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Critiques de Valérie Mangin (572)
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Alix Senator, tome 4 : Les démons de Sparte

Dans ce tome 4 d’"Alix Senator", le sénateur Alix est envoyé en Grèce pour récupérer les livres prophétiques du sanctuaire d’Apollon à Delphes volés par un groupuscule grec nationalistes se réclamant des 300 Spartiates du défunt héros Léonidas…

D’Athènes à Delphes et de Delphes à Athènes, nous suivons les pérégrinations d’Alix à travers un Grèce ruinée qui ménage la chèvre et le chou entre le citoyen Héraklion et l’esclave Xanthos qui se tirent la bourre au sujet de l’héritage grec vampirisé par Rome et de la culpabilité d’Euryclès le tyran de Sparte, collaborateur n°1 du nouvel ordre augustéen…

C’était déjà sensible dans le cycle précédent, mais ici c’est encore plus clair ici : les auteurs ont décidé de dézinguer la propagande augustéenne ! Le Princeps est un tyran sans foi ni loi, l’âge d’or est un âge de fer et la prospérité tant vantée cache une misère crasse. Car pour la Grèce, à la paix des cimetières a succédé l’ère des guerres civiles (remember Cynocéphales, Pydna, Chéronée, Pharsale, Philippes, Actium…)



On mélange joliment le côté voyage et le côté espionnage avec Numa Sadulus, alter ego fictif de Numa Sadoul, vieux routard de la bande dessinée franco-belge IRL. Toutefois, les mystères restent entiers :

- Qui est la mère du fils d’Alix ?

- Par quel moyen Auguste fait-il pression sur Alix ?

- Khephren fils d’Enak va-t-il aller au bout de sa quête de vengeance ?

Les rebondissements, qui sont tous dans la plus grande tradition du peplum classique, ont été pour moi inégaux : certains sont tombés à plats alors que d’autres ont très bien marché ! Le Dieu Sauvage est-il de retour ? Réponse dans le tome 5 intitulé "Le Hurlement de Cybèle"…

4,5 étoiles arrondies à 4 étoiles parce que je suis un aficionado exigeant de la chose antique… blink



J’ai toujours été fan des excellents dessins de Thierry Démarrez, ici assisté aux couleurs par Fabien Alquier, mais sur cette série il est carrément en train de se débarrasser de ses derniers défauts… Youpi !!!

La série mère en est à son 34e album, mais force est de constater qu’elle a depuis longtemps perdu son mojo… On peut rouspéter, mais au XXIe siècle il est impossible de retrouver la densité des premiers albums de la saga où les phylactères occupaient les 2/3 des planches… Donc "Alix" est mort : vive "Alix Senator" ! ^^
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Alix Senator, tome 9 : Les spectres de Rome

Dans ce tome 9 intitulé "Le Spectre de Carthage", euh pardon "Les Spectres de Rome", Lidia sœur d’Auguste, amante d’Alix et mère de Titus est mourante et rien ne semble pouvoir la guérir ou pouvoir la soulager… Dans le même temps on retrouve dans le Tibre des cadavres exsangues et tandis qu’on accuse et qu’on s’en prend aux boucs émissaires habituels, les assassins qualifiés de spectres remontent et assassinent toute la hiérarchie de la clique de Livie épouse de l’empereur ! La malédiction de l’orichalque qui a déjà causé tant de dommage dans plusieurs tomes de la série d’origine continue de sévir avec ici des fanatiques de Cybèle persuadés que Khephren est le nouvel Attis et prêts à empoisonner tout Rome pour que leur divinité devienne un nouveau Seigneur des Cendres !

L’ambiance est très fantastique, dans le plus pur style de Mario Bava le désormais très vintage maître du cinéma fantastique italien, et Valérie Mangin et Thierry Démarez ne ménagent pas leur effort pour dynamiser l’ensemble et redonner un second souffle à leur série. On a même plusieurs sous-histoires avec Enak qui prend tous les risques pour apaiser l’âme de son fils Khephren, Titus qui doit affronter les doutes et les envies de revanche de Syllaios le Nabatéen, et Auguste qui ayant toujours aimé sa sœur Lidia se laisse aller au point de péter un câble à la première contrariété. Et au bout du bout la malédiction de l’orichalque continue de sévir !

Alors oui ce n’est pas ultime, mais c’est déjà bien mieux que pas mal des dernières sorties de la série d’origine qui n’en finissent plus de décevoir…
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Alix Senator, tome 13 : L'antre du Minotaure

BD HISTOIRE / ANTIQUITÉ.

Difficile de bien suivre donc bien critiquer un tome d’"Alix Senator" sorti en avril 2022 qui fait suite à un tome d’"Alix" tout court sorti en novembre 2021…

Mais en bref, un album de transition où il ne se passe pas grand-chose, où on n’apprend pas grand-chose, où tout va trop vite et où rien n’est véritablement développé (à commencer par plusieurs personnages qui n’ont pas une ligne de dialogue en 48 pages). Aussitôt lu aussitôt oublié ? Oui mais non, il reste l’excellent travail graphique de Thierry Démarez qui nous dépeint une belle Crète antique…
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Alix Senator, tome 12 : Le disque d'Osiris

BD HISTOIRE / ANTIQUITÉ.

Clairement on est plus dans les séries de Valérie Mangin que dans la série d’origine de Jacques Martin. Le ton et les ambitions ne sont pas du tout les mêmes, et dans ce tome cela se voit plus que jamais même si on reprend le schéma de l’album "La Griffe Noire" sorti en pleine polémique en 1959 (l’aventure africaine, la quête d’un remède). Néanmoins le récit n’était pas déplaisant pour autant, notamment grâce aux bons graphismes de Thierry Démarez qui donnent vie à l’Afrique (même si ça cafouille un peu entre le Nord et le Sud, l’aval et l’amont du Nil). C’est plutôt que ce nouvel arc a été mal amené et qu’on ne sait pas trop où l’auteure veut aller…
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Alix Senator, tome 7 : La puissance et l'éter..

Ce tome 7 d'"Alix Senator" intitulé "La Puissance et l'éternité" semble clore un 2e cycle, et je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il contient peu ou prou un tome de trop... Valérie Mangin qui nous a annoncé au mois de janvier 2018 au moins 11 tomes veut nous montrer un Alix plus humain mais aussi plus sombre (ça et les graphismes impeccables de Thierry Démarez) : le pari n'est pas loin d'être réussi car on retrouve bien le mélange aventure et tragédie si cher à Jacques Martin (du coup on retrouve l'ambiance tantôt douce amère tantôt délétère des albums les plus sombres de la saga), auquel elle ajoute les crevards qui ont sévi dans ses autres séries.

Livie qui détient Alix et Khephren qu'elle compte bien torturer le plus longtemps possible cherche à connaître le secret de la puissance et l'éternité, Lidia et Enak qui connaissent le secret de la puissance et de l'éternité cherchent à sauver Alix et Khephren et c'est vachement bien rendu visuellement. Il faut trouver un terrain d'entente, et à Cumes dans les entrailles piégées et piégeuses de la terre l'échange a lieu... Les fidèles de Cybèle alliés à Livie combattent le adorateurs d'Isis alliés à Auguste, et Khephren va au bout de sa folie en embrassant une statue d'orichalque aux allures de monstre lovecraftien (forcément avec les vestiges cyclopéens d'une civilisation antédiluvienne ^^).

L'identité de la mère de Titus est intéressante, et amène plein de thèmes intéressants pour la suite de la série : oh que je suis ravi de vous laisser tout le plaisir de la découverte, mais force est de constater que c'est amenée de manière un peu abrupte (j'ai dû relire ce tome et les précédent, tellement on nous annonce d'un coup un truc présenté comme évident). Un Alix plus sombre dans un univers plus sombre : autrefois il était l'électron libre entre César et Pompée, maintenant il est le pion du game of thrones entre Auguste et Livie... Depuis la fin des guerres civiles les aristocrates suprématistes romains s'ennuient, et s'ils ne peuvent pas tuer le Princeps héritier du divin César ce dernier ne peut pas les éliminer non plus car il besoin d'eux pour gouverner l'empire : on se regarde donc en chien de faïence en multipliant intrigues et complots pour déterminer qui est le puissant et le plus intelligent, bref qui a la plus grosse... Des gens souffrent et meurent à cause d'eux et de leurs petits jeux, mais et ils en rien strictement rien à secouer : toutes coïncidences avec le monde d'aujourd'hui ne sont évidemment aucunement fortuites ! Monde De Merde !!!
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Le club des prédateurs, tome 1 : The Bogeyman

Se tuer à la tâche, ce n’est pas mieux que d’être condamné à mort.

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Ce tome est le premier d’un diptyque constituant une histoire complète indépendante de toute autre. Sa première publication date de 2016. Il a été réalisé par Valérie Mangin pour le scénario, et par Steven Dupré pour les dessins, la mise en couleurs ayant été réalisée Roberto Burgazzoli. Il comporte cinquante-deux pages de bande dessinée. L’histoire se termine dans Le club des prédateurs, tome 2 : The party (2017).



Londres 1865. Prison de Newgate. La foule se presse nombreuse pour assister à une pendaison publique. Parmi les badauds du peuple, se trouve le landau de la famille Shepherd, avec la fille Elizabeth, sa mère Antonia et Archibald Williams, chancelier de la cathédrale Saint Paul qui sont également venus voir l’édifiante exécution. Sur son cheval, le docteur Edward Balfour se trouve également dans la foule, avec deux porteurs à pied, et un cercueil sur l’épaule pour récupérer le cadavre de la pendue. Elizabeth lui lance de grands bonjours, rappelée à l’ordre par sa mère qui lui reproche de se donner en spectacle, avec une remarque bienveillante du chancelier indiquant que c’est de son âge. M. Barlow, l’assistant commissioner, est également présent. Elizabeth a pris ses jumelles pour mieux voir l’exécution : sa mère lui indiquant qu’il s’agit d’une dangereuse criminelle, car elle a tué un poissonnier qui l’avait surprise en train de voler dans ses poubelles. La pauvre Jenny avance sur l’estrade, les mains liées dans le dos. Le bourreau lui met une cagoule pour l’aveugler, puis lui passe la corde au cou. La trappe s’ouvre, et Elizabeth a un réflexe de recul.



Jack, un jeune ramoneur, sourit à Elizabeth, captant un instant son regard. Puis il s’éloigne, un air de dégout sur le visage, se disant que les petites filles riches sont toujours à faire les belles. Il progresse avec un air détaché dans la foule, et en profite pour mettre la main dans le cabas d’une commère : il réussit ainsi à voler un morceau de savon. Il est interpellé par un bobby qui le reconnaît, surpris que Jack soit devenu un ramoneur : l’orphelinat de Saint-Paul ne voudrait plus de lui ? Jack indique que c’est lui qui est parti, il en avait assez d’être enfermé, il préfère être dehors et avoir faim. Le policier constate que Jack s’est enfui comme son père l’année dernière. En effet, il était couvert de dettes : sa boucherie tournait bien, il fournissait la gentry, mais il dépensait la caisse dans tous les lieux mal famés de Londres. Jack s’en va en courant, refusant d’en écouter plus. Il croise Polly qui lui demande s’il n’est pas en train de voler. Il rétorque que c’est toujours plus utile que de prier. Elle a beau faire, le seigneur n’a pas délivré la pauvre Jenny : ils l’ont pendue. Et les riches sont venus la voir mourir en s’empiffrant. Les bourgeois et les nobles sont leurs ennemis, autant que le bogeyman, le croquemitaine, qui a tué son père. Polly lui répond que ce n’est pas vrai : le bogeyman, c’est un monstre alors que lady Shepherd a demandé aux gens de son orphelinat de l’engager. Sans cette lady, ses petits frères et elle Polly devraient les poubelles comme Jenny. Pour Jack, se tuer à la tâche n’est pas mieux que d’être condamné à mort.



Le titre évoque un club composé de prédateurs, mais sans indiquer s’il s’agit d’une aventure tout public, ou d’une bande dessinée à destination d’un lectorat plus âgé. La première page apporte la réponse : l’exécution publique d’une jeune miséreuse sous les yeux pleins de curiosité d’une jeune fille de bonne famille, plutôt un récit pour adolescents et adultes. La mise en couleurs fait montre d’un parti pris entre naturalisme et expressionnisme : une teinte grisâtre pour le mur de pierre, et une teinte maronnasse pour la foule populaire des badauds, pas très gai tout ça. Les pages suivantes tournent au vert de gris, malgré cette séquence qui se déroule en pleine journée. Ça ne s’arrange pas quand madame Shepherd, sa fille et le chancelier vont visiter leurs pauvres dans un quartier miséreux de la capitale britannique. Ça devient franchement étouffant dans l’usine de filature où travaillent des enfants, de plus de neuf ans pour la plupart, mais pas beaucoup plus, le gris se teintant un peu d’acier. La longue virée nocturne s’effectue dans un noir qui n’occulte malheureusement aucun détail, tout en étant très pesant. Il n’y a que quelques cases qui bénéficient d’une ambiance lumineuse moins pesante, mais tout aussi déprimante, quand Elizabeth se trouve dans la sécurité de sa chambre. Le coloriste impressionne fortement par sa capacité à imposer ainsi une ambiance lumineuse qui peut donner une sensation d’uniformité monochrome dépourvue de toute fantaisie, tout en conservant une lisibilité facile, sans noyer aucun détail dans ce n’aurait pu être qu’une épaisse bouillasse, qui plus est parfaitement en phase avec le récit.



Le dessinateur impressionne tout autant le lecteur : son investissement se voit dans chaque page, chaque case. Il réalise des dessins dans un registre réaliste et descriptif, avec un niveau de détail élevé. Le lecteur peut être pris de l’envie de compter le nombre d’individus composant la foule de la première page, et il se rend compte qu’il arrête après une bonne cinquantaine, préférant continuer à détailler les visages, les coiffures, les couvre-chefs de ceux qu’il n’a pas encore recensés, pour profiter de ce bain de foule, un peu inquiétant il est vrai du fait de ce qui l’a occasionné : une exécution publique. Dans ces cas-là, le lecteur peut être tenté de se dire que l’artiste a tout donné sur la première page pour retenir son attention et que la suite sera plus à l’économie. En fait, la foule est tout aussi impressionnante, compacte et diversifiée en page cinq, alors que la trappe s’est dérobée sous les pieds de Jenny. Jack se déplace dans la masse des piétons, là encore avec un soin rare apporté aux tenues vestimentaires d’époque. Le nombre d’employés qui se rend à l’usine de filature épate dans une vue en élévation. Le lecteur voit, atterré, tous les enfants qui travaillent sur les machines dans la filature. Il se sent un peu submergé par toutes les personnes dans les allées du marché. Mais il regrette presque leur nombre en voyant des enfants enfermés dans des cages, ou en voyant la vulnérabilité de ces trois enfants seuls dans les rues la nuit.



Non seulement l’implication du dessinateur est sans faille de la première à la dernière planche pour la représentation des individus, mais en plus il en va de même pour les différents lieux. Le lecteur commence par ressentir toute la masse indestructible du mur de la prison auquel il ne manque pas une seule pierre. Puis il peut ressentir un moment de flottement, hypnotisé par les pavés de la rue, il n’en manque pas non plus un seul, avec même les légères déformations de la chaussée, générées par le passage de carrosses et des camions de livraison. La lente avancée du landau tiré par deux chevaux donne le temps de jeter des coups d’œil à droite et à gauche, dans ce quartier déshérité, dont la chaussée est encore en terre boueuse, de voir les constructions dans un état de décrépitude plus ou moins avancé. Page onze, une vue du ciel permet de se rendre compte du tracé de la voie de chemin de fer au milieu de ces taudis. Le contraste n’en est que plus saisissant avec les maisons propres et cossues de Piccadilly, leur intérieur richement meublé, la cuisine tout équipée (de l’époque). Par la suite, le lecteur prend toute la mesure des conditions de travail terrifiantes dans l’usine de filature, l’air étouffant, le danger des machines. La virée nocturne d’Elizabeth avec Jack et Peter donne l’occasion de se hâter dans les rues boueuses d’un autre quartier de Londres, avec les murs de brique, une grille en fer forgé, une vue inattendue et splendide des toits de Londres, sous un ciel étoilé et une pleine Lune.



Le lecteur se sent complètement immergé dans cette métropole, les bâtisses peu accueillantes des quartiers populaires, les rues pouvant passer d’étouffantes et noires de monde, à totalement désertées et franchement angoissantes. Un environnement parfait pour une histoire très noire, un thriller terrifiant. Plongé dans cette ambiance, le lecteur comprend que le titre est à prendre au premier degré : Charles Shepherd fait bien partie d’un club de prédateurs, au sens premier du terme. Très vite, il apparaît que Jack, le ramoneur, est doté d’une conscience politique pénétrante, même s’il s’exprime de manière pragmatique, sans utiliser de grands concepts, ou de mots se terminant en -isme. Jenny est pendue pour avoir voulu se nourrir, certes en volant. Jack énonce que : Se tuer à la tâche, ce n’est pas mieux que d’être condamné à mort. Quelques pages plus loin, il développe : Cette usine ne sert qu’à enrichir un sale exploiteur ! Il paye juste assez pour que ses employés (en majorité des enfants) ne meurent pas de faim. Tout le reste de l’argent ira directement dans sa poche. Le lecteur est confronté à cette réalité : le travail des enfants, leur exploitation : à la fois le travail par la contrainte, une rémunération dérisoire, une mise en danger en les exposant aux risques des machines-outils, et, il s’avère, pire encore. Sans nul doute, ces employeurs, en l’occurrence le propriétaire de l’usine de filature, se conduisent comme un prédateur profitant de l’absence de toute forme de système de loi pour assurer la protection de l’enfance. La course au profit capitaliste ne connaît pas de garde-fou et il s’agit d’une réalité qui a existé, une prédation historique et des prédateurs encore prêts à saper les lois existantes de la protection infantile, pour pouvoir employer des enfants.



Quand ils ont choisi leur titre, les auteurs n’ont pas fait semblant. Le dessinateur donne une consistance peu commune à Londres et à ses habitants, dans leur multitude, un environnement dur et solide, souvent toxique, auxquels les êtres humains doivent s’adapter. La scénariste a imaginé un club de prédateurs de la pire espèce, ayant choisi comme proie les enfants que ce soit comme des victimes d’atrocités, ou comme les victimes systémiques du capitalisme et sa faim dévorante jamais rassasiée pour le chiffre d’affaires et le profit à moindre coût. Glaçant.
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Alix Senator, tome 6 : La montagne des morts

Dans ce tome 6 d'"Alix Senator", intitulé "La Montagne des morts", le héros créé par Jacques Martin est toujours en chasse-patates entre Auguste et ses ennemis qui se livrent une course à la puissance et l'éternité, les agents de l'empereur semblant toujours avoir un coup d'avance et ceux de sa Némésis toujours un coup de retard...

Titus est rentré à Rome avec les Livres Sibyllins que l'empereur se fait une joie de brûler en intégralité : seul connaisseur de passé et de l'avenir, il devient ainsi le seul détenteur de la vérité... Pendant ce temps Alix le père adoptif et Enak le père biologique emmènent Khéphren en Égypte pour lui faire oublier les sévices irrémédiables qu'il a subi dans le tome précédent... Et ce dernier les emmènent à l'oasis de Siwa consulter l'oracle de Zeus-Amon, persuadé qu'il y trouvera la statue en orichalque de Cybèle (remember le Dieu Sauvage), et persuadé qu'elle lui redonnera ce qu'il a perdu avec la puissance et la gloire !

Tous les ingrédients du peplum d'aventure sont là : le gouverneur louche, la traversée du désert, les nomades vindicatifs, les autochtones revanchards, l'oasis perdue, le temple assiégé, les catacombes cachées et la nécropole oubliée... Mais malgré les beaux graphismes de Thierry Démarez, la mayonnaise ne prend qu'à moitié car Alix et Enak ont perdu de leur superbe, et leurs remplaçants ne sont pas à la hauteur : Titus toujours à la recherche de l'identité de sa mère n'est pas intéressant (attention foreshadowing : il a été prédit que c'est elle qui sera de sa mort prématurée, et Khéphren est plus détestable que jamais... Depuis le début il mesquin, moquer, querelleur, hautain, orgueilleux, imbus de lui-même et en quête de pouvoir juste pour être craint et adoré, mais ici il devient violent et obsessionnel au point de glisser lentement mais sûrement vers la folie... Sinon l'impression de « retour à la case départ » et de « tout ça pour ça » qui revient de tome en tome devient agaçante ! Après c'est la première fois que Valérie Mangin oeuvre sur une série aussi longue et on touche peut-être aux limites de son écriture, ou la série dérivée est peut-être victime de la même malédiction que la série mère (ce dont je vous parlerai quand je ferais une rétrospective sur "Alix").
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Alix Senator, tome 1 : Les aigles de sang

An 12 av. J.-C.

Mont Circé, Latium.



Alors qu’un violent orage déchire la nuit, un cavalier pressé et inquiet éprouve le regret d’avoir accepté un rendez-vous…



Le lendemain, son fils et ses hommes retrouvent son cadavre alors que les cochons se repaissaient de ses entrailles… Marcus Aemilius Lepidus, le Grand Pontife, l’ami de César, le dernier rival d’Auguste n’est plus…



Critique :



Alix a vieilli ! L’éternel adolescent est devenu un homme mûr. La blondeur de ses cheveux a cédé la place à un blanc immaculé. Enak n’est plus, mais Alix assume l’éducation de son fils, Kephren, aux côtés de son fils (?) Titus. Un homme vient de réussir à rassembler tous les pouvoirs : Octave, le neveu et héritier de César. Du coup, plus question de l’appeler Octave ! Inclinez-vous et appelez-le « Auguste ». Bien qu’il soit l’ami d’Octave, Alix ne sait s’il doit se réjouir que la vieille république romaine ait cédé la place à un homme qui concentre tous les pouvoirs.



Valérie Mangin nous propose un thriller antique où Alix tente de protéger son ami Octave, qu’il pense être la victime suivante, tout en ayant bien des soucis avec ses deux adolescents.



Le dessin de Thierry Demarez s’écarte de la ligne claire chère à Jacques Martin pour aboutir à un dessin plus réaliste mais plus statique. Petite exception, et peut-être hommage à Jacques Martin, la deuxième case de la dernière planche qui rappelle furieusement, une aventure dessinée par l’auteur original… Je vous laisse découvrir dans quel album ! … Comment ? … Qu’y a-t-il à gagner ? Heu… Mon estime, si ça vous dit !



La scénariste et le dessinateur créent une Rome qui m’a l’air des plus plausibles quant au mobilier, habitations, tenues… Mais je ne suis pas un expert.



Quant aux choix des couleurs adoptées par Thierry Demarez, je sens que cela va en faire jaser plus d’un… Mais pas moi ! … Pas cette fois-ci…

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Alix Senator, tome 1 : Les aigles de sang

Belle idée, que de ramener Alix à cinquante ans... Très hiératique dans sa toge sénatoriale.

Le graphisme est beau, sans pompeux inutile, avec un scénario soigné.

Nouvelles série, nouveaux personnages et questionnements: Qu'est-devenu Enak, le fidèle compagnon d'Alix et quel complot menace Octave, l'ami devenu l' empereur Auguste?

Alix, cette fois, est accompagné de Kephren le fils d' Enak et Titus son fils à lui.

L' assurance est donnée, en tout cas, qu'avec ces nouvelles aventures de l'âge mûr Alix continue une voie brillante et pleine d'attrait pour le lecteur.

Longue vie au sénateur!
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Mortemer

En empruntant cette Bd intitulée Mortemer, je pensais y trouver l'histoire de Mathilde de Normandie, enfermée par son père Henri Ier, dans une pièce du château et qui hanterait les lieux depuis sa mort ou encore celle de ces moines massacrés pendant la Révolution, ou celle de la Garrache, cette femme ensorcelée qui se transformait en louve les mois de pleine lune...

Autant de légendes qui perdurent encore à l'Abbaye de Mortemer, site historique envoûtant, dont les histoires de fantômes fascinent encore et toujours les visiteurs.





Mais ce n'est pas à proprement dit un retour dans le passé que nous propose Valérie Mangin mais plutôt une anticipation dans le futur.



En 2050, après la noyade de ses parents dans l'étang de l'abbaye, Guillaume en devient le principal héritier. Il souhaite développer ce lieu touristique et en faire une sorte de parc d'attractions. Un jour, il rencontre Céline, dont il tombe amoureux et à laquelle il propose de jouer la Dame blanche dans le prochain théâtre qu'il projette de mettre en place.

Tout ceci pourrait paraître assez banal si ce n'est quelques éléments inquiétants : les fantômes de l'abbaye, Mathilde et les moines, dérangent de plus en plus Guillaume dans son sommeil et Céline finit par lui avouer que ce sont ses quatre frères qui l'ont poussée vers lui afin de pouvoir mettre la main plus facilement sur le trésor de l'abbaye....





Tout en reposant sur les légendes de l'abbaye, cette histoire s'en affranchit quelque peu en imaginant l'histoire inquiétante de Guillaume, ce prétendu héritier.

Si j'ai aimé retrouver toutes ces légendes de l'Abbaye de Mortemer, je n'ai pas vraiment adhéré à celle de Guillaume mais je l'ai tout de même lu sans déplaisir. le scénario est très bien mené et les dessins évoquent parfaitement les lieux et l'ambiance apeurante du site. Guillaume, narrateur de sa propre histoire, personnage équivoque et assez trouble, entretient le mystère tout le long de l'album et maintient le lecteur en haleine...





Déçue, cependant, que cet album ne soit pas consacrée uniquement à Mathilde, la Dame Blanche, je me suis tout de même régalée avec l'annexe documentaire présentée par les auteurs de cette Bd : textes et photos retracent habilement l'histoire de l'Abbaye et de ses fantômes.
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Alix Senator, tome 5 : Le hurlement de Cybèle

Dans ce tome 5 d’"Alix Senator", intitulé "Le Hurlement de Cybèle", Titus et Khéphren sont en visite dans la cité asiatique de Pessinonte : le premier roucoule avec une jeune orpheline galate à la blonde chevelure tandis que le second est en quête de la puissance et de l’éternité promises par les Livres Sibyllins pour accomplir sa vengeance… Ajoutons de mystérieuses disparitions et d’odieux meurtres rituels sur fond de complots cléricaux pour faire bonne mesure… ^^

Sur le fond on retrouve pas mal d’ingrédients des premiers albums de série, sur la forme le côté figé de certaines expressions est largement compensé par le travail réalisé par le dessinateur Thierry Démarez et le coloriste Jean-Jacques Chagnaud sur la ville de Pessinonte et sur le temple de Cybèle. Mais franchement, déjà que le fils d’Enak s’en est pris plein la gueule par un rond dans les tomes précédents, était-ce la peine de lui faire subir dans ce tome un tel calvaire supplémentaire ???





On est dans le tome de transition certes, mais j’ai fortement envie de dire que les tenants et les aboutissants de ce 2e cycle tardent trop à se dessiner… Y verra-t-on plus clair dans le tome 6 intitulé "La Montagne des morts" ? Désormais rien n’est moins sûr…
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Les futurs de Liu Cixin, tome 2 : Pour que ..

Deuxième album de la collection « Les futurs de Liu Cixin » qui est LA collection bd actuelle a suivre. Je remercie énormément les éditions Delcourt de nous permettre de les découvrir via NetGalley et j’invite tous les lecteurs conquis par cette remarquable collection à les acquérir en papier tant le plaisir de lecture est décuplé. Perso je compte les acquérir pour moi et pour la médiathèque où je travail.

Dans « Pour que respire le désert » nous sommes de nouveau sur une planète Terre présentant les stigmates d’une souffrance climatique où la sécheresse, le désert colonisent les terres immergées.

En parallèle, nous suivrons le destin de YuanYuan, une jeune fille talentueuse, rêveuse qui a perdu sa maman qui consacrait toute son énergie, sacrifiant son rôle de mère pour sauver la planète, mettre à son tour son énergie, sa « folie » au service de l’humanité. Comme l’a théorisé Arthur C. Clarke : La seule façon de découvrir les limites du possible, c'est de s'aventurer un peu au-delà, dans l'impossible..

Un grand bravo aux éditions Delcourt pour cette collection d’adaptations des nouvelles de cet immense auteur qu’est Liu Cixin, et aux très talentueux auteurs que sont Valérie Mangin et Steven Dupré.
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Alix Senator, tome 3 : La conjuration des r..

Décidément la qualité est toujours au rendez-vous pour ce revival new look du héros aux cheveux blonds du très regretté Jacques Martin. Les deux premiers tomes se suffisaient presque à eux-mêmes, j’avais un peu peur pour ce retour à Rome… Et j’ai finalement j’ai peut-être davantage apprécié celui-ci que les deux autres. ^^



Alix est donc de retour dans la ville éternelle mais le torchon brûle avec Auguste qui lui reproche d’avoir laissé Enak et Césarion en vie. La tension monte entre le Princeps et le clan Alix sur fond des complots et des intrigues qui tournent autour de la conjuration des rapaces.

Mais on va au-delà du classique soap nobiliaire version antique, car entre les discours haineux et xénophobes des jeunes patriciens, vilipendant Gaulois et Égyptiens, et les discours réactionnaires des vieux patriciens, qui se veulent les seuls vrais romains et les seuls vrai républicains, on sentirait presque des piques contre les thèses néo-cons des zemmouriens.

Et au final derrière les beaux discours, chacun joue double-jeu pour défendre ses intérêts ou ses privilèges… bref ses petites parcelles de pouvoir. Le dindon de la farce est le pauvre Césarion qui s’oppose à son cousin Octave, dupe des uns et des autres alors qu’il ne veut que prendre possession du légitime héritage de son père César, et rétablir la mémoire de sa défunte mère accusée de tous les maux Cléopâtre.

Le suspens est bien maintenu jusqu’à cette réunion de la curie ou fatalement quelqu’un devra trahir et où fatalement quelqu’un devra mourir… L’enchaînement des révélations et des retournements de situation était particulièrement bien fichu ! niveau tension dramatique c’était du HBO ou presque…



Et puis au-là des intrigues et des complots de cette cabale masquée, il y a aussi un chouette relationship drama avec les tribulations de la famille impériale, les retrouvailles pleines de non-dit entre Alix et Enak les vieux amis, les divergences d’opinions croissantes entre leurs fils Titus et Khephren, ce dernier étant en pleine crise existentielle car coincé entre un père biologique qui l’a abandonné pour combattre Octave/Auguste et un père adoptif qui a pris le parti de combattre pour Octave/Auguste…

Et puis on sent bien avec la scénariste Valérie Mangin la latiniste chevronnée et l’historienne diplômée de L’Ecole des Chartes et de l’Université de la Sorbonne. Mieux on sent l’amoureuse des pepla qui connaît ses classiques avec ce personnage féminin qui semble marcher dans les pas de la Julia des "Derniers Jours de Pompéi" (celle dont l’acolyte se nommait Arbacès… heureux hasard ou clin d’œil ? ^^). Bref quand l’érudition se met au service de la coolitude c’est la réconciliation des optimates et des populares !!!



Les dessins et les couleurs de Thierry Démarez sont vraiment très aboutis donc très réussies. Son duo avec Valérie Mangin continue à marcher du tonner ! Toujours un peu gêné par la surexpresssivité de certains visages qui fige un peu telle ou telle case, mais c’est vraiment chipoter vu le superbe travail sur les décors et les visages toujours très réalistes.



Avec ces graphismes irréprochables, c’est du bien bel ouvrage : j’attends donc déjà avec impatience le tome suivant intitulé "Les Démons de Sparte" !
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Alix Senator, tome 2 : Le dernier pharaon

An 12 av. J.-C.

Rome.



Cela barde au Sénat ! La cause ? Un sénateur reproche à Octave d’interdire aux sénateurs de se rendre en Egypte. Octave ne craindrait-il pas qu’un membre de cette illustre assemblée n’en profite pour lever une armée et ne s’empare de cette riche province ? Pourtant, Octave vient d’autoriser Alix à s’y rendre, lui qui, à la naissance, n’était qu’un Gaulois !



Pendant ce temps, le bateau d’Alix arrive à Alexandrie. Il est accompagné de son fils et de Khephren, le fils d’Enak, ancien compagnon d’Alix trop tôt arraché à l’affection des siens. La mission dont Octave a chargé Alix est ultraconfidentielle, mais les deux ados sauront-ils tenir leur langue ?



Quant à ce gouverneur, ce préfet, ce Barbarus qui a quasi les pouvoirs d’un roi, comment a-t-il pu tomber dans une telle déchéance, lui qu’Alix connut en d’autres temps à ses côtés à la bataille d’Actium en fier soldat ? Il est gras et conscient de sa déchéance. Son plus cher désir est d’être rappelé à Rome. Malgré leur passé commun, il n’est pas du tout sûr qu’il soit disposé à aider Alix à accomplir sa mission…



Critique :



La scénariste, Valérie Mangin nous propose ici des trahisons à répétition au point que même Alix ne sait plus à qui se fier vu que les cartes sont brouillées. Il y est un peu question de la mort de Cléopâtre et beaucoup d’un bâtiment mythique, la Mère des Pyramides, bâtiment qui daterait de bien avant que la civilisation égyptienne ne prenne son essor…



Le lecteur va assister au retour d’un revenant… Mais, chuuut ! Inutile d’attirer les fantômes.



Thierry Démarez a accompli un travail de fou pour donner vie aux décors qui illustrent cette aventure et qui sont de toute beauté.

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Alix Senator, tome 1 : Les aigles de sang

C'est un Alix à la fois vieilli et rajeuni que nous retrouvons ici pour notre plus grand plaisir : vieilli car le jeune homme d'antan est ici un sénateur mûr et respectable, et rajeuni car le graphisme, plus moderne, enlève ce qui était devenu un peu démodé, un graphisme trop précis et un peu enfantin pour une BD qui ne l'est pas du tout. Bref une version "relookée" qui me plaît bien et une intrigue intéressante bien qu'un peu simpliste (on est loin des histoires complexes de Jacques Martin) qui respecte la personnalité des personnages politiques ainsi que les us et coutumes de Rome. J'espère toutefois que les scénarios s'étofferont davantage par la suite.

Affaire à suivre....
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Doggybags, tome 11

Après un dixième tome en demie teinte, la série des "Doggybags" revient avec ce onzième tome qui suit le même chemin que le dixième.

Même si ce n'est vraiment pas mauvais pour autant. Je lui ai accordé quatre étoiles car je suis un inconditionnel fan de ce format de Comics indépendant à la française et j'ai beaucoup de respect pour les divers artistes qui paraissent dans tous les numéros de Doggybags.



La première histoire nous fait prendre la direction de l'Afrique du Sud où ce qui devait être une simple observation de Grand Requin Blanc ne va pas se passer comme prévu.



La seconde histoire nous plonge dans la peau de Lucho, petit malfrat californien qui se retrouve sous le feu des balles et s'exile dans un patelin paumé du Mexique où un étrange trafic à l'air d'avoir lieu.



La troisième histoire, direction Haïti dans une prison haïtienne où se mélange vengeance et magie vaudou.



Pour résumer, malgré les quatre étoiles que j'ai accordé à ce tome, il y a une petite baisse de forme sur le fond.

En espérant que les prochains tomes de Doggybags me feront retrouver toute la magie et l'adrénaline que j'ai découvert à l'époque des premiers numéros. Ce n'est vraiment pas mauvais sur les deux derniers tomes, loin de là, mais on sent un petit essoufflement. Rien de bien grave en soi, car ça reste kiffant tout de même.
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Les futurs de Liu Cixin, tome 2 : Pour que ..

Liu Cixin, considéré comme l’un des plus grands écrivains de science-fiction contemporaine, lauréat du prix Hugo, a vendu des millions d’exemplaires dans le monde entier.



Après le grand écran, son univers s’étend à la bande dessinée et est adapté par un beau casting d’auteurs internationaux. Ses histoires rejoignent une nouvelle collection chez Delcourt : Les Futurs de Liu Cixin.



Deuxième album de la collection « Les futurs de Liu Cixin » que je découvre après « La terre vagabonde » et c’est toujours un plaisir ! J’ai même plus apprécié celle-ci que la première.



Nous sommes toujours sur notre planète Bleue, où la population est confrontée aux désordres climatiques, avec une sécheresse et un désert qui s’étend sur les terres immergées



Les nouvelles de Liu Cixin sont mises en valeur par Valérie Mangin et Steven Dupré, qui construisent ce monde futuriste ravagé avec de très belles planches détaillant la Terre sèche, et ces fameuses bulles de savon de plus en plus imposantes, enveloppantes, pour le salut de l’humanité.



A la différence du premier opus, j’ai trouvé que celui-ci était plus lumineux, avec des notes très positives pour l’avenir.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Alix Senator, tome 1 : Les aigles de sang

​Quel plaisir de retrouver Alix après toutes ces années où je l'avais remisé dans les profondeurs de mes lectures d'enfance. Il a vieilli, comme chacun d'entre-nous et le jeune gaulois intrépide est désormais sénateur de Rome, porte le cheveux blanc et, avec élégance, la toge qui sied à son rang. Avec un graphisme de grande qualité qui n'est pas sans rappeler l'excellente série Muréna, les auteurs, Valérie Mangin et Thierry Demarez ont rompu avec les codes de la bande dessinée originale de Jacques Martin, faisant certainement hurler les puristes mais qui, à mon goût, ajoute une note de modernité qui ne nuit, en aucune façon, à une enquête prenante qui va entraîner Alix, son fils Titus et son fils adoptif Kephren, qui n'est autre que celui d'Enak disparu bien des années auparavant, dans une aventure qui pourrait causer la fin de l'empire romain.
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Inhumain

Une navette d'exploration s'écrase sur une bien mystérieuse planète. Les survivants y découvrent des humains qui répètent inlassablement les mêmes gestes pour plaire au "Grand Tout"



Une histoire de science fiction un peu déroutante. L'équipe composée des 5 survivants du crash va partir explorer l'île volcanique afin de comprendre ce qu'il se passe sur cette planète. Petit à petit ils semblent eux aussi contaminés par ce désir de servir le Grand Tout dans une espèce de béatitude tout à fait pathologique, seule Ellis l'androïde semble résister mentalement.

L'histoire est assez intéressante et il règne un sentiment d'angoisse permanent. C'est assorti sur une réflexion sur la nature humaine et la liberté d'expression.

Le dessin est sympathique avec une colorisation soignée.
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Le club des prédateurs, tome 2 : The party

La solution… Il n’y en a qu’une seule. Devenir un monstre parmi les monstres.

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Ce tome fait suite à Le club des prédateurs, tome 1 : The Bogeyman (2016) qu’il faut avoir lu avant car il s’agit d’une histoire complète en deux tomes. Il a été réalisé par Valérie Mangin pour le scénario, et par Steven Dupré pour les dessins, la mise en couleurs ayant été réalisée Roberto Burgazzoli. Il comporte cinquante-deux pages de bande dessinée.



Londres en 1865. Dans un quartier défavorisé, traversé par une ligne de chemin de fer, Jack, ramoneur, se tient sur la voie ferrée face à la locomotive à charbon qui arrive à vive allure. Il semble comme en transe, un cri retentit à côté. Il finit par se jeter de côté au dernier moment, sous le regard horrifié de son amie Polly. Cette dernière lui dit qu’il aurait pu se faire tuer. Il lui répond sèchement de s’occuper de ses affaires, car il mérite de mourir. Il n’a pas sauvé son père, ni Peter, ni les autres. Le bogeyman les a eus. Tous ! La femme sourit : ses petits n’ont pas été mangés par le croquemitaine. Ils ne sont plus ici parce que mister Roberts leur a donné du travail à la campagne, c’est tout. Ils sont bien mieux là-bas, c’est le paradis à côté d’ici. Et puis le croquemitaine ! Elle se demande comment un grand garçon comme Jack peut encore croire aux contes de fées. Dans le luxueux appartement de Piccadilly, Elizabeth est assise sur le sofa de sa chambre, en chemise de nuit, la tête tournée vers la fenêtre, observant la rue sans bouger. Annie, la fille du cuisinier Thomas Borders, entre doucement et lui demande si elle veut bien encore lui lire l’histoire de Cendrillon et de ses méchantes sœurs. Elizabeth reste mutique sans bouger, sans quitter la rue du regard. Annie se demande pourquoi elle regarde la rue. Elle sait : Elizabeth attend son prince charmant. Il va venir pour la réveiller comme la belle au bois dormant.



On toque à la porte. Annie court se cacher dans l’armoire. Charles Shepherd entre dans la chambre pour s’enquérir de la santé de sa fille. Elle ne répond pas, elle ne bouge pas. Il lui indique que le docteur Edward Balfour est avec lui, il est venu pour l’examiner. Charles se retire pour laisser le médecin faire son travail. Balfour parle à haute voix, comme s’il s’adressait à Elizabeth. Il constate qu’elle n’a pas progressé depuis la dernière fois. Elle a bu son verre de lait, c’est tout, mais elle ne mange toujours pas. Elle réagit autant que les corps dégénérés qu’il dissèque devant ses étudiants. La seule différence, c’est qu’elle est plus appétissante. Elle n’est plus que de la chair tendre avec des réflexes : un petit poulet sans tête. Il en conclut que le pauvre Charles n’aura jamais de petit-fils. Puis le médecin sort de la pièce et va rendre compte au père qui se désole : si seulement elle pouvait raconter ce qui lui est arrivé. Mais même soumis à un interrogatoire avec violences, le cocher n’a pu que répéter qu’il n’avait rien vu, rien entendu. Le docteur indique qu’il va prescrire d’autres drogues à Liz. Dehors dans la rue, Jack passe en se maudissant. Elizabeth le repère depuis sa fenêtre et le considère avec un visage déformé par la haine.



Un diptyque très noir mêlant un croquemitaine qui enlève des enfants dans les rues de Londres, et le travail des enfants dès neuf ans dans des usines comme les filatures. Piégée par Jack et Peter, Elizabeth Shepherd a pu voir le croquemitaine ce qui l’a traumatisée et plongée dans un mutisme total. La scénariste n’a pas fait mystère de l’identité du bogeyman et de l’organisation qu’il y a autour, et le lecteur suppose que les deux jeunes adolescents, Elizabeth et Jack, vont réussir à neutraliser les membres du club des prédateurs, avec quand même une incertitude, car la noirceur du récit n’exclut pas la possibilité d’un échec pour les gentils. Il replonge d’entrée de jeu dans ce Londres industriel et pauvre avec la première séquence. Le coloriste continue de jouer sur des teintes un peu sombres et un peu délavées, une ambiance lumineuse déprimante, remarquablement exécutée. Ces teintes plombent les pages, sans en obérer la lisibilité. Chaque détail ressort dans la case, sans que l’atmosphère ne les étouffe. Il joue sur les teintes de gris avec un peu de vert kaki, pour un effet verdâtre-grisâtre très déprimant. Comme dans le tome un, il utilise des bruns pour les séquences se déroulant chez les Shepherd ou dans le club des prédateurs : une sensation plus cossue, mais aussi feutrée un peu étouffante et également pesante à sa manière. Il met en œuvre des effets spéciaux avec discrétion et à bon escient : un motif de boiserie sur les murs, un motif de carrelage dans une pièce très particulière qui doit pouvoir être lavée à grande eau, un léger floutage pour indiquer la vitesse du train.



L’implication de l’artiste reste également au haut niveau du tome un. Cela commence avec la vue du ciel du quartier défavorisé : il ne manque pas une maison, pas une cheminée, pas une tuile, pas un panneau vitré ou métallique sur le toit des usines. Les descriptions en extérieur contiennent un fort niveau de détail et de précision : les traverses de la voie ferrée et le ballast, les arcades de la rue dans Piccadilly, les grilles en fer forgé, les modèles de lampadaires, le pavage de la rue avec des zones inégales attestant du passage des véhicules lourds, la magnifique vue du dessus inclinée des marches du parvis de la cathédrale Saint-Paul et sa façade (sans oublier les volatiles évoluant gracieusement dans le ciel), la terrasse du bâtiment désaffecté dans lequel Jack a élu domicile avec la végétation qui s’invite par endroit, la terrifiante balade sur les toits rendus glissants par la pluie, la cour en terre battue gorgée d’eau de pluie, les murs en brique, les cheminées bien noires, etc. Ces descriptions minutieuses et bien documentées donnent à voir une vraie ville dans la diversité de son urbanisme et dans la réalité de ses différentes composantes, chaussées, façades, architectures, etc. L’investissement graphique ressort au même niveau pour les intérieurs : la qualité du sofa dans la chambre d’Elizabeth, sa commode avec le broc, la cuvette et sa poupée, le beau bureau, le fauteuil capitonné, la cheminée avec son manteau et sa pendulette, les rayonnages de la bibliothèque et leurs livres, la plante verte en pot, tout cela dans la pièce de travail de Charles Shepherd, le hall d’entrée spacieux de la maison avec son lustres dans une vue de dessus très réussie, un confessionnal dans la cathédrale, le dallage du sol de l’édifice religieux, les fauteuils à dossier haut ou bas, les riches tapis, la belle cheminée du club des prédateurs, la cuisine de Thomas Borders avec ses ustensiles, les fourneaux et les plans de travail, la terrifiante pièce avec les enfants dans des cages, la demeure abandonnée où loge Jack vue avec les yeux émerveillés d’Annie, etc. Là aussi, la qualité descriptive des dessins et l’attention portée aux détails donnent à voir des lieux reconstitués avec soin, dans lesquels le lecteur se projette tout naturellement.



Dans la continuité du premier tome, le scénario se place dans un registre plus réaliste qu’une aventure tout public. À l’évidence, deux jeunes adolescents ne vont pas pouvoir démanteler le club des prédateurs en se montrant juste idéalistes et plein d’entrain. La révolte et le désir de vengeance de Jack ne lui servent à rien pour savoir comment s’y prendre, ce qui le rend encore plus déprimé, voire dépressif. Il fait montre à plusieurs reprises d’une attitude suicidaire, que ce soit devant le train, ou sur les toits glissants. Sa rage ne le rend pas plus intelligent et la culpabilité le ronge, un conflit psychique irrésoluble. Cela donne lieu à une séquence de onze pages (pages 25 à 35) singulière : Jack se heurte à ses limites, oscillant entre autodestruction et tentatives de prise d’initiative inefficace, une séquence durant laquelle il se parle à haute voix, un plan de prise de vue remarquable pour montrer comment se matérialise cet état d’esprit. De son côté, Elizabeth Shepherd éprouve avec force un syndrome de stress post traumatique, qui est lui aussi montré plutôt qu’exposé par du texte. Jack exprime bien l’aboutissement du conflit psychique qui les habite : La solution, il n’y en a qu’une seule, devenir un monstre parmi les monstres.



La scénariste entretient le suspense avec habileté, le lecteur sachant que le récit va vers une confrontation et une résolution à l’occasions de l’immonde banquet du club des prédateurs, entretenant l’espoir que les jeunes adolescents sauront parvenir à prendre en défaut ces adultes, tout en se disant que ce n’est pas possible. D’un côté, Elizabeth a su imaginer un plan simple et efficace, mis en œuvre avec l’aide de Jack : de l’autre côté, c’est trop beau pour être vrai. Le lecteur se souvient que ce n’est pas juste des gentils contre des méchants, le récit constitue également une métaphore de l’exploitation des enfants dans les usines, le travail des mineurs dans une société où les propriétaires emploient sans vergogne les ouvriers et leur progéniture pour des salaires indignes. À nouveau Jack exprime bien l’ignominie du système : Les riches vont exploiter les pauvres comme des bêtes : ils vont travailler comme des bœufs et puis finir en plat de résistance ; les riches seront encore plus riches, et tout ce que les ouvriers auront pour se consoler, c’est du mauvais vin. La dernière case s’avère très parlante quant à l’avenir de cette forme de prédation.



La seconde moitié de ce diptyque s’avère aussi réussie que la première : un récit très noir de croquemitaine, sur fond de travail des enfants dans la société britannique. La très grande qualité de la narration visuelle agrippe le lecteur et le projette dans cette ville à cette époque comme s’il y vivait. Le scénario joue avec les attentes du lecteur et sa propension à essayer d’anticiper l’intrigue en fonction de la tonalité de la narration et des capacités supposées des héros. Deux jeunes adolescents peuvent s’opposer à un club de prédateurs, mais le lecteur peut-il espérer qu’ils les vainquent ? Qu’ils déjouent des adultes bien organisés et bien implantés dans la société ?
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