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Critiques de Sigrid Nunez (95)
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L'ami

Au décès par suicide de son ami et mentor, la narratrice, écrivain et professeur de littérature dans une université américaine, hérite d’Apollon, encombrant Danois de la taille d’un poney.





L’histoire du chien n’est qu’un prétexte à une réflexion autofictive sur le deuil et le suicide, sur l’amitié, sur la littérature et le métier d’écrivain. Véritable animal thérapeutique, Apollon sera celui qui favorisera l’introspection de l’auteur et lui permettra de surmonter sa douleur.





Le récit est érudit, riche en références littéraires sur l’acte d’écriture et le suicide chez les écrivains, que tout concourt dans ce livre à présenter comme les prêtres maudits d’un sacerdoce solitaire et épuisant, la plupart du temps sans contrepartie probante. D’où le désarroi de Sigrid Nunez, face à ce que la littérature devient de nos jours, et aux motivations, plus mercantiles et narcissiques qu’intellectuelles, de ses étudiants.





Mélancolique au possible, assez longtemps obscur jusqu’à ce que la nature du propos finisse par devenir plus limpide, ce long monologue a bien failli me perdre avant le quart. Heureusement, les sourires déclenchés par Apollon et la profondeur de l’écriture m’ont aidée à persévérer tout au long d’une lecture achevée la gorge serrée et les larmes aux yeux.





Ce cheminement sans aucun doute salvateur pour l’auteur s’est avéré pour moi une lecture sombre et déprimante, que j’ai achevée avec soulagement malgré son érudition et ses grandes qualités intellectuelles.


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L'ami

La narratrice est écrivaine et professeure de littérature dans une fac new-yorkaise. Son mentor et ami de toujours vient de mourir inopinément, en lui léguant Apollon, un immense dogue allemand. Au choc du décès s'ajoute le devoir de s'occuper désormais de ce chien énorme, dans un appartement minuscule où, en principe, les animaux ne sont pas autorisés. En plus de son propre chagrin, la narratrice doit donc faire face aux menaces d'expulsion de son propriétaire, et à la souffrance d'Apollon, déboussolé par la disparition soudaine de son maître, qu'il ne comprend pas. Pendant que ses amis s'inquiètent de son obsession pour son nouveau compagnon, la narratrice parvient à établir un contact, une connivence, avec Apollon et à le sortir de son abattement.

Ecrit à la deuxième personne, cette élégie pour un ami décédé explore les thèmes du deuil et de son dépassement, du suicide et des raisons qui y poussent, et de la création littéraire. Mais le sujet principal de ce roman, c'est évidemment l'amitié, celle qui existe entre les humains, et celle entre les humains et leurs animaux domestiques. Au point qu'au final, on se demande qui est, en réalité, "l'ami" du titre...

Terriblement mélancolique, ce texte est écrit avec élégance, justesse, intelligence, et beaucoup de coeur. Serait-ce là les composantes d'une amitié entre un humain et un livre ?

En partenariat avec les Editions Stock via Netgalley.

#Lami #NetGalleyFrance
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L'ami

Voilà un roman choisi un peu par hasard sur les rayonnages de ma médiathèque et un auteur jamais lu. Je ne regrette pas mon choix. Le hasard, parfois…

La narratrice enseigne la littérature dans une université de New-York, elle est écrivaine. Son meilleur ami, écrivain mais aussi son ancien professeur de littérature, meurt brutalement. Très déprimée par cette disparition soudaine, elle va continuer à s’adresser à lui, lui racontant son quotidien et revenant sur leurs souvenirs communs. La troisième épouse de l’écrivain, embarrassée par le chien du défunt, le lui confie. Et voilà notre professeure chargée d’un danois immense et vieillissant. Les difficultés commencent car le bail de son appartement lui interdit d’avoir un chien. Apollon, tel est son nom, est, de plus, dépressif depuis la mort de son maitre. Il est perturbé par les changements dans sa vie et de plus en plus indifférent. Les deux personnages, chien et narratrice, vont s’épauler l’un l’autre pour surmonter leur deuil et leur tristesse.

Ce roman est aussi un prétexte à nous raconter des histoires d’animaux domestiques et des rapports avec leur maitre comme celle, étonnante, de la chienne Tulip et de J.R. Ackerley, écrivain britannique.

Il y a parfois des anecdotes assez drôles qui m’ont rappelé l’humour de John Fante dans « Mon chien stupide ». Cela reste tout de même un roman sur l’attachement et le deuil.

La narratrice nous parle aussi de ses rapports avec ses étudiants, il est question d’écriture et de littérature. Les anecdotes concernant les étudiants sont parfois drôles, un brin mordantes, mais, dès qu’on aborde les sujets littéraires et le monde des écrivains new-yorkais, cela peut devenir très érudit et ce n’est pas ce que j’ai préféré dans le roman.

J’ai beaucoup aimé le personnage de la narratrice, ses rapports avec Apollon, et cette douce mélancolie qui plane sur le roman. L’autrice a beaucoup de tendresse pour ses personnages.

L’histoire est plus profonde que ne le laisse envisager le thème et l’écriture est subtile et sobre.







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Et nos yeux doivent accueillir l'aurore

1968. Georgette et Ann entrent à l'université. La première vient d'une petite ville miteuse de l'Etat de New York et est soulagée d'enfin échapper à son milieu étriqué, fait de précarité et de violence. La seconde vient de l'autre extrémité du spectre sociologique, issue d'une famille riche et bourgeoise du Connecticut. Georgette et Ann n'étaient donc a priori pas faites pour se rencontrer et encore moins devenir amies. Mais Ann, qui depuis des années rejette en bloc son milieu « sudiste et esclavagiste », son luxe et ses privilèges, a demandé à partager une chambre avec une étudiante issue d'un milieu modeste.

Au début, Georgette n'a que faire de la sollicitude et de la bonté de sa colocataire, qu'elle prend pour de la condescendance, et dont elle a du mal à croire qu'elle est sincère et désintéressée. Consternée par le romantisme de la vision d'Ann sur les classes défavorisées et discriminées, elle finira cependant par se laisser apprivoiser peu à peu, jusqu'à ce que les deux deviennent des amies inséparables.

Cette amitié ne fera pourtant pas long feu. Après une violente dispute, leurs chemins se séparent, jusqu'en 1976, où Ann est arrêtée, puis condamnée, pour le meurtre d'un policier. Georgette cherche alors à renouer le contact, à tendre la main à celle qui l'a marquée bien plus qu'elle ne l'avait imaginé.

Au travers de la relation d'amitié chaotique entre Georgette et Ann, c'est l'histoire récente des USA qui nous est racontée : du vent de liberté apporté par les années 60 au puritanisme des années 90 en passant par Woodstock, les hippies, les mouvements pour les droits civiques, les Black Panthers et le Weatherman, l'apparition du sida. Georgette, narratrice, nous montre le contraste entre une époque de libertés et d'expériences en tous genres (sexe, drogues), de luttes et de convictions, et celle qui, à peine deux ou trois décennies plus tard, apparaît tout aussi précaire mais beaucoup plus dure, étriquée, dangereuse. Avec cette question paradoxale : pourquoi, comment est-on passé de l'une à l'autre ? Pourquoi, comment, les jeunes hippies d'hier ont-ils fermé ces horizons pour leurs enfants ?

Portrait d'une époque, le roman est aussi le portrait d'Ann, radicale, fanatique, entière, sans compromis, poussant ses convictions à l'extrême, fidèle à ses idéaux quitte à briser quelques vies (dont celles de ses proches) et quitte à paraître égoïste et illégitime dans ses combats.

Portrait également de Georgette, évidemment, puisqu'elle est narratrice, mais un portrait presque en creux, tant elle apparaît conventionnelle, ordinaire, effacée face à la personnalité si forte d'Ann.

La chronologie du roman est éclatée, avec de nombreux flashbacks, mais l'auteure en maîtrise brillamment la construction de bout en bout. le roman est dense, foisonnant de références que je n'avais pas toujours, mais cela ne nuit pas au plaisir de lecture. Parce que c'est aussi un roman intelligent, nostalgique, émouvant et captivant, qui donne à réfléchir sur la légitimité de l'appropriation culturelle et sociale (telle celle d'Ann qui s'engage dans des luttes qui ne sont pas celles de son riche milieu WASP), et sur les conséquences concrètes d'un idéalisme lorsqu'il est porté jusqu'au bout.



En partenariat avec le Livre de Poche via NetGalley.

#Etnosyeuxdoiventaccueillirlaurore #NetGalleyFrance
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L'ami

Voilà un livre qui traînait dans ma PAL depuis 2 ans et que j'avais acheté suite à l'avis enthousiaste de la bloggeuse @cathulu.



Je ne sais pas pour vous, mais il y a certaines personnes dont je suis les conseils littéraires les yeux fermés et @cathulu en fait partie, alors lorsqu'elle juge qu'un livre a sa place sur l'étagère des indispensables... je cours l'acheter !



Et moi ? Qu'est-ce que j'ai pensé de ce livre ?



Je l'ai adoré (c'est même un coup de coeur et j'ai eu raison de faire confiance à @cathulu) mais c'est un livre qui peut dérouter, voir rebuter, les personnes qui aiment lire des histoires plutôt traditionnelles.



Sur la page de titre, L'ami est qualifié de roman mais ce n'est pas un roman dans le sens classique du terme. On ne sait jamais si c'est de "la fiction comme autobiographie" ou de "l'autobiographie comme fiction" (P 240). Sigrid Nunez fait un pied de nez aux convenances et s'octroie la liberté de faire ce qu'elle veut en sautant du coq à l'âne entre les sujets qu'elle traite et la forme :



"Pendant les questions du public, quelqu'un lui demande pourquoi son livre, dont la forme est largement non conventionnelle, porte le nom de roman, sa réponse : C'est un roman parce que je dis que c'est un roman." (P 145)



L'ami traite du travail de l'écrivain, du rapport entre l'auteur et son lectorat, du changement des mentalités sur ce que l'on peut lire ou écrire, de la relation entre les étudiants et leur "mentor", du deuil, de l'amitié, de nos liens aux animaux de compagnie, ...



C'est un livre qui m'a "parlé" et où je me suis reconnue dans la relation avec mon chien. Mais pas seulement ! J'adore quand un auteur considère que je suis intelligente et qu'il peut prendre la liberté de ne pas tout simplifier.



Donc, pour reprendre l'expression de @cathulu : Et zou sur l’étagère des indispensables !



L'ami de Sigrid Nunez

Traduit par Mathilde Bach

GF : Éditions Stock

Poche :  Le Livre de Poche



En lien, l'avis de @cathulu mais vous pouvez également retrouver ses avis sur Babelio :

http://www.cathulu.com/tag/sigrid+nunez
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L'ami

Oh,mon ami,mon ami !



L'ami,c'est celui qui nous porte,nous transporte,nous révèle à nous même. Dans ce roman aux multiples tiroirs,c'est la relation à l'autre,en l'occurrence un animal démesuré,qui est explorée.Leur façon d'être,de nous accompagner dans cette existence terrestre.Mais pas que.

En décrivant le quotidien avec ce grand chien,en citant des auteurs,en parlant de son métier d'écrivain et de professeur de littérature, Sigrid Nunez,esprit brillant, accroche des petits wagons au train de l'amour inconditionnel.

J'ai trouvé cet ouvrage fort intelligent par sa narration.On est dans la tête de l'autrice,on saute du coq à l'âne au gré de ses pensées, de ses souvenirs, de ses émotions. Le temps passe vite, comme dans la vie...et la fin,inéluctable, est déchirante.

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L'ami

C'est un véritable ovni, ce roman mais il m'a plu dans l'ensemble. On pense connaître le thème de ce livre mais ce n'est qu'un détail finalement.

Un écrivain célèbre et professeur d'écriture vient de se suicider. C'était, sans doute le meilleur ami de la narratrice. Il a été marié trois fois et c'est sa troisième femme qui lui demande de prendre son chien. La narratrice bien que proche du défunt en tombe à la renverse. Non seulement elle ne connaît pas Apollon, un grand Danois de quatre-vingt kilos, mais en plus dans un petit studio à New York ou les chiens sont interdits. En hommage à son ami, elle le récupère. ..

L'auteure, nous parle du chien mais pas que...

La littérature, le deuil, l'amitié sont les thèmes complémentaires.

Ce que j'ai noté également : aucun des personnages n'a de prénom sauf le chien...

C'est un joli roman foutraque dans la thématique mais très bien écrit.
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Sempre Susan

J'avais coché ce livre,curieuse après avoir vu un article sur Susan Sontag.Bonne pioche.Alors merci à la masse critique Babelio et aux éditions Globe pour cet envoi.

Je serais bien restée un peu plus dans les souvenirs de Sigrid Nunez et sa façon de raconter cette femme,icône de l'Amérique des années1970. Ses réflexions, son portrait au plus près de celle qu'elle a connue,avec qui elle a vécu (elle a été la petite amie de son fils).

On sent que cette rencontre a marqué sa vie et a fortement influencé son parcours d'écrivaine bien que (et sûrement parceque) ces deux femmes sont foncièrement différentes.

Je pense que Susan Sontag ne devait pas être facile à vivre,sa personnalité écrasante pouvait la rendre par moments insupportable (et inoubliable).

Car elle était singulière, libre,audacieuse et éclatante.Mais elle était aussi snob,égoïste, grincheuse, incroyablement intrusive et abusive avec son fils unique.

Cette femme a bousculé tous les codes,c'est ce qui la rend si exceptionnelle je trouve.Comme tous les esprits brillants,elle était souvent déçue par la réalité des choses.

Kristen Stewart va incarner Susan Sontag prochainement au cinéma dans un biopic.
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L'ami

Quel drôle de livre décousu !



La narratrice, au suicide incompréhensible de son ami, "hérite" d'un doux géant dont personne ne veut : un danois arlequin. Malgré son petit appartement et son bail qui lui en interdit la possession, elle accepte donc, par loyauté amicale, de s'occuper d'Apollon, chien vieillissant et dépressif depuis cette séparation d'avec son humain d'attachement.

Mais si cet incipit nous promet une cohabitation drolatique et une relation qui se construit entre apprivoisement et tendresse, ce postulat de départ est surtout un prétexte à brasser une diversité de sujets allant du deuil à la relation humain-animal, de la littérature à des réflexions philosophiques... et tout ceci sans fil conducteur. La narratrice - ou devrais-je dire l'auteure - rapporte une discussion, un souvenir, une citation,... pour s'exprimer sur ces thématiques. On perd donc régulièrement notre si attachant Apollon dont on aimerait pourtant avoir plus de détails ou à tout le moins, que tout ceci s'intègre plus harmonieusement dans une véritable narration.



C'est un livre doux-amer (n'y cherchez pas de l'humour tel qu'on pourrait s'y attendre avec un tel chien dans un univers minuscule, qui plus est avec une adoptante habituée des chats autrement miniatures et délicats) qui me laisse donc un peu désappointée, mais auquel je donne tout de même 3 étoiles en raison de réflexions que j'ai trouvé intéressantes qui s'y trouvent ci et là.
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L'ami

L'ami Sigrid Nunez Stock août 2019

#Lami #NetGalleyFrance

Une femme, écrivaine, pleure le suicide d'un ami, de son mentor. Il a laissé un chien, elle accepte de le prendre avec elle alors que son bailleur interdit formellement les chiens dans les appartements. Et voilà Apollon installé , un géant peu démonstratif mais c'était le chien de son ami alors...

L'éditeur précise dans sa présentation "Magnifique exploration de l’amitié, du deuil, de la littérature et du lien qui nous unit aux animaux, L’Ami est un texte unique en son genre." Mais voilà ce texte tellement unique en son genre n'était pas fait pour moi! Quelques beaux passages, une plume de qualité n'auront pas suffi à m'apporter le plaisir attendu. Soyons clairs, je me suis perdue, les phrases s'enchainaient et je n'y comprenais rien. Sigrid Nunez est une intellectuelle qui m'a semblé écrire pour des intellectuels donc pas pour moi ...

Un grand merci aux éditions Stock pour ce partage .

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Quel est donc ton tourment ?

Comment ferions-nous à sa place ? D'abord, accepterions-nous ? Notre narratrice est invitée par une de ses amies à l'accompagner en vacance, le but étant qu'un jour ladite amie choisisse l'euthanasie, étant en phase terminale d'un cancer. Sur ce prétexte qui donne à réfléchir (déjà ), notre autrice aborde de nombreux sujets contemporains, l'écologie en prime. Ça fait plaisir de lire une autrice qui est cultivée, d'une part, et sait le partager, d'autre part ; et, dont les réflexions ne laissent pas indifférent. Roman parmi ceux à lire indubitablement.
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Et nos yeux doivent accueillir l'aurore

Voici mon retour de lecture sur Et nos yeux doivent accueillir l'aurore de Sigrid Nunez.

New-York, 1968.

Pour Georgette George, la narratrice, l’entrée à l’Université est une véritable libération, presqu’un soulagement. Elle laisse derrière elle une petite ville ravagée par la crise économique, une mère envahissante, des hommes violents et une famille désunie.

Sur le campus, sa colocataire, Ann Drayton, vient d’un tout autre horizon. Dès son plus jeune âge, elle a connu le luxe, les cours d’équitation, les voyages en Europe.

Toutes deux rejettent leur milieu d’origine, leurs parents.

Ann rejette même son vrai prénom (Dooley qu’elle juge trop « sudiste » et « esclavagiste ») et son pays : « nous voulons que l’Amérique regarde ses crimes en face » explique-t-elle avec rage.

Après des débuts compliqués, c’est le début d’une amitié passionnée, placée sous le signe d’une influence mutuelle..

Et nos yeux doivent accueillir l'aurore est un roman dans lequel j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans.

Il m'a fallut un peu de temps pour apprécier pleinement Georgette George, la narratrice. Et, honnêtement, j'ai suivi ses pensées, son histoire, avec un certain détachement. Il est difficile de s'attacher à elle. Son ton m'a parfois surpris, elle m'a paru assez froide.

Malgré ce petit détail, j'ai apprécié ma lecture car nous avons ici un roman dense.

Au travers de l'amitié entre Georgette et Ann, nous découvrons surtout l'histoire récente des Etats-Unis.

Les deux filles ont vécues des moments intenses : les années Hippie, les mouvements pour les droits civiques, l'apparition du Sida, pour n'évoquer que ça :)

Plus que cette amitié qui ne durera pas si longtemps que ça, j'ai aimé redécouvrir les moments forts de l'histoire des Etats-Unis.

Les pages se sont tournées toutes seules, l'histoire est bien ficelée et les personnages travaillés. Les flash back sont bien emmenés, à aucun moment je ne me suis perdue.

J'ai apprécié ma lecture dans l'ensemble, je recommande Et nos yeux doivent accueillir l'aurore que je note quatre étoiles.

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Sempre Susan

Avec Sempre Susan, souvenirs sur Sontag, Sigrid Nunez nous fait entendre la voix rebelle et militante de Susan Sontag, essayiste et romancière américaine de la fin des années 1950.

Par un portrait attachant de Susan Sontag, femme dont le tempérament énergique est peu enclin à se conformer aux règles et aussi par une réflexion sur le métier d’écrivain et l’union parfois manquée entre l’écrivain et le lecteur une fois l’ouvrage achevé.

Comment être artiste du rêve plus que critique ?

Un récit pour une vie dont l’héroïne Susan Sontag disparue en 2004 a fortement influencé la trajectoire personnelle et professionnelle de l’auteure dans la manière d’appréhender le monde et l’acte d’écrire.

Un vibrant hommage !
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L'ami

Ce qui m'a attirée, c'est la couverture.

Ah, ce grand, cet immense chien vautré/plié/calé dans ce fauteuil… irrésistible !

Et le titre, L'ami, irrésistible aussi.



Mais de qui va parler Sigrid Nunez, de cet ami qui s'est suicidé et de l'absence insupportable qu'il laisse dans sa vie, ou de l'encombrant chien danois qu'il avait adopté et qu'elle va prendre avec elle dans son minuscule appartement new-yorkais, dont le bail interdit formellement les chiens ?



Eh bien mais les deux, mon capitaine.



Elle s'adresse directement à son ami, lui parle forcément du chien Apollon.



Et ça donne de beaux passages à propos de l'amitié entre cette auteure et enseignante et son mentor auteur et enseignant, toutes ces choses que savent les amis mais pas forcément les autres, et tout ce qu'ils croient savoir mais en quoi ils se trompent aussi.

Quelques extraits relatifs au chien sont assez touchants également.



Mais bon, le schéma reste très très conventionnel et frôle souvent la caricature, qu'il s'agisse du portrait de son ami et de leurs relations, de leurs angoisses d'écrivains, de leur lassitude d'enseignants (ils enseignent tous deux l'écriture à l'université, et là je lève les yeux au ciel…), ou des remarques qu'elle entend quand elle promène ce très grand chien qui-n'a-rien-à-faire-dans-une-grande-ville et de son inquiétude quand elle voit que le chien ne se fait pas de copain au parc pour chiens (là, je lève encore les yeux au ciel et je pousse un gros soupir...).



Avec ça, pour rester dans la simplicité, c'est truffé de citations, à croire qu'il est impossible à la narratrice d'avoir une opinion ou d'éprouver quoi que ce soit qui ne se réfère à tel roman, philosophe, auteur, film…



Bref, on assiste à une discussion à bâtons rompus, on saute du coq à l'âne, on passe d'un sujet à l'autre, avec une certaine platitude qui m'a laissée complètement en dehors de la conversation, et loin de la perte ressentie par la narratrice, sauf…

sauf dans les cinq derniers mots du texte…



Je suis déçue, le sujet me semblait en or, et ce chien, là, cet immense danois blanc tacheté de noir dans son fauteuil, vautré/plié/calé, me laissait espérer autre chose.

Dommage.

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L'ami

Rien en apparence ne pouvait lier le destin de la narratrice, écrivaine et professeure à l’université, et celui d'Apollon, grand danois vieillissant et bien trop encombrant pour son minuscule appartement new-yorkais, où d'ailleurs les chiens sont interdits.

Et pourtant, quand l’épouse numéro trois de son meilleur ami récemment décédé lui demande instamment de recueillir le chien de la taille d'un poney, la narratrice accepte.

Commence alors une cohabitation d'abord chaotique, où on se demande si le chien ne va pas prendre le dessus sur sa bienfaitrice, puis plus harmonieuse. Relation durant laquelle l'écrivaine revient en profondeur sur les liens compliqués avec celui qui fut son mentor, fugitivement son amant , et sur la douleur qu'elle ressent à la suite de ce deuil.

L'ami c'est à la fois celui qui est décédé ,mais aussi l'animal qui va lui permettre de poser des mots sur sa douleur et avec lequel va s'établir une amitié profonde.

La narratrice réfléchit aussi sur les fonctions de l'écriture et sur les modifications profondes qu'entraîne cette relation entre Apollon et elle, qui l'aide à accepter le manque car "Ce qui nous manque-ce que nous avons perdu, ce que nous pleurons-, n'est-ce pas au fond ce qui nous fait tels que nous sommes vraiment ?".

La fin est déchirante et , toute en retenue , m'a fait venir les lames aux yeux.

Un récit bouleversant qui analyse ,sans sensiblerie, mais avec beaucoup de justesse, les liens qui nous unissent aux animaux, aux autres humains et permet aussi de réfléchir aux renoncements nécessaires quand le bout du chemin approche. Un grand coup de cœur.



Et zou sur l’étagère des indispensables
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Quel est donc ton tourment ?

Je flotte en refermant ce livre à nul autre pareil. Je suis déconcerté.

Qu'ai-je lu ?

Une chronique d'événements disparates, un bout à bout de ruptures temporelles, prétextes à des digressions nous éloignant du sujet véritable : l'amitié féminine, la fin de vie programmée, le temps couru, le déni écologique, que sais-je encore...

Qu'importe la classification de ce texte résolument littéraire, décourageant parfois, toujours prenant au point de relire et relire ce que l'on a survolé, en ayant l'impression d'avoir loupé quelque chose d'essentiel. Les mots me manquent pour exprimer ce que Sigrid Nunez m'a fait.

Les deux amies n'ont pas de nom, pas d'âge. Elle passent du je au elle dans la même phrase, aux prises avec leur leurs souvenirs et le recul sur ce qui a été et n'a pas été. Elles ne sont pas vraiment gaies, pas complétement tristes, assez impuissantes face à la vie, naissance en vue d'une fin certaine. Entre les deux, un océan de sensations, d'émotions, de regrets, d'actes. L'écriture épouse une voix unique alors qu'elles racontent tant d'histoires, brassent tant de thèmes, qui nous touchent toujours - un peu, beaucoup, peut-être - d'une tonalité grave teintée d'humour ténu.



Quel voyage incroyable !

Quatre étoiles !

Vaut l'effort de lecture,

fort d'avoir été remué

par je ne sais quoi, vous l'aurez compris.
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Quel est donc ton tourment ?

Une femme se rend auprès d’une amie d’enfance atteinte d’un cancer incurable. Après quelques mois de répit, la maladie reprend de plus belle. Devant les souffrances à venir, l’amie fait une demande inhabituelle à la narratrice : pourrait-elle l’accompagner dans ses derniers moments qu’elle souhaite abréger en mettant fin à ses jours ?

Le livre ne se résume pas à ce compagnonnage de fin de vie même si celui-ci occupe une place importante du roman et en illustre pleinement le titre. Par petites touches, sous forme de digressions, d’anecdotes ou de souvenirs, Sigrid Nunez aborde les problématiques de notre société de consommation : la solitude, la peur de vieillir, surtout pour les femmes qui se sentent devenir invisibles dès l’apparition des premières rides ; la peur de la souffrance et de la mort qui sont l’envers d’un hédonisme largement médiatisé par tous nos écrans et laisse chacun seul face à son tourment lorsque tombent les masques. Avec ironie et humour, elle pointe du doigt les contradictions et les aveuglements de ses contemporains plongés dans leur marasme existentiel, tout en portant un regard plein de bienveillance sur eux. Quel est ton tourment ? En choisissant ce titre extrait d’une citation empruntée à la philosophe Simone Weil et placée en épigraphe de la première partie, Sigrid Nunez définit d’emblée son propos qui qui prend corps tout au long du roman : prendre le temps de s’intéresser à l’autre, lui prêter une oreille attentive, au risque d’être dérangé, bousculé parfois.

Et par cette question salvatrice, offrir à notre prochain la possibilité d’échapper, temporairement, à son tourment.

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Et nos yeux doivent accueillir l'aurore

Je remercie #NetGalleyFrance et Le Livre de Poche pour la lecture de #Etnosyeuxdoiventaccueillirlaurore.



Georgette George, la narratrice, nous raconte ses années d'étudiante (1968), sa rencontre avec Ann (Dooley), sa colocataire de Barnnard à contre-courant, et la fugue de sa sœur, Solange. Ann sort de la vie de Georgette ; Solange y revient (1972). Puis Ann refait son apparition dans les journaux, suite à son arrestation. Entre temps, la vie de Georgette a bien changé : une carrière en pointillé dans les médias, deux enfants de deux maris différents, un divorce et un veuvage. C'est cette femme adulte et mature qui nous raconte son histoire, celle de sa sœur de sang, Solange, et de sa sœur de cœur, Ann. Voici les portraits de trois femmes, des années 1965 aux années 1990, racontées par Georgette, qui fait office de "femme normale" comparée à la revendicative Ann et à Solange, plutôt "dérangée"...



Sigrid Nunez nous plonge dans trois décennies d'Histoire américaine, de 1970 à 1990. Elle décrit des temps révolus, pourtant pas si lointains. Certaines révolutions techniques et culturelles sont passées par là et ont bouleversé tant de choses ! Tandis que d'autres révolutions, technologiques et sociétales ne sont pas encore nées, ou n'en sont qu'à leurs prémisses (informatique, égalité, numérique, inclusivité...). Au début du roman, les écoles de filles sont encore légions et la pilule n'a pas encore affranchit les femmes des aiguilles...



Le style est agréable, travaillé sans être lourd, le vocabulaire est précis. J'ai aimé la mise en exergue de certaines phrases, répétées comme des sentences, en guise de leitmotiv plus ou moins passagers. L'autrice mêle des extraits de lettres, d'entretiens ou d'autres livres (fictifs) pour enrichir la narration, que ce soit au niveau des intrigues ou du style. La construction n'est pas tout à fait chronologique : la narratrice fait souvent référence au passé ou au futur par rapport à l'époque relatée. Loin d'être gênants, ces allers-retours temporels mettent en perspectives les événements. Des chapitres plutôt longs, scindées en sous-chapitres sans aucun titre (un peu dommage), découpent de façon très logique cette longue histoire morcelée.



Voici quelques uns des thèmes que j'ai trouvés intéressants dans ce roman de souvenirs autour de l'amitié, de la famille et des différences : féminisme, militantisme, hippie, anti-racisme, drogues, inégalités, "sex, drug and rock'n roll". D'autant que ces sujets sont traités de façon originale et décalée. le point de vue d'Ann, la jeune fille de bonne famille, riche, trop empathique, se confronte à celui de Georgette, issue d'un milieu très défavorisé qui cherche à s'élever socialement, et enfin à celui de Solange, la fugueuse junkie bipolaire qui a décidé de "vivre à fond"... le tout saupoudré de nombreuses références, souvent intelligentes, toujours documentées.



Malgré les grandes qualités de l'ouvrage, les thèmes intéressants et le style fluide, je n'ai pas "accroché" et ne me suis pas attachées aux personnages... Peut-être est-ce à cause des dispersions et autres digressions parfois un peu décousues ? Ou à cause des longueurs de certaines scènes (particulièrement un épisode de trip entre sœurs ou le récit carcéral de fin d'ouvrage) ? J'ai été un peu déçue par l'ensemble, que j'ai trouvé finalement un peu fade et ennuyeux. Sans doute en attendais-je trop ? Il n'en reste pas moins que le livre est suffisamment bon pour être terminé, ce qui explique ma note "à la moyenne". Suis-je passé à côté de l'essence de ce roman ?



#Etnosyeuxdoiventaccueillirlaurore #NetGalleyFrance
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Et nos yeux doivent accueillir l'aurore

Une page de l'histoire des jeunes américains des années soixante avec ses grandes causes, la fin de la guerre du Vietnam, les Black Panthers et les droits des noirs, le mouvement hippie, son rêve de liberté et ses intransigeances, la découverte des drogues, Woodstock, et puis l'age adulte, l'assagissement et les désillusions. Le climat, aux effluves un peu nostalgiques, contribue au charme de ce livre, bourré de références, construit autour de la vie de la narratrice, et surtout sur celle de son amie Ann, femme à la fois intelligente, rebelle, intransigeante et sans compromis envers elle même, dévouée à l’extrême à sa cause jusqu'à trouver plaisir à sa vie en prison au service de ses codétenues. Cette époque contraste avec la dureté, et le peu de rêves de celle d'aujourd'hui, qu'ont construit ces anciens jeunes pour leurs enfants. Une atmosphère dans laquelle je me suis plongé avec beaucoup de plaisir.
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L'ami

« Avoir ton chien avec moi, c’est comme avoir un peu de toi tout près de moi. »

Une écrivaine et professeure hérite, un peu contre son gré, de la garde du grand chien danois de son meilleur ami qui s’est donné la mort. Dans son petit appartement new-yorkais, elle brave les interdits et s’amourache de ce chien prénommé Apollon, frisant même l’expulsion par le propriétaire de l’immeuble. « Qui somme-nous, Apollon et moi, si ce n’est deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant et s’inclinant l’une devant l’autre? »

Un drôle de roman parcouru de citations jetées à la volée et dont la narration s’avère parfois totalement décousue et embrouillée. On y parle beaucoup des écrivains, de leur processus d’écriture, de leur inspiration et aussi de la nouvelle censure exercée par les étudiants et les étudiantes des cours et des ateliers de littérature. La dernière portion du récit est la plus intéressante et la plus consistante, renvoyant les premières pages aux oubliettes. Ceci dit, le roman saura plaire assurément aux amis des chiens, dont je ne fais pas partie.

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Adieu Paul, maudit mardi 30 avril 2024

Certains esprits chagrins m'avaient mis en garde, le titre de ce roman disaient-ils constitue le déclenchement d'un compte à rebours dont nous connaissons tous l'issue ...???....

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