Citations de Valérie Valère (162)
Faut se méfier des rêves, parfois il t'empêche de vivre...
Ça ne vous plaît pas que je sois triste ? Et si cela me plaît à moi ? Vous voyez bien que je peux m'échapper, que je ne suis pas à vous ! Vous ne pouvez pas m'obliger à rire, non, ça vous ne le pourrez pas. Je veux vous montrer que je suis là contre mon gré et que je méprise votre monde de futilités !
Je me suis perdue dans cet immense labyrinthe sans même penser à retrouver mon chemin, car je n'en ai pas et je n'en aurai jamais. J'ai tout enterré et recouvert d'un voile de tristesse opaque qui me cache une partie du monde.
Moi. Moi, je me déteste pour ce que j'ai fait, pour ce que je fais, pour ce que je vais faire. La fille qui disait avec orgueil: "ils ne m'auront pas", cette fille a disparu entre leurs murs de saleté, je suis perdue, ils en ont fabriqué une autre, larve, serpillière, une autre comme ils la voulaient...
La porte jaune qui s'ouvre sur cette silhouette blanche, comme j'aimerais qu'elle ne soit qu'une silhouette, un fantôme qui passe et ne s'arrête pas...
Je regarde le feu, j'y vois des images mais je n'arrive pas à les décrire, elles passent trop vite, elles sont trop confuses. Le feu paraît tellement beau comme ça, mais lorsque les flammes vous lèchent la peau... c'est fou comme il peut devenir laid.
La beauté, c'est une contradiction, un paradoxe...
Quelqu'un qui ne sait pas être laid à certains moments ne possède pas la beauté...
Je me suis trompé. Elle n'est jamais laide. Elle est seulement belle. Je me suis trompé.
Ça ne sert à rien de gâcher le présent en s'occupant du futur qui n'est pas encore là.
Les souvenirs mal enfouis vous torturent et s’enfuient par votre bouche juste lorsqu’ils ne le devraient pas. Et viennent l’agressivité, la rancune, la douleur, toutes choses punies de solitude et d’isolement car les gens en ont peur. Ils se sentent menacés et vous restez éternellement dans votre cellule et votre rancœur avec la lumière d’espérance.
Une anorexie représentait un suicide long et douloureux, peut-être une sorte d'appel au secours, un temps mort pendant lequel on réfléchit à ses propres raisons en les imprégnant de lucidité et en les parant de faux compliments.
Talons qui frappent le sol, voix qui s'emmêlent, petite lueur d'espoir qui s'allume dans mes yeux gonflés.
Non, ce n'est pas pour moi, plus rien n'est pour moi désormais, je n'existe plus, enterrée, perdue.
Je regarde le haut de la fenêtre dont seul le dernier carreau laisse apercevoir un carré de ciel avec des feuilles d'arbres, les vitres opaques cachent la vue, si réjouissante, d'une cour déserte et grillagée, symbole d'une puissance, d'un emprisonnement méchant, inutile.
J'aurai voulu avoir plein d'amis tout en conservant ma solitude, mais cela m'est apparu comme une impossibilité psychologique. Alors j'ai choisi la solitude, je pourrais résister à tout, eux ils auront toujours besoin de quelqu'un, moi non j'aurai mes propre pensées.
Le stylo, lui, n'impose rien. Il revient en arrière, raye, barre, modifie, embellit. Il n'a pas cette assurance prétentieuse, il vous laisse le choix. Les pages dactylographiées sont trop rigides, trop définitives, il n'a pas le souvenir de les avoir créées, et ces phrases, il ne s'y reconnaît pas. Y écrire quelque chose lui donne l'impression de déformer une autre pensée que la sienne, de défigurer le visage d'un personnage peut-être parfait, de plagier.
Les roues d'un chariot grincent... j'ouvre les yeux. Tout est blanc, engourdi, paresseux.
Je me suis réveillée en croyant être quelqu'un de "normal" simplement épuisée et courbatu, des coups sans importance, je croyais que le plafond était peint en orage et que derrière les fenêtres se battaient les garçons du quartier.
C'est un monde qui n'écoute rien. Rien. La seule chose qu'on vous demande, c'est de laisser une explication plausible et claire pour votre acte de décès.
J'ai dû tuer un de mes parents dans un moment de lucidité, ce qu'eux appellent moment de l'inconscient? Vous savez bien, c'est l'inconscient personnel profond. C'est une des formes de l'inconscient normal qui comprend le passé dans sa partie qui échappe au conscient. Quoi, vous ne saviez pas cela, mais vous êtes inculte! [...] D'ailleurs ils ne se sont pas encore décidés: l'analyse existentielle ou la théorie psychanalytique de Freud? Ils sont en train de réfléchir. Ne soyez pas trop pressés, ça demande du temps, qu'est-ce que vous croyez? Ce n'est pas si simple.
J'aurais voulu avoir plein d'amis tout en conservant ma solitude, mais cela m'est apparu comme une impossibilité physiologique. Alors j'ai choisi la solitude, je pourrais résister à tout, eux ils auront toujours besoin de quelqu'un, moi non j'aurai mes propres pensées. Souvent la solitude a un goût de malheur et d'abandon, elle laisse une saveur amère dans la gorge. Mais toute faveur a ses désavantages n'est-ce pas ? La solitude ne vous force jamais à faire quoi que ce soit, avec elle aucune contrainte, aucun malentendu. Et puis elle est belle, vous ne l'avez jamais vue ?
"Vous, vous mangez trop, ça doit venir d'une frustration qui remonte à très loin. Votre mère ne vous a jamais empêché de manger quelque chose que vous désiriez très fort ? Vous, vous êtes trop seul, inaptitude à s'intégrer dans la société. Ne vous en faites pas, on va vous enfermer une petite année et ça va s'arranger, vous communiquerez plus facilement.... avec les murs ! Vous, par contre, vous êtes trop expansif. Si on vous laisse dans cet état, il vous posera des problèmes et vous serez perdu !"
Quelle autre issue aurait-on pu lui proposer pour cette vie sans pensée et ce corps sans conscience, quelle carte lui a-t-on montré sinon la dame de pique, noire et moqueuse ? Elle a lu son avenir son avenir sur le visage de la vieille dame, elle a deviné les mots interdits et ce fardeau mystérieux qui écrase son corps s'est alors transformé en une merveilleuse sensation de légèreté... Elle sait désormais que l'homme de science assis derrière son bureau ne lui annoncera rien d'autre que ce que son intuition vient de lui souffler. Elle sait qu'elle s'est perdue en refusant de regarder ce mot collé sur la face des vieillards, ce mot qui fait peur, ce mot que l'on redoute, et qui prend soudain pour elle une douceur et une beauté attirantes...
J'ai reçu une lettre de Dominique qui avait maigri de huit kilos en une semaine, celle qui avait suivi sa sortie. Ses parents ont eu la désinvolture de la ramener dans le pavillon. Cette fois, ils n'avaient plus d'excuse, ils savaient ce qui attendait leur fille. Mais les parents s'en moquent, les parents ne devraient pas exister. Ils auraient pu s'informer, se renseigner, chercher une clinique décente. Accepter que leur enfant ne veuille plus d'eux, car comment expliquer cette rechute, sinon comme la conséquence de maladresses impardonnables, coincées dans la gorge d'un squelette ?
Quel crime ai-je donc commis ? Refuser le monde: crime puni de prison à perpétuité. Ils me manipulent comme un vulgaire ramassis d’os, dénué de toute pensée, de tout sentiment.