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Citations de Sándor Márai (676)


Être différent de ce que l'on est... est le désir le plus néfaste qui puisse brûler dans le coeur des hommes. Car la vie n'est supportable qu'à condition de se résigner à n'être que ce que nous sommes à notre sens et à celui du monde. Nous devons nous contenter d'être tels que nous sommes et nous devons aussi savoir qu'une fois que nous aurons admis cela, la vie ne nous couvrira pas de louanges pour autant. Si, après en avoir pris conscience, nous supportons d'être vaniteux ou égoïstes, d'être chauves ou obèses, on n'épinglera pas de décoration sur notre poitrine. Non, nous devons nous pénétrer de l'idée que nous ne recevrons de la vie ni récompense ni félicitations. Il faut se résigner, voilà tout le grand secret.
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"Le corps humain, tu sais, contient soixante-dix pour cent d'éléments liquides et trente pour cent d'éléments solides. de même, la vanité représente soixante-dix pour cent du caractère humain, le reste étant partagé entre le désir, la générosité, la peur de la mort et l'honnêteté."
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En effet, nous vieillissons tout doucement, dit le général. Tout d'abord, c'est notre joie de vivre et de voir nos semblables qui s'émousse. Peu à peu, le sens de la réalité prédomine en nous. Nous pénétrons mieux le sens des choses et nous assistons avec ennui à la succession d'événements qui se répètent. Le noter est déjà un signe de vieillesse. Quand nous avons bien compris par exemple qu'une coupe n'est qu'une coupe et que les pauvres humains - quoi qu'ils fassent - ne sont que des créatures éphémères, c'est que nous sommes alors vraiment bien vieux.
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La comtesse et Conrad jouaient avec passion. Ils interprétaient Chopin avec un tel feu que, dans la pièce, tout paraissait vibrer. Tandis que dans leur fauteuil le père et le fils attendaient avec courtoisie et résignation la fin du morceau, ils comprenaient qu'une véritable métamorphose s'était opérée chez les deux pianistes. De ces sonorités, une force magique s'échappait, capable d'ébranler les objets, en même temps qu'elle réveillait ce qui est enfoui au plus profond des cœurs. Dans leur coin, les auditeurs polis découvraient que la musique pouvait être dangereuse en libérant un jour les aspirations secrètes de l'âme humaine.

Mais les pianistes ne se souciaient pas du danger. La "polonaise" n'était plus que le prétexte à l'explosion des forces qui ébranlent et font crouler tout ce que l'ordre établi par les hommes cherche à dissimuler si soigneusement.
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Sándor Márai
(...) lorsque tout est achevé, on répond avec l'ensemble de sa vie aux questions que le monde vous a posées. Les questions auxquelles il faut répondre sont : Qui es-tu ? Qu'as-tu fait ?... A qui es-tu resté fidèle ?
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Certes, les détails ont parfois une importance extraordinaire; ils lient tout ensemble et servent de support à la mémoire.
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Exiger la fidélité n'est-ce pas agir en égoïste et en présomptueux ? Voulons-nous réellement le bonheur de l'être aimé quand nous lui réclamons sa fidélité ?
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Celui qui survit, dit le général vivement, commet toujours une sorte de trahison... J'entends lorsqu'on survit à des êtres auxquels on était intimement lié.
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La musique il l’écoutait avec son corps. Il l’absorbait, comme assoiffé. Il l’écoutait comme le prisonnier écoute le bruit des pas qui approchent et apportent, peut-être, la nouvelle de la délivrance. Il n’entendait plus rien d’autre, tout disparaissait, absorbé par la musique.
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Quoi qu'il en soit, aux questions les plus graves, nous répondons, en fin de compte, par notre existence entière. Ce que l'on dit entre-temps n'a aucune valeur, car lorsque tout est achevé, on répond avec l'ensemble de sa vie aux questions que le monde vous a posées. Les questions auxquelles il faut répondre sont : qui es-tu ? Qu'as-tu fait ? ... A qui es-tu resté fidèle ? A quel propos as-tu été infidèle ? ... Avec qui, où, en quelle occasion as-tu été courageux ou lâche ? ... Voilà les questions capitales.
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J'ai compris que sous la confusion du monde extérieur règne un ordre intérieur profond, un ordre d'une logique aussi éblouissante que celle d'une composition musicale. La situation - notre sort, notre destinée à tous les trois - était arrivée à maturité, elle avait éclos, dévoilant, tel un fruit vénéneux, sa beauté étouffante. Moi, je n'avais fait qu'assister à cette éclosion.
Mais, sur le moment, je croyais agir.

page 86
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Nous devons admettre que des personnes que nous aimons ne correspondront pas à notre amour comme nous l'espérions. Nous devons supporter la trahison et l'infidélité. Nous devons aussi - ce qui est le plus difficile au monde - savoir admettre que d'autres nous surpassent par leur caractère et leur intelligence.
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En cette phase de la guerre, je n'étais pas le seul - moi, écrivain hongrois "bourgeois" vivant dans une maison de la campagne magyare - à me tourner avec un intérêt anxieux vers les Russes : Anglais, Français, Américains les observaient également et s'interrogeaient, plutôt perplexes, sur leur comportement. Voilà un grand peuple qui, au prix d'immenses sacrifices, avait, à Stalingrad, renversé le cours de l'Histoire universelle - et l'homme que j'avais rencontré dans l'après-midi était manifestement l'un des témoins de cette force.

Pour les persécutés du nazisme, ce jeune Russe apportait une sorte de libération : il les délivrait de la terreur nazie. Mais il ne pouvait leur apporter la liberté - car lui-même ne l'avait pas. Ce que tout le monde ne savait pas encore.
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Les relations entre hommes et femmes, entre amis, oui, même les relations entre les autres catégories de personnes, dépendent de cette question d'hétérogénéité, qui divise les gens en deux camps. Parfois, j'ai même tendance à croire que les différences entre les classes, les conflits provenant de nos conceptions sur l'univers et les luttes pour le pouvoir, bref toutes les tensions inhérentes à l'humanité, proviennent de ce que les hommes sont différents les uns des autres.
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Au cours des trois semaines suivantes, nous eûmes l'occasion de nous familiariser avec la structure de l'Armée Rouge. En 1939, lors de l'agression des puissantes troupes soviétiques contre la petite Finlande, la lenteur de leur avance avait fait dire à certains commentateurs qu'elles avaient "dissimulé" leur force pour mieux tromper les Allemands…..Était-ce le cas ? Nul n'en sait rien. Mais en janvier 1945, l'Armée rouge nous révéla son omnipotence. Cette fois, il n'y avait plus rien à "camoufler", l'état major soviétique avait bel et bien jeté toutes ses forces dans la bataille.

Nous ne pouvions mesurer l'importance numérique de cette armée : parfaitement équipées, affluant sans cesse et de toutes parts, ses troupes nous donnèrent une fascinante démonstration de leur redoutable puissance. Nous fûmes tout particulièrement impressionnés par l'inexorable détermination avec laquelle les soldats s'appropriaient toute chose, exécutant leurs ordres sans le moindre ménagement, toujours plus obéissants, toujours plus soumis, impitoyables entre eux et vis-à-vis de la population civile. En quelques heures, le village était devenu méconnaissable.

page 69
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Nul mot ne pouvait exprimer ces rapports. Ils n'étaient pas frère et soeur et il n'y avait pas eu de relations intimes entre eux. Mais il existe d'autres liens et ils en avaient conscience: une sorte de parenté qui est plus forte et plus étroite que celle des jumeaux dans les entrailles de leur mère. La vie avait mélangé leurs jours et leurs nuits et ils connaissaient réciproquement leurs corps et leurs pensées.
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Et les hommes ne désirent rien aussi ardemment qu'une amitié désintéressée. Ils la désirent souvent sans espoir.
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Le souvenir est un crible merveilleux qui filtre tout. En dix ou vingt ans, on découvre que de grands événements n'ont laissés aucune trace en vous. Mais, un jour, nous nous rappelons une chasse ou une certaine page dans un livre, ou cette pièce-ci.
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Pourtant, il existait aux yeux de chacun quelque chose de plus précieux encore que le pain, que l'emploi, que tout ce qu'il risquait de perdre à l'issue de la grande épreuve qu'il subissait - à savoir l'estime de soi. Après tant de mensonges, tant de parodies éculées, la population avait compris que le fait même de lui imposer une doctrine à laquelle elle ne croyait pas constituait la plus grande des menaces. Adhérer "sincèrement" à une idée qu'elle méprisait - quelle absurdité ! Le pouvoir prétendait nous priver d'un droit plus important que n'importe quel rôle social, plus important que le bien-être ou la carrière : celui de rester des hommes et des femmes dignes de ce nom, c'est-à-dire libres de construire, selon leurs convictions, la société au sein de laquelle ils entendaient vivre.

pages 332/333
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L'inflation, cette invisible hémophilie, avivait le ressentiment. En cette phase du grand procès historique, ce n'était plus la bourgeoisie et la classe ouvrière qui se dressaient l'une contre l'autre, mais les paysans et les autres couches de la population. Certains propagandistes sournois s'efforçaient d'accréditer auprès de l'opinion publique le mythe d'une paysannerie détentrice de forces "vives" "ancestrales", sur lesquelles reposerait l'existence de la nation. Or, la grande majorité de la société hongroise ne voyait dans les paysans que des citoyens travaillant dans l'agriculture, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs que le reste de la population. (La Ligue des droits de l'Homme existait déjà mais personne ne songeait à fonder La ligue des devoirs de l'Homme!). Dans un geste de générosité quelque peu ironique, les communistes distribuèrent la terre aux paysans et attendirent, riant sous cape, le moment où ils allaient pouvoir les chasser à coups de gourdin, comme ils avaient chassé les grands propriétaires. Le procès millénaire dont l'enjeu était le sort des paysans sans terre, victimes d'une spoliation éhontée, faisait désormais partie d'une stratégie cynique et grotesque. Il fallait le conclure en Hongrie, comme il l'avait été auparavant à l'Ouest. Se frottant les mains, les communistes jouaient au Père Noël tout en sachant que leur "réforme agraire" ne faisait qu'inaugurer un nouveau servage, plus inhumain encore que celui qu'on avait aboli au siècle précédent.

Les paysans pourtant se méfiaient. Certes, ils acceptèrent la terre - mais sans l'enthousiasme prévu, espéré par leurs "bienfaiteurs". A vrai dire, ils se demandaient comment finirait cette fabuleuse distribution de cadeaux.

Page 201
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