Susan Hill est née à Scarborough, en Angleterre, en 1942. Ecrivain pour enfants, auteur dramatique, elle a écrit de nombreux romans policiers, dont Au risque des ténèbres et La mort a ses habitudes (Robert Laffont, 2007 et 2009). Lauréate de prix littéraires, dont le Whitbread et le Somerset Maugham Award, elle démontre avec ce conte fantastique la variété de ses talents.
Publié en 1983, La dame en noir est un conte fantastique terrifiant qui n'est pas sans rappeler certaines nouvelles classiques d'Edgar Poe. L'histoire de Susan Hill, oppressante et effroyable à souhait, suit les codes de la littérature fantastique classique. Les événements paranormaux qui s'y déroulent sont suggérés plutôt que décrits, ce qui ne manque pas de provoquer chez le lecteur un sentiment diffus de danger et de menace absolument glaçant !
Inexplicables, intangibles, les périls auxquels le jeune Arthur Kipps est exposé sont impossibles à prouver et c'est précisément ce qui les rend si troublants aux yeux du lecteur. Le récit de Susan Hill est si chargé de tension que le lecteur, habité par un étrange mélange de crainte, de doute et d'excitation, se retrouve dans l'incapacité totale de démêler l'écheveau de ses pensées et de ses émotions. C'est terrifiant !
Les lieux, pourtant, ont cette beauté sauvage insolite et captivante qu'on ne trouve nulle part ailleurs qu'en Angleterre...
«Ils étaient bien là, ces immenses marais engageants, scintillants et parcourus de reflets argentés, avec pour toile de fond le ciel clair qui rejoignait à l'horizon les eaux de l'estuaire, d'où provenait un souffle de brise chargé de sel. »
Il y règne une telle atmosphère de silence et de mystère qu'on ne peut que tomber sous le charme si particulier de ces paysages perpétuellement nimbés de brume ! Il a beau planer une étrange malédiction sur le petit village de Crythin Gifford, le lecteur ne peut s'empêcher de ressentir l'immense pouvoir d'attraction qu'exercent ces lieux presque empreints de magie. D'une certaine façon, les marais de Crythin Gifford éveillent un écho, stimulent l'imagination et la curiosité du lecteur. Envoûté par la plume lyrique de Susan Hill, c'est bien innocemment que l'on se laisse porter par un suspense d'une exceptionnelle intensité... jusqu'à la claque finale, un dénouement à couper le souffle !
Bien que servi par une intrigue ultra classique, le roman de Susan Hill parvient à captiver et à glacer littéralement le sang du lecteur grâce à son atmosphère et sa froideur terribles. Il se dégage de ces 200 pages une impression étouffante de haine et de malveillance infinie, une présence à la fois malfaisante, consumée par un chagrin indicible. Cette rhétorique de l'épouvante et cette imagerie gothique se durcissent crescendo, presque à l'insu du lecteur, jusqu'à atteindre un dénouement brutal, d'une logique implacable.
«Ils m'ont réclamé une histoire. Je l'ai narrée. Il suffit.»
Dans la lignée des grands classiques et des thrillers surnaturels sophistiqués, La dame en noir mise sur une atmosphère envoûtante et des décors inquiétants pour raconter un terrible drame humain. Une histoire de fantôme old school qui n'en demeure pas moins efficace et séduit le lecteur grâce à sa profondeur psychologique et son dénouement audacieux.
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