tropicaux de sa terre natale, la Guadeloupe. Souvenirs égrenés au son d'une prosodie dithyrambique, sur l'amour, la beauté, la nature, la famille, l'art de vivre antillais, terre de douceur, de merveilles, où l'auteur fait revivre un esprit colonial d'antan, mais sans jamais de mépris racial ou social pour ses compatriotes iliens. Au contraire, il exalte dans ses versets une tendresse infinie pour les petites mains qui gravitent et s'occupent de faire vivre cet univers de la bourgeoisie créole, participant au bonheur de ce paradigme idyllique.

La suite du recueil, que ce soit la Gloire des rois, Anabase et Exils, marquent une rupture très nette avec le début de l'œuvre, orientant la poésie de l'auteur vers des horizons de voyages, empreints d'histoires, de lyrisme presque épique, combiné avec une recherche intérieure sur la vocation du poète et son appréhension globale de l'humanité et de l'existence. Dans la dernière partie : exils, l'auteur évoque son départ obligé d'Europe et de la France à cause de la Seconde Guerre mondiale et de ses choix politiques. Douloureux moment, exprimant encore d'une façon de plus en plus quintessenciée, son cheminement personnel compliqué, ce ressenti exacerbé de solitude en tant que poète face au monde et ce besoin impérieux, d'en déchiffrer la signification existentielle et poétique. La poésie de Saint John Perse reste mystérieuse, alambiquée, tellement elle est intime dans son entendement profond, cependant, c'est peut-être pour cette raison, qu'on lui décernera en 1960 le prix Nobel de littérature.
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S'en aller ! S'en aller ! Parole de vivant !

C'est toujours extrêmement difficile de faire une critique sur un ouvrage de poésie puisque celle-ci se veut parfois tellement dans l'abstrait que tout ce que je pourrais vous en dire sera de route façon que subjectif, étant donné que je suis un être pensant, comme vous, mais que nous ne pensons pas de la même manière, donc nous ne ressentons pas les choses de la même manière, et heureusement d'ailleurs. Bref, passé cette petite introduction, j'en viens directement aux faits. J'avoue que j'ai eu assez de mal à m'immerger dans l'univers de Saint-John Perse et j'en suis presque honteuse puisque je sais que la réputation de ce dernier n'est plus à faire mais j'ai parfois eu du mal à le suivre dans ses pérégrinations (j'espère donc que vous excuserez mon ignorance ou encore mon manque de sensibilité à la prose de ce grand poète, cela je ne le conteste pas). Bref, les quelques poèmes qui ont été choisis par Télérama pour être réédités ici sont découpés en deux chants et sont intitulés par un seul et même titre "Vents". Alors, vents destructeurs, vents qui avilissent l'homme mais aussi vents bienfaiteurs puisqu'ils permettent aux différentes Cultures (avec un grand C, non pas la culture agricole) de se rencontrer et aux poètes de pouvoir s'évader. Ainsi, les plus grands textes peuvent traverser les océans mais il en va malheureusement de même pour ce qui est du côté obscur de l'homme.



Voilà en gros ce que j'ai retenu de cette lecture, je suis sûrement passée à côté de beaucoup de choses et c'est la raison pour laquelle je ne peux que vous inviter à venir découvrir ce petit ouvrage par vous-mêmes afin de me faire part de votre ressenti. A découvrir !
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Chronique

Une prose belle et simple, mais incandescente et efficace, caractérise "Chronique", de Saint-John Perse.

Comme souvent avec la poésie en prose, les mots ne sont pas savants, ils sont simples et agréables à lire, et pourtant, grâce à la manière dont sont tournées les phrases, grâce aux figures de style, grâce au talent de Saint-John Perse.

C'est efficace, et ce livre plaira à tous les amateurs de poésie en prose.
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