malgré une rétisence à le lire je me suis régalée j'ai même adoré
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"Et la vie, au bout du compte, elle te fait de curieux cadeaux, du genre de ceux que tu aurais envie de jeter à la poubelle au premier abord, et auxquels tu t'attaches. Et même pire, tu finis par te demander si ce n'était pas exactement ceux dont tu avais besoin."
Avec l’âge, on prend de la hauteur, on entrevoit les possibilités que l’on a laissées filer sous prétexte qu’on estimait qu’il était déjà trop tard. Mais trop tard, à moins de dix-neuf ans, cela n’existe pas. Beaucoup de jeunes persistent dans leurs erreurs par manque de distance et de discernement. C’est pour cette raison que les adultes peuvent parfois leur être utiles, parce que leur vision, plus large, peut leur ouvrir des voies qu’ils n’envisagent pas par eux-mêmes.
Elle était notre conscience, le miroir de nos vanités. Grimper dans la hiérarchie, devenir riche, être quelqu’un d’important, posséder des biens matériels, autant d’ambitions que je n’aurais jamais pu exprimer sans me tourner en ridicule à ses yeux. J’aurais pu, j’aurais dû la quitter depuis longtemps, pas seulement la semaine dernière pour me mettre à l’abri du cyclone. Je ne dis pas que je n’en ai pas caressé l’idée, mais ce qui compte, c’est qu’au final je n’en ai rien fait. J’ai accepté de ne rien posséder, de n’être personne.
Voler, c’était l’autre rêve de son enfance. Voler au-dessus de tout et de tout le monde, se déplacer sans contrainte, voir le monde de haut. Peut-être pouvait-elle les transformer en ailes, ses sacs-poubelle. Les gens se cachent, se réfugient, ils ont peur mais, finalement, où est le pire ? Mourir écrasé sous sa maison ou envolé par le vent ?
Une vie, au fond, c’est presque rien, une succession de petites habitudes qui, par définition, reviennent chaque jour, rassurantes et usantes. La seule chose qui différencie l’homme de l’animal, c’est ses vêtements.
Avec François Busnel, Pierre Furlan, Stéphanie Janicot & Françoise Nyssen
Lecture par Pierre Baux
Russell Banks (1940–2023), deux fois finaliste du prix Pulitzer, était assurément l'un des écrivains majeurs de sa génération et l'un des plus engagés. Il n'a eu de cesse pendant plus de quarante ans de mettre en scène des personnages issus de l'Amérique profonde, confrontés à l'adversité de la vie. Son oeuvre, composée d'une vingtaine de textes de fiction et de non-fiction, a obtenu de nombreuses distinctions internationales. Deux de ses oeuvres ont été adaptées au cinéma : de beaux lendemains (réalisé par Atom Egoyan) et Affliction (réalisé par Paul Schrader). Russell Banks fut également président du Parlement international des écrivains chargé de défendre les écrivains victimes de persécution. Pour l'évoquer ce soir : des témoignages, souvenirs, analyses, extraits de documentaires et moments de lectures.
À lire – Russell Banks, Oh, Canada, éd. Actes Sud, 2022. le reste de son oeuvre est publié aux éditions Actes Sud.
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