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Critiques de Sylvie Bérard (9)
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La frugalité du temps

Si vous voulez un aperçu de la diversité des sous-genres de la science-fiction, jetez un œil aux romans de Sylvie Bérard. Après le planet opera (Terre des autres) et le cyberpunk (La Saga d’Illyge), elle explore ici le voyage dans le temps – et c’est encore une fois d’excellente qualité.



Annick est passionnée de généalogie. Depuis plusieurs années, elle s’efforce de retrouver la trace de ses ancêtres et publie régulièrement ses découvertes sur son blogue. Quand une publicité lui offre l’occasion de visiter en réalité virtuelle cette page de son histoire familiale, elle n’hésite pas longtemps. Mais si ces voyages étaient réels? Et qu’est-ce que l’entreprise organisatrice Arborithme a à gagner là-dedans?



Au début, j’ai pensé que cette lecture serait bonne sans être exceptionnelle. Le résumé donne l’impression de savoir exactement où on met les pieds (des voyages virtuels qui n’en sont pas vraiment), la narration est plus classique que dans les romans précédents de l’autrice et la plume plus neutre. Et pour avoir lu un paquet d’histoires de voyage dans le temps, j’ai de prime abord trouvé la gestion des paradoxes temporels un peu facile : à cause des paramètres du « translateur », Annick ne peut pas révéler qu’elle vient du futur sans se voir immédiatement rapatriée à son époque, ni rencontrer dans le désordre des personnes qu’elle a déjà croisées.



Sauf que… On comprend petit à petit que les voyages temporels posent effectivement des problèmes, mais pas du tout ceux auxquels on aurait pensé. Et ce que fait Sylvie Bérard ici, c’est quelque chose que je n’ai encore jamais lu ni vu ailleurs (et pourtant, j’aurais bien aimé). Je n’en dirai pas plus pour ne rien spoiler, mais ce retournement qui arrive aux deux tiers de l’histoire mène l’intrigue dans une direction totalement inattendue et vaut définitivement la peine. (Micro-spoiler si vous êtes curieux·ses : ça implique le multivers… mais vraiment pas de la manière que vous croyez). Sans compter que la révélation enrichit judicieusement les thématiques abordées.



À noter que Sylvie Bérard s’est inspirée de sa propre histoire familiale pour construire son intrigue. La protagoniste Annick a la surprise de découvrir qu’elle a des ancêtres noir·es et autochtones et qu’iels ont tant cherché à le cacher que cette information s’est perdue après quelques générations. Cela la fait s’interroger sur l’invisibilisation des minorités dans l’Histoire et la pertinence de reconnaître cette ascendance sans la revendiquer abusivement : un débat épineux que l’autrice traite avec beaucoup de délicatesse.



Encore une fois, je suis époustouflée.
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Terre des Autres

UNE auteurE de SF (et "accessoirement" docteure en littérature québécoise) qui mérite bien quelques majuscules ! D'autres avant moi ont reconnu sont talent et lui ont attribué pour ce roman (e.a.) le Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois, ainsi que le prix Boréal, en 2005.

Alors pourquoi (si je considère le nombre de lecteurs sur Babelio) ce livre, qui ouvre aux horizons universels comme aux réflexions bien terrestres, est passé quasi inaperçu en France ?



Sielxth est une planète inhospitalière, aride, faite de déserts sableux et rocailleux sur laquelle la température diurne avoisine les 50C. Peuplée d'une race intelligente en parfaite osmose avec son environnement : les darztls, qui ressemblent à de grands et costauds lézards (2 mètres pour les mâles, 2m50 pour les femelles). Des êtres estimant aussi bien la solitude que la vie en communauté, pas forcément paisibles, mais n'ayant jamais été obligés de guerroyer.



À cause d'une avarie, un vaisseau transportant des humains en route pour coloniser "Mars II", doit se poser en catastrophe sur Sielxth. Si les darztls avancent alors la main pour aider les humains à repartir, ces derniers s'emparent du bras entier, décident de s'installer et de terraformer. Par conséquent les darztls s'énervent, posent un ultimatum... que les fiers humains préfèrent ignorer.

Trop différents pour se comprendre, les conflits vont se succéder jusqu'à l'inévitable : l'asservissement total d'un des deux peuples...



Dans cet impressionnant roman, au langage d'un naturel réjouissant, chaque chapitre peut se lire comme une nouvelle. Et chaque nouvelle, mettant en scène des protagonistes distincts -darztls et humains- nous précipite un certain nombre d'années dans le futur d'une société qui, en 100 ans, aura changé de tout en tout.



Si Sylvie Berard parle surtout du choc de cultures, de l'altérité, le rapport à l'autre, l'intolérance, le racisme, elle aborde également la sexualité (humaine et darztl), la science génétique (...j'ai des réserves quant à la faisabilité d'un tel projet !) et dans le dernier chapitre elle analyse finement l'impact psychologique (néfaste et durable) de l'hilotisme.

Or, si les uns comme les autres sont capables de la même grandeur d'âme, ni darztls, ni humains ont le beau rôle quand il s'agit d'avilir un être dans le but de se sentir vainqueur... les imbécilités des uns enchérissant sur celles des autres sur une terre qui ne sera probablement jamais "nôtre" !



(4,5/5)
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Une sorte de nitescence langoureuse

Ce petit OVNI littéraire de 160 pages, mélange d’autofiction et d’essai littéraire, est un régal à lire – mais bon, j’adore à peu près tout ce que fait Sylvie Bérard et je manque un peu d’objectivité à son sujet.



D’un côté, nous avons Louise-Andrée Landreville, intellectuelle qui vient de sortir un premier roman, intitulé Une sorte de nitescence langoureuse : très vite, les critiques de la rentrée littéraire s’accordent pour saluer la prose de cette nouvelle plume prometteuse. De l’autre, Françoise Préfontaine, écrivaine de science-fiction aguerrie, publie son cinquième roman, Rendez-vous sur Apocalypse, aussi boudé des milieux littéraires que le roman de sa consœur est encensé. Jusqu’au jour où les deux sont invitées à la même émission.



Avec de courts chapitres de trois ou quatre pages, le roman alterne les points de vue des deux écrivaines (à la 3e personne pour Louise-Andrée, à la 1e personne pour Françoise), ce qui lui permet de mettre en relief la complète imperméabilité entre le milieu littéraire dédié à la « Littérature » (AKA la littérature générale) et les littératures de genre. Chaque chapitre de Louise-Andrée est précédé d’un extrait de critique de son roman, critiques toutes plus ampoulées les unes que les autres, tandis que les chapitres de Françoise démarrent avec des citations d’ouvrages ou d’articles analysant le genre littéraire de la science-fiction.



La chute, bien qu’à moitié attendue, est proprement savoureuse et hilarante.
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Terre des Autres

Le vaisseau mère des humains se pose sur Mars II. D’abord pour effectuer une réparation, ils s’y installent peu à peu et entreprennent la terraformation de cette planète chaude aux paysages désertiques.



Mais la planète est déjà habitée. Par les darztls, de grands lézards, bien adaptés à la chaleur. Ils n’ont pas de technologie avancée comme les humains, mais ils n’en sont pas moins dotés d’une grande intelligence et forment une société évoluée.



Le contact entre des espèces ne sera pas facile et le conflit génèrera des atrocités, des combats sans merci, des otages réduits à l’esclavage et des tortures cruelles. Comment se sont-ils enfoncés dans cet engrenage de haine et comment pourront-ils en sortir ?



Un livre qui présente trois moments de la vie sur Mars II, avec beaucoup de péripéties, mais aussi une fine analyse psychologique et sociologique, une univers débordant d' imagination, mais un monde tout à fait cohérent.



Une bien belle découverte, un livre qui figurerait bien sur une liste de S-F et qui mériterait bien plus de lecteurs sur Babelio…

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Terre des Autres

Sur une planète désertique inhospitalière, une espèce locale (les darztls, sortes de reptiles) a développé une civilisation complexe. Quand des humains atterrissent en catastrophe et s’installent peu à peu, la curiosité mutuelle débouche finalement sur une guerre sans merci entre les deux espèces qui tente chacune d’asservir ou d’éradiquer l’autre. L’histoire, qui se déroule sur environ soixante ans, est composée de plusieurs nouvelles, chacune centrée sur un (ou plusieurs) personnage(s) différent(s). Chacune d’elles raconte, dans un contexte général de plus en plus difficile et dans un contexte particulier chaque fois différent, le développement d’une relation (plus ou moins) bienveillante entre un·e humain·e et un·e darztl. Une relation dépourvue de toute mièvrerie, souvent vouée à une issue tragique et qui pose chaque fois la question fondamentale : comment redonner sa dignité à un être asservi par des années de torture et d’esclavage?



Pour autant, l’ensemble n’est jamais répétitif. En premier lieu grâce au contexte général qui change entre chaque nouvelle, en second lieu grâce à la forme que Sylvie Bérard parvient à renouveler chaque fois, sans jamais donner l’impression d’effectuer un exercice de style. Petite subtilité : la langue des darztls a la particularité de très peu utiliser les 1e et 2e personnes grammaticales. Cela se reflète dans la narration où chaque personnage humain utilise le « je » et chaque personnage darztl le « il/elle ». La seule exception a lieu dans la dernière nouvelle qui met en scène, dans un lieu utopique ou darztls et humain·es se côtoient librement, une humaine qui a vécu l’entièreté de sa vie comme esclave dans un milieu darztl et parle uniquement leur langue, ainsi qu’un darztl un peu… particulier. On retrouve aussi, au détour de certaines nouvelles, une réflexion sur le genre, thématique centrale chez Sylvie Bérard.



J’ai personnellement préféré La Saga d’Illyge, que j’ai trouvé plus immersif avec une plume plus travaillée, mais Terre des autres n’en est pas moins une excellente lecture qui confirme mon opinion de Sylvie Bérard : cette autrice est absolument géniale et je regrette qu’elle ne soit pas plus connue. Ce roman-ci est plus facile d’accès que La Saga d’Illyge et j’en recommanderais la lecture en premier, à condition d’avoir le cœur bien accroché : les thèmes abordés sont très durs (guerre, esclavage et torture) et leur traitement n’est pas édulcoré. La structure en nouvelles permet toutefois d’étaler la lecture.
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La Saga d'Illyge

Un coup de cœur inattendu. Tout y est : un univers cyberpunk très immersif, une galerie de personnages complexes et une intrigue bien tortueuse, le tout servi par une plume très soignée, ni trop simple ni trop alambiquée.



J’aime lorsqu’une lecture joue à la fois sur la fibre intellectuelle et sur la fibre émotionnelle. À ce niveau-là, c’est une réussite complète. L’autrice explore à fond les possibilités narratives ainsi que les thématiques (identités de genre et renversement sociologique cités/banlieues) et on sent qu’elle maîtrise son sujet. Même si l’ouvrage n’est pas totalement sans défauts (la résolution de l’intrigue est moins explosive qu’attendu notamment), l’ensemble est assez exaltant pour qu’on passe outre.



Très heureuse d’avoir découvert cette autrice dans l’anthologie Futurs, je suis curieuse de lire ses autres œuvres!
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Une sorte de nitescence langoureuse

Une petite autofiction amusante dans laquelle l'autrice parle de l'écriture de cette petite autofiction amusante. Il y a quelques réflexion sur l'écriture, sur la Science-Fiction, le milieu de l'édition et les conventions sociales dans les milieux littéraires.
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La frugalité du temps

C'est un livre qui piquait ma curiosité mais je crois que j'avais placé mes attentes au mauvais endroit.



J'ai trouvé que c'est relativement long avant de voir l'intrigue se mettre en marche. Tout est bien mis en place avec beaucoup d'information sur la généalogie du personnage mais j'ai trouvé que l'intrigue se perd un peu dans les détails historiques et généalogiques.



C'est probablement un livre très intéressant pour ceux qui aiment les romans historiques. Pour ma part, je m'attendais à plus de science-fiction et d'intrigue de ce qui peut en résulter.

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La frugalité du temps

Ce livre m'a été donné dans le cadre de la masse critique Babelio Québec, merci à Babelio et la maison d'édition A lire. Ce fut vraiment une lecture plus qu'agréable sur le thème du voyage dans le temps.

Annick est prof de physique au secondaire (équivalent collège\lycée pour les amis français ;)) et passionnée de généalogie. Attirée par une pub elle fait l’expérience d’un simulateur de passé et elle se retrouve ainsi à découvrir la vie de ses ancêtres… mais est ce vraiment un simulateur? Est-on vraiment là (ou quand ) on devrait être? ... Je vous laisse découvrir l'histoire

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