Citations de Silvana Gandolfi (38)
C'est étrange : quand on regarde une personne familière qui ne se sait pas observée, on voit émerger un inconnu.
"Tu ne trouves pas que c'est une aventure fantastique, Ilaria ? Nous, on est les gentils et on doit échapper aux méchants Russes et sauver notre mère. Tu sais bien que les gentils gagnent toujours, n'est-ce pas ?"
Contrairement à ce que j'espérais, ma sœur n'est pas réceptive à ma fougue. Elle pleurniche doucement, tête baissée. Elle veut sa maman. C'est tout.
Les désirs que l'on nie sont les plus violents.
«Ce sont tous des hommes et des femmes qui ont été assassinés parce qu’ils combattaient la Mafia, Santino.
-Et pourquoi a-t-on mis leur nom sur ces marches ?
-Pour se souvenir d’eux. Il ne faut jamais oublier ceux qui ont sacrifié leur vie afin d’apporter la paix dans cette île maltraitée. Le faire équivaudrait à les tuer une seconde fois.»
Il parlait [.......] de ces mafieux qui "éteignaient" des vies humaines avec la même désinvolture qu'une cigarette ou le moteur d'une voiture. J'ai éteint Untel, disaient-ils : je l'ai tué. Et ils avaient l'audace de justifier leur comportement en prétendant protéger les citoyens, l’État n'en étant pas capable. Ils se vantaient d'être des "hommes d'honneur".
Autant dire qu'ils se prenaient pour l’État.
Un État assassin.
Mais la réalité est tout autre : les mafieux étaient les ennemis de l’État.
"Les enfants sont comme des roseaux, Santino : ils ploient sous le vent, mais quand celui-ci cesse de souffler, ils se redressent. Leur souplesse leur permet de s'adapter aux situations difficiles sans trop subir de dégâts. Ils sont plus flexibles que les adultes.
J'ai l'impression d'être un vase qui fuit : l'orgueil, la dignité, le courage coulent par toutes mes fissures. Seule demeure la terreur. Une terreur qui me dévore, qui m'aveugle.
Vous autres Occidentaux ne savez pas vous taire [...] Mais ce n'est pas votre faute. Vous n'avez pas appris à accepter votre destin, votre karma.
"Le monde d'aujourd'hui a besoin de gens qui
éprouvent de l'amour et luttent pour la vie avec
au moins la même intensité que d'autres se
battent pour la destruction et la mort."
Gandhi
Citation d'ouverture
Un matin, d'humeur batailleuse, Francesco lui expliqua également pourquoi les témoins et le victimes ayant survécu n'osaient en général pas parler.
"Ce silence collectif se nomme "l'omertà", Santino. Il fait partie de la culture sicilienne. Nous en héritons de génération en génération ; dès l'âge où on apprend à marcher, on sait qu'il ne faut jamais évoquer ces affaires. Les yeux ne voient rien, les oreilles n'entendent rien. Si on parle, on est un infâme. Toi aussi, tu connais ce mot, je parie."
Santino sursauta. Le juge poursuivit avec chaleur :
"L'omertà naît surtout de la peur : la peur d'être tué par la Mafia, la peur de voir son magasin incendié, la peur pour sa famille. C'est compréhensible."
Quelque chose m’empêchait de distinguer les p des q et les d des b. De quel côté fallait-il mettre la queue de la lettre ?
D'énervement, j'en déchirais ma page. Ou alors je remplaçais toutes ces lettres par des h. J'aimais bien le h.
"Au fait, est ce que tu trouves que je me fais bien comprendre quand je parle d'oisiveté? Ou bien à sa parution, y aura t-il des adultes pour interdire ce livre à leurs enfants, en prétextant qu'il ne faut jamais rester à ne rien faire et que l'oisiveté est mère de tous les vices; que qui ne fait rien n'a rien et que, même dans Pinocchio, il est dit que c'est une très vilaine habitude dont il faut se débarrasser dès le plus jeune âge!
Bien entendu, l'oisiveté de l'île , c'est autre chose: c'est réussir à se confronter à soi même sans s'ennuyer, s'intéresser à des choses insignifiantes, comme le vol d'un moustique, pour y découvrir la mélodie du soleil et les lois de l'univers.
Mais c'est aussi décider que si l'on veut faire quelque chose, quoi que ce soit, alors cela vaut la peine de le faire avec énergie et passion pour que ça réussisse. Sans oublier, cependant, que l'action est juste l'une des manières de vivre, et pas la seule.
Pour résumer, l'oisiveté est l'art de faire en ayant l'air de ne rien faire.
Tu es d'accord avec ça?"
Nous autres siciliens, nous vivons dans un monde à part. Nous adorons cette île, mais nous la maltraitons. Nous voulons la quitter, mais nous y restons. Nous sommes bourrés de contradictions
Nous vivons tous en nous-mêmes.
A un mafieux qui lui faisait remarquer qu'au cours d'une fusillade qu'ils projetaient sur une plage surpeuplée, ils avaient de grandes chances de tuer des enfants, Toto Riina, parrain de Corcelone, répondit : "Et alors ? A Sarajevo aussi, il y a des enfants qui meurent."
[Citation d'ouverture]
Mon corps ne fait qu'un avec le voilier. Nous formons une seule et même entité. Les vagues sont hautes, et quand l'Optimist descend au creux de l'une d'elles, il met une seconde, juste une seconde à remonter, et pendant ce laps de temps, je me sens absolument vivant, coincé entre deux montagnes d'eau qui masquent l'horizon. Le ciel m'appartient. La mer m'appartient. Je m'appartiens !
"Le propriétaire de l'entrepôt nous payait le pizzo régulièrement, et toi, tu lui piques sa marchandise ! Tu n'es qu'un crétin. Je ne peux plus te protéger."
Virgile me regardait ! Ses pupilles toutes neuves avaient une lueur vive, attentive.
Mes yeux plongèrent dans les siens, s'y accrochèrent, pour ainsi dire, et je me sentis happé par son regard.
C'était un regard qui me perçait à jour, mais pas comme quelqu'un qui veut savoir ce que l'on cache. C'était un regard plus délicat, qui ne comportait aucune menace. Nous sommes là, toi et moi, nous disions-nous sans parler. Toi et moi. Toi et moi.
Il est possible que les habitudes ne paraissent pas bizarres tant qu'elles sont des habitudes, surtout si on les a depuis la naissance.
J'ouvris aussitôt les yeux et me mis à courir. J'avais l'impression de n'avoir jamais rien fait d'autre dans ma vie que courir et courir encore dans Venise sur les traces de mon chat perdu.