Prenez une couverture et un titre alléchant, inventez une famille ou les enfants portent des numéros, faites de la publicité pour un fameux sandwich et vous obtenez « un pas-si-grand roman machin-américain »
En tout cas , cette accumulation n’a pas fonctionné pour moi. J’arrête !
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Septième Selzer, un éditeur New-yorkais issu de la communauté Cannibalo-américaine n'a plus revu sa mère depuis plusieurs années. Elle n'a pas apprécié son mariage avec une non-cannibale. Alors quand on le convie à un dîner avec toute la famille, ça a de quoi le surprendre...Mais quand on l'informe qu'elle occupera une place de choix sur la table, il comprend que sa mère est morte. Et que suivant leur coutume son corps doit être mangé par tous ses enfants lors d'un repas de fête.
Un dîner pantagruélique les attend. Pour qu'il y ait un morceau de choix pour chacun, leur mère s'est empâtée en avalant une quantité astronomique de Whoppers, double bacon, supplément fromage, sans salade évidemment. C'est Onclissime, le gardien des traditions de cette communauté anthropophage qui va veiller à ce que toute la famille ingurgite leur maman...tyrannique.
Après sa fameuse Lamentation du prépuce qui racontait son enfance dans une famille juive orthodoxe, Shalom Auslander poursuit ici sa critique sur le fondamentalisme incarnée ici par une communauté d'un tout autre genre...C'est sur le mode de la farce de mauvais goût et de l'humour décapant qu'il a choisi de tabler. Pari réussi. J'ai bien ri des préparatifs du repas, du choix des meilleurs morceaux à manger mais aussi des revendications identitaires tendance wokisme qui virent à l'absurde.
Maman pour le dîner, c'est excellent !
Je remercie Babelio, Masse Critique et Belfond pour ce livre que j'ai dévoré.
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Plutôt déçue alors que je m'attendais à quelque chose de plus drôle. L'ensemble est noyé dans des retours en arrière, des réflexions pseudo-philosophiques, des légendes qui finissent par alourdir le sujet principal, parce que trop bavards. C'est dommage car certaines scènes sont franchement drôles mais, c'est au final, sans mauvais jeu de mots, indigeste.
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman avec comme idée de départ une idée aussi originale : l'auteur met en scène une famille « presque normale ».
Il s'agit d'une famille américaine qui a la particularité d'être cannibale. Le personnage principal s'appelle Septième. Il est le septième fils d'une fratrie de 12. Fratrie qui est quand même composée d'une fille, le 12eme enfant. Quand la mère à la naissance voit que son 12ème enfant est une fille, elle l'appelle Zéro, parce qu'elle « ne vaut rien ». Tout est dit : cette femme est réellement une mère monstrueuse, tyrannique, qui a traumatisé tous ses enfants.
Pour ma part l'auteur a réussi, à partir d'une idée loufoque, à établir la carte d'une famille qui pourrait se retrouver partout : Athée, chrétienne musulmane, juive…
Il y a toute une galerie de personnages qui sont chacun symbolique d'un membre possible d'une famille : Premier, en constante colère, Deuxième qui se convertit au judaïsme, Troisième, le bon fils avec un QI ne dépassant pas celui d'un enfant de six ans, Septième qui a réussi à se sortir de sa famille, il a trouvé une épouse aimante et il a une petite fille de quatre ans, il a d'ailleurs dit à sa femme qu'il était fils unique et que tout sa famille etait disparue. Huitième et Neuvième sont des jumeaux, des garçons mais qui souhaitent se faire « transformer en fille ». Dixième est homosexuel.
Sixième est décédé lorsqu'il avait justement six ans par conséquent le narrateur Septième ressent énormément de culpabilité vis-à-vis de sa famille.
Vu la galerie de personnages, on se dit que ça va être compliqué à suivre et bien pas du tout, c'est à la fois vif et enjoué, également une analyse assez profonde de la société américaine.
La mère au tout début du livre décède, elle est obèse. Dans cette famille de cannibales, la dernière en Amérique, la tradition est de manger le défunt. Il y a tout un rituel autour de cela, toute une liturgie, des préceptes à suivre à la lettre. Préceptes qui sont psalmodiés par Onclissime, l’oncle des douze enfants de Mudd.
Les enfants du monstre mangeront ils leur mère ?
En tout cas ce roman m'a fait à la fois beaucoup rire (d'excellents passages sur Jack Nicholson, sur les disputes entre enfants devenus adultes….) et à la fois trembler d'effroi…
Un roman décapant !
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On connaissait le romancier Salomon Auslander pour avoir été séduit comme tant d'autres lecteurs par ses lamentations du prépuce qui n'était pas un roman, mais un récit autobiographique mordant et percutant de sa vision de la judaïcité.
Contrairement à ce livre , il ne s'agit plus d'une autobiographie mais bien d'une fiction. L’histoire, complétement farfelue, est en effet celle d'un éditeur qui coule des jours heureux à New York avec sa femme et leur fille.
Jusqu'au jour où son frère aîné l'appelle pour lui annoncer la mort de leur mère, qu'il n'a pas revue depuis des années et qu'il doit manger le corps de celle ci selon une tradition ancestrale cannibale dont il est issu
Cette coutume renvoie toute la brutalité d’un peuple envers la société
Alexander opte pour une farce de mauvais goût et un l'humour sacrément décapant mais le coté trop outré de la chose nous a un peu laissé de coté malgré le ton alerte de la plume...
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Maman pour le dîner de Shalom Auslander
Septième fait partie d’une des dernières familles cannibales aux Etats-Unis. C’est une tradition, leurs morts, ils les mangent. Et la tradition, la perpétuation de leur lignée, de leurs rituels, sa mère y est très attachée. D'ailleurs, pour faire son devoir, elle était déterminée à avoir douze enfants. Pas de chichis pour les prénoms, ils porteront leur rang d’arrivée. Tous ont été abreuvés de l’histoire de l’arrivée du premier des leurs aux Etats-Unis.
Seulement tous les enfants, quasiment, ont pris la fuite à 18 ans.
Septième n’a pas parlé à sa mère ni à ses frères ou à sa sœur depuis des années quand il reçoit un appel lui annonçant qu’à l’approche de sa mort, leur mère s’est mise à manger une centaine de wraps par jour. C’est à contrecœur qu’il retrouve tout le monde chez sa mère. Leur mère meurt, lègue chaque partie de son corps à un de ses enfants. D’ailleurs le détail des raisons de la partie de son corps qu’elle leur lègue est hilarant. Après la mort, commencent les processus de purge et de consommation…. un vrai régal.
Bien sûr, il faut aussi la faire cuire… autre aventure. Et durant tout cela, frères et sœur s'interrogent sur leur identité, ces rites dont ils se sont éloignés et le tiraillement avec la promesse faite à leur mère et le mode de vie qu’ils ont choisi.
La première partie m’a beaucoup plue avec cet ancrage dans une Amérique gourmande de l’identification par genre, religion, origines. J’ai beaucoup aimé la part accordée à la transmission, l’héritage, la survie d’un peuple. La description de cette mère tyrannique, raciste, manipulatrice voire perverse avec ses enfants est effarante. La dernière partie est à la hauteur, hilarante, complètement irréelle avec un point final avec cuisson, assaisonnement et dégustation.
C’est hallucinant mais derrière tout cela, une satire de la société américaine, du poids des traditions, des promesses faites aux parents.
Le tout est désopilant et déjanté.
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Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions Belfond qui mont permis de découvrir ce livre dans le cadre d'une masse critique.
J'avais découvert cet auteur avec "La lamentation du prépuce" qui m'avait beaucoup plu à l'époque pour son humour d'autant plus qu'il y avait un côté autobiographique qui rendait le récit encore plus intéressant, notamment quand on aborde la religion et ses contraintes parfois extrêmes.
Cette fois-ci l'auteur nous livre un roman qui décontenance. Une famille cannibale dont la matriarche décède et qu'il faut donc manger selon la tradition (au cours d'une fête, bien sur). Mais peut-on échapper à cette tradition et ne pas faire ce festin ? Critique de la famille, du poids des traditions, de la culture... finalement l'auteur reste dans ses thèmes de prédilection car sous les traits d'une comédie loufoque les références philosophiques sont là, les images sont fortes.
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Je remercie avant tout les Editions Belfond et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce livre.
J'avoue que j'aime bien ne pas me renseigner sur le livre et me contenter de faire confiance à l'auteur dont je connais le style et dont j'ai beaucoup apprécié La lamentation du prépuce.
J'ai trouvé Maman pour le dîner très déjanté et loufoque au début. Mais je me suis ennuyée jusqu’au bout, probablement parce que je m’attendais à une meilleure fin.
La famille Seltzer Can-Am (cannibale américaine) de 13 enfants vient de perdre sa toute puissante mère.
La tradition Can-Am impose à la mort d’un parent sa [dévoration]. Cette mère abusive, aimante à sa façon, xénophobe au possible, s’est empiffrée en prévision du repas traditionnel de ses fils. Chaque garçon - chacun étant nommé par ordre de venue au monde : Premier, Deuxième, etc (hormis la fille (vu qu’elle ne compte pas, elle s’appellera Zéro) - devra [manger une partie du corps de ] sa mère…
La famille est complètement disloquée, l’un des fils s’est converti au Judaïsme, deux ont assumé leur homosexualité, tous ont quitté le domicile familial hormis un qui est handicapé. Mais si les garçons refusent d’honorer cette tradition funeste, ils ne pourront pas hériter de la maison de leur mère.
J’avoue avoir été dégoutée par la description [détaillée du partage maternel] par le fameux Onclissime, pourtant, j’ai lu jusqu’au bout avec l’espoir d’être surprise, voire, soulagée d’un dénouement espéré.
J’ai l’impression que l’auteur a écrit une forme de règlement de comptes vis-à-vis de son éducation. C’est comme s’il avait transposé la rigueur de son éducation Juive orthodoxe vers celle de cette famille Can-Am. Ce qui ressort, c’est l’emprise et l’empreinte indélébile de l’éducation familiale sur les enfants, la loyauté coûte que coûte envers la tradition, au-delà du vivant.
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Vous connaissez peut être la transsubstantiation (mot qui n'est pas facile à placer au scrabble) : c'est la conversion d'une substance en une autre. Pour les chrétiens, c'est le vin qui incarne le sang du Christ et l'ostie qui incarne le corps du Christ. De là à dire que les chrétiens sont cannibales ou vampire ...
Shalom Auslander nous fait pénétrer dans une famille réjouissante où les enfants s'appellent premier, deuxième, troisième, tous mâles .... jusqu'à Zéro qui est une fille. Ils font partie de la fière tribu des can-am à savoir cannibale américain, tribu pas piquée des vers où à la différence de la psychanalyse où l'on doit tuer le père et forniquer avec sa mère (symboliquement, ouf !), ici, il se faut manger le membre de la famille qui décède selon un rituel qui fait honneur à la boucherie/charcuterie. Septième, qui bosse dans l'édition, a que de nombreux membres de sa famille, fuit celle-ci, mais la mère (Mudd, j'ai fait le lien avec la boue en anglais et d'une certaine façon le limon originel dont nous sommes issus) décède (après s'être transformée en montagne de graisse, histoire de pourrir encore plus la vie de ses enfants après sa mort). Les frangins et la soeur se retrouvent dans la maison familiale et doivent ... trancher sur le sujet.
Voici un roman insolent, pas bien élevé, tendre et caustique, de l'auteur de "Les lamentations du prépuce" entre autres. J'ai vraiment beaucoup apprécié ce texte, qui m'a fait rire et pleurer, moi qui vient de perdre mon père, 2 ans après ma mère, moi qui ait enterré mes parents simplement sans passage à l'église, dans le cadre d'une cérémonie civile. Auslander ne lâche rien, il renâcle sur les règles, les obstacles, revient, négocie. Il s'interroge et trouver Michel de Montaigne dans un roman américain, ce n'est pas si courant pour y trouver beaucoup de plaisir.
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Cette fois-ci, bien après « La Lamentation du prépuce », Auslander semble en avoir terminé avec Dieu. Car Dieu s'est laïcisé. Mais c'est pire. Auslander n'a plus besoin de vomir son désespoir d'être né dans une famille de Juifs orthodoxes: le monde, dont l'Amérique toute entière, succombe à la grande religion moderne: l'identité. Non, pardon: Identité. Majuscule.
Certes, ce n'est pas d'aujourd'hui que chacun tape sur l'autre au nom de son origine. Après tout, le racisme n'est qu'un des noms de l'instinct de survie: le zèbre n'a pas intérêt à croire que zèbres et lions sont égaux, « quelle que soit [sa] prétendue ouverture d'esprit ». Or, aujourd'hui, non seulement chacun ne songe toujours qu'à trucider son voisin, « les Noirs, les Asiatiques, les Latinos, les Blancs, les Indiens, les Allemands, les Sumériens, les Macédoniens, les Cananéens, les Hittites, les Babyloniens, les homosexuels, les travestis, les mecs cuir, les premiers, les derniers, les véganes, les hippies, les chrétiens, les catholiques, les juifs, les musulmans, les baptistes, les jaïns, les manichéens, les ashuristes, les païens et les athées » mais l'universalisme a du plomb dans l'aile. L'intégration n'est qu'une idéologie rance, prônée d'ailleurs par Henry Ford qui, en plus d'inventer la Ford T et l'américan way of life, était un grand copain d'Hitler. Désormais, donc, ce n'est plus le raciste qui exalte les différences pour mieux retrancher l' « autre » de la race humaine, mais le libéral bon teint soucieux de valoriser les minorités: respect pour le « Latino-Sri-Lankano-Américano-non-genré-alcoolico-aveugle » à ne surtout pas confondre avec le « Libano-Érythréo-Américano-non-genré-albinos ».
Face à tous ces gens arc-boutés sur leurs spécificités identitaires, Auslander décide de de ne pas faire dans la demi-mesure: son héros est un Can-Am, soit un Cannibale-Américain, dont le peuple a toujours été ostracisé et qu'on empêche de se livrer aux rites de sa communauté, fondements de sa culture. Et pourquoi qu'on n'aurait pas le droit de bouffer maman?
Auslander a lu Levi-Strauss et sa définition de la barbarie; il sait que ce grand intellectuel s'inquiétait d'un écrasement des cultures et, même s'il feint de le confondre avec une marque de jeans, il reprend ses arguments -mais à sa sauce: en atteignant des sommets dans le mauvais goût, à faire passer la liste des torche-culs chez Rabelais pour le dernier degré du raffinement.
« Les mères ont un goût infect.
Elles sont débectantes de la tête aux pieds. [..] Grillées, sous vide, déshydratées, séchées, aucun traitement n'y changera quoi que ce soit. Même l'odeur est pestilentielle, jetez une mère sur la grille d'un barbecue et vous aurez l'impression que quelqu'un brûle des pneus, ce qui, pour peu qu'on l'accompagne d'un soupçon d'aïoli, serait sans doute meilleur. »
Mais, malgré son outrance, le roman paraphrase la célèbre démonstration de l'anthropologue: la famille cannibale est d'abord décrite comme un ramassis de tarés, décalque parfait de la famille juive orthodoxe bien connue de l'auteur (thèse adverse). Puis (contre-argumentation), au fur et à mesure que les préparatifs du repas (soit les ⅔ du roman) se déroulent, le héros comprend la valeur religieuse d'une telle cérémonie et s'en fait l'ardent défenseur.
Oui, bon, la démonstration est quand même sacrément torpillée par l'énormité du sujet: maman est obèse, la suspendre la tête en bas, l'éviscérer, la débiter, la cuire (barbecue au gaz ou au charbon?) est une épopée gore, et je vous fais grâce (moi, mais pas l'auteur) de la consommation. On n'est plus dans le symbolique, là, mais bien dans l'organique.
Je peux donc spoiler la fin: la religion, avec ou sans Dieu, est bien un ramassis « de conneries hors-d'âge ». Et toute recherche identitaire est moins une émancipation qu'un boulet à se traîner.
Mais les religions ont leurs livres sacrés et Auslander est désormais romancier. Il renvoie les premiers à leur origine mythique, à leurs variations dues à leur caractère oral, aux multiples interprétations qui peuvent en être faites. Et il proteste contre la littérature actuelle, assise sur des recettes, et qui est lue par des lecteurs borgnes qui ne savent la comprendre qu'en fonction de leurs préjugés en ignorant tout de la polysémie.
Or c'est beaucoup pour un seul livre. Même si l'hommage d'Auslander à « Monty » (Michel de Montaigne dans le texte) me touche, j'aurais préféré que le héros ne soit pas éditeur, que la farce énorme ne soit pas parasitée par l'évocation de problèmes éditoriaux. J'aurais également voulu que la pâte romanesque ne soit pas sans cesse traversée de discours qui font parfois de ce livre une autobiographie bis.
Mais si vous aimez la littérature à l'estomac, et les tripes bien accrochées, que vous n'avez rien contre un blasphème bien saignant et que les repas dominicaux en famille vous pèsent, il n'est pas impossible que ce roman vous fasse glousser.
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Beaucoup de second degré dans ce roman qui a des allures d'ethnologie et qui est une belle leçon sur les besoins de fonder une culture et de ne pas se dépêtrer des traditions abhorrées.
L'auteur évoque Mikhaïl Bakhtine et Montaigne et cela ne suffit pas pour lui pardonner l'excentricité de sa loufoquerie, mais rassure sur l'opportunité de trouver de bons passages dans cette histoire très typée et peu typique.
Liberté nous est donnée de nous moquer de cette catégorie de personnes, tout en se disant que nous avons tous quelques penchants vers des défauts à fierté mal placée.
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