Citations de Trinh Xuan Thuan (234)
Je fais le pari d'un principe créateur responsable... du réglage si précis du Cosmos .
Il s'agit d'un principe panthéiste qui se manifeste dans les lois de la nature, tel que le décrit Spinoza.
Nous disons « le temps passe, il s’écoule ». Nous nous
représentons le temps psychologique comme l’eau d’une
rivière qui coule, ou les flots d’un fleuve qui passe. Ce faisant,
nous accordons à ce temps une dimension spatiale et c’est
cette représentation du mouvement du temps dans l’espace
par rapport à nous qui nous donne la sensation du passé, du
présent et du futur. Le présent seul existe. Le passé s’en est
allé et s’est perdu dans les méandres de nos mémoires. Le
futur, encore à venir, n’existe que dans nos rêves et nos
espoirs. Jean d’Ormesson a exprimé cette seule « réalité » du
présent ainsi :
« Depuis que le monde est monde, il n’a jamais été qu’au présent. Aucun
être vivant n’a jamais vécu ailleurs qu’au présent. Jamais dans le passé,
jamais dans l’avenir. Nous pouvons nous souvenir du passé, nous
pouvons faire des projets pour l’avenir — mais toujours dans le présent.
Un éternel présent règne sur l’univers. »
Nous avons fait jusqu’ici l’inventaire de 32% du contenu de l’univers (0.5% de matière lumineuse, 4.5% de matière noire ordinaire et 27% de matière noire exotique). Qu’en est-il des 68% restants ? Ils ne sont pas constitués de matière, mais d’une énergie noire engendrant une force antigravité qui est responsable de l’accélération de l’expansion de l’univers. Sa nature est tout aussi mystérieuse, ce qui veut dire que, malgré toutes nos connaissances, 95% du contenu de l’univers nous demeure inconnu !
Saint Augustin pensait que le néant avait une existence bien réelle, celle d’une chose tangible qui représentait un état sans Dieu. Identifié au Diable, le néant constituait la forme la plus extrême du péché et du mal.
Nous sentons tous intuitivement - les lois de la thermodynamique nous le confirme - que, laissé à lui-même, le hasard tend à défaire plutôt qu'à construire, à semer le désordre plutôt qu'à instaurer l'ordre. Plus un système est complexe, plus il est sujet à la dégradation, au dysfonctionnement et à l'usure. [...] Laissé à la seule action aveugle du hasard, un système complexe se détraquera beaucoup plus facilement qu'un système simple. p457
Le bouddhisme ne nie pas la vérité conventionnelle, celle que l’homme ordinaire voit ou que Ie savant détecte. II ne conteste pas les lois de cause à effet, ou les lois physiques et mathématiques. Il affirme simplement que, fondamentalement, il y a une différence entre la façon dont le monde nous apparaît et sa nature ultime. Ainsi, lorsque nous regardons une pomme, nous remarquons sa localisation, sa forme, sa taille ou la couleur de sa peau. L’ensemble de ces propriétés constituent la désignation « pomme ». Cette désignation est une construction mentale qui attribue une réalité en soi à la pomme. Mais lorsque nous analysons la pomme, issue de causes et de conditions multiples - le pommier qui l’a produite, la lumière du soleil et la pluie qui ont nourri ce dernier, la terre du verger où sont plantées ses racines, etc. -, nous sommes incapables d’isoler une identité autonome de la pomme. Ce qui ne veut pas dire que le bouddhisme prétende que la pomme n’existe pas, puisque nous en faisons l’expérience avec nos sens. Il ne prône pas une position nihiliste qui lui est souvent attribuée a tort. II affirme que cette existence n’est pas autonome mais purement interdépendante, évitant ainsi la position réaliste matérialiste. II adopte la voie médiane, ou « voie du milieu », selon laquelle un phénomène ne possède pas d’existence autonome sans être pour autant inexistant, et peut interagir et fonctionner selon les lois de la causalité.
Le mot « zéro » a pour racine l’indien sunya qui signifie « vide » ou « néant ». Traduit littéralement, sunya devient sifr en arabe (qui a aussi le sens de « vide ») et zephirum en latin, ce qui a donné naissance au mot « zéro ».
La vie et la conscience peuvent jaillir de la matière sans étincelle divine, car ce sont des phénomènes collectifs, des manifestations holistiques.
L’attirance envers un univers observable de quatre cent milliards d’étoiles éparpillées dans un rayon de quarante sept milliards d’années lumière n’empêche pas de quitter difficilement la baie de Somme par une belle soirée d’été entouré des siens.
L'homme aura-t-il la sagesse de réfréner son désir insatiable de construire et d'illuminer pour que nos enfants puissent encore contempler le ciel ?
La lumière a plus qu’une dimension physique et technique. Elle est aussi d’ordre sensible et spirituel. Qu’elle soit naturelle ou artificielle, la lumière nous conditionne de deux manières: physiologiquement, mais aussi psychologiquement. En effet, la lumière nous met dans un certain état d’esprit, elle influe sur notre humeur.
L’effort spirituel doit aboutir à une transformation profonde de notre manière de percevoir le monde et d’agir sur lui. Il ne suffit pas de savoir, comme dans le cas d’un physicien quantique, qu’il existe une interdépendance entre l’observateur et l’observé, que notre conscience ne peut être isolée de la réalité globale du monde des phénomènes, encore faut-il reconnaître par l’expérience personnelle que notre conscience fait partie de cette globalité. Notre esprit doit assimiler les implications de cette découverte, et notre vie doit s’en trouver transformée. Le pratiquant accompli du bouddhisme sait que la réalisation vécue de l’interdépendance se traduit par une compassion irrésistible envers tous les êtres – une compassion qui modifie son existence jusque dans sa fibre la plus intime. Passer ainsi d’une connaissance théorique, qui risque de n’avoir que des effets virtuels, à l’expérience directe est la clé de l’éthique.
Lorsque l’éthique est le reflet de nos qualités intérieures et guide notre comportement, elle s’exprime naturellement dans nos pensées, nos paroles et nos actes, et devient source d’inspiration pour les autres. L’éthique est donc fondée sur une adéquation profonde entre la théorie et le vécu. Comment arriver à une telle adéquation ? De façon graduelle. Nous commençons par l’écoute et l’étude, nous poursuivons par la réflexion intellectuelle pour culminer dans l’intégration en notre être, grâce à la méditation, d’une nouvelle perception des choses et d’un nouveau comportement. Méditer veut dire, en l’occurrence, se familiariser avec cette nouvelle perception du monde. De la compréhension naît la méditation, laquelle s’exprime en actes. On passe ainsi sans discontinuité de la connaissance à la réalisation intérieure, puis à l’éthique vécue.
Notre société produit peu de sages. Elle crée certes des comités d’éthique constitués de grands penseurs, mais en Occident, les critères de sélection des membres des « comités de sages » reposent surtout sur leurs réalisations professionnelles, au détriment des qualités humaines. Or il est clair qu’un véritable sage doit l’être à la fois par l’esprit et par le cœur. (pp. 250-251)
La vie est d’abord caractérisée par sa diversité exubérante. Au contraire des particules élémentaires, qui se comptent par centaines, le nombre des espèces vivantes connues est estimé à 1,4 million (751 000 espèces d’insectes, 248 000 espèces végétales, 281 000 espèces animales autres que les insectes, le reste étant constitué par les bactéries, virus, algues, protozoaires et autres champignons.) Mais il en reste tant à découvrir que ce chiffre peut fort bien atteindre les cent millions.
La variété de la vie ne s’arrête d’ailleurs pas là. A l’intérieur d’une même espèce, la nature donne aussi libre cours à sa créativité et joue toutes les cartes du possible. La diversité des caractères et des formes est sans limites. Ainsi, parmi les six milliards d’humains vivant sur Terre, à l’exception des jumeaux génétiques, pas un seul ne porte le même bagage génétique qu’un autre. Non seulement les êtres humains sont de races différentes, ont des cheveux, des peaux, des tailles, des formes de visage différents – caractéristiques qui constituent l’individualité extérieure de chacun –, mais ils ont aussi leur propre monde intérieur (leurs pensée et leurs émotions) qui varie à l’infini. C’est cette spécificité qui distingue les organismes vivants des particules subatomiques. Il vous suffit en effet d’observer les propriétés d’un seul électron pour connaître celles de tous les autres électrons. Rencontrez un seul proton, et les caractéristiques de tous les autres protons vous seront familières. Quant à leur monde intérieur, il n’existe pas… (pp. 288-289)
Nous savons donc que notre monde échappe parfois à notre logique, alors que nous y vivons.
Et l'absolu que je vois dans le monde, c'est la souffrance, le bonheur, l'affectivité ; tout le reste est relatif. il est donc important, et même crucial, de se
référer aux philosophies orientales.
(contribution d'Edgar Morin p.118-119)
Dans son rapport à la spiritualité, la conscience n'a rien de religieux, mais elle touche une vie intérieure, la question de l'âme, que certains scientifiques nient d'ailleurs radicalement, à l'instar de Jean-Pierte Changeux pour qui il n'y a que le cerveau.
Sauf que l'âme est aussi une émergence de l'esprit, qui ne peut se réduire à
\une localisation organique.
L'âme n'est pas circonscrite à la géographie du corps, le cerveau n'est pas la pompe de i'âme comme le coeur est la pompe du sang.
Cependant, d'un point de vue personnel je suis spinoziste, c'est-à-dire que je crois à la puissance créatrice de la nature, sans besoin de commandement ou d'architecte extérieur.
La qivinité est dans la nature. Et j'ai foi dans l'amour et la fraternité
(contribution d'Edgar Morin p.118).
De même, la conscience en tant que capacité autoréflexive de l'esprit est le produit ultime de l'évolution humaine, mais c'est aussi un produit fragile, une flamme vacillante qui peut s'éteindre, s'étouffer à tout moment, ne serait-ce que par la colère et la méchanceté.
Aujourd'hui, la conscience est encore sous-développée dans l'humanité,
il faut accroître notre capacité à avoir conscience des autres, par exemple, tout en saèhant que oette conscience est de plus en plus précaire et menacée par les conditions de barbarie qui se développent dans le monde entier.
Les fanatiques n'ont aucune conscience de participer à l'aventure humaine - les financiers non plus-, alors que cette consciènce est vitale.
(contribution d'Edgar Morin p.116)
Nous vivons ainsi dans un étrange et merveilleux univers qui, en dépit du progrès extraordinaire de nos connaissances, nous échappe encore presque entièrement. r:univers remet ainsi l'ego humain à sa place : malgré tout le savoir acquis, notre ignorance est considérable car nous ne connaissons que 5 % de son contenu (0,5 % de matière lumineuse plus 4,5 % de matière noire ordinaire).
La plus grande partie de l'univers (95 % dont 27% de matière noire exotique
et 68 % d'énergie noire) reste enveloppée d'un mystère total. (p.31)
Avèc l'accumulation du savoir, l'innocence disparut, les esprits désertèrent Ja planète et l'alliance entre l'homme et la nature fut rompue,
L'univers magique humain se mua en un univers mythique surhumain sur lequel régnaient les dieux. Tout phénomène naturel, y compris la création
de l'univers, résultait des actions de ces dieux. Avec l'univers mythique, la religion fit son entrée. La communication avec les dieux ne pouvait plus se faire directement, comme c'était le cas avec les esprits de l'univers magique, mais seulement par l'intermédiaire d'individus privilégiés, les prêtres.
Cette assoçiation cosmologie religion dura près de trois millénaires jusqu'à ce que l'univers scientifique apparaisse avec les Grecs, vers le VI' siècle avant notre ère.
Cet univers nous accompagne encore aujourd'hui,
La présence de cette matière «noire» a été révélée par l'observation des mouvements des étoiles et du gaz dans les galaxies, et ceux des galaxies
dans leurs amas. Leurs mouvements sont trop grands pour que la seule gravité de la matière lumineuse puisse les retenir dans leur environnement.
En d'autres termes, avec seulement la matière lumineuse, les galaxies et amas de galaxies devraient se désagréger.
Or tel n'est pas le cas.
Pour que les galaxies puissent retenir leurs étoiles et les amas leurs galaxies, il est indispensable que les galaxies et amas de galaxies contiennent de la matière noire qui n'émet aucun rayonnement visible et qui se manifeste seulement par la gravité qu'elle exerce. Les astrophysiciens orit :pu déterminer que la masse de cette matière noire est quelque 63 fois plus grande que la
masse de la matière lumineuse.
Autrement dit, la matière noire constitue presque un tiers (31,5 %) du contenu de l'univers.
Le renard ne croyait pas si bien dire quand il déclarait au Petit Prince de Saint Exupéry : «l:essentiel est invisible pour les yeux. »
Le temps est élastique et malléable. L'espace, nous l'avons vu, l'est aussi. Tous les deux peuvent se dilater, se contracter, s'étirer, se rétrécir à souhait. Ce n'est pas par hasard que ces deux acteurs du drame cosmique ont un caractère si proche l'un de l'autre. Ils forment en fait un couple bien uni dont les mouvements sont toujours complémentaires. Quand le temps s'étire, quand il passe plus lentement, l'espace se rétrécit. Jim, sur Terre, constate non seulement que Jules, fendant l'espace dans sa fusée à 87 % de la vitesse de la lumière, vieillit 2 fois moins vite, mais aussi que l'espace de ce dernier s'est contracté : le vaisseau spatial de jules apparoir à Jim comme raccourci de moitié. Dans l'univers d'Einstein, l'espace et temps sont indissolublement liés. Les déformations concertées de l'espace et du temps peuvent être considérées comme une transmutation de l'espace en temps. L'espace qui se rétrécit se transforme en un temps qui s'allonge et passe moins vite. Le taux de change à la banque cosmique est très élevé. Vous n'obtiendrez qu'une seconde de temps pour 300 000 kilomètres d'espace. Mais vous n'avez pas le choix. Le temps et l'espace ne sont plus dissociables comme dans l'univers de Newton. L'univers a désormais quatre dimensions. La dimension du temps s'ajoute aux trois dimensions de l'espace. Pour pouvoir préciser vos coordonnées dans l'univers, il ne suffit pas d'indiquer votre position, il faut aussi préciser le temps mesuré à cette position.