Citations de Sue Monk Kidd (102)
La première semaine chez August, fut une consolation, un pur soulagement. Le monde vous fait ce genre de cadeau parfois, vous offre un bref répit : le gong retentit et vous partez vous asseoir dans votre coin, où quelqu’un tamponne de bonheur votre vie amochée.
Elle avait fichu son mari dehors au bout de trois ans de mariage, parce qu’il buvait. « Tu greffes sa cervelle sur un oiseau, l’oiseau vole à reculons », aimait-elle à dire. Je me suis souvent demandé ce que ferait cet oiseau avec sa cervelle à elle. J’ai fini par décider que, la moitié du temps, il vous chierait sur la tête et, l’autre moitié, il s’installerait ailes déployées sur les nids abandonnés.
Mon corps est peut-être esclave mais pas mon esprit. Pour vous c’est l’inverse.
Évidemment, je savais que les femmes ne devenaient pas avocats. Pour une femme, rien n’était possible sauf la sphère domestique et ces fleurs minuscules tracées sur les pages de mon cahier de dessin. Pour une femme, aspirer à devenir avocat – eh bien, il était possible que cela provoquât la fin du monde.
All my life I've thought I needed someone to complete me, now I know I need to belong to myself.
Tout le long de ma vie je pensais que j'avais besoin d'une personne pour me compléter (sentir ENTIER), maintenant je le sais, j'ai besoin de m'appartenir à Moi.
J'avais envie de lui dire: " Je vous aime , moi aussi . Je vous aime tous." C'est monté en moi ,telle une colonne de vent, mais arrivé à ma bouche, cela n'avait pas de voix , pas de mots . Juste des tonnes d'air et de manque .
Ce soir là dans la maison du miel , quand j'ai fermé les yeux, le bourdonnement des abeilles m'a traversé le corps. A traversé toute la terre. Le plus vieux son du monde. Celui d'âmes qui s'envolent.
Tout à coup, j'ai eu une révélation : il n'y a rien que du mystère dans le monde , et il brille, caché derrière la toile de nos pauvres journées tristes, et nous ne le savons même pas .
"Cela demande tant d'énergie de tenir les choses à distance."
La vérité, dit-elle, c’est qu’on doit chasser l’ambition hors de toutes les filles, pour leur bien. Tu es exceptionnelle dans ta détermination à lutter contre ce qui est inévitable. Tu as résisté et on en est arrivé là, tu te retrouves cassée comme on casse un cheval. »
Il n’y a pas un chagrin au monde qui ne désire la présence d’un témoin bienveillant.
Mauma était partie aussi sûr que je suis assise ici et je pouvais rien faire sauf arpenter la cour pour essayer de canaliser mon chagrin. La triste vérité, c’est qu’on peut marcher à s’en coller des ampoules aux pieds, marcher jusqu’à l’avènement du royaume de Dieu et jamais on réussira à surmonter sa peine.
Demeurer silencieux devant le mal est en soi une forme de mal.
Jusqu’à ce moment, je m’étais considérée simplement comme quelqu’un d’étrange — une bizarrerie de la nature. Une exception. Une malédiction. Je savais lire et écrire depuis belle lurette et je possédais des aptitudes sortant de l’ordinaire pour mettre les mots en histoires, déchiffrer les langues et les textes, percevoir les sens cachés, avoir en tête des idées contradictoires sans que cela crée en moi le moindre conflit.
A écouter les rabbins, on aurait pu croire que les seuls personnages dignes d'être cités dans toute l'histoire, c'était Abraham, Isaacs, Jacob et Joseph...David, Saul et Salomon...Moïse, Moïse, Moïse. Quand j'avais enfin pu lire les Écritures par moi-même, j'avais découvert (et voilà !) qu'il y avait des femmes.
Être ignorées, être oubliées, c'était la pire des tristesses. Je fis alors le serment de consigner leurs exploits et de louer leurs succès, sans souci de leur importance
- Comment se fait-il que vous ayez peint votre maison en rose alors que votre couleur préférée est le bleu ?
Elle a ri .
-C’est à cause de May. Elle m’accompagnait le jour où je suis allée choisir la couleur au magasin. Je m’apprêtais à opter pour un ton caramel, quand May est tombée en arrêt devant un échantillon de rose des Caraïbes .Il lui donnait envie de danser le flamenco.J’ai rarement vu couleur de plus mauvais goût, cela va faire jaser toute la ville ,me suis-je dit, mais si cela rend May de bonne humeur, il faut la prendre.
- Et moi qui croyais que vous aimiez le rose.
Elle a rit de nouveau.
- Tu sais Lily, certaines choses ne sont pas si importantes que ça. Comme la couleur d’une maison. Quelle place cela tient-il dans toute une vie ? En revanche donner le moral à quelqu’un...ça, c’est important.
….
Et, ça ,c’est dur, Lily. J’ai beau aimer May de tout mon cœur, j’ai quand même eu du mal à opter pour ce rose des Caraïbes . Le plus dur dans la vie est de choisir ce qui compte.
Certaines choses étaient impossibles en ce bas monde. Les enfants ne pouvaient avoir deux parents qui refusaient de les aimer. Un, peut-être. Mais, pitié, pas deux.
Je soupçonne Dieu de planter en nous ces aspirations pour que, au moins, nous tentions d'infléchir le cours des choses. Il faut essayer, c'est tout.
J'étais taraudée par ce désir comme quelqu'un qui ne peut qu'idéaliser la vie qu'il a choisi de ne pas mener.
Pourquoi Dieu planterait-il en nous des aspirations aussi profondes... si elles n'aboutissent jamais à rien ?