Thomas Geve a trois ans lorsque Hitler est appelé au pouvoir en janvier 1933. Son père, chirurgien juif allemand, ne peut plus exercer sa profession et quitte l’Allemagne après les pogroms de novembre 1938 pour rejoindre l’Angleterre. Il tente d’y faire venir sa femme et son fils unique Thomas mais la guerre éclate en Septembre 1939.
Arrêté en juin 1943 avec sa mère à Berlin, Thomas Geve est déporté à Auschwitz. Il a treize ans. En Janvier 1945, les nazis abandonnent le camp d’Auschwitz devant l’approche des Soviétiques. Jeté sur les routes des marches de la mort, Thomas Geve connaît alors l’enfer des camps de Gross Rosen et de Buchenwald, jus-qu’à la libération de ce dernier en avril 1945.
Il a quinze ans et veut alors témoigner, raconter à son père tout ce qu’il a traversé pendant vingt trois mois de déportation. Avant de partir pour une mai-son de repos en Suisse, il reste encore quelques semaines à Buchenwald et parvient à se procurer six minuscules crayons et du papier. Il réalise alors 79 petits dessin miniaturisés sur sa vie d’enfant déporté. Rien de la barbarie na-zie, ni de la solidarité qui naît de la plus extrême misère ne lui échappe.
Son oeuvre graphique est le témoignage unique dans l’histoire de la déportation d’un «enfant historien». En 1950 il part pour Israël. Il vit aujourd’hui à Haïfa. Il est l’auteur d’une biographie «Jeunesse enchaînée», qui fut traduite en de nombreuses langues étrangères.
Son oeuvre figure dans l’exposition «Il n’y a pas d’enfants ici - Auschwitz, Gross-Rosen, Buchenwald » présentée pour la première fois en France. Les originaux des dessins appartiennent au Musée Yad Vashem de Jérusalem.