Citations de Stéphanie Janicot (208)
Médée, voilà qui était ma mère!
Ce moment de musique pure, de beauté absolue, comme rarement j'en ai entendu dans ma vie, ce moment nous avait été offert par un enfant avec un bras cassé et plâtré.
Poincaré a développé une théorie: lorsque trois corps célestes sont en présence, on considère celui dont la masse est moindre comme entrant dans le champ gravitationnel des deux autres et se soumettant à leur influence.
L'orchestre au summum de sa capacité de décibels lorsqu'elle a porté les mains à sa poitrine, ses yeux bleu de glace écarquillés par la brutalité du choc, a poursuivi sa couse comme un véhicule lancé en pleine vitesse, tandis que ses genoux pliaient et que son torse se recroquevillait sur ses cuisses. Par réflexe n'est-elle pas tombée de l'estrade, non, elle a chuté verticalement, s'effondrant à l'endroit même où, quelques secondes auparavant, elle se tenait droite et hautaine, maîtresse de tout un univers.
Le pistolet est un Ruger Mark III 22/45 fileté, équipé d'un silencieux B&T HP22. Neuf et chargé. Une seule balle. La cible est à moins de quarante mètres. Il s'efforce de penser l'opération en termes techniques. La musique pourrait altérer sa concentration. Cette Deuxième Symphonie qu'il connait par coeur comporte des envolées mélodiques qui lui donne la chair de poule. Depuis plusieurs semaine, il frissonne chaque fois ques les cordes gonflent leur son avec la lenteur d'un vaisseau amiral, il tremble lorsque, rejointes par les cuivres, elles explosent avec une joie désespérée. C'est ce désespoir qui le touche mais il ne l'analyse pas, il le ressent. Il sait exactement à quel instant il tirera, à la mesure 147 lorsque les cymbales se percuteront pour le premier de leurs trois affrontements. Il a emprunté la scène à un film Hitchcock dans lequel le meurtre prévu de la sorte finissait par avorter. Il espère que cela ne lui portera pas malheur.
Saint-Julien veillait, on ne savait jamais les avaries de dernière minute, ça ne pardonnait pas.
Pour cela, il aurait voulu la remercier. Mais ce bonheur sans mot se suffisait à lui-même, il l'aurait gâché à vouloir l'expliquer.
A la fin des années 80, Werner, étudiant allemand, vient poursuivre ses études à Paris. Il prend pension chez la vieille Hannah, qui vit sur place avec Salomé, sa petite-fille. Elles sont juives. L'une a connu la guerre, l'autre pas.
Installé dans le grenier, Werner découvre dans des coffres d'intrigantes traces du passé. Ce fils d'ancien officier nazi tente alors de reconstituer l'histoire de la famille qui l'héberge. Il part à la rencontre de plusieurs générations de femmes, l'une le menant à l'autre, à la manière des poupées russes, les matriochkas.
De Hannah à Myriam Rosenstein, de Maria Blum à Elizabeth, Werner soude les divers maillons de la chaîne. Quitte à entreprendre un voyage aux Etats-Unis et en Israël.
D'abord par jeu, puis par amour, Salomé l'accompagne dans ses recherches. La passion l'emporte sur la patience.
De rebondissements cruels en conséquences inattendues, Salomé laisse Werner s'approprier sa vie, son passé...
--Ce texte fait référence à l'édition
Broché
Chaque siècle se pense supérieur au précédent en ce qu'il apporte son lot de techniques nouvelles nous conduisant vers la possibilité d'une mort de plus en plus sophistiquée. J'ai cru moi aussi que cela se nommait progrès. J'ai voulu vivre d'espoir. Hélas, un e fâcheuse tendance de l'être et de la destinée nous porte à anticiper le pire. C'est pourquoi, en définitive, toute civilisation ne fait jamais autre chose que d'attendre ses barbares.
L'infarctus est arrivé dans ma vie comme une bénédiction.
[...] Je suis homosexuel. Jaz. "
" Je me disais aussi. Quelqu'un a dit qu'aimer les femmes intelligentes était un plaisir de pédérastes. Tu vois, ça se confirme. Que je sois moche t'est indifférent puisque ce n'est pas pour consommer. Comsi. "
" Si tu étais moins centrée sur toi-même, tu te sentirais sûrement moins seule. La laideur, c'est subjectif. [...] "
p114
Monsieur Timbard dit :
" Sophie peut choisir son nom elle-même. " [...]
Elle regarde son professeur qui attend, alors elle dit :
" Celle qui hurle dans sa tête. "
p60
la destinée prend des formes bêtes parfois , qui ne sont pas moins lourdes de conséquences que les autres.
Les hommes veulent tous la même chose : le plaisir sans les embêtements. Une maîtresse, c’est rigolo, une épouse, c’est pénible, alors il faut bien la choisir, tu comprends.
Les jeunes garçons ne recherchaient que des flirts sans avenir
Il est trop tard pour réparer ce qui est brisé.
Une fille sans joie apparente. Comme si la vie n’était qu’un immense concours dont il fallait réussir toutes les épreuves.
Elle était notre conscience, le miroir de nos vanités. Grimper dans la hiérarchie, devenir riche, être quelqu’un d’important, posséder des biens matériels, autant d’ambitions que je n’aurais jamais pu exprimer sans me tourner en ridicule à ses yeux. J’aurais pu, j’aurais dû la quitter depuis longtemps, pas seulement la semaine dernière pour me mettre à l’abri du cyclone. Je ne dis pas que je n’en ai pas caressé l’idée, mais ce qui compte, c’est qu’au final je n’en ai rien fait. J’ai accepté de ne rien posséder, de n’être personne.
La vie est assez dure comme ça. Pas besoin de devenir l’esclave d’un bonhomme qui te mérite pas.
Dans les cas extrêmes, on n’a pas tellement le temps de penser. On réagit comme un automate aux événements qui s’enchaînent malgré nous, on est comme le spectateur d’un film.