Citations de Tove Ditlevsen (24)
Il vint sous les caresses
Du soleil du mois d'août.
Il me fit des promesses
Et me dit des mots doux.
(page 196).
On ne peut pas s'échapper de l'enfance, elle flotte autour de chacun de nous comme une odeur persistante.
Sombre est l'enfance, elle gémit sans cesse comme un petit animal que l'on a enfermé dans la cave et oublié là. Elle sort de la bouche comme de la buée et elle est tantôt trop petite, tantôt trop grande. Elle n'est jamais à la bonne taille. C'est seulement quand on l'a dépiautée comme une mue que l'on peut l'examiner tranquillement et parler d'elle comme d'une maladie dont on a réussi à guérir. (page 47)
L’enfance est longue et étroite comme un cercueil, on ne peut pas s’en échapper sans aide.
Même si personne n’apprécie mes poèmes, je suis obligée d’en écrire, parce que l’écriture apaise le chagrin de mon cœur en souffrance.
Tout est demeuré inchangé, immuable, et je réalise qu’en fait j’ai horreur des changements : il est difficile de rester soi même quand tout change autour de vous.
L’enfance est longue et étroite comme un cercueil, on ne peut en sortir sans être aidé.
Je parcours mon carnet de poésie, tandis que la nuit passe son chemin derrière la vitre et qu'à mon insu l'enfance tombe sans faire de bruit aux tréfonds de ma mémoire, cette bibliothèque de l'esprit où je puiserai expérience et connaissance tout le reste de ma vie.
Même si personne n’apprécie mes poèmes, je suis obligée d’en écrire, parce que l’écriture apaise le chagrin de mon cœur en souffrance.
Istedgade est la rue de,mon enfance , son rythme battra toujours dans mon sang, sa vois résonnera toujours en moi et restera celle des temps lointains où nous nous sommes juré fidélité. La rue est toujours chaude et lumineuse, festive et palpitante, et elle m’enlace, comme si elle avait été inventée pour satisfaire tous mes besoins d’épanouissement.
Elle me demande son âge et je lui dit qu'il a la cinquantaine. [...], comme ça il sera déssalé et fera un mari fidèle.
p. 175
Cela me fait souffrir de ne pas éprouver d'authentiques sentiments mais de toujours être obligée de les feindre en imitant la réaction des autres. On dirait que tout ne me touche que par des voies détournées.
Même si personne n'apprécie mes poèmes, je suis obligée d'en écrire, parce que l'écriture apaise le chagrin de mon cœur en souffrance.
Mon enfance en lambeaux flotte autour de moi et à peine ai-je recousu un trou qu'elle se déchire à un autre endroit.
Quand je pense à l'avenir, je me heurte partout à un mur, c'est pour cela que je voudrais que l'enfance se prolonge.
Je pensais que mes poèmes recouvraient les zones trouées de mon enfance comme une nouvelle peau délicate se forme sous une blessure dont la croûte n'est pas encore entièrement tombée.
Le temps a passé, l'enfance est devenue fine et plate, fragile comme une feuille de papier. Elle était fatiguée, usée jusqu'à la corde, et dans les moments de découragement, elle ne donnait pas l'impression de pouvoir tenir le coup jusqu'à ce que je sois adulte.
Où que l'on se tourne, on se cogne à son enfance et l'on se fait mal parce qu'elle est pleine d'angles et qu'elle est dure et qu'elle ne s'arrête que quand elle vous a complètement déchiqueté.
Sombre est l'enfance, elle gémit sans cesse comme un petit animal que l'on a enfermé dans la cave et oublié là. Elle sort de la bouche comme de la buée et elle est tantôt petite, tantôt grande. Elle n'est jamais à la bonne taille. C'est seulement quand on l'a dépiautée comme une mue que l'on peut examiner tranquillement et parler d'elle comme d'une maladie dont on a réussi à guérir. La plupart des adultes affirment qu'ils ont eu une enfance heureuse, et peut-être y croient-ils eux-mêmes, mais moi je n'y crois pas. Je crois seulement qu'ils ont réussi à l'oublier.
On ne peut pas s'échapper de l'enfance, elle flotte autour de chacun de nous comme une odeur persistante. On peut sentir l’enfance chez les autres enfants, et chaque enfance a sa propre odeur. On ne connaît pas la sienne et l'on a parfois peur qu'elle soit pire que celle des autres. On parle avec une autre fille dont l'enfance a une odeur de cendre et de charbon et voilà que soudain elle fait un pas en arrière, parce qu'elle a senti le relent affreux de votre propre enfance. On épie en cachette les adultes, dont l'enfance gît à l'intérieur d'eux, toute déguenillée et trouée comme un tapis usé et mité dont personne n'aura plus jamais besoin. On ne peut pas voir sur eux qu'ils ont eu une enfance, et l'on n'ose pas leur demander comment ils ont fait pour la traverser sans que leurs visages en portent ni cicatrices ni marques profondes. On les soupçonne d'avoir trouvé un raccourci secret et d'avoir revêtu l'apparence d'adultes bien avant que ce n'en soit l'âge.