Citations de Sarah Koskievic (42)
Une séparation, c'est réapprendre à marcher après une rupture des ligaments croisés. Seule. Sans rééducation, sans barre d'appui, sans kiné, en serrant les dents et en priant pour que demain ça fasse moins mal. ça laisse une sensation douce-amère, comme un goût métallique de bile dans la bouche, et toujours un sentiment d'inachevé.
Je n’avais jamais rencontré une fille comme Hazel. Elle avait dans le fond de son regard un minuscule éclat jaune, qui laissait transparaître sa folie. Elle était de celles qui ne reculent devant rien. Elle ne disait jamais non, trop contente de prouver qu'elle pouvait relever n'importe quel défi. Elle voyait la vie comme une succession de moments chiants et longs, un fléau dont elle voulait désespérément s’échapper sans bien savoir comment faire. Elle vivait sa vie comme une éphéméride. Une journée s’écoulait, elle en arrachait le souvenir et passait à la suivante. Elle avait cette propension à se renouveler tous les matins et à mourir tous les soirs. p. 160
C'est ça être un vieux couple. Limiter les efforts, ne pas avoir peur que l'autre vous voie tel que vous êtes vraiment. Plus besoin de se dissimuler derrière un masque, de prétendre être quelqu'un d'autre. Fini l'esbroufe, nique le strass et les paillettes. Vérité nue, lumière crue.
Le plus dur dans la rupture, ce n'est pas la fin du sentiment amoureux. C'est ce que les comédies romantiques américaines veulent bien nous faire croire. Ce n'est ni le mal d'amour, ni la pensée nostalgique des incroyables baises. La vraie rupture, celle qui reste en travers de la gorge, celle qui prend tellement aux tripes qu'on ne peut même pas pleurer, ce qui la rend insupportable, c'est de ne plus parler à l'autre tous les jours. On se sentirait presque coupable d'avoir rendu l'autre si important dans sa vie, de l'avoir érigé en mur de soutènement.
Comment supporter d'être la cible préférée de la moitié du genre humain ? D'être une simple poupée de chiffon, une fille de rien et tout à la fois, l'objet de l'abject désir. Ils repèrent, il veulent, ils prennent, ils jettent.
Tout n'est que violence.
…Mais avec moi, elle laisse entrevoir son vrai visage. Impétueuse, insolente, irrévérencieuse, profondément dépressive, elle peut enfin déverser le flot d’émotions qu’elle retient depuis toujours.
Lou vivait à fond sa crise de la cinquantaine frôlant parfois la caricature. Son dernier caprice en date était d’avoir détruit son salon à la batte de base-ball. Très feng shui, selon elle. Un matin, elle a fait irruption dans la chambre de son fils, s’est emparée de l’arme du crime et a défoncé l’appartement. Tout y est passé, de la télé à la table basse.
Louise était une nerveuse. Elle avait une opinion sur tout et se trompait rarement. Les gens la pensaient condescendante, elle était tout simplement expérimentée. La légende disait qu’elle avait fait la fermeture du Studio 54, à New York, à grand renfort de LSD. Elle y aurait découvert son amour pour le sequin.
Hazel se détache de moi sans que j'aie le temps d'humer une dernière fois l'odeur de son huile à la vanille, elle s'écroule sur le canapé à la même place qu'avant. J'espère qu'elle a conscience de la fin funeste qui l'attend. Je récupère mes clopes et mes clés et je jette un dernier coup d'œil au bordel dans le salon. Le jour se couche et je contemple les nuages à ses pieds, quand le ciel enfin se tait.
Je n'oser pas dire à Hazel que la fuite ne sert à rien, les problèmes s'invitent dans les valises.
Elle vivait sa vie comme une éphéméride. Une journée s’écoulait, elle en arrachait le souvenir et passait à la suivante. Elle avait cette propension à se renouveler tous les matins et à mourir tous les soirs.
Alors, il chasse ses souvenirs dans l’obscurité d’endroits qu’elle adore, elle dit que la nuit la vie palpite, elle peut s’y éteindre discrètement.
J’ai toujours dit à Jacques que tenir un bistrot ouvert la nuit, c'est un peu comme être sociologue c'est pas parce qu'on sert des tripes et des rognons qu'on peut pas comprendre les gens.
Une plume fine et sensible comme je les aime qui met en lumière les tourments de Hazel et Romain, deux êtres vivant avec leurs tripes le désenchantement de leur époque. Sombre mais jubilatoire !
Comment supporter d'être la cible préférée de la moitié du genre humain? D'erreur une simple poupée de chiffon, une fille de rien et tout à la fois, l'objet de l'abject désir. Ils repèrent, ils veulent, ils prennent, ils jettent.
Tout n'est que violence.
Victoria se passionne pour la littérature. Je ne sais pas quand elle a le temps de lire. Elle l'aime autant que moi et quand elle hurle elle jette des livres autour de la pièce. vole l'amant, vole Bonjour Tristesse, vole Circé, vole passion simple ! La nôtre est compliquée. p119
Il savait reconnaître les damnés des miraculés, les déchus des bienheureux, il voyait en Hazel la fille abîmée qui venait brûler le peu de sacré qui restait en elle.
Bien sûr, j’en gagne plus qu’Hazel, je suis un homme. Quinze pour cent de plus, pour être exact . Elle n’a pas l’air de m’en vouloir.
- Tu ne trouves pas que c'est le meilleur entraînement pour la vie qui nous attend, l'endurance?
C'est con de faire courir des gamins en rond pendant une heure et, en même temps, y a rien de plus logique, quand on y pense. Quand on aura quitté le lycée, ça sera notre quotidien. On va passer de stage en job, de la LMDE à la Sécurité sociale, on devra déclarer nos impôts et, pire, les payer.
On va prendre le métro, pointer au boulot, s'en plaindre, demander une rupture conventionnelle sans l'obtenir avant de démissionner, jouer aux chômeurs, prétendre aimer ce temps pour nous, faire la queue à la pharmacie, se battre contre les pesticides, le glyphosate et toutes les merdes qu'on ingère. Puis, on mourra.
La mort la poursuit, la pauvre chérie, et tôt ou tard, elle l'a rattrapera. Pour le moment, elles jouent à cache-cache mais viendra le moment où l'une libérera l'autre.
Comment supporter d'être la cible préférée, de la moitié du genre humain, D'être une simple poupée de chiffon, une fille de rien du tout, à la fois objet de désir. Ils repèrent, ils veulent, ils prennent, ils jettent. Tout n'est que violence. p46
On rentre quand le soleil se lève et que l’eau se réveille.
Sur le pont des Arts, mon cœur vacille. Entre deux eaux, l’air est si bon. Cet air si pur, je le respire. Nos reflets perchés sur ce pont.