Citations de Sherman Alexie (199)
« Chaque ancien qui meurt, c’est une partie de notre passé qui s’en va, disait-elle. Et c’est d’autant plus triste que nous ne savons pas si nous avons un avenir. »
Page 189
Notre premier match était contre le lycée de Wellpinit.
Ouaip.
On aurait dit du Shakespeare.
- Ne me quitte pas, m'a-t-elle dit. Ne me quitte jamais.
Elle craquait. Mais comment lui en vouloir ? Elle avait perdu sa mère et sa fille en à peine quelques mois. Comment guérit-on d'une chose pareille ? Comment même aller mieux ? Je savais que ma mère était désormais brisée, et qu'elle serait toujours brisée.
- Ne bois jamais m'a-t-elle dit.
Elle m' a giflé. Une, deux, trois fois. Elle m' a giflé FORT.
- Promets-moi de ne jamais boire.
- D'accord, d'accord je te promets.
Incroyable. ma sœur se tuait par l'alcool et c'était moi qui me prenait des baffes.
page 253
Quand on perd un parent, à n'importe quel âge, je crois que cela fait aussi mal qu'à cinq ans, vous savez ? Je crois que tous autant que nous sommes, nous avons toujours cinq ans en présence ou en l'absence de nos parents.
page 194
Ça l'a attristée un petit moment, puis elle s'est rendue compte qu'elle s'était tellement amusée qu'une photo de la soirée était complètement superflue. Une photo, ce ne serait jamais qu'un souvenir minable.
page 156
Ce que j’attendais avec le plus d’impatience, c’était le premier cours de géométrie. Eh ouais, je dois reconnaître que les triangles isocèles me donnent carrément des poussées d’hormones.
-Qu'est-ce qui vous fait rire? m'a demandé Mrs Jeremy
-Avant, je croyais que le monde se divisait en tribus, lui ai-je répondu. En noir et blanc. En indien et blanc. Mais je sais à présent que ce n'est pas vrai. Le monde n'est divisé qu'en deux tribus: ceux qui sont des enfoirés et ceux qui n'en sont pas.
J'ai regardé vers les Redskins de Wellpinit,vers Rowdy.
Je savais que deux ou troi de ces Indiens n'avaient peut-être pas pris de petit déjeuner ce matin là.
Rien à manger à la maison.
Je savais que sept ou huit de ces Idiens vivaient avec des parents alcooliques.
je savais que l'un de ces Indiens avait un père qui dealait du crack et du meth.
Je savais que deux de ces Indiens avait un père en prison.
Je savait qu'aucun d'entre eux n'irait en fac. Pas un seul.
Et quele père de Rowdy allait sans doute lui mettre une raclée pour avoir perdu ce match.
J'ai eu soudain envie de m'excuser auprès de Rowdy, de tous les Spokanes.
J'ai eu soudain honte d'avoir tellement voulu me venger d'eux.
J'ai eu soudain honte de ma colère, de ma rage et de ma douleur.
J'ai sauté des épaules de mes coéquipiers blanx et j'ai foncé au vestiaire. J'ai couru aux toilettes et j'ai vomi.
Ensuite, j'ai pleuré comme un bébé.
L'entraineur et l'équipe croyaient que je pleurais des larmes de joie.
Mais non.
Je pleurais des larmes de honte.
Je pleurais parce-que j'avais brisé le coeur de mon meilleur ami.
Je pensais que si à l'école tu ne t'habillais pas comme les autres, tu pourrais lancer une mode, dit-il.Ce serait original.
-Mais enfin, papa, je suis au lycée.On se fait casser la figure quand on est original."
Les mortels ont toujours défié les dieux.
"Franchement, m'a-t-il dit,vous avez un cerveau superbe.
-Merci", ai-je dit.C'était le plus étrange compliment qu'on m'ait jamais adressé.
Adolf.Difficile d'oublier un nom pareil.
Il avait les pattes ramenées sous son ventre, la tête inclinée selon un angle triste.Triste? Oui, triste.Car qui est plus seul que le cafard sans sa tribu?