Citations de Trinh Xuan Thuan (234)
L’univers newtonien est mécanique, comparable à une horloge à ressort qu’on remonte une fois pour toutes. Les mouvements, une fois déclenchés, n’ont plus besoin d’intervention, divine ou autre. Une fois mis en route, l’univers fonctionne de lui-même en respectant les lois de la gravitation universelle. Dans cet univers, Dieu dispose de beaucoup plus de temps libre que dans l’univers médiéval, lui-même inspiré de l’univers aristotélicien. Au lieu de devoir être constamment vigilant pour surveiller l’armée des anges chargée d’assurer la bonne marche des planètes et des autres objets célestes, Dieu n’a eu qu’à donner un petit coup de pouce à l’univers à son début pour qu’il fonctionne automatiquement par la suite.
Distinguons bien science et spiritualité. le scientifique en moi exige des preuves rationnelles. Le mystique pense qu'un atome qui en attire un autre, c'est déjà de l'amour!.
Nous avons le devoir de bien prendre soin de notre planète, afin qu’elle ne devienne pas invivable et que ne disparaissions pas de la scène. Prenons garde à ne pas créer une tragédie, aux proportions cosmiques, en détruisant la seule intelligence qui perdure, capable d’appréhender l’harmonie et l’unité de l’Univers, et que celui-ci a mis quelque quatorze milliards d’années pour élaborer. Il importe de maintenir coûte que coûte la flamme de la raison au sein de ce vaste cosmos. Nous ne devons pas créer du non-sens.
Comme est trompeuse l'impression de sérénité, de tranquillité et d'immuabilité que j'éprouve en observant ce ciel étoilé ! Non seulement tout bouge, mais les étoiles, tout comme les hommes, naissent, vivent et meurent. Mais ces changements se réfèrent à une échelle de temps cosmique, graduée en millions ou en milliards d'années, et ils sont imperceptibles à notre propre échelle de temps.
L’opération inverse, la division par zéro, est encore plus redoutable puisqu’elle fait entrer en scène… l’infini. A l’inverse, divisez tout nombre par l’infini, vous obtiendrez zéro. Où l’on voit déjà que, comme le couple Yin-Yang, le zéro et l’infini sont indissolublement liés.
Pourquoi le zéro a-t-il suscité un tel effroi dans la pensée occidentale, alors qu’il a été accueilli à bras ouverts par la pensée orientale ? Pourquoi a-t-il fallu attendre jusqu’au Ve siècle pour que le génie mathématique indien confère enfin au zéro le statut d’un nombre à part entière ?
La lumière permet aussi d'étudier les mouvements des astres. Car rien n'est immobile dans le ciel. La gravité fait que toutes les structures de l'univers - étoiles, galaxies, amas de galaxies.. - s'attirent et "tombent" les unes dans les autres.
Ces mouvements de chute s'ajoutent au mouvement général d'expansion de l'univers.
Tout est mouvement et changement.
Nous ne percevons pas cette agitation frénétique parce que les astres sont trop distants, et notre vie humaine trop brève;
C'est la lumière qui nous révèle cette impermanence du cosmos.
Elle change de couleur quand la source lumineuse bouge par rapport à l'observateur.
Elle se décale vers le rouge si l'objet s'éloigne, et vers le bleu si l'objet s'approche.
C'est en mesurant ces décalages vers le rouge ou vers le bleu que l'astronome parvient à reconstruire les mouvements cosmiques.
le bouddhisme s’intéresse à la nature ultime du monde physique non pas pour comprendre le fonctionnement de la nature, mais parce qu’en accédant à la vérité ultime et en dissipant notre ignorance, nous pouvons nous libérer de la souffrance engendrée par notre attachement erroné à la réalité apparente du monde extérieur, et ainsi progresser dans le perfectionnement de notre être intérieur.
Les calculs montrent que, emportées par l'expansion accélérée de l'univers, les quelques centaines de milliards de galaxies de l'univers observable aujourd'hui nous deviendront invisibles dans à peu près deux mille milliards d'années, soit environ cent fois l'âge actuel de notre univers.
Comparé à notre existence d'une centaine d'années, ce laps de temps peut paraître considérable mais cela ne représente qu'un clin d'oeil par rapport à l'éternité.
Les étoiles sont nos ancêtres ; nous sommes des poussières d'étoiles : c'est une des grandes découvertes de l'astronomie contemporaine.
(cité dans "Panorama" no 524 décembre 2015)
La science naît du contact de l'homme avec le réel.
L'astronomie est plus que la simple étude des objets du cosmos. Au-delà des questions purement scientifiques se posent également des interrogations qui touchent à la métaphysique et à la spiritualité. L'astronomie donne à voir, mais aussi à réfléchir.
Le but essentiel de notre formation princetonienne n'était pas tant d'apporter tout de suite des réponses que de savoir poser les bonnes questions, car en science un problème bien posé est un problème déjà à moitié résolu. Nous apprenions à réfléchir.
Le poète anglais William Blake a magnifiquement exprimé la globalité cosmique dans un poème écrit en 1803:
"Voir un univers dans un grain de sable,
Et un paradis dans une fleur sauvage,
Tenir l'infini dans la paume de la main,
Et l'éternité dans une heure."
L'univers tout entier est effectivement contenu dans un grain de sable, car l'explication des phénomènes les plus simples fait intervenir l'histoire entière de l'univers;
La question que les astrophysicens se sont posée pour chaquemodèle d'univers est :
"Héberge-t-il la vie et la conscience après une évolution de 13,7 milliards d'années?"
La réponse est des plus surprenantes:
La très grande majorité des univers possèdent une combinaison "perdante" et se retrouvent dépourvus de vie et de conscience - sauf le nôtre, où la combinaison est "gagnante" et dont nous représentons, en quelque sorte, le gros lot.
La plupart des univers sont stériles parce qu'ils sont incapables de fabriquer des étoiles massives. Sans celles-ci, les éléments lourds comme le carbone, brique de la vie, ne pourraient exister.
Certains physiciens mettent en avant l'idée que notre univers n'est qu'un univers parmi une infinité d'autres, le tout formant un vaste "multivers". Les avancées scientifiques ont donc réduit à néant la place de l'homme dans l'univers. Loin d'être le centre du monde, sa planète n'est plus qu'un petit grain de sable perdu dans le vaste océan cosmique.
La nuit est aussi le temps des mystiques. Sans doute parce que la nuit suscite le silence, le recueillement, la réflexion, elle appelle le dépassement de soi, la transcendance, qu'elle se nomme Dieu,Nature, Cosmos, Beauté. Elle ouvre la voie à l'événement mystique, celui qui marque un point de non-retour, un foudroiement.
Je crois fermement que si, l'homme est doué de connaissance intellectuelle, s'il est capable de déchiffrer le code cosmique, c'est parce que la conscience n'est pas un heureux hasard de l'évolution du monde, qu'elle n'est pas un simple accident de parcours dans la grande fresque de l'univers.
Comme la vie, elle a été "programmée" dans l'univers de façon extrêmement précise dès la naissance de ce dernier.
L'existence de la conscience n'est pas contingente mais nécessaire, car dans ma perception, l'univers n'a de sens que s'il contient une intelligence capable d'appréhender sa beauté, son harmonie et son organisation. p398
Deux électrons convergent, subissent une collision et repartent. Inversez la séquence des événements, et vous aurez encore deux électrons qui convergent, subissent une collision et repartent. Les films du monde des atomes se projettent dans les deux sens, sans qu'on percoive de difference. Autrement dit, que le temps s'écoule dans une direction ou dans celle inversée, les équations du monde subatomique restent les mêmes. p278
VAGUES DU PASSÉ OU FLOTS DU FUTUR ?
La perte du maintenant universel implique que mon présent peut être le passé de quelqu’un d’autre et le futur d'une tierce personne, s’ils sont tous deux en mouvement par rapport à moi. Et si, pour d’autres, le futur existe déjà et le passé est encore présent, alors tous les instants se valent. Il n’existe plus de moment privilégié, ce qui est totalement différent de notre représentation psychologique habituelle du temps.
Nous visualisons en effet le temps à l’image de l’eau d'un fleuve qui passe. Ancrés dans le présent, nous contemplons le fleuve du temps qui s’écoule, éloignant les vagues du passé et amenant les flots du futur. Le passé s’en est allé, s’estompant dans nos souvenirs, tandis que le futur est encore à venir et n’existe que dans nos espoirs et nos rêves. Seul le présent possède une réalité palpable. Nous accordons ainsi au temps une dimension spatiale et c’est cette représentation du mouvement du temps dans l’espace qui nous donne la sensation du temps qui passe.