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Citations de Sarah Chiche (414)


À l’ambition, il avait toujours préféré les mystères des étoiles, le cinéma, les livres anciens.
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Mais ce qui tue, ce n’est pas seulement la douleur morale. Ce qui tue, c’est aussi la condescendance et le mépris de ceux qui pensent que la douleur d’un deuil qui se prolonge relève d’une paresse de la volonté ou d’une faiblesse complaisante.
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Les morts ne sont pas avalés, ni par l'eau ni même par la terre. Ils continuent de marcher parmi les vivants.
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… deux siècles avant que tout cela n’arrive, le peintre Francisco Goya l’avait vu. Il avait tout vu. Il savait ce que nous deviendrions, gravant à l’eau-forte ou propageant à la gouache le grand éventail des grains et des nuances de notre vie actuelle, nos vices, nos abîmes, nos embûches vulgaires, nos rêves extravagants, le dédale de nos sentiments feints, nos postures grotesques sur des tréteaux de foire, nos faux devins, nos bardes de l’irrationalisme fervent, nos pitres ventriloqués par des ogres, nos moines, nos juges, nos censeurs à la petite semaine et notre goût pour la stupidité qui s’exhibe, boursouflée d’elle-même. Nous sommes les personnages d’un tableau où courent les demi-tons de nos actions, les traces de nos repentirs, les lumières et les ombres de nos pensées et dans lequel, suspendus entre nos médiocrités et nos grandeurs, nos presque oui et nos presque non, nous marchons, dormons, rions, rêvons, pleurons. Et qui sait à quelle étreinte, à quelle bataille, à quelle vision nous irons, demain, nous enchevêtrer afin de devenir matière à penser, matière à peindre ? Personne. Mais nous continuerons la quête pour retrouver les palais disparus de l’enfance, inventer d’autres beautés, tisser la nuit avec le jour, nos rêves avec nos actions les plus lucides, retourner avec une tendresse implacable sur ce qui dans nos vies n’a pas eu lieu, attacher nos pas à ceux des autres êtres humains, ceux qui sont venus, ceux qui viendront.
(pp.13-14)
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Un jour, paraît-il, la lumière fut. Mais depuis, qu’elle soit encore n’efface pas ceci : le cul du monde est plein de merde. Et sous le soleil, le sage comme le fou avalent ses vents.
(p.12)
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Le sommeil de la raison engendre des monstres.
Francisco de Goya
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...car peut-être ne vivons-nous tout à fait que quand nous rêvons, parfaitement heureux et parfaitement inertes, contre la personne que nous aimons et avec qui nous venons de faire l’amour, le reste, tout le reste du temps n’étant consacré qu’à tenter de nous fondre dans le troupeau de l’espèce animale humaine, en attendant que la nuit nous avale tous, un par un, et à gesticuler sous les étoiles avec une certaine dignité, certains s’essayant même à « laisser une trace », alors qu’il n’y a aucune différence entre la trace que laisse un lichen arraché du mur et nous, sauf qu’il est un lichen accroché à un mur et que nous nous figurons que les gargouillis de notre âme produisent une certaine harmonie et ont donc une certaine importance, alors que, de toute évidence, nous avons le même destin qu’un lichen qui un jour se met à pousser sur un mur, puis un jour en est arraché. Ce n’est pas vrai que nous nous desséchons en prenant de l’âge. Nous nous détachons simplement de ce qui, pour nous, n’était pas une question de vie ou de mort. Je tente de me rappeler la personne que j’étais avant que l’amour me fasse m’abolir. Je ne m’en souviens plus.
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Je ne me souviens pas de la voix de mon père, de son regard ni même de ce que pouvait bien être l’entendre rire ou partager un bon repas à ses côtés. C’est peut-être la raison pour laquelle j’ai trouvé à loger mon squelette dans le corps des lettres tracées une à une dans des carnets puis dans des livres. Pour donner une représentation aussi imagée que possible de cette forme de vie : mon centre de gravité ne se trouve ni entre mes jambes ni dans ma tête, mais dans l’abîme où je flotte, jusqu’à devenir l’abîme lui-même quand j’écris ou que j’aime – ce qui, chez moi, revient d’ailleurs au même. Cet abîme n’a pas de genre ni de sexe. Je ne me considère pas comme une femme ni comme un homme. Tout au plus suis-je un personnage au sein duquel vivent d’autres personnages, tous parlant entre eux et formant une constellation dont je ne suis pas l’épicentre. J’ai la plus grande répugnance pour mes faiblesses, mais je vis. Je n’ai pas peur d’être seule – on est toujours seul. Je peux rester interminablement seule du moment que j’écris – c’est quand on m’arrache à cette solitude-là que j’ai mal. Mais toute liberté a sa contrepartie, et toute jouissance qui excède une certaine intensité a son prix. Souvent, il n’y a plus de mots pour dire les choses. Tout simplement parce que jamais nos mots ne peuvent dire exactement les pages inscrites en nous et que tenter de peindre la suffocante beauté du monde aboutit nécessairement à une expérience grotesque, comique, imparfaite et ratée. L’enfant du Polaroid a grandi. Je suis assise à mon bureau, cherchant à décrire les châssis d’une fenêtre, la poussière qui danse dans les rais de lumière, les tortillons laissés par une pelure de poire au bord d’une assiette. Mais, tout à coup, tout est blanc. Tout devient aussi blanc qu’un corps recouvert d’un drap dans la chambre d’un hôpital de banlieue. Un jour, le blanc gagnera. C’est comme ça pour vous, pour moi, pour tout le monde. Peu importe l’endroit, un hôpital, le canapé d’une maison de retraite, devant la télévision, dans une forêt ou une chambre. Un jour, on n’arrive plus à accoster sur les rives de sa propre conscience. Le blanc gagne.
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régnait l'inhibition victorienne à l'égard de la sexualité, qu'on imagine facilement au principe des hystéries de la patientèle bourgeoise de Freud
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Sarah Chiche
Mais ce qui tue, ça n'est pas seulement la douleur morale. Ce qui tue, c'est aussi la condescendance et le mépris de ceux qui pensent que la douleur d'un deuil qui se prolonge relève d'une paresse de la volonté ou d'une faiblesse complaisante.
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Toute naissance est la mort naissante d'un idéal : les enfants ne ressembleront jamais trait pour trait à la façon dont leurs parents et leurs grands-parents les ont rêvés. Toute éducation est un échec : les parents et les grands-parents blessent toujours, souvent même sans le vouloir, un enfant.
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Revenir sur ce qui fut le lieu de notre anéantissement n’est pas possible sans se rendre compte avec horreur de l’ampleur de ce à quoi on a survécu.
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On dresse donc des enfants à haïr, à mort. Quand ils sont suffisamment conditionnés à la haine, par une alternance de caresses trompeuses et d’humiliations inavouables, quand leur tête est assez colonisée par des histoires atroces, qui les précèdent et dont ils sont les fruits malades on les lâche dans ce qu’ils prennent à tort pour la liberté mais qui n’est qu’une autre cage, juste plus vaste. Et ils mordent.
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On sait ce qu’est la dévalorisation. Plus perçante est la haine de soi. Elle méduse. On se regarde comme les autres vous regardent, comme un être qui aurait tout pour être libre et heureux, et qui rencontre cette haine féroce de soi, dans laquelle toutes vos pensées se réfugient pour vous faire mourir de l’intérieur.
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Après certaines déflagrations, on n’habite plus jamais vraiment avec soi-même.
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Dans une famille la haine vise toujours, d’une manière ou d’une autre, l’extermination de ses membres les plus vulnérables.
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C’était long l’enfance. Beaucoup trop long. La vraie vie, la grande vie n'arriverait jamais.
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Alors, elle décide qu’elle ne dépendra jamais de rien, ni de personne. Sa mère, elle la sortira de là, et un jour elle lui fera une vie, entièrement nouvelle, une vie riche, une vie heureuse et belle, coûte que coûte, par n’importe quel moyen, - et peut-être entend-elle déjà le son étrange de cette formule dans sa tête, tout l’avenir inconnu qu’elle est en train de changer en une aiguille à percer les cœurs et les âmes par sa beauté.
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Je n’ai jamais bien su pourquoi j’ai survécu à ce dont, d’ordinaire, on ne revient pas.
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Peut-être cette pensée fit-elle monter en lui un sentiment de pitié profonde, non pour lui-même, comme on se rend compte que ce que nous sommes ne suffira jamais et qu’au fond on en sait si peu de l’être avec qui l’on dort, mais pour elle, car elle non plus ne se connaissait pas.
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