Citations de Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort (195)
Le moment où l'on perd ses illusions, les passions de la jeunesse, laisse souvent des regrets; mais quelques fois on hait le prestige qui nous a trompé. C'est Armide qui brûle et détruit le palais où elle fut enchantée.
La Noblesse, disent les nobles, est un intermédiaire entre le Roi et le Peuple… Oui, comme le chien de chasse est un intermédiaire entre le chasseur et les lièvres.
C’est après l’âge des passions que les grands hommes ont produit leurs chefs-d’œuvre, comme c’est après les éruptions des volcans que la terre est plus fertile.
Ce qui fait le succès de quantité d’ouvrages est le rapport qui se trouve entre la médiocrité des idées de l’Auteur et la médiocrité des idées du Public.
Ce que j’ai appris, je ne le sais plus. Le peu que je sais encore, je l’ai deviné.
La générosité n’est que la pitié des âmes nobles.
Tout est également vain dans les hommes, leurs joies et leurs chagrins. Mais il vaut mieux que la bulle de savon soit d’or ou d’azur, que noire ou grisâtre.
Quand on veut plaire dans le monde, il faut se résoudre à se laisser apprendre beaucoup de choses qu’on sait par des gens qui les ignorent.
Le monde est si méprisable que le peu de gens honnêtes qui s’y trouvent estiment ceux qui le méprisent.
Il faut convenir qu'il est impossible de vivre dans le monde, sans jouer de tems en tems la comédie. Ce qui distingue l'honnête homme du fripon, c'est de ne la jouer que dans les cas forcés, et pour échapper au péril ; au lieu que l'autre va au-devant des occasions.
Chamfort a plus observé le monde que la Société ; plus les effets que les causes de ce qui s'y passe ; et, entre les effets, il a été plus frappé des ridicules, des bizarreries ou des absurdités, que des vices et des désordres ; et entre les ridicules, ceux des manières, du ton, du langage, ne le frappaient pas moins que celui des moeurs, de l'esprit ou du caractère.
Presque tous les hommes sont esclaves, par la raison que les Spartiates donnaient de la servitude des Perses, faute de savoir prononcer la syllabe « non ».
Savoir prononcer ce mot et savoir vivre seul sont les deux seuls moyens de conserver sa liberté et son caractère.
Ce qui se dit dans les cercles, dans les salons, dans les soupers, dans les assemblées publiques, dans les livres, même ceux qui ont pour objet de faire connaître la société, tout cela est faux ou insuffisant. On peut dire sur cela le mot italien per la predica* ou le mot latin ad populum phaleras**. Ce qui est vrai, ce qui est instructif, c'est ce que la conscience d'un honnête homme, qui a beaucoup vu et bien vu, dit à son ami au coin du feu : quelques-unes de ces conversations-là m'ont plus instruit que tous les livres et le commerce ordinaire de la société. C'est qu'elles me mettaient mieux sur la voie, et me faisaient réfléchir davantage.
Les courtisans et ceux qui vivaient des abus monstrueux qui écrasaient la France sont sans cesse à dire qu'on pouvait réformer les abus sans détruire comme on a détruit. Ils auraient bien voulu qu'on nettoyât l'étable d'Augias avec un plumeau.
"La noblesse, disent les nobles, est un intermédiaire entre le roi et le peuple…" Oui, comme le chien de chasse est un intermédiaire entre le chasseur et les lièvres.
On ne juge pas d'une ville par ses égouts et d'une maison par ses latrines.
Le plaisir peut s’appuyer sur l’illusion, mais le bonheur repose sur la vérité.
C'est après l'âge des passions que les grands hommes ont produit leurs chefs-d'œuvre, comme c'est après les éruptions des volcans que la terre est plus fertile.
La plupart des livres d'à présent ont l'air d'avoir été écrit en un jour avec des livres lus la veille.
Il y a deux choses auxquelles il faut se faire, sous peine de trouver la vie insupportable : ce sont les injures du temps et les injures des hommes.