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Citations de Shalom Auslander (176)


Ma relation avec Dieu avait évolué. J'étais désormais las de Son chantage permanent aux mauvaises notes spirituelles et je me disais qu'il devait l'être aussi, fatigué de cette fastidieuse et perfide équation du péché et de la pénitence. Je m'étais mis à parler avec lui comme s'Il avait... existé pour de vrai, disons. Peut-être était-ce le résultat de toutes ces années de remords et de peur, ou de Rabbi Goldfinger m'informant dans ma prime jeunesse que j'étais comme un de nos ancêtres sa préparant à un voyage plein de périls ? Est-ce qu'Abraham n'avait pas marchandé avec Lui - ne Lui avait-il pas botté le train, pour être précis ? Et Moïse, chargé nommément par Dieu de conduire l'Exode, ne Lui avait-il pas dit de choisir quelqu'un d'autre ? Tous ces prédécesseurs avaient argumenté, polémiqué, questionné. Moi, je rouspétais, je Lui donnais des noms d'oiseaux, je Lui faisais des doigts d'honneur. J'étais sans doute moins attaché aux formes que mes ancêtres, plus révolté qu'eux, mais ceux-ci me semblaient avoir manifesté plus de respect que les croyants que je voyais autour de moi, avec leurs supplications et leur obséquiosité. (P 159)
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Désormais, chacun de ses actes, réalisés ou projetés, devait être soupesé en fonction de l'équation récompense / punition. Quand il se sentait trop fatigué pour accomplir la prière du matin, il pensait à toutes les rétributions qui le combleraient dans le monde à venir s'il arrivait seulement à se sortir du lit. Il évaluait la tentation éphémère d'un double cheese-burger avec bacon à l'aune de la félicité d'une paix et d'un amour éternels. Il mettait en balance la perspective d'une érection dans une cabine du Peep Show et l'espoir de prendre place parmi les ancêtres bénis au jardin d'Eden, la couronne de la béatitude sans fin sur le crane.
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Ses rabbins lui avaient affirmé que celui qui se masturbe ira en enfer, où ils vous font bouillir dans une marmite remplie de tout le sperme que vous avez répandu en vain au cours de votre vie. Il s'est demandé si les rabbins pouvaient avoir raison. Il s'est demandé à quel point elle était remplie sa marmite. Revenu sur son lit, il a ajouté quelques giclées à son chaudron bouillant personnel puis s'est habillé pour aller à la shoul.
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Au moins, à l’époque, ils vous tuaient honnêtement, disait-elle, d'un coup de couteau à la gorge ou d'un coup d'épée dans le ventre. Ici, en Amérique, on vous découpe morceau par morceau : on change votre nom, on interdit vos traditions, on vous rabaisse à la télé jusqu'à ce qu'il ne reste plus d'un héritage vieux de plusieurs milliers d'années qu'un poste de télévision et un Levi’s.
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Jonas était un enfant extrêmement intelligent, ce qui ne faisait qu'exacerber le sentiment de culpabilité de Kugel pour l'avoir mis au monde. C'était déjà criminel,d'avoir condamné un nouvel être à vivre, mais la vie était une peine que les imbéciles purgeaient plus facilement.
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(...) ma femme et moi avons appris qu'elle était enceinte de notre premier enfant, et je suis arrêté à un feu rouge. Ce gosse n'a pas la moindre chance. C'est une mauvaise blague. Je Le connais, ce Dieu-là. Je sais comment Il procède. Il y aura une fausse couche, ou bien le bébé va mourir pendant l'accouchement, ou bien ma femme va mourir pendant l'accouchement, ou bien ils mourront tous les deux pendant l'accouchement, ou bien ils ne mourront ni l'un ni l'autre et je me croirai épargné mais en rentrant de la maternité notre voiture sera percutée de plein fouet par un automobiliste ivre et ma femme et mon enfant mourront ensuite aux urgences, à quelques mètres de la chambre où nous nous étions trouvés quelques minutes plus tôt, rempli de bonheur, de vie et d'espoir.
Dieu tout craché !
(p. 11)
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Mais ils sont épouvantables, a t'il dit à Rosenbloom.
- Tous?
- Oui, tous.
-Il faut publier quelque chose, a insisté Rosenbloom.
- Pourquoi ?
- Parce qu'on est éditeurs.
- C'est fâcheux, a dit septième.
- Qu'en penses-tu du Croato-Américain ? Je le trouve prometteur.
- Quel Croato-Américain ?
- Le Croato-Americano-lesbiano-pro-avortement.
Septième a haussé les épaules.
Il n'est pas différent du christiano-Américano-toxico-autiste.
- Tu parles du christiano-Américano-toxico-autiste hémophile ?
- Non, a répondu septième. Du christiano -Américano-toxico-autiste-diabétique.
- De type un ou deux ?
- Les deux.
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Quand j'étais jeune, on m'a raconté qu'après ma mort, à mon arrivée au Ciel, les anges me conduiraient à un immense musée rempli de tableaux que je n'aurais jamais vus de mon vivant, des tableaux créés par tous les spermatozoïdes artistiques que j'aurais gaspillés dans ma vie. Puis les anges me feraient entrer dans une grande bibliothèque remplie de livres que je n'aurais jamais lus, écrits par tous les spermatozoïdes littéraires que j'aurais gaspillés dans ma vie. Ensuite, les anges m'emmèneraient dans une vaste maison de prières où se presseraient des centaines de milliers de juifs en train de prier et d'étudier, juifs qui seraient venus au monde si je ne les avais pas tués, gaspillés, épongés avec une chaussette sale au cours de ma répugnante et inutile existence. (Une éjaculation contient environ cinquante millions de spermatozoïdes. A peu près neuf Holocaustes à chaque branlette. Lorsqu'on m'a dit ça, je venais d'atteindre la puberté - ou la puberté venait de m'atteindre -, de sorte que je commettais en moyenne trois ou quatre génocides par jour). On m'a prévenu qu'après ma mort, une fois arrivé au Ciel, on me ferait bouillir vivant dans une marmite géante qui contiendrait tout le sperme que j'aurais gaspillé en vain pendant ma vie. On m'a signalé que les âmes de tous les spermatozoïdes que j'aurais gaspillés me poursuivraient à travers le firmament jusqu'à la fin des temps. (p. 13-14)
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page 220 [...] Baba n'est pas morte cette nuit-là, ni ce mois-là. Peut-être que Dieu avait oublié de regarder Son courrier. Ou qu'Il n'était pas mauvais à ce point.
Alors qu'il ne restait que deux mois avant mon retour à New-York, la prédiction de mes amis s'est accomplie : j'ai retourné ma veste.
Je me suis acheté un chapeau noir et j'ai laissé pousser mes rouflaquettes. Je me suis mis à passer toutes mes journées en salle d'étude. J'ai été transféré au niveau supérieur de cours de Talmud, où j'ai été accueilli tel un fils prodigue par l'enseignant le plus respecté de l'école.
J'étais las de me battre contre Lui. Cela ne menait nulle part et je n'avais pas envie de retourner à la maison. Alors, je me suis enveloppé dans la chaude et rassurante couverture de la foi inconditionnelle. C'était bon. Agréable. Rassurant. Il avait le contrôle de l'horizontale, Il avait le contrôle de la verticale : il me suffisait de jouer correctement ma balle et tout irait bien. [...]
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Bree ne partageait pas l'enthousiasme de Kugel à l'égard de tous ces comprimés et décoctions aux prix exorbitants. Cet enfant, avait-elle déclaré, allait avoir la pisse la plus coûteuse de toute la côte nord-est des Etats-Unis.
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Charlie Brown dit :
- La haine, c'est quelque chose sur quoi tout le monde peut s'entendre.
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Ma famille et moi, on est comme l'eau et le feu. Dans l'hypothèse où le feu serait capable de flanquer une déprime monumentale à l'eau et lui donner envie de mettre fin à ses jours. (...) Lorsque [Mary] est venue chez nous la première fois, je l'ai prévenue :
- Nous ne parlons pas à nos parents respectifs, [ma femme] et moi.
- C'est triste.
- Pas autant que lorsqu'on leur parle.
(p. 148)
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Vivez votre vie, débarrassé des chapitres précédents. Le vôtre est un récit aussi grandiose et magnifique que n'importe quelle épopée courant sur plusieurs millénaires vous ayant précédé.
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C'était mon échappatoire, la piscine : un rectangle d'eau froide, azurée, et libre de rabbins, avec deux autres bassins plus petits à chaque bout. Ici, il était possible de se relaxer, d'enlever ses tsitsit, de coincer sa calotte dans ses tongs et d'oublier Dieu un moment. (...) et les enfants ultra-orthodoxes restaient chez eux. La natation leur était interdite, sauf si les garçons et les filles étaient séparés, mais aller à la piscine municipale constituait l'une des rares occasions où mes parents privilégiaient les plaisirs de ce monde, et non les récompenses éternelles de celui à venir.
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(...) nous nous sommes assis sur les balançoires désertes pour fumer un joint (...). Les Sages disent que l'on a le droit de violer le Shabbat seulement dans le but de sauver une vie juive ; comme j'attendais encore que mon nouveau traitement antidépresseur commence à produire ses effets, je me suis dit que Dieu ne me tiendrait pas rigueur pour quelques taffes thérapeutiques par un matin de Shabbat. (p. 264)
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Ceux qui m'ont élevé diront que je ne suis pas religieux. Ils se trompent : je ne suis pas pratiquant mais je reste douloureusement, fatalement, incurablement, pathétiquement religieux. Et ces derniers temps, j'ai constaté avec une stupéfaction désolée que de plus en plus de gens d'un bout à l'autre de la planète se trouvent des dieux, chacun plus sanguinaire et haineux que le précédent, alors que je continue à tout faire pour me débarrasser du mien. Et que j'échoue lamentablement.
Je crois en Dieu. C'est un gros problème, chez moi.
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Pour le Peuple du Livre, les mots, qui sont la matière première des bouquins, ont du poids. Et des conséquences. Au commencement était le Mot. Et le Mot était le nom du Seigneur, et juste après ils ont inventé le deuxième mot, qui était "saint" et servait à décrire le premier Mot, lequel est devenu entre-temps indicible, imprononçable, même s'il n'y avait encore que deux mots en tout et pour tout, et si cela revenait donc à supprimer la moitié du langage. Mais bientôt sont apparus les mots "interdit", "ne devra pas", "lapider", "tuer", et encore bien d'autres qu'il fallait dire dans le cas où le Mot avait été prononcé, mots de repentance, de contrition et de promesse qu'on ne recommencerait plus jamais à invoquer le Mot en vain, au Mot ne plaise.
Ils ont un sacré poids, les mots.
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Et c’est là qu’Orli a téléphoné.
— Quels examens ? ai-je bredouillé. Qui t’a dit quoi, qu’est-ce que tu entends par… Quels examens ?
Il s’agissait d’une analyse d’alpha-fœtoprotéine qui, combinée à un contrôle des enzymes et hormones, permet d’évaluer les risques d’avoir un bébé victime du syndrome de Down. L’infirmière avait téléphoné le matin, juste après mon départ, pour lui apprendre que dans le cas du nôtre le risque était de un sur vingt. Normalement, c’est un sur deux cent soixante-dix.
Orli pleurait. Moi, j’ai dit :
— Je ne comprends pas.
Quelqu’un peut-il vraiment exercer un tel boulot ? Se lever le matin, se brosser les dents, choisir parmi deux cents sortes de cafés et passer sa journée au téléphone à annoncer aux gens que leur enfant à naître va être trisomique ? Comme ça, par téléphone ? Quel genre de job pourri est-ce là ? Comment se qualifie-t-on pour un travail pareil ? En arrachant ses pattes à une araignée, une par une, avant de la laisser tomber dans une tasse ? « Excellent ! Nous avons particulièrement apprécié votre idée de lui laisser la dernière patte à gauche pour qu’elle garde encore l’illusion qu’elle pourrait s’en sortir. Bon, vous pouvez commencer lundi ? »
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En ce temps-là, le monde était un espace sombre et déprimant. Il y avait des gens partout. La plupart des gens tenaient la plupart des autres gens pour moins que des gens. Tous voulaient que les autres dégagent de leur pays vite fait.
[...]
Il y avait cependant deux points dont ils étaient tous convaincus, quelle que soit leur croyance : un, ce en quoi ils croyaient était incroyablement juste; deux, ce en quoi croyaient les autres était incroyablement faux.
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[Il] se souvient du coup de fil qu'il avait passé au docteur Isaacson le soir de la naissance de leur fille, Reese, perclus d'angoisse et taraudé par le doute quant à ses capacités de père.
« Que fait un bon père, Docteur ? (...) Dites-le moi, s'il vous plaît. Je n'en ai aucune idée.
- Vous aimez votre fille de façon inconditionnelle pour ce qu'elle est et non ce que vous aimeriez qu'elle soit », avait répondu le docteur Isaacson.
« Ça me paraît trop facile.
- Alors comment se fait-il que si peu de gens en soient capables ? » avait demandé le docteur Isaacson.
(p. 30)
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