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Citations de Serge Paugam (23)


Avant d'incriminer les plus faibles en les rendant responsables de leur sort, il faudrait poser la question de la place des plus désavantagés dans le système social. Est-ce normal que les moins qualifiés soient aussi les moins protégés en termes de couverture sociale ? Est-ce normal que les enfants des milieux défavorisés soient condamnés à échouer dans le système scolaire sans avoir la chance d'acquérir les bases nécessaires à leur intégration sociale ? Est-ce normal que les moins qualifiés aient moins accès à la formation continue que les plus qualifiés ? La contradiction entre l'égalité formelle des individus et la force des inégalités de la vie économique et sociale ne peut pas être facilement résolue.
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Les bibliothèques ne sont pas des services sociaux et pourtant elles rendent [aux pauvres] des services que l'on pourrait qualifier de sociaux. La différence est que les pauvres peuvent s'y sentir plus libres alors que tout leur rappelle leur condition d'assistés quand ils sollicitent l'aide d'un professionnel du social.
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Le chômage de longue durée, la multiplication des emplois "périphériques", mais aussi l'affaiblissement des liens sociaux ont fait prendre conscience de l'existence de formes nouvelles de pauvreté.
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Le modèle de l'école républicaine postule l'égalité fondamentale des individus, mais instaure entre eux une compétition. Celle-ci est considérée comme juste. Le principe de l'égalité des chances apparaît toutefois peu respecté.
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9. « La "naturalisation" et la "victimisation" de la pauvreté peuvent donc être considérés comme deux pôles opposés dans l'appréhension du phénomène. Entre ces deux extrêmes, il existe comme un continuum de situations autour de ce que l'on peut appeler la "culpabilisation" des pauvres. Certaines sociétés ne se réfèrent pas à un ordre social naturel où les pauvres seraient destinés à occuper des fonctions inférieures, mais n'adhèrent pas non plus pleinement à l'image opposée où ils seraient des victimes pour lesquelles il faudrait se mobiliser collectivement. Les pauvres sont donc appelés à se prendre en charge eux-mêmes en saisissant les opportunités que le système économique et social peut leur procurer et, faute d'y parvenir, ils sont alors jugés incapables, irresponsables ou paresseux. » (p. 262)
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Dans La Situation de la classe laborieuse en Angleterre (1844), Friedrich Engels citait cette lettre publiée dans le Manchester Guardian par une dame de la bourgeoisie : « Depuis quelque temps on rencontre dans les grandes rues de notre ville une foule de mendiants qui, tantôt par leurs vêtements en haillons et leur aspect maladif, tantôt par l’étalage de blessures béantes et d’infirmités repoussantes, cherchent à éveiller la pitié des passants de façon souvent fort impudente et fort offensante. J’incline à croire que lorsqu’on paye non seulement l’impôt pour les pauvres, mais qu’on apporte en outre une généreuse contribution à l’entretien de bienfaisance, on en a assez fait pour avoir le droit d’être enfin à l’abri d’importunités aussi désagréables que cyniques ; et à quoi donc sert l’impôt si lourd que nous payons pour l’entretien de la police municipale, si la protection qu’elle nous accorde ne nous permet pas d’aller tranquillement en ville et d’y revenir ? J’espère que la publication de ces lignes dans votre journal qui jouit d’une grande diffusion, incitera les pouvoirs publics à faire disparaître cette calamité (nuisance). »
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La dimension affective n’est pas la seule dimension qui intervient dans l’attachement. Hirschi intègre aussi la question de la contrainte et du rapport aux règles. Tout d’abord, les parents peuvent superviser plus ou moins fortement leurs enfants, en particulier lorsqu’ils sont à l’extérieur de la maison en leur demandant où ils se rendent et avec qui ils sont en relation. Il s’agit d’un contrôle assez strict qui a pour objectif de leur assurer une protection face aux aléas de la vie. La qualité de l’attachement peut aussi être appréciée au moyen de l’explication par les parents eux-mêmes de la règle qu’ils souhaitent inculquer à leurs enfants, sachant que ces derniers sauront sans doute d’autant plus la respecter qu’ils en comprendront le bien-fondé. Hirschi démontre statistiquement que les enfants dont les parents exercent un contrôle préventif sur leurs relations à l’extérieur de la maison et qui leur expliquent les raisons qui les conduisent à imposer des règles et des contraintes ont une probabilité nettement plus faible de commettre des actes délinquants. Ce résultat est essentiel car il permet non seulement de valider le constat que la contrainte est bien inhérente à l’attachement (ce qui confirme le postulat durkheimien), mais aussi que cette contrainte est assortie de sanctions à la fois formelles et informelles. Ne pas respecter une règle dont les parents se sont employés à expliquer la raison dans le cadre d’une communication intime avec leurs enfants revient à s’exposer à une punition, et, plus encore peut-être, à l’épreuve symbolique d’un désaveu ou d’une rupture, au moins temporaire et partielle, du pacte scellé avec les parents qui garantit l’attachement réciproque. C’est ainsi que l’on retrouve aussi l’argument de Durkheim selon lequel la contrainte peut être désirable car elle garantit à l’individu l’attachement qui le lie aux autres. Ainsi, à la pression externe qu’exercent les parents correspond la contrainte intériorisée par les enfants qui leur assure la conformité aux normes et, par là même, la garantie d’une reconnaissance de leur attachement au groupe familial, mais aussi, par extension, aux différents groupes placés sous la supervision parentale. Il est clair cependant que cette pression externe n’est supportable que si elle n’est pas trop étouffante et surtout si elle s’exerce dans le cadre d’une relation dans laquelle l’enfant trouve auprès de ses parents les explications nécessaires aux normes auxquelles il est appelé à se conformer. En l’absence de ces dernières, il est probable qu’il aura plus de difficultés à les respecter.
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Changer le regard, aller « voir derrière », dévoiler le monde social sont autant d’expressions qui permettent d’identifier le travail sociologique. Dans certains cas, le sociologue peut rencontrer de fortes résistances.
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La signification du concept de méritocratie demeure néanmoins incertaine. Les idéologies qui s'en réclament pâtissent en effet de l’ambiguïté qui est à l'origine même de la notion de mérite, caractérisée par un entremêlement de composantes innées et acquises. Si le "sens de l"effort" et le "goûts du travail" y occupent une place centrale, les "dons naturels" et les "qualités innées" peuvent aussi être valorisées par un système prétendument méritocratique. La frontière séparant les discours relevant de la naturalisation des inégalités de ceux célébrant les vertus du mérite est donc imprécise et labile.
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Genre : issu de l'anglais "gender" et des théories féministes, le genre est un concept qui entretient trois modes de relation avec le concept de sexe.
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Tout le monde est aimable (...) tous les gens qui sont employés, ou à l'accueil, dans tous les espaces : ils se lèchent les babines de te rendre un service.
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Si la mémoire familiale permet de comprendre comment le lien de filiation se constitue et se maintient durablement et, par la même, comment l'attachement à la famille est possible dans la durée, il ne faut pas considérer ce processus comme spécifique de ce type de lien. Les historiens et les ethnologues des sociétés paysannes ont souvent montré que la mémoire familiale, que l'on repère à partir des généalogies et d'événements qui ponctuent la vie des parenthèles, est toujours imbriquées dans, et conjuguée avec, la mémoire collective d'une communauté plus large dont la trace se lit dans des terroirs et des villages.
Dans ce type de sociétés locales, la solidarité s'inscrit avant tout dans la proximité ;'individu qui en est à la fois le pourvoyeur et le récipiendaire et ancré aussi bien dans une lignée familiale que dans une communauté villageoise.
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La famille, en tant que groupe domestique, a une mémoire propre, au même titre que les autres communautés. Ce qui la caractérise avant tout, ce sont les rapports de parenté et des évènements marquants que l'on envisage sous un angle familial. C'est pourquoi la famille se distingue des autres groupe par son caractère relativement clos et par les contacts réguliers entretenus entre ses membres, ce qui permet une connaissance intime, profonde et réciproque de chacun d'eux........Les évènements dont la famille garde le souvenir correspondent a un tableau dont chaque membre conserve une expérience intime, mais qui oblige en même temps les uns et les autres a l'envisager du point de vue du groupe et des rapports de parenté..... ces expériences communes ne peuvent s'exprimer que par des mots, des images et des noms dont le sens est commun et partagé.
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8. « La compassion des uns à l'égard des pauvres apparaît ainsi en tension avec la suspicion que d'autres manifestent vis-à-vis de cette catégorie située au bas de la hiérarchie sociale et jugée paresseuse et profiteuse, voire avec la culpabilisation directe des chômeurs et des assistés. Dans le même pays, ces deux attitudes peuvent cohabiter mais également varier en intensité en fonction notamment de la conjoncture économique, à tel point qu'il est possible d'observer des cycles alternant successivement phases de croissance de la compassion et phases de croissance de la culpabilisation. » (p. 249)
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7. « L'écart de revenus entre les riches et les pauvres est si élevé dans ce pays [le Brésil, mais est-ce utile de le préciser ?] qu'il impose aux premiers de se justifier et de se disculper. Il est frappant de constater que nombre d'interviewés éprouvent intensément ce besoin, un peu comme s'il restait en eux-mêmes un fond de mauvaise conscience que seul un travail d'auto-persuasion argumenté pouvait dissiper. En puisant dans leur biographie personnelle ou familiale, ils relatent des épisodes suggérant le courage, la témérité, la volonté de réussir dont eux-mêmes ou leurs ascendants ont fait preuve au cours de leur vie pour se convaincre qu'ils ne doivent rien à la société et qu'il serait même absurde de penser qu'ils pourraient être, ne fût-ce qu'indirectement, responsables de la misère qui sévit auprès d'eux. Ils en tirent souvent un sentiment de fierté, de gloire personnelle ou familiale, qu'ils ne cherchent pas à dissimuler. Ce qu'ils ont acquis, ils le doivent prétendument avant tout à leur mérite et à la loi de sélection naturelle qui récompense les plus doués et les plus combatifs. L'idée que les pauvres pourraient être victimes d'un système foncièrement inégalitaire et injuste leur est à l'inverse étrangère – du moins les discours n'en portent-ils aucune trace. Certains les considèrent même comme des parasites. » (p. 239)
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6. « Les formes de discrimination des riches envers les pauvres sont rarement évoquées par les premiers de façon directe et systématique comme relevant d'un argumentaire structuré. Elles existent de façon éparse, plus ou moins prononcée selon les lieux et les contextes. Mais elles sont récurrentes et on les retrouve aussi bien à Paris qu'à Delhi ou à São Paulo. Les entretiens recueillis dans les trois métropoles et dans les douze quartiers de notre enquête confirment trois dimensions fondamentales de ce processus qui peuvent, dans certains cas, se renforcer mutuellement : un processus de construction d'une frontière morale, un processus de répulsion physique, un processus de neutralisation de la compassion. » (p. 220)
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5. « Lorsqu'ils [les interviewés parisiens] cèdent à la tentation de la naturalisation [de la pauvreté], ils se cantonnent généralement à la mise en avant de supposés dons génétiques des privilégiés ou, à l'inverse, de tares culturelles (et non biologiques) dont seraient affligés les plus pauvres. Les références à la race sont relativement discrètes dans les discours et, lorsqu'elles émergent, c'est plutôt dans une variante culturelle que biologique. À São Paulo, on retrouve une insistance sur l'importance des supposés dons génétiques et un racisme présent mais souvent dissimulé [on euphémise les mulâtres en désignant les Nordestins] dans les contextes les plus publics. Les personnes interviewées à Delhi se distinguent, elles, par une mobilisation beaucoup plus fréquente de discours visant à naturaliser la pauvreté sur la base de la caste. Elles s'appuient pour cela, d'une part, sur la théorie du karma et, de l'autre, sur l'affirmation de différences culturelles entre les groupes de caste. » (pp. 170-171)
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4. « Dans les trois villes, les personnes que nous avons interviewées ont identifié les lieux, les arrondissements ou les quartiers potentiellement dangereux et avouent ne pas s'y aventurer. En les délimitant de façon spontanée, elles désignent en réalité des populations qui leur apparaissent comme indésirables et dont il convient de se protéger. La figure du migrant se dégage très vite dès qu'il s'agit de nommer les populations dont il faut se méfier ; celle des drogués incontrôlables ou des SDF suscite également de nombreuses appréhensions ; quant aux employés de maison ou aux travailleurs qui leur rendent régulièrement des services, ils font l'objet d'une défiance constante. » (p. 158)
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3. « Selon les métropoles, elle [l'insécurité] apparaît souvent reliée à l'exode rural ou à l'immigration. Faut-il alors considérer que la mondialisation et les phénomènes migratoires liés aux processus d'urbanisation et de modernisation des villes ont réactivé l'image de la "classe dangereuse n'appartenant pas à la ville, suspecte de tous les crimes, de tous les maux, de toutes les violences, non seulement par ses caractères propres, mais par le fait de son origine extérieure à la ville" [Louis Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du XIXe siècle] ?
[…]
Modulée, réactivée et réadaptée en fonction des réalités locales, la question de l'hygiène a ainsi été posée dans chaque métropole en lien avec les besoins des élites de légitimer les inégalités sociales et de justifier leur traduction spatiale. C'est en cela que les représentations que la problématique sanitaire nourrit acquièrent un caractère idéologique. » (pp. 118-119)
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2. « […] l'auto-agrégation résidentielle est généralement motivée par deux logiques principales : d'une part, par un sentiment de partage (avec celles et ceux que l'on perçoit comme ses semblables ou avec d'autres groupes) de certaines représentations, appréciations, valorisations et classifications ; de l'autre, par une approche plus explicitement stratégique de placement et d'accumulation de ressources dans un but de reproduction ou de mobilité sociale. » (p. 70)
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